ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"210"> dénuées de feuilles, à moins qu'on ne veuille donner le nom de feuilles à quelques petites appendices rondes, épaisses, laiteuses, placées sur les bords seules à seules sous les épines, & portées sur des queues courtes, épaisses, applaties, vertes & laiteuses.

Les fleurs naissent principalement du fond des sinuosités qui se trouvent sur les bords anguleux & entre les épines; elles sont au nombre de trois ensemble, portées sur un petit pédicule d'environ un demi - pouce, cylindrique, verd, laiteux, épais & droit. La fleur du milieu est la plus grande, & s'épanoüit la premiere, les autres ensuite, lesquelles sont sur la même ligne, portées sur de très - petits pédicules, ou même elles n'en ont point du tout.

Ces fleurs sont composées d'un calice d'une seule piece, renflé, ridé, coloré, partagé en cinq quartiers, & qui ne tombent pas; elles ont cinq pétales de figure de poire, convexes, épais, placés dans les échancrures du calice, & attachés par leur base au bord du calice. Du milieu de ces fleurs s'élevent des étamines au nombre de cinq ou six, fourchues, rouges par le haut, sans ordre. Le pystil est un style simple qui porte un petit embryon arrondi, triangulaire, & chargé de trois stygmates. Lorsque les fleurs paroissent, les appendices feuillées ou ces petites feuilles tombent.

Il succede à ces fleurs des fruits ou des capsules à trois loges, applaties, laiteuses, vertes d'abord, & qui en partie rougissent un peu dans la suite, d'un goût astringent. Ces capsules contiennent trois graines rondes, cendrées extérieurement, blanchâtres intérieurement. On trouve souvent dans les sacs de peau dans lesquels on apporte la graine d'euphorbe, des fragmens de cette plante, des morceaux d'écorce, des capsules séminales & des fleurs desséchées, qui peuvent servir à confirmer la description qu'on vient de lire de cet arbuste.

Il croît en Afrique, en Lybie, aux îles Canaries, à Malabar, & dans d'autres endroits des Indes orientales. Il est par - tout rempli d'un suc laiteux, très âcre & très - caustique, qui en distille dans quelque endroit qu'on y fasse une incision. On donne à ce suc caustique, desséché & endurci, le même nom de la plante. Voyez les deux articles suivans. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Euphorbe (Page 6:210)

Euphorbe, s. f. (Hist. nat. des drogues.) gommerésine en gouttes ou en larmes, sans odeur, d'un jaunepâle ou de couleur d'or, brillantes; tantôt rondes, tantôt oblongues, branchuës & caverneuses; d'un goût très - âcre, caustique, & provoquant des nausées.

L'euphorbe ne se dissout point dans l'eau commune; les huiles, l'esprit de terebenthine, l'esprit de vin, l'eau - de - vie, n'en dissolvent qu'une legere portion, & la plus huileuse. Le vin, le vinaigre, n'en dissolvent pas beaucoup davantage. L'esprit de nitre, l'esprit de vitriol, le pénetrent sans ébullition, & l'amollissent sans le dissoudre. Le suc de citron dépuré en dissout une partie gommeuse, & la sépare d'avec sa partie terrestre. Enfin l'huile de tartre en tire une forte teinture. Toutes ces diverses expériences ont fait mettre l'euphorbe au rang des gommes, & non des résines.

Le scadidacalli des Malabares paroît être l'arbrisseau qui donnoit l'euphorbe des anciens; mais il est vraissemblable que celle qu'on reçoit en Europe, vient de plusieurs especes du même genre de plante; car les Anglois tirent leur euphorbe des îles Canaries; les Hollandois, de Malabar; les Espagnols, les Italiens, les François, de Salé au royaume de Fez.

Dans tous ces pays - là on perce l'arbrisseau de loin avec une lance; ou bien on se couvre le visage pour faire ces incisions, afin d'éviter d'être incommodé par l'exhalaison subtile & pénétrante du suc laiteux, volatil & caustique qui sort de la plante en grande quantité. Ce suc est souvent reçû dans des peaux de moutons, où il se durcit en gomme jaune, tirant sur le blanc, friable, & qu'on nous apporte en petits morceaux.

On recommande de choisir l'euphorbe pure, nette, pâle, âcre, & d'une saveur brûlante. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Euphorbe (Page 6:210)

Euphorbe, (Pharm. & Mat. med.) Nous n'employons aujourd'hui cette gomme - résine que dans les préparations externes, & jamais dans celles qui sont destinées pour l'intérieur, à cause de sa grande causticité.

Quelques auteurs ont cependant prétendu la corriger; soit en la faisant infuser dans de l'huile d'amandes douces, & ensuite dans du suc de citron; soit en la faisant dissoudre dans du vinaigre, la filtrant & la rapprochant en consistance solide; soit en l'enfermant dans un citron ou dans un coing, que l'on couvroit de pâte & qu'on faisoit cuire au four; soit enfin en la faisant dissoudre dans de l'acide vitriolique foible, & la faisant dessécher: mais on peut dire que toutes ces corrections, ou sont insuffisantes, ou énervent le remede au point de le rendre inutile. Il est donc beaucoup plus sûr de ne point employer l'euphorbe pour l'usage intérieur; puisque ses effets sont dangereux, & que d'ailleurs nulle observation particuliere ne nous engage à risquer ce danger en faveur de quelque vertu singuliere.

L'euphorbe est un violent purgatif hydragogue, qui, à la dose de quatre ou cinq grains, fait des ravages si étonnans, qu'on doit plus le regarder comme un poison, que comme un médicament: appliqué extérieurement, c'est un épipastique.

Mesué ne le recommande qu'à l'extérieur dans la résolution des nerfs, dans leur convulsion, leur engourdissement, leur tremblement, & toutes leurs autres affections, qu'il regardoit comme froides. Il le recommande aussi dans les douleurs de foie & de la rate: pour cet effet on le broye avec de l'huile, & on en frote la région de ces visceres. Fernel dit que ce remede est excellent contre la scyatique & la paralysie. Herman dit qu'il s'en servoit avec succès pour fondre les tumeurs skirrheuses.

On vante beaucoup l'euphorbe pulvérisé dans la carie des os, & il est très - usité dans ce cas; on saupoudre les os cariés avec l'euphorbe seul, ou mêlé avec partie égale d'iris de Florence, ou d'aristoloche ronde. Voyez Carie.

L'euphorbe est un puissant sternutatoire; on doit même éviter de s'en servir dans cette vûe, à cause de sa trop grande activité, qui est telle qu'il fait souvent éternuer jusqu'au sang. C'est aussi ce qui fait qu'il est très - incommode à pulvériser; car pour peu qu'en respire le pileur, il est attaqué d'un éternument violent qui dure plusieurs heures: on a donc soin de l'arroser dans le mortier avec un peu d'huile d'olive ou d'amande douce, pour éviter cet inconvénient. Le mieux est, malgré cette ressource, de ne faire cette opération que dans un mortier couvert. Voyez Piler.

On prépare une huile d'euphorbe avec cinq onces de vin, dix onces d'huile, demi - once d'euphorbe, faisant cuire le tout jusqu'à ce que le vin & l'humidité soient exhalés. Cette huile peut être employée dans les maladies ci - dessus énoncées.

L'euphorbe entre dans l'onguent d'arthanita, & dans les emplâtres diabotanum, de ranis, & vésiccatoire. (b)

EUPHRADE (Page 6:210)

* EUPHRADE, s. f. (Myth.) génie qui présidoit aux festins. L'on mettoit sa statue sur les tables pour s'exciter au plaisir.

EUPHRATE (Page 6:210)

EUPHRATE, (Géog. anc. & mod.) grand fleuve qui prend sa source au mont Ararat dans l'Arménie, & se jette dans le golfe Persique, après s'être joint au [p. 211]

EUPHRONE (Page 6:211)

* EUPHRONE, s. f. (Myth.) déesse de la nuit. Son nom est composé de E=)U, bien, & de FRXN, conseil, c'est - à - dire qui donne bon conseil.

EUPHROSINE (Page 6:211)

* EUPHROSINE, s. f. (Myth.) l'une des trois graces, celle qui représente le plaisir.

EUPLOÉ (Page 6:211)

* EUPLOÉ, adj. pris subst. (Myth) surnom de Vénus, protectrice des voyageurs par mer. Il y avoit sur une montagne près de Naples, un temple consacré à Vénus Euploé.

EURE (Page 6:211)

EURE, (Géog. mod.) riviere qui prend sa source au Perche, en France; elle se jette dans la Seine, un peu au - dessus du Pont - de - l'Arche.

EUREOS (Page 6:211)

EUREOS, (Hist. nat.) pierre semblable à un noyau d'olive; elle étoit striée ou remplie de cannelures. Boece de Boot croit que c'est la même chose que ce que les modernes appellent pierre judaïque.

EVREUX (Page 6:211)

EVREUX, (Géog. mod.) ville de la haute Normandie, en France; elle est située sur l'Iton. Long. 17. 48. 39. lat. 49. 1. 24.

EURIPE (Page 6:211)

EURIPE, s. m. (Belles - Lettr.) nom qu'on donnoit aux canaux pleins d'eau, qui ceignoient les anciens cirques. Tous ceux de la Grece avoient leurs euripes; mais celui du cirque de Sparte, formé par un bras de l'Eurotas, acquit ce nom par excellence. C'étoit - là que tous les ans les Ephebes, c'est - à - dire les jeunes Spartiates qui sortoient de leur seizieme année, se partageoient en deux troupes, l'une sous le nom d'Hercule, l'autre sous le nom de Lycurgue; & que chacune entrant dans le cirque par deux ponts opposés, elles venoient se livrer sans armes un combat, où l'amour de la gloire excitoit dans ce moment entre les deux partis, une animosité qui ne différoit guere de la fureur. L'acharnement y étoit si grand, qu'à la force des mains ils ajoûtoient celle des ongles & des dents, jusqu'à se mordre, pour décider de la victoire; jamais ce combat ne se terminoit, qu'un des deux partis n'eût jetté l'autre dans l'Euripe. Il faut entendre là - dessus Cicéron, qui eut la curiosité d'aller voir ce spectacle à Lacédémone. Voici ses propres termes: Adolescentium greges Lace loemone vidimus ipsi, incredibili contentione certantes, pugnis, calcibus, unguibus, morsu denique, ut exanimarentur priùs, quàm se victos faterentur.

Voilà comme les jeunes Lacédémoniens montroient ce qu'ils pourroient faire un jour contre l'ennemi. Aussi les autres peuples couroient à la victoire, quand ils la voyoient certaine; mais les Spartiates couroient à la mort, quand même elle étoit assûrée, dit Séneque; & il ajoûte, turpe est cuilibet viro fugisse, Laconi vero deliberasse; c'est une honte à qui que ce soit d'avoir pris la fuite, mais c'en est une à un Lacédémonien d'y avoir seulement songé. Cet article est de M. le Chevalier de Jaucourt.

Euripe (Page 6:211)

Euripe, (l') s. m. Géog. petit détroit de la mer Egée si serté, qu'à peine une galere y peut passer, sous un pont qui le couvre entre la citadelle & le donjon de Négrepont. Tous les anciens géographes, historiens, naturalistes, & les poëtes même, ont parlé du flux & du reflux de l'Euripe; les uns selon le rapport qu'on leur en avoit fait, & les autres sans l'avoir peut - être considéré assez attentivement en divers tems & en divers quartiers de la Lune. Mais enfin le P. Babin jésuite nous en a donné, dans le siecle passé, une description plus exacte que celle des écrivains qui l'ont précédé; & comme cette description est insérée dans les voyages de M. Spon, qui sont entre les mains de tout le monde, j'y renvoye le lecteur.

Le docteur Placentia, dans son Egeo redivivo, dit que l'Euripe a des mouvemens irréguliers pendant dix - huit ou dix - neuf jours de chaque mois, & des mouvemens réguliers pendant onze jours, & qu'ordinairement il ne grossit que d'un pié, & rarement de deux piés. Il dit aussi que les auteurs ne s'accordent pas sur le flux & le reflux de l'Euripe; que les uns disent qu'il se fait deux fois, d'autres sept, d'autres onze, d'autres douze, d'autres quatorze fois en vingt - quatre heures: mais que Loirius l'ayant examiné de suite pendant un jour entier, il l'avoit observé à chaque six heures d'une maniere évidente, & avec un mouvement si violent, qu'à chaque fois il pouvoit faire tourner alternativement les roues d'un moulin. Hist. nat. génér. & part. tom. I. pag. 489. Voyez Goufre.

J'ajoûterai seulement que S. Justin & S. Grégoire de Nazianze se sont trompés, quand ils ont écrit qu'Aristote étoit mort de chagrin de niavoir pû comprendre la cause du - flux & du reflux de l'Euripe; car outre que l'histoire témoigne que ce philosophe accusé faussement d'impiété, & se souvenant de l'injustice faite à Socrate, aima mieux s'empoisonner que de tomber entre les mains de ses ennemis; il n'est pas plus vraissemblable qu'un homme tel qu'Aristote soit mort de la douleur de n'avoir pû expliquer un phénomene de la nature, qu'il le seroit que cette raison abrégeât les jours d'un petit - maître - L'ignorance éclairée & l'ignorance abécédaire ne troublent pas plus l'une que l'autre la tranquillité de l'ame. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EURIPIDE (Page 6:211)

* EURIPIDE, s. m. (Hist. anc.) coup de dés qui valoit quarante. Cette dénomination vient ou d'Euripide qui fut un des quarante magistrats qui succéderent aux trente tyrans, & qui l'institua; ou de ses collegues, qui par affection pour lui donnerent son nom à ce coup de dés victorieux.

EUROPE (Page 6:211)

EUROPE, (Géog.) grande contrée du monde habitée. L'étymologie qui est peut - être la plus vraissemblable, dérive le mot Europe du phénicien urappa, qui dans cette langue signifie visage blanc; épithete qu'on pourroit avoir donné à la fille d'Agénor soeur de Cadmus, mais du moins qui convient aux Européens, lesquels ne sont ni basanés comme les Asiatiques méridionaux, ni noirs comme les Africains.

L'Europe n'a pas toûjours eu ni le même nom, ni les mêmes divisions, à l'égard des principaux peuples qui l'ont habité; & pour les sous - divisions, elles dépendent d'un détail impossible, faute d'historiens qui puissent nous donner un fil capable de nous tirer de ce labyrinthe.

Mais loin de considérer dans cet article l'Europe telle que l'ont connue les anciens, dont les écrits sont parvenus jusqu'à nous, je ne veux dire ici qu'un seul mot de ses bornes.

Elle s'étend dans sa plus grande longueur depuis le cap de Saint - Vincent en Portugal & dans l'Algarve, sur la côte de l'Océan atlantique, jusqu'à l'embouchure de l'Obi dans l'Océan septentrional, par l'espace de 1200 lieues françoises de 20 au degré, ou de 900 milles d'Allemagne. Sa plus grande largeur, prise depuis le cap de Matapan au midi de la Morée jusqu'au Nord - Cap, dans la partie la plus septentrionale de Norwege, est d'environ 733 lieues de France de 20 au degré pareillement, ou de 550 milles d'Allemagne. Elle est bornée à l'orient par l'Asie; au midi par l'Afrique, dont elle est séparée par la mer Méditerranée; à l'occident par l'Océan atlantique, ou occidental, & au septentrion par la mer Glaciale.

Je ne sai si l'on a raison de partager le monde en quatre parties, dont l'Europe en fait une; du moins cette division ne paroît pas exacte, parce qu'on n'y sauroit renfermer les terres arctiques & les antarctiques, qui bien que moins connues que le reste, ne laissent pas d'exister & de mériter une place vuide sur les globes & sur les cartes.

Quoi qu'il en soit, l'Europe est toûjours la plus petite partie du monde; mais, comme le remarque

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