ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"200"> cher, ne peuvent guere occuper moins de douze piés ou de deux toises, en joignant ensemble la longueur du cheval, & l'intervalle qui sépare les rangs les uns des autres; c'est pourquoi les douze rangs occuperont environ 24 toises d'étendue (a).

Les quatre compagnies à la suite les unes des autres auront trois intervalles, lesquels, en comprenant le rang des officiers à la tête de chaque compagnie, peuvent s'évaluer chacun environ à l'épaisseur de deux rangs, ou à quatre toises; par contéquent les trois ensemble font douze toises. Ces toises ajoûtées aux vingt - sept précédentes, donnent environ trente - six toises pour la longueur de l'escadron, en marchant par compagnie, comme il en occupe vingt en bataille: lorsqu'il reprendra cette premiere disposition, il lui restera seize toises pour l'intervalle qui le séparera de l'escadron voisin.

Si l'on veut réduire cet intervalle à la moitié du front de l'escadron, c'est - à - dire à dix toises, comme le prescrivent le projet d'instruction pour la cavalerie, inséré dans le code militaire par M. Briquet, & l'ordonnance du 22 Juin 1755; on y parviendra aisément en serrant un tant - soit - peu les rangs & les intervalles des compagnies, ou bien de la maniere suivante.

On considérera les officiers qui sont à la tête de chaque compagnie, comme formant un rang; ainsi l'on aura quatre rangs d'officiers, qui joints aux douze des cavaliers, font ensemble seize rangs. On partagera trente toises ou 180 piés, c'est - à - dire l'espace qu'occupe le front du bataillon, avec l'intervalle de dix toises, en seize parties égales, & l'on aura onze piés pour l'épaisseur de chaque rang; ce qui est un espace suffisant pour que les chevaux marchent aisément les unes derriere les autres sans se donner d'atteintes.

Si l'escadron est plus fort qu'on ne le suppose ici, il est évident qu'on trouvera de la même maniere quelle doit être l'épaisseur de chaque rang, pour que la troupe n'occupe, en marchant par compagnie, qu'une fois & demie la longueur ou l'étendue de son front.

Quoique la marche de l'escadron par compagnie soit plus avantageuse pour réunir la troupe, ou la mettre en bataille plus facilement que lorsqu'elle marche sur de plus petites divisions, néanmoins comme on est obligé de se régler là - dessus, suivant les différens passages qu'on rencontre, il arrive qu'on fait quelquefois défiler l'escadron par un cavalier, par deux, par quatre, &c.

Pour défiler par un, le premier cavalier du premier rang de la compagnie de la droite ou de la gauche, c'est - à - dire du côté par où l'on veut commencer le mouvement, marche en - avant; le deuxieme vient prendre sa place, & le suit: les autres en font de même successivement.

Lorsque le premier rang a ainsi défilé, le second en fait de même, & ensuite le troisieme.

La seconde compagnie, ou celle qui suit immédiatement celle qui a d'abord défilé, se met de même à la suite de la premiere; elle est suivie de la troisieme, & celle - ci de la quatrieme.

Si la troupe marche par deux, les deux premiers cavaliers de la droite ou de la gauche du premier rang de la compagnie de la droite ou de la gauche, marchent d'abord en - avant; le troisieme & le quafrieme yiennent ensuite par un à - droite ou un à - gauche par deux (b), prendre la place des deux pre<cb-> miers, & ils se mettent à leur suite. Les autres cavaliers du même rang en font de même deux à deux, ainsi que ceux du second rang, puis ceux du troisieme. Les autres compagnies de l'escadron défilent ensuite successivement, de la même maniere que la premiere.

Si la troupe marche par quatre, les quatre premiers cavaliers de la premiere compagnie de la droite ou de la gauche, suivant le côté par où l'on veut commencer, avancent d'abord droit devant eux: les autres du même rang font un à - droite ou un à - gauche par quatre, & ils se mettent successivement à la suite des quatre premiers: les cavaliers du second & du troisieme rang de la même compagnie en font de même, puis ceux de la seconde, & ensuite ceux de la troisieme & de la quatrieme.

Il faut observer que si les compagnies qui compesent l'escadron sont de trente hommes, comme on l'a supposé dans cet article, on ne pourroit faire défiler les rangs par quatre, parce qu'ils ne se diviseroient pas exactement par ce nombre, mais qu'il faudroit les faire défiler par cinq; c'est - à - dire par demi - front de compagnie; ce qui se fait de la même maniere que par quatre.

Pour reformer l'escadron, supposant qu'il marche par compagnic, la premiere, comme le porte l'ordonnance du 22 Juin 1755, se portera legerement huit pas en - avant, pendant que celle qui suit fera àgauche, & tout de suite à - droite pour se former à la gauche de la premiere. Les deux autres continueront à marcher devant elles, jusqu'à ce que chacune étant arrivée où celle qui la précede a fait à - gauche, elle n'ait plus que l'espace nécessaire pour exécuter ce mouvement; & elle fera ensuite à - droite par compagnie, lorsque son premier rang sera arrivé à la hauteur de la gauche de la compagnie qui la précede.

Lorsque l'escadron a défilé par deux ou par quatre, on reforme successivement chaque compagnie, & ensuite l'escadron par la réunion de ces compagnies en bataille.

Pour reformer une compagnie qui défile, par exemple, par un, on la fera d'abord marcher par deux, ensuite par quatre, si le nombre d'hommes de chaque rang le permet, c'est - à - dire si les rangs contiennent plusieurs fois quatre exactement: dans ce cas on formera la compagnie en - avant, en faisant d'abord arrêter la premiere division, pendant que les autres du même rang se placeront successivement à côté les unes des autres. Lorsque le premier rang sera formé, le second se formera de même, & ensuite le troisieme.

Si les quatre compagnies font ensemble ce mouvement, elles se trouveront formées dans le même tems, & elles pourront après cela former l'escadron, comme on l'a vû ci - devant.

Si la compagnie est de trente hommes rangés sur trois rangs; comme chaque rang sera de dix hommes, il ne pourra se diviser par quatre; c'est pourquoi pour reformer la compagnie qui aura défilé par un, on la fera d'abord marcher par deux, & l'on reformera les rangs par deux, comme on vient de l'expliquer par quatre. Tout l'inconvénient de ce mouvement, c'est qu'il est plus long que lorsqu'on peut d'abord reformer les compagnies par quatre.

Problème. Doubler les rangs de l'escadron ou d'une troupe quelconque de cavalerie, ou les dédoubler.

Nous avons déjà observé dans les évolutions de

(a) On peut diminuer environ 4 piés ou une toise de cette étendue, parce que le demier rang n'a d'épaisseur que la longueur du cheval. (b) Comme jl n'est pas possible que deux cavaliers dont le front est de 6 piés, tournent dans le rang, il faut qu'avant de faire ce mouvemont ils gagnent deux ou trois piés de terrein du côté où ils doivent tourner afin d'avoir l'espace nécessaire pour le faire.
[p. 201] l'infanterie, que l'expression dédoubler les rangs, ne signifioit pas d'en doubler le nombre, mais seulement celui des hommes de chaque rang.

La maniere de doubler les rangs dans la cavalerie, n'est pas la même que dans l'infanterie, parce que les cavaliers sont toûjours trop serrés dans le rang, pour pouvoir introduire un nouveau cavalier entre deux.

Mais cette évolution se fait très - aisément & très simplement par le moyen des à - droite & des à - gauche par divisions de rangs.

On peut doubler les rangs dans la cavalerie, par la droite, par la gauche, & par l'un & l'autre côté en même tems. On ne donnera ici que cette derniere méthode, l'exécution des deux autres n'aura pas plus de difficulté.

Soit supposé une troupe de cavalerie de 120 maîtres, rangée sur deux rangs qu'on veut réduire à un seul, & cela par la droite & par la gauche en même tems.

On divisera le second rang en deux également. La moitié de la droite fera à - gauche par divisions de cinq cavaliers; & celle de la gauche, à - droite par les mêmes divisions.

Ces deux demi - rangs marcheront ensuite devant eux; savoir, celui de la droite, jusqu'à ce que sa derniere division déborde le premier rang d'environ 3 piés, ou de l'épaisseur d'un cheval; & celui de la gauche, jusqu'à ce que sa derniere division déborde également la gauche du premier rang de la même quantité.

Alors les divisions du demi - rang de la droite feront à - droite, & celles de la gauche à - gauche; & elles marcheront devant elles jusqu'à ce qu'elles soient dans l'alignement du premier rang.

Il est clair que si l'on avoit quatre rangs de cavalerie, on les réduir oit à deux de cette même maniere.

Remarques.

I. Pour exécuter ce mouvement, il est nécessaire que les rangs soient éloignés les uns des autres du front, au moins des divisions de chaque demi - rang; c'est - à - dire, dans l'exemple précédent, où les divisions sont de cinq cavaliers, qu'il faut que les rangs ayent au moins quinze piés d'intervalle.

II. Au lieu de faire les divisions des demi - rangs de cinq cavaliers, on les auroit pû prendre de trois; mais alors ces divisions, en marchant vers la droite & la gauche, auroient été un peu trop serrées les unes sur les autres pour pouvoir marcher aisément. On n'auroit pû prendre ces divisions de quatre hommes, parce que le demi - rang étant de quinze cavaliers ne peut se diviser exactement par quatre.

III. On peut par cette méthode augmenter le front d'un escadron dont les rangs sont en nombre impair, ou, ce qui est la même chose, diminuer le nombre de ces rangs.

Si l'on a, par exemple, une troupe de cavalerie sur trois rangs, & qu'on veuille la réduire à deux, on partagera le troisieme rang en quatre parties égales; on fera marcher les deux de la droite à la droite des deux premiers rangs, & celles de la gauche à la gauche des mêmes rangs, & l'on aura ajusté l'escadron en bataille sur deux rangs.

Pour dédoubler les rangs. Si l'on a une troupe de cavalerie sur un rang, & qu'on veuille en former deux, on la divisera en deux parties égales: on fera marcher l'une de ces parties trois ou quatre pas de trois piés en - avant. Si l'on suppose que ce soit la moitié du premier rang à droite qui ait marché en - avant, celle de la gauche fera à - droite par division de trois, quatre ou cinq hommes, suivant que le demi - rang se divisera exactement par l'un de ces nombres. Le demi - rang de la gauche marchera ensuite derriere celui de la droite, jusqu'à ce que sa premiere division se trouve derriere les quatre ou cinq cavaliers de la droite, suivant que cette division sera de quatre ou cinq hommes.

Lorsque le demi - rang de la gauche aura ainsi marché, on lui fera faire à - droite par les mêmes divisions par lesquelles on l'a d'abord fait tourner à gauche, & il se trouvera placé derriere le premier, & faisant face du même côté.

Par cette méthode, si la troupe est sur quatre rangs, on la réduira également à deux.

On peut observer par ce qu'on vient de dire sur le doublement & le dédoublement des rangs, que c'est avec raison que M. le maréchal de Puysegur dit dans son livre de l'Art de la guerre, que par le moyen du quart de tour à droite ou à gauche par divisions de rangs, la cavalerie peut exécuter les mêmes mouvemens que l'infanterie.

On n'entrera point ici dans un plus grand détail sur les évolutions ou manoeuvres de la cavalerie; on croit avoir donné les plus essentielles & les plus fondamentales: on renvoye pour toutes les autres aux ordonnances militaires concernant la cavalerie, & particulierement à celle du 22 Juin 1755. Cet article est de M. le Blond.

Evolutions navales (Page 6:201)

Evolutions navales, (Marine.) Ce sont les différens mouvemens qu'on fait exécuter aux vaisseaux de guerre pour les former ou mettre en bataille, les faire naviger, les rompre, les réunir, &c. Voici les élémens de cet art important.

Avant de donner les plans de tous les mouvemens que peuvent faire les armées navales, il faut commencer par une regle qu'on met en pratique dans toutes les différentes évolutions, qui prouve que le chemin le plus court que puisse faire un navire pour en joindre un autre, & par conséquent pour prendre le poste qui lui est destiné, par rapport à un autre navire qui doit lui servir d'objet, est d'arriver sur lui, autant qu'il pourra, en le tenant toûjours au même rhumb de vent.

Méthode générale pour joindre un vaisseau qui est sous le vent, par la route la plus courte, fig. 1. Pour mettre cette regle en exécution, il faut relever avec un compas de variation le navire sur lequel vous devez vous régler; & en faisant votre route, le tenir toûjours au même air de vent que vous l'avez relevé: la figure démontre que c'est la voie la plus courte que vous puissiez faire. Par exemple, si le vaisseau A qui chasse, parcourt la ligne A N, & le vaisseau B qui est chassé, la ligne B N, de telle sorte qu'ils se trouvent toûjours sur des lignes CD, GH, IK, LM, paralleles à AB, ils sont toûjours dans le même rhumb l'un à l'égard de l'autre, & ils se rencontreront au point N, où les lignes AN & BN concourent. Ici le vaisseau A, le vent étant au nord, a relevé le vaisseau B au sud de lui; il le doit toûjours tenir au même air de vent, soit en arrivant ou venant au vent, selon qu'il reste de l'arriere, ou qu'il gagne de l'avant de vaisseau B: par cette manoeuvre il arrivera au point C lorsque ledit navire sera au point D, qui sera toûjours au sud de lui: de même il sera au point E, lorsque l'autre viendra en F, & ils se tiendront toûjours dans le même rhumb; & ainsi des autres points, jusqu'à ce qu'ils se joignent en N, jonction des deux lignes.

J'ai dit qu'il faut que le navire A arrive ou tienne le vent, pour peu qu'il sorte du rhumb auquel il a relevé le vaisseau qu'il doit joindre; ce qui ne se peut faire que lorsque le navire B gagne de l'avant ou reste de l'arriere; supposant qu'il fasse toûjours la même route; si le vaisseau B va de l'avant, il restera plus du côté de l'est; & il faudra que le chasseur tienne le vent, pour l'avoir toûjours au rhumb re<pb->

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