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II. Le pivot pourroit aussi être pris dans celui des rangs que l'on voudroit du bataillon, comme au troisieme, au quatrieme, &c. en avertissant seulement les rangs qui se meuvent dans la même file, de faire aussi leur quart de conversion autour de lui. Mais cette méthode n'est pas d'usage, à cause de son peu d'utilité.
III. Lorsqu'un bataillon est en bataille, & qu'on veut le faire marcher sur l'un de ses flancs par deux divisions, chacune de la moitié du front du bataillon, on peut, comme le dit M. le maréchal de Puysegur, faire exécuter à chacune de ces parties un quart de conversion sur le centre, c'est - à - dire sur deux pivots pris chacun au milieu de chaque demi-rang du front du bataillon. Lorsque ce mouvement est exécuté, les deux divisions du bataillon se mettent en marche, observant de garder toûjours la même distance entre elles, afin qu'elles puissent se mettre en bataille exactement, par un autre quart de conversion sur le centre, exécuté dans un sens opposé au premier.
Par ce mouvement, on diminue le chemin que feroient les soldats les plus éloignés du pivot, si on faisoit le quart de conversion ordinaire; & on se tourne ainsi en bien moins de tems.
Des conversions à plusieurs pivots, ou par différentes
divisions du bataillon. On appelle divisions d'une troupe ou d'un bataillon, les différentes parties dans lesquelles
on le partage. Voyez
Pour faire tourner le bataillon sur plusieurs pivots à la fois, il faut qu'il soit rompu ou partagé en divisions: & toutes les divisions tournant ensemble du même côté, par un quart de conversion, elles font face à l'un des flancs du bataillon, & elles se trouvent placées les unes derriere les autres; ce qui les met en état de marcher vers le terrein du flanc du bataillon auquel elles font face.
Le quart de conversion à plusieurs pivots ou par divisions, demande quelques observations particulieres dont voici les deux principales.
1°. Il faut que les divisions du bataillon ayent plus d'étendue de la droite à la gauche que de profondeur de la tête à la queue; parce que le quart de conversion, après qu'il est fait, mettant les files de chaque division dans la direction des rangs, il arriveroit, si les files occupoient plus d'espace que les rangs, étant serrées autant qu'elles peuvent l'être, qu'elles ne pourroient être renfermées dans l'étendue du front du bataillon: c'est pourquoi le quart de conversion par division seroit alors impossible.
Soit supposé, par exemple, un bataillon de 480 hommes, à huit de hauteur, les rangs seront de 60 hommes: supposons qu'on veuille le rompre par dix divisions, elles auront chacune 6 hommes de front & 8 de profondeur. Si on les conçoit à la suite l'une de l'autre, les files de ces dix divisions seront ensemble de dix fois 8 hommes, c'est - à - dire de 80. Mais
2°. En supposant les divisions plus étendues en
largeur qu'en profondeur, comme dans la troupe
A B C D, (
La figure précédente rend cet inconvénient très sensible. On a tracé les quarts de cercle que décrivent les chefs de files & les serre - files, qui terminent la droite de chacune de ces divisions.
Or l'on voit que les arcs qui marquent le chemin des serre - files, anticipent sur le terrein des divisions de leur droite; ce qui fait voir que ces serrefiles doivent être fort gênés ou embarrassés dans l'exécution de leur mouvement.
Cette observation a été faite par M. le maréchal de Puysegur, dans son Traité de l'Art de la guerre.
L'inspection de la
On a tracé dans cette figure le chemin que fait chaque soldat de la droite du premier & du dernier rang de chaque division, afin de faire voir que le premier rang de toutes ces divisions fait son mouvement sans aucun obstacle; mais qu'il n'en est pas de même des soldats de la droite des trois derniers rangs de chaque division, qui étant plus éloignés du pivot que les soldats de la gauche du premier rang, ne peuvent passer le premier front du bataillon ou la ligne sur laquelle sont les pivots sans se rompre. C'est pourquoi les soldats de ces droites, au lieu de se tenir toûjours derriere leurs chefs de files, doivent aller droit devant eux jusqu'à ce que la droite de chacun de ces derniers rangs ait passé au - delà du pivot de la division qui le suit immédiatement à droite. Alors ils peuvent s'ouvrir ou se jetter sur leur droite autant qu'il est nécessaire pour bien achever leur mouvement, en se redressant sur la gauche de leur division, dont les soldats ont dû exécuter le quart de conversion sans être obligés de s'ouvrir ni de se resserrer.
Plus la troupe qui fait ainsi le quart de conversion sur plusieurs pivots a de rangs, & plus il faut d'attention pour le faire exécuter exactement.
M. le maréchal de Puysegur remarque encore à ce sujet, que si l'on s'apperçoit de quelqu'imperfection dans l'exécution de ce mouvement, on ne doit pas l'attribuer aux troupes qui le font, mais au mouvement même qui ne peut se faire sans qu'il y paroisse un peu de confusion; mais qu'il n'en est pas pour cela moins utile, parce que cette espece d'irrégularité ne paroît que dans le tems du mouvement: car aussi - tôt qu'il est fini, les troupes se trouvent en bataille comme elles doivent l'être sur des lignes droites.
Du mouvement d'un bataillon sur sa droite ou sur sa gauche sans s'alonger, ou sans augmenter l'étendue de son front. On trouve dans l'Art de la guerre de M. le maréchal de Puysegur, la description d'un mouvement propre à faire marcher, lorsqu'on est proche de l'ennemi, un bataillon sur l'un de ses flancs, sans augmenter l'étendue du front du bataillon, ou sans s'alonger de droite à gauche.
Dans la circonstance de la proximité de l'ennemi, il n'est pas possible de faire le quart de conversion ordinaire pour se mouvoir vers la droite on la [p. 183]
Pour éviter cet inconvénient, M. de Puysegur suppose un bataillon de dix compagnies rangées sur six rangs de douze hommes chacun, & il propose de faire faire un quart de conversion à droite ou à gauche par demi - rang de compagnie, c'est - à - dire dans cet exemple par six hommes; alors chaque compagnie forme deux rangs vers la droite ou la gauche du bataillon. Et dans cet état, on peut le faire marcher vers l'un de ces deux côtés sans qu'il augmente l'étendue de son front (pourvû que toutes les files observent entr'elles en marchant la même distance), & le faire remettre ensuite dans sa premiere position en un instant.
Si le bataillon a marché ainsi vers la droite, on
lui fera faire face en tête par un quart de conversion
à gauche, que feront chacun des demi - rangs de
compagnies qui en ont fait un à droite; ou bien
comme le dit M. le maréchal de Puysegur, chaque
partie qui a fait le quart de conversion pour faire
face à droite, achevera le cercle entier, & elle fera
ensuite demi - tour à gauche, &c. Voyez l'Art de la
guerre, tome I. p. 265. de la
I. Pour faire ce mouvement tel qu'on vient de l'expliquer, il faut que les rangs ayent un intervalle egal au front des demi - rangs de chaque compagnie. Si cet intervalle est plus petit, il faut fixer le nombre d'hommes de chaque rang qui doivent tourner, ou faire le quart de conversion à droite ou à gauche, relativement à l'espace qui est entre les rangs.
II. Si la troupe étoit à quatre de hauteur, il est évident que ce mouvement se réduiroit à doubler les files à droite ou à gauche, & ensuite à faire marcher le bataillon vers celui de ces cótés qu'on voudroit, & le faire ensuite remettre en dédoublant les files.
De la contre - marche. On appelle contre - marche, la marche qu'on fait faire à des soldats d'une troupe ou d'un bataillon, dans un sens opposé à la position des autres soldats de la même troupe.
Ainsi dans la contre - marche, une partie du bataillon marche vers la queue du bataillon, ou vers la droite ou la gauche, c'est - à - dire dans un sens ou une direction opposée à la face du bataillon: aussi le nom de contre marche est - il composé de contre & de marche, qui est la même chose que si on disoit marche contraire, ou contre les uns & les autres.
La contre - marche se fait de plusieurs façons.
1°. Par files à droite ou à gauche.
2°. Par rangs à droite ou à gauche.
La contre - marche sert à placer la tête du bataillon à la queue, sans se servir du quart de conversion qui fait changer de terrein au bataillon, c'est - à - dire qui le place à la droite ou à la gauche de sa premiere position, & qui d'ailleurs ne peut se faire lorsqu'on est à portée de l'ennemi, parce qu'il pourroit tomber sur le flanc du bataillon pendant le mouvement, & le détruire ou le dissiper très - facilement dans cet état. Elle sert aussi à changer la position du bataillon, c'est - à - dire à lui faire occuper un autre terrein à sa droite ou à sa gauche, d'une maniere plus simple & plus sûre que par le quart de conversion.
S'il faut se retirer de devant l'ennemi
Par la contre - marche, on évite ces inconvéniens.
Malgré cet avantage, comme elle exige que les files
soient ouvertes, elle n'est plus guere d'usage à présent,
ainsi que nous l'avons déjà observé au mot
Elien, auquel on renvoye dans cet endroit, en
traite avec un grand détail. M. de Bombelles s'est
aussi fort étendu sur cette manoeuvre, dans son Trai.
té des évolutions militaires. Il prétend que pour peu
qu'on en connût l'utilité, l'on prendroit un soin particulier
d'accoûtumer l'infanterie à la savoir parfaitement.
Il est vrai que presque tous les auteurs militaires paroissent
en faire cas, & qu'ils donnent tous la maniere
de l'exécuter. M. Bottée qui avoit de l'expérience
dans la guerre, & qui s'étoit acquis beaucoup
de distinction dans la place de major du régiment
de la Fere, regarde cette évolution comme
fort utile. Par toutes ces considérations, nous
croyons devoir en donner une idée plus détaillée
que nous ne l'avons fait au mot
La contre - marche se fait 1°. en conservant le même terrein, 2°. en gagnant du terrein, & 3°. en le perdant.
Cette évolution peut se faire également à droite & à gauche: nous supposerons qu'on veut la faire à gauche.
Soit pour cet effet, le bataillon A B C D (
Ce mouvement étant ainsi exécuté, le premier rang se trouvera placé sur le terrein du dernier, le second sur celui du troisieme, le troisieme sur celui du second, & le quatrieme sur le terrein du premier.
Lorsque les troupes sont éxercées à faire ce mouvement, on leur ordonne de l'exécuter en disant: à gauche, ou bien, à droite par files, faites la contre - marche. A ce premier commandement, les chefs de file font demi - tour à droite ou à gauche.
On dit ensuite, marche. A ce second commandement,
toutes les files se mettent en marche, pour
occuperle terrein des rangs qu'elles doivent remplir.
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