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Il y a quelquefois, continue M. Musschenbroeck,
de violens tremblemens de terre, qui font fendre
& crever de grosses croûtes pierreuses de la grandeur
de quelques milles, & qui se trouvoient couchées
sous la surface de la terre. Ces croûtes empêchoient
auparavant les exhalaisons de certains corps situés
encore plus profondément, de s'échapper & de sortir
de dessous la terre; mais aussi - tôt que ces especes de
voûtes se trouvent rompues & brisées, les passages
sont comme ouverts pour les vapeurs, qui venant
alors à s'élever dans l'air, y produiront de nouveaux
phénomenes. Ces phénomenes dureront aussi longtems
que durera la cause qui les produit, & ils cesseront
dès que cette même cause se trouvera consumée.
Mussch. essai de Physique, §. 1471 - 1493. Voyez
On peut voir dans l'essai sur les poisons, du docteur
Mead, comment & par quelle raison les vapeurs minérales
peuvent devenir empoisonnées. Voyez
On trouve dans les Naturalistes plusieurs exemples
des effets de ces exhalaisons malignes: voici ce
qui est rapporté dans l'histoire de l'académie des Sciences pour l'année 1701. Un maçon qui travailloit auprès
d'un puits dans la ville de Rennes, y ayant laissé
tomber son marteau, un manoeuvre qui fut envoyé
pour le chercher, fut suffoqué avant d'être arrivé à
la surface de l'eau; la même chose arriva à un second
qui descendit pour aller chercher le cadavre,
& il en fut de même d'un troisieme: enfin on y descendit
un quatrieme à moitié yvre, à qui on recommanda
de crier dès qu'il sentiroit quelque chose: il
cria bien vîte dès qu'il fut près de la surface de l'eau,
& on le retira aussi - tôt; mais il mourut trois jours
après. Il dit qu'il avoit senti une chaleur qui lui dévoroit
les entrailles. On descendit ensuite un chien,
qui cria dès qu'il fut arrivé au même endroit, & qui
s'évanoüit dès qu'il fut en plein air; on le fit revenir
en lui jettant de l'eau, comme il arrive à ceux qui
ont été jettés dans la grotte du chien proche de Naples. Voyez
Autre fait rapporté dans l'histoire de l'académie des Sciences, ann. 1710. Un boulanger de Chartres avoit mis dans sa cave, dont l'escalier avoit 36 degrés, sept à huit poinçons de braise de son four. Son fils, jeune homme fort & robuste, y étant descendu avec de nouvelle braise & de la lumiere, la lumiere s'éteignit au milieu de l'escalier; il remonta, la ralluma, & redescendit. Dès qu'il fut dans la cave, il cria qu'il n'en pouvoit plus, & cessa bientôt de crier. Son frere, aussi fort que lui, descendit à l'instant; il cria de même qu'il se mouroit, & peu de tems après ses cris finirent: sa femme descendit après lui, une servante ensuite, & ce fut toûjours la même chose. Cet accident jetta la terreur dans tout le voisinage, & personne ne se pressoit plus de descendre dans la cave. Un homme plus hardi que les autres, persuadé que les quatre personnes qui étoient descendues dans la cave n'étoient pas mortes, voulut aller les secourir; il cria, & on ne le revit plus. Un sixieme homme demanda un croc pour retirer ces corps sans descendre en - bas; il retira la servante, qui ayant pris l'air, fit un soupir & mourut. Le lendemain un ami du
A ces deux faits nous pouvons en ajoûter un troisieme, rapporté par le docteur Connor dans ses dissert. medic. physiq. Quelques personnes creusoient la terre dans une cave à Paris, croyant y trouver un thrésor caché: après qu'elles eurent travaillé quelque tems, la servante étant descendue pour appeller son maître, les trouva dans la posture de gens qui travailloient; mais ils étoient morts. Celui qui tenoit la beche, & son compagnon qui rejettoit la terre avec la pelle, étoient tous deux sur pié, & sembloient encore occupés à leur travail: la femme de l'un d'eux étoit assise sur ses genoux, comme si elle eût été lasse, ayant sa tête appuyée sur ses mains, dans la posture de quelqu'un qui rêve profondément; & un jeune homme avoit son haut - de - chausses bas, & sembloit faire ses nécessités sur le bord de la fosse, ayant les yeux fixés en terre: enfin tous paroissoient dans des attitudes & des actions naturelles; les yeux ouverts & la bouche béante, de maniere qu'ils sembloient encore respirer; mais ils étoient roides comme des statues, & froids comme marbre. Chambers. (O)
Exhalaisons minérales (Page 6:254)
Ces exhalaisons paroissent comme un brouillard
qui s'éleve dans les soûterreins des mines; quelquefois
elles ne s'élevent que jusqu'à cinq ou six pouces
au dessus du sol de la mine; d'autres fois elles s'annoncent
en assoiblissant peu - à - peu, & même éteignant tout - à - fait les lampes des ouvriers: elles se manifestent
aussi sous la forme de filamens ou de toiles
d'araignées, qui en voltigeant s'allument à ces lampes,
& produisent, comme nous l'avons remarqué
à l'article
Les exhalaisons minérales, quoique toûjours pernicieuses, n'ont cependant point toutes le même degré de malignité. Les minéralogistes allemands nomment schwaden les plus mauvaises; elles se font sentir principalement dans les mines d'où l'on tire des minéraux sujets à se décomposer par le contact de l'air, telles que les terres alumineuses & sulphureuses; & ceux dans la composition desquels il entre beaucoup d'arsenic, comme sont les mines d'argent rouges & blanches, les mines d'étain, les mines de fer arsénicales, les pyrites arsénicales blanches, les mines de colbalt, &c. d'où l'on voit que la malignité de ces exhalaisons ou mouphetes, vient de l'arsenic dont elles sont chargées; & il y a lieu de croire que ce qui les excite, est l'espece de fermentation que cause la chaleur soûterreine.
Heureusement ces exhalaisons ne regnent pas toûjours dans les mines; il y en a qui ne s'y font sentir que dans de certains tems; d'autres ne se manifestent qu'accidentellement, c'est - à - dire lorsque les ouvriers viennent à percer avec leurs outils dans des fentes ou cavités, dans lesquelles des minéraux arsénicaux ont été décomposés, ou bien qui ont servi de retraite à des eaux croupies, à la surface desquelles ces exhalaisons se présentent quelquefois sous la forme d'une vapeur bleuâtre, qui sort par le mouvement causé à ces eaux, & se répand dans les soûterreins par les passages qu'on lui a ouverts; elle est souvent accompagnée d'une odeur très - fétide. Il ne faut point confondre avec les mouphetes que nous venons de décrire, les exhalaisons qui regnent dans certaines mines, où l'on a été obligé de mettre le feu, afin de détacher le minéral de la roche dans laquelle il se trouve enveloppé; comme cela se pratique quelquefois, & sur - tout dans les mines d'étain. On sent aisément que par cette opération il doit s'exciter dans les soûterreins des vapeurs & fumées, qu'il seroit très - dangereux de respirer.
Il y a d'autres exhalaisons minérales qui, sans être
arsénicales, ne laissent point que d'être très - dangereuses, & de produire de funestes effets; telles sont
celles qui sont sulphureuses, & par lesquelles, pour
parler le langage de la Chimie, l'acide sulphureux
volatil est dégagé; souvent elles font périr ceux qui
ont le malheur d'y être exposés. Celles dont il est
parlé dans l'article
Souvent il se fait à la surface de la terre, & dans son intérieur, des exhalaisons très - sensibles & très considérables: elles se montrent sur - tout le matin, dans le tems que la rosée tombe; & à la suite de ces exhalaisons, les mineurs trouvent les filons des mines qui sont dans le voisinage stériles, dépourvus du minéral qu'ils contenoient, & semblables à des os cariés ou à des rayons de miel; pour lors ils disent qu'ils sont venus trop tard. C'est - là proprement ce qu'on nomme exhalaison, exhalatio, en allemand ausswitterng. Quelquefois l'effet en est plus rapide, les vapeurs paroissent enflammées, elles sortent de la terre accompagnées d'une épaisse fumée, & produisent des éruptions, à la suite desquelles les veines métalliques se trouvent détruites. Ces phénomenes semblent avoir la même cause que les volcans. Voyez cet article. Enfin il y a encore des exhalaisons ou vapeurs que l'on appelle inhalationes, en allemand einwitterung; on désigne par - là les vapeurs qui regnent dans les soûterreins des mines qui ont été long - tems abandonnées, & à la suite desquelles quelques auteurs disent qu'on trouve une matiere visqueuse ou gélatineuse, attachée aux parois des soûterreins, dont par la fuite des tems il se forme des minéraux métalliques. Quoi qu'il en soit, il paroît qu'il n'est point douteux que les exhalaisons qui s'excitent dans les entrailles de la terre, ne contribuent infiniment à la formation des métaux, ou du moins à la composition & décomposition des minéraux métalliques, puisqu'il est aisé de voir que par leur moyen il se fait continuellement des dissolutions, qui ensuite sont suivies de nouvelles combinaisons. Pour peu qu'on fasse réflexion à ce qui vient d'être dit, on verra que les exhalaisons minérales jouent un grand rôle dans la nature, & sur - tout pour la crystallisation & la minéralisation. Voyez ces deux articles. Il y a aussi tout lieu de croire que c'est à ces exhalaisons minérales que toutes les pierres colorées sont redevables de leurs couleurs; parce que les parties métalliques mises dans l'état de vapeurs, sont atténuées au point de pouvoir pénétrer les substances les plus dures & les plus compactes. C'est le sentiment du célebre Kunckel.
M. Lehmann, savant minéralogiste, a fait un excellent
commentaire allemand sur un assez mauvais
traité des mouphetes de Théobald. Il finit son commentaire
par conclure, que les exhalaisons minérales ou
mouphetes ne sont autre chose
Les exhalaisons minérales étant aussi dangereuses & incommodes qu'on l'a vû dans cet article, on prend un grand nombre de précautions pour en garantir les ouvriers, & pour faciliter la circulation de l'air dans les soûterreins. On se sert pour cela des percemens, quand il est possible de les pratiquer, c'est - à - dire qu'on ouvre une galerie horisontale au pié d'une montagne; & cette galerie fait, avec les bures ou puits perpendiculaires de la mine, une espece de syphon qui favorise le renouvellement de l'air. Mais de toutes les méthodes qu'on puisse employer, il n'en est pas de plus sûre que la machine de Sutton Voyez cet article. ( - )
EXHALATOIRE (Page 6:255)
* EXHALATOIRE, s. f. (Fontaine salante.) c'est
une sorte de construction particuliere aux salines de
Rosieres. Derriere les poesles il y a des poeslons qui
ont vingt - un piés de long sur cinq de large; & derriere
ces poeslons, une table de plomb à - peu - près
de même longueur & largeur, sur laquelle sont éta<pb->
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