ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"202"> levé, & il le joindra plus loin en parcourant la ligne A O; mais si le vaisseau chassé reste de l'arriere, il reste plus à l'oüest: alors il faudra que le vaisseau A arrive, jusqu'à ce qu'il remette le vaisseau B au sud, rumb rhelevé, & il le joindra au point M en parcourant la ligne A M; ce qui prouve qu'il faut avoir à chaque instant l'oeil sur le compas.

Il faut remarquer que si le vaisseau A se doit mettre par le travers du vaisseau B dans une autre colonne, il faut tenir le bâtiment B au même air de vent, comme nous venons de dire; & quand il sera à la distance requise, il tiendra la route du général: mais s'il doit se mettre dans la même ligne, & si c'est de l'avant du vaisseau B, il doit le tenir un peu plus sous le vent; s'il doit se mettre de l'arriere, il lé tiendra un peu plus au vent: l'expérience de l'officier doit décider cette route sans erreur sensible, par un coup - d'oeil réglé par la pratique.

Maniere de connoître si on est au vent ou sous le vent d'un autre vaisseau à la voile, figure 2. Dans les différens mouvemens d'une armée navale, une des principales attentions qu'on doit avoir, est d'éviter les abordages: ils sont rares de vent arriere ou largue, un coup de gouvernail en garantit; mais lorsque deux vaisseaux courent au plus près, l'un amuré stribord, & l'autre bas - bord, & qu'ils sont l'un contre l'autre; l'entêtement de vouloir passer au vent, ou l'incertitude de la manoeuvre que l'on doit faire, si l'on n'a pas de l'expérience, jette souvent dans de fâcheux accidens, & dans des embarras dont on a que trop de peine à se tirer.

Pour ne courir aucun risque, il faut relever de bonne - heure, avec un compas de variation, le navire qui vient à votre rencontre; s'il vous reste dans la perpendiculaire au lit du vent, les deux vaisseaux sont également au vent, & se rencontreroient, si l'un des deux ne prenoit le parti d'arriver; ce qu'il faut cependant toûjours faire sans balancer. Cette figure fera mieux connoître ce qui en est. Les vaisseaux A & B vont au plus près d'un vent du nord, l'un amuré stribord, & l'autre bas - bord; ils se trouvent est & oüest l'un de l'autre, qui est la ligne A B perpendiculaire au lit du vent F G; s'ils font toûjours la même route, & qu'ils parcourent l'un la ligne A E, & l'autre la ligne B E, avec des circonstances semblables, c'est - à - dire tenant également le plus près, & allant également vîte, ils se rencontreront au point E, puisqu'ils parcourent deux lignes égales, & que les angles E B G & E A G sont égaux.

Si le vaisseau C va à l'encontre du vaisseau B avec les mêmes circonstances, & que la ligne C H qui est tirée du vaisseau C perpendiculaire au vent, ne rencontre pas le vaisseau B, & que cette ligne passe du côté d'où le vent vient; le vaisseau C fera la ligne C F, & arrivera au point F, lorsque l'autre sera au point E, & il se trouvera au vent de la quantité F E égale à la ligne B H; au contraire, le vaisseau D dont la ligne D I tirée perpendiculaire au vent, ne rencontre pas le vaisseau B, & passe sous le vent, c'est - à - dire du côté du sud, sera sous le vent du vaisseau B, & viendra au point G lorsque le vaisseau B arrivera au point E, & il sera sous le vent de la quantité G E, égale à B I.

Ainsi lorsqu'on fera exactement toutes ces observations, & qu'on relevera de bonne - heure le vaisseau qui court sur vous, on aura le tems d'arriver pour éviter l'abordage; ce qu'on doit faire sans obstination, sur - tout lorsqu'il est question d'un pavillon, ou d'un capitaine plus ancien. Il est dangereux d'attendre trop tard pour arriver; on n'y est plus à tems, lorsqu'on est à une certaine distance; & pour lors le seul parti qu'il y ait à prendre, c'est que les deux vaisseaux donnent vent devant.

Figure 3. Cette figure sert à démontrer que le plus court chemin qu'on puisse faire pour aller à un vaisseau qu'on chasse, & sur lequel on peut mettre le cap sans lovoyer, est de se tenir toûjours au même air de vent auquel on l'a relevé aussi - tôt qu'on l'a découvert. Je suppose que le vent est à l'est, & que le navite qu'on chasse est au nord - oüest de vous à six lieues, c'est - à - dire que le chasseur est au point A, & le chassé en B; s'il prend chasse en faisant le nord - oüest, dont la ligne A 2 marque le chemin, en faisant le nord oüest comme lui, il reste toûjours au même air de vent; & le plus court chemin d'aller à lui, est de suivre la même ligne. Si vous lui gagnez une lieue sur trois lieues, quand il aura fait ses trois, vous en aurez fait quatre; il est certain que quand il en aura fait dix huit, vous en aurez fait vingt - quatre, & que vous aurez gagné sur lui les six lieues qu'il avoit d'avance sur vous, & que vous le joindrez au point 2: on voit par - là qu'il vous faut faire plus de chemin sur cet air de vent pour le joindre, que sur tous les autres qu'il peut courir: qu'il fasse, par exemple, le nord nord - oüest en parcourant la ligne B R; lorsqu'il arrivera au point N, le chasseur sera en S; & il lui restera au nord - oüest, la ligne NS étant parallele à la ligne B A, qui est au nord - oüest; lorsqu'il sera au point L, l'autre arrivera en T, & ils seront toûjours sud - est & nord - oüest l'un de l'autre.

Il n'y a qu'à jetter la vûe sur ces différentes positions & figures, pour voir que toutes les lignes des différens triangles sont toutes des nord - oüest; & lorsque le vaisseau chassé seroit au point R, le chasseur l'y joindra, l'ayant toûjours tenu au même air de vent: mais il aura fait moins de chemin pour l'attraper, puisque le vaisseau B n'aura fait que seize lieues & demie, & le navire A un peu plus de vingt - deux. Il arrivera la même chose, lorsque le navire B prendra chasse à l'oüest - nord - oüest, en parcourant la ligne B 10; parce que cet air de vent est à la même distance du nord - oüest, que le nord - nord - oüest dont je viens de parler: toute la différence qu'il y aura, c'est que dans la chasse du nord - nord - oüest, le chasseur fera sa route entre le nord - oüest quart de nord & le nord - nord - oüest, & dans la chasse de l'oüestnord - oüest, le chasseur courra entre le nord - oüest quart d'oüest, & l'oüest - nord - oüest. L'on voit par cette démonstration, que plus le vaisseau chassé s'éloignera de la ligne du nord - oüest, moins le chasseur aura de chemin à faire pour le joindre; s'il veut s'enfuir en faisant le nord, il parcourt B G, où il sera joint, & le chasseur fera le nord quart de nord - oüest prenant quelques degrés vers le nord - oüest, décrivant la ligne A G, où vous voyez qu'il lui reste toûjours au nord - oüest, & qu'il le joindra après avoir couru dix - huit lieues [omission: formula; to see, consult fac-similé version], pendant que le chassé n'en fera que quatorze: mais s'il prenoit chasse au nord - nord - est, il décriroit la ligne B 3, & le chasseur, A 3 qui est le nord prenant un peu de l'oüest, & ille joindra quand il aura fait près de quatorze lieues, & l'autre dix & [omission: formula; to see, consult fac-similé version]; mais il reste toûjours au nord - oüest, comme il est facile à remarquer. Il faut avec le compas le relever à chaque instant, & tenir le vent, ou arriver, selon qu'on supposeroit que le vaisseau chassé va de l'avant, ou reste de l'arriere.

Utilité du quarré pour les mouvemens d'une armée navale, fig. 4. Pour faciliter les mouvemens d'une armée, & pour éviter l'embarras d'avoir toûjours un compas devant les yeux, il faut avoir sur le gaillard de l'arriere un grand quarré A B C D, dont la ligne E F réponde à la quille du vaisseau, de telle maniere que le point E soit du côté de la proue, & le point F du côté de la poupe: la ligne F E représente donc toûjours la route que tient le vaisseau; la ligne G H marque son travers; & quand le vaisseau est au plus près, les diagonales C A, D B, marquent, l'une la route que tiendra le vaisseau quand il aura reviré, [p. 203] & l'autre son travers. Mais pour tirer plus d'utilité de ce quarré, il faut le partager en seize rhumbs.

Dans cette figure quatrieme on suppose le vent au nord soufflant du point N, lorsque le vaisseau I court au plus près sur la ligne I E, l'amure à basbord, l'angle N I E faisant un angle de six rhumbs de vent; lorsqu'il aura reviré, il courra sur la diagonale B D, l'angle N I D étant égal à l'angle N I E, & par conséquent de six rhumbs; & l'autre diagonale AC sera par son travers.

Ce quarré bien compris sera d'un grand usage pour tenir facilement son poste dans une armée, & il sera fort aisé à l'officier qui se promene sur le pont, de voir d'un coup - d'oeil s'il y est. J'en montrerai l'utilité dans tous les différens mouvemens où l'on pourra le mettre en pratique.

Ce quarré peut être encore fort utile, sans avoir besoin de compas, dans la proposition précédente, démontrée dans la deuxieme figure; le vent vient du point N, & le lit du vent est la signe N M. Le navire I court au plus près l'amure à bas - bord, faisant la route I E; le navire K court au plus près l'amure à stribord, faisant la route K E, parallele à la diagonale B D. Selon ce qui a été dit plus haut, tirez sur votre quarré la perpendiculaire au lit du vent, qui sera la ligne K L; ce qui sera facile, en faisant l'angle E I K de deux rhumbs de vent, ou de vingt - deux degrés trente minutes supplément de six rhumbs, ou de soixante - sept degrés trente minutes valeur de l'angle N I E; si les deux navires I & K faisant route, restent toûjours dans la même perpendiculaire au lit du vent I K, ou dans la même parallele à cette ligne, ils se rencontreront au point E, & s'aborderont.

Ordre de marche au plus près du vent sur une ligne. Pour faire marcher l'armée au plus prés du vent sur une ligne, un pavillon rayé blanc & rouge au bout de la vergue d'artimon, figure 5. L'armée faisant route au plus près du vent, le général marche le premier à la tête de toute la ligne, tous les vaisseaux marcheront sur une même ligne dans les eaux du général, en faisant le même air de vent; ils se serreront jusqu'à deux tiers de cable si le tems le permer, pour connoître avec le quarré de la quatrieme figure, si l'on est exactement dans les eaux du général sur lequel on doit se regler.

Il faut le tenir précisément par la ligne I E, & vous n'en sortirez pas en tenant le même air de vent que lui.

Manitre de revirer par la contre - marche dans l'ordre de marche au plus près du vent sur une ligne, fig. 6. Le général dans l'ordre de marche étant à la tête de la ligne, les navires qui le suivent le voyant revirer, vont tous revirer dans ses eaux les uns après les autres; on ne fait aucun signal pour ce mouvement: on doit observer exactement de passer toûjours sous le vent d'un navire que l'on suit qui aura reviré, & de bien regler sa bordée avant que de donner vent devant; ensorte qu'elle ne soit ni trop longue, ni trop courte, afin que les distances soient toûjours bien observées. Chacun se trouvera après avoir reviré plûtôt sous le vent du vaisseau qui aura reviré avant lui, qu'au vent, étant le seul moyen pour bien serrer la ligne & garder l'ordre de marche. Pour cet effet il faut donner vent devant aussi - tôt que vous couvrez le bossoir de dessous le vent du vaisseau qui aura reviré avant vous, au cas qu'il soit dans son poste; car s'il n'y étoit pas, il ne faut pas vous regler sur lui, mais à son chef de division dans les eaux de qui il faut revirer; ce que l'on connoîtra facilement par la ligne I E du quarré.

Dans l'ordre de marche au plus près du vent sur une ligne, fig. 7. Lorsqu'on navire tous en même tems, & que l'arriere - garde devient avant - garde, maniere de se mettre en ligne au plus près du vent.

Pour avertir tous les vaisseaux de revîrer en même tems sans faire la contre - marche; un pavillon de Malte au bâton du pavillon du petit mât de hune.

Pour faire donner vent devant à tous les vaisseaux en même tems, un pavillon bleu au même endroit, & ôter le pavillon de Malte.

L'armée qui couroit d'un vent de nord à l'Est - nordest, l'amure à bas - bord sur la ligne B A, vient de revirer pour courir à l'O.N.O. l'amure à stribord, l'arriere - garde devant faire l'avant - garde, & chaque vaisseau met le cap à la route qu'il doit faire pour aller prendre son poste dans la ligne C D.

Pour exécuter ce mouvement avec quelque ordre, il faut que le vaisseau B 9 serve de regle à toute l'armée; que chaque navire, le général excepté, aille se mettre dans ses eaux; & qu'y étant arrivé, il coure au plus près comme lui. Ledit navire 9 qui étoit le dernier de la ligne A B doit, dès qu'il a reviré, s'aller mettre à la tête de la ligne C D, & prendre son poste, qui est supposé au point 9, de l'arriere du commandant; lorsqu'il y est arrivé, il est de la prudence du capitaine qui le commande, de carguer de voiles, ou de mettre en panne, lorsqu'il croit avoir laissé l'espace que doivent occuper les autres vaisseaux de l'arriere - garde, lequel espace doit être pris depuis le point B 9 où il a reviré.

On voit en jettant les yeux sur la figure, que chaque navire de la ligne B A, numérotée depuis 1 jusqu'à 9, doit s'aller placer dans la ligne C D, à son même numéro, en suivant les lignes ponctuées qui marquent la route que chacun doit tenir.

Ils doivent sur - tout avoir la précaution de ménager leur voilure, ensorte que chaque navire passe toûjours de l'arriere de celui qui doit être devant lui dans la ligne C D, & le tienne à une distance raisonnable, afin de ne le point couper & d'éviter les abordages, qui sont plus à craindre pour les vaisseaux de cette nouvelle avant - garde, que pour ceux du corps de bataille & de l'arriere - garde, ceux - ci devant seulement observer de mettre plus de voile, comme ayant plus de chemin à faire pour prendre leur poste. Vous voyez, par exemple, que le commandant 1 qui doit parcourir la ligne A C, pour se mettre à la tête de C D, a la plus longue course à faire, & par conséquent le plus de voile à mettre, & après lui les vaisseaux 2, 3, &c.

Ainsi le plus ou le moins de chemin doit décider de la voilure qu'on doit faire.

Dans l'ordre de marche au plus près du vent sur une ligne pour revirer vent arriere, & prendre lof pour lof, un pavillon rouge au bout de la vergue d'artimon, & un pavillon blanc sous les barres du perroquet d'artimon.

Si ayant reviré & pris lof pour lof, on veut mettre l'armée en ligne au plus près du vent, & que l'avant - garde fasse l'arriere - garde, un pavillon rayé blanc & rouge au bout de la vergue d'artimon, en ôtant les autres pavillons.

Ce mouvement se fait de la même maniere que le précédent; il n'y a que la différence de revirer vent arriere, au lieu de le faire vent devant: ce qui met l'armée plus sous le vent. Du reste chaque vaisseau va prendre son poste dans la ligne C D, en observant les mêmes circonstances ci - dessus détaillées.

Si le général, après avoir fait revirer en même tems tous les vaisseaux de la ligne A B, fig. 8. remet le pavillon de Malte à la place du pavillon bleu, il faut que toute l'armée fasse l'O.N.O. & coure au plus près stribord dans l'ordre où elle se trouve, & que tous les navires se tiennent les uns à l'égard des autres, par le même air de vent où ils étoient avant qu'ils eussent - reviré; c'est - à - dire que faisant l'E. N.

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