ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"130"> poration; ce qui paroît dépendre principalement du renouvellement continuel de l'air qui environne les corps.

Indépendamment de la chaleur & du vent, diverses circonstances de l'atmosphere peuvent encore augmenter ou diminuer la rapidité de l'évaporation. Par rapport à ces circonstances de l'atmosphere, qui sont favorables ou contraires à l'évaporation, nous pouvons établir, d'après l'observation de cette regle générale, que plus le degré de chaleur de l'air est au - dessus de son degré de saturation, plus l'évaporation est rapide. Cela posé, pour déterminer les eirconstances dans lesquelles l'évaporation est plus ou moins rapide, il suffira d'observer dans quelles circonstances le degré de chaleur de l'air est plus éloigné de son degré de saturation.

Pendant la nuit le degré de chaleur de l'air est ordinairement de beaucoup plus près du degré de saturation, que dans le jour; quelquefois même l'air se refroidit pendant la nuit jusqu'au degré de saturation ou au - delà, comme je l'ai fait voir dans la seconde partie de mon mémoire: aussi observe - t - on que l'évaporation est beaucoup moins rapide pendant la nuit que dans le jour. Il y a encore une autre cause qui concourt à rendre l'évaporation plus lente dans la nuit que pendant le jour; c'est que dans la nuit l'air est ordinairement moins agité.

La rapidité de l'évaporation souffre encore beaucoup de variétés, suivant la direction du vent. Le vent de nord est celui par lequel le degré de chaleur de l'air est le plus éloigné de son degré de saturation. C'est aussi par le vent que l'évaporation est la plus rapide; au moins puis - je l'assûrer avec certitude du bas Languedoc, où je l'ai observé, & il est vraissemblable que ce doit être la même chose dans presque toute l'Europe. Après le nord vient le nordoüest, qu'on appelle ici magistral, en Italie maestro; c'est le plus salutaire, & celui qui regne le plus dans le bas Languedoc. Lorsqu'il souffle dans ce pays, l'air y est un peu plus chargé d'eau que par le vent de nord; mais il est encore très - siccatif, c'est - à - dire favorable à l'évaporation. Le sud - est, qui vient directement de la mer, est le vent par lequel le degré de chaleur de l'air est le plus près de son degré de saturation; aussi l'évaporation est - elle moins rapide lorsqu'il souffle, que par tout autre vent.

On voit par ce que nous venons de dire, qu'il n'y a point d'uniformité dans l'évaporation; que suivant les différens états de l'atmosphere, elle est plus ou moins rapide, quelquefois nulle; & que même il arrive certaines nuits que l'air se refroidissant au - delà du degré de saturation, les corps évaporables augmentent du poids de l'eau que l'air dépose sur eux. La constitution de l'air étant donc aussi variable, il n'est pas possible de déterminer la quantité d'eau qui peut s'élever dans l'atmosphere dans l'espace d'un jour, ni même pendant une année. M. Musschenbroeck a déterminé sur ses observations faites à Leyde, & sur celles de M. Sedileau, faites en France, qu'année moyenne l'eau contenue dans un bassin quarré de plomb, diminuoit à - peu - près de 28 pouces de hauteur, & que par conséquent l'évaporation alloit à cette quantité; mais ce n'est qu'un à - peu - près, l'évaporation étant d'un tiers plus considérable certaines années que d'autres, comme il paroît par les observations de M. Sedileau. Voyez l'Essai de physique, pag. 775. Voyez aussi Fleuve, Pluie, &c.

Tous les animaux, tous les végétaux, une partie des minéraux, la terre qu'on appelle proprement humus, qui formée des débris des animaux & des végétaux, fournit en même tems la matiere prochaine de ces corps; enfin l'eau: toutes ces substances sont, comme nous l'avons dit plus haut, susceptibles d'évaporation. Cette multitude immense de corps aux<cb-> quels s'étend cette propriété, nous fait assez comprendre qu'elle appartient en quelque maniere à l'économie générale de notre globe: &, en effet, c'est au moyen de cette propriété que l'eau, qui fait la base de tous les corps vivans, est reportée & distribuée sans cesse sur toute la surface de la terre, contre sa pente naturelle, qui la porte à se ramasser toute entiere dans les endroits de la terre qui sont les moins éloignés de son centre: par elle les matieres animales & végétales, parvenues par la pourriture au dernier degré de leur résolution, s'élevent dans l'atmosphere, pour être reportées ensuite à la terre, & servir à la construction de nouveaux êtres. C'est en considérant cette circulation admirable, qu'on peut prendre, avec quelques physiciens, une idée aussi grande que juste de l'utilité premiere & pour ainsi dire cosmique du fluide qui environne notre globe. Finissons en appliquant à ce fluide la pensée de Virgile sur l'ame du monde:

Scilicet huc reddi deinde ac resoluta referri Omnia, nec morti esse locum. Géorg. lib. IV.

Cet article est de M. le Roi, docteur en Medecine de la faculté de Montpellier, & de la société royale des Sciences de la même ville.

Evaporation (Page 6:130)

Evaporation, (Chimie.) L'évaporation est un moyen chimique dont l'usage est très - étendu; il consiste à dissiper par le moyen du feu, en tout ou en partie, un liquide exposé à l'air libre, & qui tient en dissolution une substance, laquelle n'est ni volatile, ni altérable au degré de feu qui opere la dissipation de ce liquide.

On a recours à l'évaporation pour opérer la séparation dont nous venons de parler, toutes les fois qu'on ne se met point en peine du liquide relevé par le feu: lorsqu'on veut le retenir au contraire dans une vûe philosophique, médicinale ou économique, comme dans l'examen chimique d'un liquide composé; dans la préparation des sirops aromatiques & alkali - volatils, & dans la concentration d'une teinture, on doit avoir recours à la distillation. Voyez Distillation. Aussi n'est - ce proprement que l'eau que l'on sépare de diverses substances moins volatiles, dans les cas où l'évaporation est la plus employée.

L'évaporation a sur la distillation cet avantage singulier, qu'elle opere la séparation qu'on se propose, en beaucoup moins de tems que la distillation ne l'opere, soit que l'air contribue matériellement à cet effet, soit qu'il dépende uniquement de la liberté qu'ont les vapeurs de se raréfier dans l'air libre jusqu'à la dissipation absolue, c'est - à - dire jusqu'à la destruction de toute liaison aggrégative (voyez le mot Chimie, par ex.); ainsi on doit mettre en oeuvre ce moyen simple & abregé, toutes les fois qu'une des circonstances énoncées ci - dessus ne s'oppose point à son emploi.

Le degré de feu étant égal, une évaporation est d'autant plus rapide, que le liquide à évaporer est exposé à l'air libre sous une plus grande surface; & au contraire.

On dissipe par l'évaporation l'eau surabondante à la dissolution d'un sel; & une partie de l'eau de la dissolution, pour disposer ce sel à la crystallisation. Voyez Sel & Crystallisation. La cuite des sirops, celle des robs, des gelées, des électuaires, &c. la préparation des extraits des végétaux, la dessiccation du lait, &c. s'exécutent par l'evaporation.

Quoique le degré de feu auquel on exécute ces diverses opérations, soit assez leger, puisqu'il ne peut excéder la chaleur dont est susceptible l'eau bouillante chargée de diverses matieres, cependant l'eau bouillante, & même l'eau agitée moins sensiblement par un degré de chaleur inférieur, attaque la com<pb-> [p. 131] position intérieure de plusieurs substances, & surtout de certains sels & de certains extraits. Voyez Extrait, voyez aussi Sel. Il faut dans ces cas exécuter l'évaporation à une foible chaleur.

On a communément recours au bain - marie dans ces occasions; & ce secours est non - seulement très commode à cet égard, mais il devient même quelquefois nécessaire lorsqu'on est obligé de se servir de vaisseaux de terre ou de verre, qu'on n'expose au feu nud qu'avec beaucoup de risque. On est dans le cas de se servir indispensablement de vaisseaux de terre ou de verre, lorsque les matieres à traiter s'altéreroient en attaquant les vaisseaux de métal. Les dissolutions de sel qu'on veut disposer à la crystallisation par l'évaporation, se traitent toùjours dans des vaisseaux de terre ou de verre. Voyez Vaisseaux, voyez Sel.

On exécute des évaporations dans toute la latitude du feu chimique, qui s'étend depuis le degré le plus foible (voyez Feu) jusqu'à l'ébullition des liquides composés, qui sont les sujets ordinaires des évaporations, c'est - à - dire des dissolutions plus ou moins rapprochées de divers sels, des décoctions de végétaux ou de substances animales, &c. L'évaporation qui s'opere par la seule chaleur de l'atmosphere, est connue dans l'art sous le nom d'évaporation insensible. Notre célebre M. Roüelle a employé l'évaporation insensible avec un très - grand avantage dans ses travaux sur les sels. Voyez Sel, voyez Crystallisation. Elle n'est pratiquable que sur ces substances; tous les autres composés solubles dans l'ean, éprouveroient dans les mêmes circonstances un mouvement intestin qui les dénatureroit. Voyez Fermentation.

Les lois de manuel, selon lesquelles il faut hâter, retarder ou suspendre l'évaporation, se déduisent des différentes vûes qu'on se propose en l'employant, & se trouvent dans les articles particuliers où il s'agit de produits chimiques ou pharmaceutiques obtenus par ce moyen. Voyez Crystallisation. Extrait, Sirop, Rob, Gelée , &c. (b)

EVAPORER (Page 6:131)

EVAPORER, v. act. (Docimast.) ou fai e famer une coupelle, se dit de la dessiccation qu'on lai donne en la mettant renversée sous la mouffle une heure avant que d'y mettre le régule, si elle est faite de cendres de bois, parce qu'il y reste presque toûjours une petite portion d'alkali qui attire l'humidité de l'air. Celles qui sont faites de cendres d'os d'animaux, ne veulent pas être recuites pendant si long - tems, parce qu'elles ne retiennent pas l'humidité aussi fortement; elles ne contiennent que celle qui se répand assez uniformément dans tous les corps environnés de l'atmosphere, qu'elles prennent à la vérité en assez grande quantité par leur qualité d'absorbans. On peut constater la presence de l'humidité dans les coupelles, par la distillation; mais ce n'est pas pour la leur enlever seulement qu'on les évapore, c'est encore pour dissiper quelques portions de phlogistique qui peut y être, soit de la part des liqueurs mucilagineuses, avec lesquelles on pelote la cendrée pour l'humecter, ou des petites molécules de charbon que la calcination n'aura pû détruire: ainsi faute d'évaporer la coupelle, il peut arriver ou que le plomb soit enlevé par petites gouttes par l'expansion des vapeurs aqueuses sortant avec impétuosité de la coupelle, ou réduit par le phlogistique qu'il y trouve; ce qui occasionnant une effervescence & un boursoufflement, fait fendre la coupelle. Quand les vapeurs sont en petite quantité, le plomb ne fait que se trémousser & changer de place; ensorte qu'il se répand quelquefois. Voyez Coupelle & Affinage, au mot Essai. Cet article est de M. de Villiers.

EVASER (Page 6:131)

* EVASER, v. act. (Art méchaniq.) c'est aggrandir l'ouverture, ensorte que l'orifice de la chose évasée soit plus étendu que son fond. On n'évase que ce qui étoit déjà ouvert.

Evaser, Evasé (Page 6:131)

Evaser, Evasé, (Jardin.) On dit qu'un arbre est trop évasé, quand il a trop de circonférence: on le dit de même d'une fleur. (K)

EVATES (Page 6:131)

EVATES, subst. m. (Hist. anc.) c'étoit une branche ou division des druides, anciens philosophes celtiques. Voyez Druides.

Strabon divise les philosophes bretons & gaulois en trois sectes, les bardes, les évates, les druides. Il ajoûte que les bardes étoient poëtes & musiciens; les évates, prêtres & naturalistes; & les druides, moralistes aussi - bien que naturalistes: mais Marcellin, Vossius, & Hornius les réduisent tous à deux sectes, savoir, les bardes & les druides. Enfin César, liv. VI. les renferme tous sous le nom de druides.

Les évates ou vates de Strabon sont probablement ceux que d'autres auteurs, & particulierement Ainmien Marcellin appelle eubages; mais M. Bouche, dans son Histoire de Provence, liv. I. chap. ij. les distingue.

« Les vates, dit - il, étoient ceux qui prenoient soin des sacrifices & des autres cérémonies de la religion; & les eubages passoient leur tems à la recherche & à la contemplation des mysteres de la nature. Voyez Eubages». Chambers. (G)

EVAUX (Page 6:131)

EVAUX, (Géog. mod.) ville du Bourbonnois, en France. Long. 20. 10. lat. 46. 15.

EUBAGES (Page 6:131)

EUBAGES, s. m. (Hist. anc.) étoient une classe de prêtres ou philosophes chez les anciens Celtes ou Gaulois. Chorier pense que les eubages sont les mêmes que les druides & les saronides de Diodore: d'autres pensent que les eubages sont ceux que Strabon, liv. IV. p. 196. appelle évates ou vates. Sur ce principe, il y a lieu de conjecturer qu'il devroit avoir écrit eugages; étant très - facile de prendre r pour T. Voyez Evates.

Quoi qu'il en soit, les eubages paroissent avoir été une classe différente des druides. Voyez Druides. Dict. de Trév. & Chambers. (G)

EUBOULIE (Page 6:131)

* EUBOULIE, s. f. (Mythol.) déesse du bon conseil; elle avoit un temple à Rome. Son nom est formé de EU), bien, & de BOULH/, conseil.

EUCHARISTIE (Page 6:131)

EUCHARISTIE, s. f. (Théol.) du grec EU)XARIS2I/A, action de graces; sacrement de la loi nouvelle, ainsi nommé parce que Jesus - Christ, en l'instituant dans la derniere cene, prit du pain, & rendant graces à son pere, benit ce pain, le rompit, le distribua à ses apôtres, en leur disant, ceci est mon corps; & que c'est le principal moyen par lequel les Chrétiens rendent graces à Dieu, par Jesus - Christ.

On l'appelle aussi cene du Seigneur, parce qu'il fut institué dans la derniere cene; communion, parce que c'est le lien d'unité du corps de Jesus - Christ & de l'Eglise; Saint Sacrement, & parmi les Grecs, les Saints mysteres par excellence, parce que c'est le principal des signes des choses sacrées établi par Jésus - Christ; viatique, parce qu'il est particulierement nécessaire pour fortifier les fideles dans le passage de cette vie à l'autre. Les Grecs l'appellent synaxe ou eulogie, parce que c'est le lien de l'assemblée du peuple, & la source des bénédictions de Dieu sur les Chrétiens. Voyez Communion, Sacrement, Mystere, Viatique , &c.

Les Théologiens catholiques définissent l'eucharistie; un sacrement de la loi nouvelle, qui, sous les especes ou apparences du pain & du vin, contient réellement, véritablement, & substantiellement le corps & le sang de Notre - Seigneur Jesus - Christ, pour être la nourriture spirituelle de nos ames, en y entretenant la vie de la grace. Ils la considerent aussi comme un sacrifice proprement dit, dans lequel Jesus - Christ est offert à Dieu son pere par le ministere des prêtres, & renouvellé, d'une maniere non sanglante, le sacrifice sanglant qu'il fit de sa vie

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