ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"212"> l'auteur de l'esprit des lois, elle est parvenue à un si haut degré de puissance, que l'histoire n'a presque rien à lui comparer là - dessus, si l'on considere l'immensité des dépenses, la grandeur des engagemens, le nombre des troupes, & la continuité de leur entretien, même lorsqu'elles sont le plus inutiles & qu'on ne les a que pour l'ostentation.

D'ailleurs il importe peu que l'Europe soit la plus petite des quatre parties du monde par l'étendue de son terrein, puisqu'elle est la plus considérable de toutes par son commerce, par sa navigation, par sa fertilité, par les lumieres & l'industrie de ses peuples, par la connoissance des Arts, des Sciences, des Métiers, & ce qui est le plus important, par le Christianisme, dont la morale bienfaisante ne tend qu'au bonheur de la société. Nous devons à cette religion dans le gouvernement un certain droit politique, & dans la guerre un certain droit des gens que la nature humaine ne sauroit assez reconnoître; en paroissant n'avoir d'objet que la félicité d'une autre vie, elle fait encore notre bonheur dans celle - ci.

L'Europe est appellée Celtique dans les tems les plus anciens. Sa situation est entre le 9 & le 93 degré de longitude, & entre le 34 & le 73 de latitude septentrionale. Les Géographes enseigneront les autres détails au lecteur. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EUROPÉEN (Page 6:212)

EUROPÉEN, adj. heures européennes, en Chronologie & Astronomie. Voyez Heure.

EUROTAS (Page 6:212)

EUROTAS, (Géog. & Hist. anc.) riviere du Péloponese, ou de la Morée de nos jours, fameuse à plusieurs égards, & en particulier pour avoir baigné les murs de Sparte. On l'appelle aujourd'hui Vasilipotamos.

Les Lacédémoniens publierent que la déesse Vénus, après avoir passé ce fleuve, y avoit jetté ses brasselets & autres ornemens de femme dont elle étoit parée, & avoit pris ensuite la lance & le bouclier pour se montrer en cet état à Lycurgue, & se conformer à la magnanimité des dames de Sparte.

Ce fleuve est toûjours tellement semé de roseaux magnifiques, qu'il ne faut pas s'étonner qu'Euripide dans son Helene le surnomme Callidonax. Les jeunes Spartiates en faisoient usage pour coucher dessus, & même on les obligeoit d'aller les cueillir avec leurs mains sans couteau & sans autre instrument: c'étoit là leurs matelas & leurs lits de plume.

L'Eurotas est encore, comme dans les beaux jours de la Grece, couvert de cygnes d'une si grande beauté, qu'on ne peut s'empêcher d'avoüer que c'est avec raison que les Poëtes lui ont donné l'épithete d'olorifer:

Taygetique phalanx, & oloriferi Eurotoe Dura manus. . . . . dit Stace.

Autrefois cette riviere se partageoit en plusieurs bras; mais aujourd'hui on seroit bien embarrassé de discerner celui qui s'appelloit Euripe, c'est - à - dire ce canal où se donnoit tous les ans le combat des Ephebes; car le Vasilipotamos n'est guere plus gros en été près de Misitra, que ne l'est la riviere des Gobelins à Paris.

Mais admirons sur - tout la destinée de ce fleuve, par ce qu'en a dit Séneque. Hanc Spartam Eurotas amnis circumfluit, qui pueritiam indurat, ad futuroe militioe patientiam: les Lacédémoniens y plongeoient leurs enfans, pour les endurcir de bonne - heure aux fatigues de la guerre, & les Turcs s'y baignent dans l'espérance de gagner le royaume des cieux. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EURYALÉ (Page 6:212)

* EURYALÉ, s. f. (Myth.) une des trois gorgones, fille de Phorcys & soeur de Meduse; elle n'étoit sujette ni à la vieillesse ni à la mort.

EURYNOME (Page 6:212)

* EURYNOME, s. f. (Myth.) un des dieux infer<cb-> naux; il se repaissoit des cadavres. Il étoit représenté dans le temple de Delphes, par une statue noire, assise sur la peau d'un vautour, & montrant les dents.

EURYSTERNON (Page 6:212)

* EURYSTERNON, adj. pris subst. (Myth.) qui a la poitrine large; surnom de la Terre. Elle avoit un temple dans l'Achaie, proche d'Egé. Sa prêtresse étoit veuve d'un seul mari, & ne pouvoit en épouser un autre.

EURYTHMIE (Page 6:212)

EURYTHMIE, (Arts lib.) c'est, en Architecture, Peinture, & Sculpture, selon Vitruve, une certaine majesté & élégance qui frappe dans la composition des différens membres ou parties d'un bâtiment, ou d'un tableau, qui résulte des justes proportions qu'on y a gardées. Voyez Proportion.

Ce mot est grec, & signifie littéralement une harmonie dans toutes les parties; il est composé de E=)U, bien, & R(UQMOS2, rhythmus, cadence ou convenance des nombres, sons, & autres choses semblables. V. Rhythmus.

Cet auteur met l'eurithmie au nombre des parties essentielles de l'Architecture; il la décrit comme une chose qui consiste dans la beauté de la construction, ou l'assemblage des différentes parties de l'ouvrage qui en rendent l'aspect agréable: par exemple, quand la hauteur répond à la largeur, & la largeur à la longueur, &c. Dict. de Trév. & Chambers.

EUSEBIE (Page 6:212)

* EUSEBIE, s. f. (Myth.) c'est ainsi que les Grecs appelloient la Piété qu'ils avoient divinisée.

EUSEBIENS (Page 6:212)

EUSEBIENS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) nom qu'on donna dans le jv. siecle à une faction d'Ariens, à cause de la faveur & de la protection que leur obtint de l'empereur Constance, Eusebe d'abord évêque de Béryte, puis de Nicomédie, & enfin patriarche de Constantinople; qu'il ne faut pas confondre avec Eusebe évêque de Césarée, que plusieurs écrivains ont aussi accusé d'Arianisme, mais que plusieurs autres ont tâché d'en justifier, mais qui ne fut jamais chef de parti. Voyez Arianisme & Ariens. (G)

EUSTACHE (Page 6:212)

EUSTACHE, (l'Ile de Saint - ) Géog. mod. île de l'Amérique septentrionale: c'est la plus forte des Antilles, par sa situation. Long. 17. 40. lat. 16. 40.

EUSTATHIENS (Page 6:212)

EUSTATHIENS, s. m. plur. (Hist. ecclés.) est un nom que l'on donna aux catholiques d'Antioche, dans le quatrieme siecle, à l'occasion du refus qu'ils firent de ne recevoir aucun autre évêque que Saint Eustathe, que les Ariens avoient déposé.

Ce nom leur fut donné pendant l'épiscopat de Paulin, que les Ariens substituerent à S. Eustathe vers l'an 330, lorsqu'ils commencerent à tenir des assemblées particulieres. Vers l'an 350, Léontius de Phrygie appellé l'Eunuque, qui étoit Arien, & qui fut installé sur le siége d'Antioche, desira que les Eustathiens fissent leur service dans son église; ce qui fut accepté: & ainsi l'église d'Antioche servit indifféremment aux Ariens & aux Catholiques.

Ce que nous venons de dire donna lieu à deux établissemens, qui ont toûjours subsisté depuis dans l'Eglise. Le premier fut la psalmodie à deux choeurs; cependant M. Baillet croit que s'ils instituerent la psalmodie à deux choeurs, ce fut à deux choeurs de Catholiques, & non pas par maniere de réponse au choeur des Ariens. Le second fut la doxologie, Gloria Patri & Filio, & Spiritui sancto. Voyez Doxologie.

Cette conduite qui sembloit renfermer une espece de communion avec les Ariens, choqua beaucoup de Catholiques, qui commencerent à tenir des assemblées particulieres, & formerent ainsi le sehisme d'Antioche.

S. Flavien évêque d'Antioche en 381, & Alexandre un de ses successeurs en 482, procurerent entre les Eustathiens & le corps de l'église d'Antioche, [p. 213] une réunion dont Théodoret a raconté les circonstances. Dict. de Trév. & Chambers. (G)

Eustathiens (Page 6:213)

Eustathiens, est aussi le nom donné à des hérétiques qui s'éleverent dans le quatrieme siecle, & qui tirerent leur nom d'un moine appellé Eustathiûs, si follement entêté de son état, qu'il condamnoit tous les autres états de vie. Baronius croit que c'est le même qu'un moine d'Arménie que S. Epiphane appelle Eutactus.

Les erreurs & les pratiques de cet hérésiarque que Socrate, Sozomene, & M. Fleury sur leur autorité, ont confondu avec Eustathe, évêque de Sébaste, qui vivoit aussi dans le quatrieme siecle, sont rapportées à ces chefs par les peres du concile de Gangres en Paphlagonie, tenu l'an 376. Eustathe & ses sectateurs y sont accusés; 1°. de condamner le mariage, & de séparer les femmes d'avec leurs maris; 2°. de quitter les assemblées publiques de l'Eglise, pour en tenir de particulieres; 3°. de se reserver les oblations à eux seuls; 4°. de séparer les serviteurs de leurs maîtres & les enfans de leurs parens, sous prétexte de leur faire mener une vie plus austere; 5°. de permettre aux femmes de s'habiller en hommes; 6°. de mépriser les jeûnes de l'Eglise, & d'en pratiquer d'autres à leur fantaisie, même le jour du dimanche; 7°. de croire qu'il étoit défendu en tout tems de manger de la viande; 8°. de rejetter les oblations des prêtres mariés; 9°. de mépriser les chapelles bâties en l'honneur des martyrs, leurs tombeaux, & les assemblées pieuses qu'y tenoient les fideles; 10°. de soûtenir qu'on ne peut être sauvé sans renoncer effectivement à la possession de tous ses biens. Le concile fit contre ces erreurs & superstitions, vingt canons qui ont été insérés dans le code des canons de l'Eglise universelle. Dupin, Bibliot. des auteurs ecclésiast. du quatrieme siecle. Fleury, Hist. ecclésiast. tom. IV. liv. XVII. tit. xxxv. (G)

EUSTYLE (Page 6:213)

EUSTYLE, s. m. (Architect.) est une espece d'édifice dont les colonnes sont placées à la distance la plus convenable l'une de l'autre; l'intervaile entre les deux colonnes étant précisément deux diametres & un quart d'une colonne, excepté celles qui sont dans le milieu des faces devant & derriere, qui sont éloignées les unes des autres de trois diametres.

Ce mot est grec & composé de E=)U, benè, bien, & de ZU/LOS2, colonne.

L'eustyle tient le milieu entre le picnostyle & l'aréostyle. Voyez Picnostyle, &c.

Vitruve, liv. III. chap. ij. observe que l'eustyle est de toutes les manieres de placer les colonnes celle qu'on approuve le plus, & qu'elle surpasse toutes les autres en commodité, en beauté, & en force. Voy. le Dictionn. de Trév. & Chambers. (P)

EUSUGAGUEN (Page 6:213)

EUSUGAGUEN, (Géog. mod.) ville de la province d'Héa, au royaume de Maroc, en Afrique.

EUTERPE (Page 6:213)

* EUTERPE, s. f. (Mythol.) celle des muses qui présidoit aux instrumens à vent; on la représentoit couronnée de fleurs, joüant de la double flûte, & ayant l'amour à ses genoux. On lui attribue l'invention de la tragédie; & en conséquence, on ajoûte à ses attributs un masque & une massue.

EUTHANASIE (Page 6:213)

EUTHANASIE, s. f. (Théol.) mort heureuse, ou passage doux & tranquille, sans douleur, de ce monde en l'autre. Voyez Mort.

Ce mot est formé du grec E=)U, benè, bien, & de ZA/<-> GATOS2, mort. (G)

EUTHENIE (Page 6:213)

* EUTHENIE, s. f. (Mythol.) c'est ainsi que les Grecs appelloient l'abondance qu'ils avoient divinisée, mais qui n'eut jamais chez eux ni de temple ni d'autel.

EUTIM (Page 6:213)

EUTIM, (Géog. mod.) ville du Holstein en Allemagne.

EUTYCHIENS (Page 6:213)

EUTYCHIENS, s. m. pl. (Hist. ecclés.) hérétiques qui refusoient d'admettre deux natures en Jesus<cb-> Christ, & qui tirerent leur nom d'Eutychès, archimandrite ou abbé d'un monastere célebre de Constantinople, & qui vivoit dans le cinquieme siecle.

L'aversion qu'Eutychès avoit pour le Nestorianisme le précipita dans un excès opposé & non moins dangereux. On croit que quelques passages de S. Cyrille d'Alexandrie, qui soûtint vivement l'unité de personne contre Nestorius, engagerent Eutychès à soûtenir l'unité de nature; mais ces passages bien entendus ne lui sont nullement favorables, comme on peut voir dans M. Witasse. Traité de l'incarnation, part. II. quoest. vj. art. 1. sect. 3.

Cet hérésiarque soûtint d'abord que le Verbe, en descendant du ciel, avoit apporté son corps qui n'avoit fait que passer dans celui de la sainte Vierge, comme par un canal; ce qui approchoit de l'hérésie d'Apollinaire. Mais il retracta cette proposition dans le synode de Constantinople, où sa doctrine fut d'abord condamnée par Flavien: mais on ne put le faire convenir que le corps de Jesus - Christ fût de même substance que les nôtres; au contraire, il paroît qu'il n'en admettoit qu'un phantastique, comme les Valentiniens & les Marcionites. Il n'étoit pas ferme & conséquent dans ses opinions, car il sembla qu'il reconnoissoit en Jesus - Christ deux natures, même avant l'union hypostatique; conséquence qu'il tiroit apparemment des principes de la philosophie de Platon, qui suppose la préexistence des ames: aussi Eutychès croyoit - il que l'ame de Jesus - Christ avoit été unie à la divinité avant l'incarnation. Mais il ne voulut jamais admettre de distinction de natures en Jesus - Christ après l'incarnation, disant que la nature humaine avoit été alors absorbée par la nature divine, comme une goutte de miel qui tombant dans la mer ne périroit pas, mais seroit engloutie. Voyez la dissertation du pere Hardoüin de sacramento altaris, dans laquelle cet auteur développe très - nettement tous les sentimens des Eutychiens.

Quoique cette hérésie eût été condamnée dans le synode qui fut tenu à Constantinople en 448, & dont nous avons déjà parlé, Eutychès ne laissa pas que de trouver des partisans & des défenseurs: soûtenu du crédit de Chrysaphe, premier eunuque du palais impérial, de l'activité de Dioscore son ami, patriarche d'Alexandrie, & des fureurs d'un archimandrite syrien nommé Barsumas, il fit convoquer en 449 un concile à Ephese, qui n'est connu dans l'Histoire que sous le nom de brigandage, à cause des violences qu'y exercerent les Eutychiens, dont le chef y fut justifié; mais son erreur fut examinée de nouveau & anathématisée dans le concile général de Chalcédoine tenu en 451: les légats du pape S. Léon qui y assisterent, soûtinrent que ce n'étoit point assez de définir qu'il y a deux natures en Jesus - Christ; mais ils insisterent fortement à ce que, pour ôter tout équivoque, on ajoûtât ces mots, sans être changées, confondues, ni divisées.

Mais cette décision du concile de Chalcédoine, quoiqu'elle fût l'ouvrage de plus de cinq à six cents évêques, n'arrêta pas les progrès de l'Eutychianisme: quelques évêques d'Egypte qui avoient assisté à ce concile, publierent ouvertement à leur retour, que S. Cyrille y avoit été condamné & Nestorius absous; ce qui causa de grands desordres: plusieurs, par attachement à la doctrine de S. Cyrille, refusoient de se soûmettre aux decrets du concile de Chalcédoine, qu'ils y croyoient faussement opposés.

Cette hérésie qui fit de grands ravages dans tout l'Orient, se divisa à la longue en plusieurs branches. Nicéphore n'en compte pas moins de 12; les uns étoient appellés schematici ou apparentes, parce qu'ils attribuoient à Jesus - Christ un corps phantastique; d'autres Théodosiens, du nom de Théodose, évêque d'Alexan<pb->

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