ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"252"> les ont rendus nécessaires. On ne réussit dans le commerce du monde, que sous la condition d'être utile, ou sous la condition d'y mettre de l'agrément; celle - ci suppose encore une politesse simple, douce, & aisée, sans laquelle les talens n'ont aucun prix, & que des enfans n'acquerront qu'en renonçant à tous les plis de la premiere éducation, & en apprenant ce qu'ils n'ont jamais appris, c'est - à - dire à penser, à parler & à se taire.

Tel est en général le but que l'on devroit se proposer dans toutes les académies. Je conviens qu'élevées sur un semblable plan, il seroit assez difficile qu'elles fussent nombreuses; mais six écoles de cette espece seroient d'un secours réel à l'état, ne s'entredétruiroient point les unes & les autres, & se soûtiendroient d'elles - mêmes sans des faveurs telles que celles que demandoit Pluvinel, sur - tout si les agrémens des emplois militaires dépendoient du séjour & des progrès que des éleves y auroient faits.

Je dois au surplus déclarer ici, que je n'ai prétendu blâmer que les abus & non les personnes. Je sai que les intérêts, ou plûtôt la vanité des hommes, se trouvent étroitement liés avec ceux de l'erreur; mais la vraie philosophie ne respecte que la vérité, & n'en médite que le triomphe. D'ailleurs je me suis cru d'autant plus autorisé à en prendre ici la défense, que les écoles que je propose répondroient pleinement aux vûes supérieures d'un ministre, qui, par l'établissement de l'école militaire, nous a prouvé que les grands hommes d'état s'annoncent toûjours par des monumens utiles & durables. (e)

EXERESE (Page 6:252)

EXERESE, en Chirurgie, est une opération par laquelle on tire du corps humain quelque matiere étrangere, inutile, & même pernicieuse.

Ce mot est grec, E)CAIRESIS2; il vient du verbe E)CAIRE/W, eruo, extraho, j'ôte, je retire.

L'exerese se fait de deux façons: par extraction, quand on tire du corps quelque chose qui s'y est formée; & par détraction, quand on tire du corps quelque chose qui y a été introduite par - dehors.

L'opération de la taille ou lythotomie, l'accouchement forcé, &c. sont de la premiere classe; & la sortie d'une balle, d'un dard, seroit de la seconde. Quelques auteurs ne donnent le nom de détraction, à l'action de tirer un corps étranger qui est entré pardehors, que lorsqu'on est obligé de faire une incision à une partie opposée à celle par où le corps étranger s'est introduit; cette distinction n'est pas de grande utilité.

Le point important pour se bien conduire ici, est d'examiner avec attention, 1°. quelle est la partie dont on veut tirer quelque chose, & s'éclairer sur la structure de cette partie: 2°. quels sont les corps étrangers que l'on veut faire sortir, quelle est leur forme & leur nature, s'ils sont durs, mous, friables, compressibles, ronds, quarrés, ovoides, triangulaires, &c. 3°. quels sont les différens instrumens qu'on y peut employer, & choisir les plus propres à ce dessein, ou en imaginer de plus parfaits: 4°. quand il faudra les mettre en usage, & comment.

On a donné les autres principes généraux qui concernent l'opération de l'exerese, au mot Corps étrangers. (Y)

EXERGUE (Page 6:252)

EXERGUE, s. f. (Hist. anc. & mod.) signifie, chez les Médaillistes, un mot, une devise, une date, &c. qu'on trouve quelquefois dans les médailles au - dessous des figures qui y sont représentées. Voyez Médaille, Legende, &c.

Ce mot est dérivé des mots grecs E)/C, de, & E)/RGON, ouvrage.

Les exergues sont ordinairement au revers des médailles, cependant il y en a qui sont sur le devant ou sur la face.

Les lettres ou les chiffres qui se trouvent dans l'e<cb-> xergue des médailles, signifient pour l'ordinaire ou le nom de la ville dans laquelle elles ont été frappées, ou la valeur de la piece de monnoie: celles - ci seulement S. C. marquent par quelle autorité elles ont été fabriquées. Chambers. (G)

EXFOLIATION (Page 6:252)

EXFOLIATION, en Chirurgie, est la séparation des parties d'un os qui s'écaille, c'est - à - dire qui se détache par feuilles ou par lames minces. Voyez Os.

Ce mot est composé des mots latins ex, & folium, feuille.

Quand une partie de la surface du crane a été à nud pendant quelque tems, elle est sujette à l'exfoliation: l'usage de la poudre céphalique ne sert de rien pour avancer l'exfoliation. Dionis.

On ne doit point trop hâter la guérison des blessures faites aux os; mais on doit laisser aux os le tems de se rétablir d'eux - mêmes; ce qu'ils font quelquefois sans exfoliation, sur - tout dans les enfans.

On ne peut pas guérir les caries des os sans exfoliation. Voyez Carie. Les os découverts ne s'exfolient pas toûjours; on a vû des dénudations considérables qui ont duré six mois avec suppuration, où la surface de l'os s'est revivifiée au lieu de s'exfoüer; on peut lire à ce sujet des observations de M. de la Peyronie, insérées dans un mémoire de M. Quesnay sur les exfoliations du crane, dans le premier volume des mémoires de l'acad. royale de Chirurgie. On trouvera dans ce même mémoire plusieurs observations qui montrent l'usage du trépan perforatif pour accélerer l'exfoliation & pour l'empêcher; l'usage de la rugine & des couronnes du trépan pour procurer l'exfoliation; les cas où il a fallu employer le ciseau & le maillet de plomb pour enlever à plusieurs reprises des portions d'os altérées, & les obstacles particuliers qui peuvent retenir & engager une piece d'os qui doit se séparer. (Y)

C'étoit une opinion commune & reçue parmi les anciens, que tous les os découverts doivent s'exfolier; c'est pourquoi ils tenoient pendant long - tems les levres de la plaie écartées l'une de l'autre, en attendant cette exfoliation. L'expérience & la raison ont détruit ce préjugé, & ont fait voir qu'en temponnant les plaies où les os sont simplement découverts, on en retarde la guérison, & l'on expose les blessés à des accidens fâcheux: ce n'est pas cependant que l'exfoliation des os ne soit presque toûjours l'ouvrage de la pure nature, & que la plûpart des précautions qu'on prend pour produire cette exfoliation, ne soient d'ordinaire inutiles ou nuisibles: il faut dire hautement ces sortes de vérités.

En effet, combien de fois voit - on des chirurgiens, qui, pendant des mois entiers, même pendant des années entieres, se flatent vainement de parvenir à l'exfoliation d'une partie de quelque os, par le charpi sec, l'esprit - de - vin, les caustiques, & la rugine, tandis que d'autres sans tous ces secours, voyent en peu de tems une heureuse exfoliation se produire chez leurs malades, c'est qu'alors la nature étoit elle - même l'artiste de l'exfoliation. Le plus grand secret du chirurgien est de laisser agir cette nature, d'observer ses démarches, de ne pas contrecarrer ses opérations, de conserver à la partie sa chaleur naturelle, ou de l'augmenter quand elle est languissante. Il n'y a pas seulement de la droiture, mais du bon sens, à reconnoître dans les Arts les plus utiles, les bornes & les limites de leur puissance. Les habiles gens qui professent de tels arts n'y perdent rien, & les fripons trouvent moins de dupes. Addition de M. le Chevalier de Jaucourt.

On donne aussi le nom d'exfoliation, à la séparation d'une membrane, d'un tendon, & autres parties molles, froissées & meurtries parquelque cause extérieure, ou altérées par l'impulsion de l'air à l'occasion d'une plaie, ou par des matieres purulentes; le [p. 253] défaut de cette séparation dans cette derniere circonstance, est une cause de fistule. Voyez Fistule. (Y)

EXFOLIATIF (Page 6:253)

EXFOLIATIF, terme de Chirurgie, remede propre à faire exfolier les os cariés, c'est - à - dire à faire féparer par feuilles la carie de la partie saine. Voyez Carie & Exfoliation.

On nomme tuyau exfoliatif, un instrument qui perce l'os en le ratissant, & en enlevant plusieurs feuilles les unes après les autres. La tige & la mitte de cet instrument ne different point de celles du trépan couronné, puisqu'il se monte sur l'arbre du trépan, de même que les couronnes. Voyez cette structure au mot Trépan. La partie inférieure du trépan exfoliatif est une espece de lame inégalement quarrée, épaisse de deux lignes dans sa partie supérieure, un peu moins dans l'inférieure; large d'environ six lignes & demie, & longue d'un pouce. Du milieu de la partie inférieure de cette lame sort une petite meche d'une ligne de longueur pour le plus, qui d'une base un peu large se termine par une pointe. Cette petite meche sert de pivot à toute la machine. Cette lame, qui est tout - à - fait semblable au vilebrequin des Tonneliers, qu'ils appellent leur perçoir, doit avoir six tranchans opposés, deux sur les parties latérales de la lame, deux à sa partie inférieure, & deux aux deux côtés de la petite meche. Ces tranchans sont formés par de véritables biseaux tournés de droite à gauche, afin de couper de gauche à droite.

Cette lame doit être d'un bon acier, mais la trempe doit en être douce: telle est la trempe par paquets, qui est celle qui convient le mieux pour les instrumens qui doivent agir sur des corps durs; & si les ouvriers voyent qu'elle soit encore trop dure, ils ont le soin de donner un recuit bleu, pour adoucir la trempe & la rendre moins aigre.

L'usage du trépan exfoliatif n'est pas fréquent; il peut cependant trouver son utilité, & il ne faut pas le soustraire de l'arcenal de Chirurgie, ou quelques praticiens le regardent comme inutile. Voyez a fig. 4. Pl. XVI. (Y)

EXHALAISON (Page 6:253)

EXHALAISON, s. f. (Physiq.) fumée ou vapeur qui s'exhale ou qui sort d'un corps, & qui se répand dans l'air. Voyez Emanations.

Les mots d'exhalaison & de vapeur se prennent d'ordinaire indifféremment l'un pour l'autre; mais les auteurs exacts les distinguent. Ils appellent vapeurs, les fumées humidés qui s'élevent de l'eau & des autres corps liquides; & exhalaisons, les fumées seches qui viennent des corps solides, comme la terre, le feu, les minéraux, les soufres, les sels, &c. Voyez Vapeur.

Les exhalaisons, prises dans ce dernier sens, sont des corpuscules ou écoulemens secs, qui s'élevent des corps durs & terrestres, soit par la chaleur du soleil, soit par l'agitation de l'air, soit par quelque autre cause. Les corpuscules parviennent jusqu'à une certaine hauteur dans l'air, où se mêlant avec les vapeurs, ils forment les nuages, pour retomber ensuite en rosée, en brouillard, en pluie, &c. Voyez Atmosphere, Nuage, Pluie . Voyez aussi Evaporation.

Les exhalaisons nitreuses & sulfureuses sont la principale matiere du tonnerre, des éclairs, & des divers autres météores qui s'engendrent dans l'air. Voyez Tonnerre, Eclair, &c.

M. Newton prétend que l'air vrai & permanent est formé par des exhalaisons élevées des corps les plus durs & les plus compacts. Voyez Air. Harris & Chambers.

On voit quelquefois, dit M. Musschenbroeck, Aotter dans l'air de fort grandes traînées d'exhalaisons qui sont d'une seule & même espece; elles different seulement, quant à la figure qu'elles avoient auparavant dans la terre, en ce que de corps solides qu'elles étoient, elles sont devenues fluides; ou bien en ce que de fluides denses qu'elles étoient, elles ont été réduites en un fluide plus rare, & dont les parties se trouvant alors séparées les unes des autres, peuvent flotter dans l'air & y rester suspendues: elles doivent par conséquent avoir conservé plusieurs des propriétés qu'elles avoient auparavant; savoir celles qui n'ont pas été changées par la raréfaction: elles auront donc aussi les mêmes forces qu'elles avoient déjà, lorsqu'elles étoient encore un corps solide ou un fluide plus dense; & ces forces seront aussi les mêmes que celles qu'elles auront, lorsqu'elles se trouveront changées en une masse semblable à celle qu'elles formoient avant que d'être raréfiées. On n'aura pas de peine à concevoir que la chose doit être ainsi, lorsqu'on viendra à considérer qu'il s'évapore beaucoup d'eau en été dans un jour, & que cette eau s'éleve dans l'air. Lors donc qu'on se représente cette portion d'air qui couvre un grand lac, ou qui se trouve au - dessus de la mer, on doit concevoir alors que cette partie de l'atmosphere se charge en un jour d'une grande quantité de vapeurs, surtout s'il ne fait pas beaucoup de vent. Il arrive quelquefois que le mont Vésuve & le mont Etna exhalent une fumée d'une épaisseur affreuse, & qu'ils vomissent dans l'air une grande quantité de soufre; ce qui y fait naître de gros nuages de soufre. Après une bataille sanglante & où il y a eu beaucoup de monde de tué, les corps, que l'on enterre alors ordinairement les uns proche des autres, & peu profondément, doivent exhaler une très - mauvaise odeur lorsqu'ils viennent à se corrompre; & ces exhalaisons qui tiennent de la nature du phosphore, ne cessent de s'élever chaque jour dans l'air en très - grande quantité au - dessus de l'endroit où ces cadavres se trouvent enterrés. (On peut juger de - là, pour le dire en passant, combien est pernicieuse notre méthode d'enterrer dans les églises, & même dans des cimetieres au milieu des grandes villes). De grands champs où l'on n'a semé qu'une seule sorte de graine, remplissent l'air qui se trouve au - desius d'eux, d'un nuage d'exhalaisons qui sont par - tout de même nature.

Ces amas de vapeurs ou d'exhalaisons d'une même espece qui se font dans l'air & le remplissent, sont poussés par le vent d'un lieu dans un autre, où ils rencontrent d'autres parties de nature différente qui se sont aussi élevées dans l'air, & avec lesquelles ils se confondent. Il faut donc alors qu'il naisse de ce mélange les mêmes effets, ou des effets semblables à ceux que nous pourrions observer, si l'on versoit ou mêloit dans un verre des corps semblables à ceux qui constituent ces vapeurs. Qu'il seroit beau & utile en même tems, de connoitre les effets que produiroient plusieurs corps par le mélange que l'on en feroit! Mais les Philosophes n'ont encore fait que fort peu de progrès dans ces sortes de mélanges; car les corps que l'on a divisés en leurs parties, & mêlés ensuite ensemble ou avec d'autres, sont jusqu'à présent en très - petit nombre. Puis donc que l'atmosphere contient des parties de toute sorte de corps terrestres qui y nagent & qui se rencontrent, il faut que leur mélange y produise un très - grand nombre d'effets que l'art n'a pû encore nous découvrir; par conséquent il doit naître dans l'atmosphere une infinité de phénomenes que nous ne saurions encore ni comprendre ni expliquer clairement. Il ne seroit pourtant pas impossible de parvenir à cette connoissance, si l'on faisoit un grand nombre d'expériences sur les mélanges des corps; matiere immense, puisqu'un petit nombre de corps peuvent être mêlés ensemble d'un très - grand nombre de manieres, comme il pa<pb->

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