ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"182"> sur le centre, & d'observer que la file où l'on prendra le pivot termine la partie de la troupe qui fait le quart de conversion en avant. Mais on remarquera qu'en changeant ainsi la position du pivot, il en résulte quelque changement au terrein que la troupe occupe; c'est - à - dire qu'elle se trouve après le quart de conversion plus avancée ou reculée que si on avoit pris le pivot au centre: c'est pourquoi lorsqu'il n'y a pas de raison particuliere pour changer ainsi la position du pivot, il paroît qu'il est plus à propos, pour conserver le même terrein autant qu'il est possible, de prendre plûtôt le pivot au centre du bataillon que dans tout autre point, conformément à la méthode que l'on vient d'expliquer, qui est la plus usitée & la plus simple.

II. Le pivot pourroit aussi être pris dans celui des rangs que l'on voudroit du bataillon, comme au troisieme, au quatrieme, &c. en avertissant seulement les rangs qui se meuvent dans la même file, de faire aussi leur quart de conversion autour de lui. Mais cette méthode n'est pas d'usage, à cause de son peu d'utilité.

III. Lorsqu'un bataillon est en bataille, & qu'on veut le faire marcher sur l'un de ses flancs par deux divisions, chacune de la moitié du front du bataillon, on peut, comme le dit M. le maréchal de Puysegur, faire exécuter à chacune de ces parties un quart de conversion sur le centre, c'est - à - dire sur deux pivots pris chacun au milieu de chaque demi-rang du front du bataillon. Lorsque ce mouvement est exécuté, les deux divisions du bataillon se mettent en marche, observant de garder toûjours la même distance entre elles, afin qu'elles puissent se mettre en bataille exactement, par un autre quart de conversion sur le centre, exécuté dans un sens opposé au premier.

Par ce mouvement, on diminue le chemin que feroient les soldats les plus éloignés du pivot, si on faisoit le quart de conversion ordinaire; & on se tourne ainsi en bien moins de tems.

Article IX.

Des conversions à plusieurs pivots, ou par différentes divisions du bataillon. On appelle divisions d'une troupe ou d'un bataillon, les différentes parties dans lesquelles on le partage. Voyez Divisions.

Pour faire tourner le bataillon sur plusieurs pivots à la fois, il faut qu'il soit rompu ou partagé en divisions: & toutes les divisions tournant ensemble du même côté, par un quart de conversion, elles font face à l'un des flancs du bataillon, & elles se trouvent placées les unes derriere les autres; ce qui les met en état de marcher vers le terrein du flanc du bataillon auquel elles font face.

Le quart de conversion à plusieurs pivots ou par divisions, demande quelques observations particulieres dont voici les deux principales.

1°. Il faut que les divisions du bataillon ayent plus d'étendue de la droite à la gauche que de profondeur de la tête à la queue; parce que le quart de conversion, après qu'il est fait, mettant les files de chaque division dans la direction des rangs, il arriveroit, si les files occupoient plus d'espace que les rangs, étant serrées autant qu'elles peuvent l'être, qu'elles ne pourroient être renfermées dans l'étendue du front du bataillon: c'est pourquoi le quart de conversion par division seroit alors impossible.

Soit supposé, par exemple, un bataillon de 480 hommes, à huit de hauteur, les rangs seront de 60 hommes: supposons qu'on veuille le rompre par dix divisions, elles auront chacune 6 hommes de front & 8 de profondeur. Si on les conçoit à la suite l'une de l'autre, les files de ces dix divisions seront ensemble de dix fois 8 hommes, c'est - à - dire de 80. Mais le front du bataillon n'étant que de 60, les 80 hommes de file ne pourront se tenir dans cette même étendue: donc, &c.

2°. En supposant les divisions plus étendues en largeur qu'en profondeur, comme dans la troupe A B C D, (fig. 44.) divisée en trois parties égales, A E, E F, & F B, il arrivera encore très - souvent que si chaque homme décrit exactement le quart de cercle, comme on le décrit dans le quart de conversion ordinaire, que les soldats les plus éloignés du pivot de chaque division, anticiperont sur le terrein de la division voisine; ce qui ne peut manquer de rendre leur mouvement impossible, ou du moins très - défectueux.

La figure précédente rend cet inconvénient très sensible. On a tracé les quarts de cercle que décrivent les chefs de files & les serre - files, qui terminent la droite de chacune de ces divisions.

Or l'on voit que les arcs qui marquent le chemin des serre - files, anticipent sur le terrein des divisions de leur droite; ce qui fait voir que ces serrefiles doivent être fort gênés ou embarrassés dans l'exécution de leur mouvement.

Cette observation a été faite par M. le maréchal de Puysegur, dans son Traité de l'Art de la guerre.

L'inspection de la figure 45, dans laquelle on a marqué le bataillon précédent arrêté au milieu de son mouvement, suffit pour en démontrer la justesse.

On a tracé dans cette figure le chemin que fait chaque soldat de la droite du premier & du dernier rang de chaque division, afin de faire voir que le premier rang de toutes ces divisions fait son mouvement sans aucun obstacle; mais qu'il n'en est pas de même des soldats de la droite des trois derniers rangs de chaque division, qui étant plus éloignés du pivot que les soldats de la gauche du premier rang, ne peuvent passer le premier front du bataillon ou la ligne sur laquelle sont les pivots sans se rompre. C'est pourquoi les soldats de ces droites, au lieu de se tenir toûjours derriere leurs chefs de files, doivent aller droit devant eux jusqu'à ce que la droite de chacun de ces derniers rangs ait passé au - delà du pivot de la division qui le suit immédiatement à droite. Alors ils peuvent s'ouvrir ou se jetter sur leur droite autant qu'il est nécessaire pour bien achever leur mouvement, en se redressant sur la gauche de leur division, dont les soldats ont dû exécuter le quart de conversion sans être obligés de s'ouvrir ni de se resserrer.

Plus la troupe qui fait ainsi le quart de conversion sur plusieurs pivots a de rangs, & plus il faut d'attention pour le faire exécuter exactement.

M. le maréchal de Puysegur remarque encore à ce sujet, que si l'on s'apperçoit de quelqu'imperfection dans l'exécution de ce mouvement, on ne doit pas l'attribuer aux troupes qui le font, mais au mouvement même qui ne peut se faire sans qu'il y paroisse un peu de confusion; mais qu'il n'en est pas pour cela moins utile, parce que cette espece d'irrégularité ne paroît que dans le tems du mouvement: car aussi - tôt qu'il est fini, les troupes se trouvent en bataille comme elles doivent l'être sur des lignes droites.

Du mouvement d'un bataillon sur sa droite ou sur sa gauche sans s'alonger, ou sans augmenter l'étendue de son front. On trouve dans l'Art de la guerre de M. le maréchal de Puysegur, la description d'un mouvement propre à faire marcher, lorsqu'on est proche de l'ennemi, un bataillon sur l'un de ses flancs, sans augmenter l'étendue du front du bataillon, ou sans s'alonger de droite à gauche.

Dans la circonstance de la proximité de l'ennemi, il n'est pas possible de faire le quart de conversion ordinaire pour se mouvoir vers la droite on la [p. 183] gauche du bataillon, parce que l'ennemi pourroit l'attaquer pendant le mouvement ou avant qu'il fût remis en bataille, auquel cas il pourroit le defaire très - facilement.

Pour éviter cet inconvénient, M. de Puysegur suppose un bataillon de dix compagnies rangées sur six rangs de douze hommes chacun, & il propose de faire faire un quart de conversion à droite ou à gauche par demi - rang de compagnie, c'est - à - dire dans cet exemple par six hommes; alors chaque compagnie forme deux rangs vers la droite ou la gauche du bataillon. Et dans cet état, on peut le faire marcher vers l'un de ces deux côtés sans qu'il augmente l'étendue de son front (pourvû que toutes les files observent entr'elles en marchant la même distance), & le faire remettre ensuite dans sa premiere position en un instant.

Si le bataillon a marché ainsi vers la droite, on lui fera faire face en tête par un quart de conversion à gauche, que feront chacun des demi - rangs de compagnies qui en ont fait un à droite; ou bien comme le dit M. le maréchal de Puysegur, chaque partie qui a fait le quart de conversion pour faire face à droite, achevera le cercle entier, & elle fera ensuite demi - tour à gauche, &c. Voyez l'Art de la guerre, tome I. p. 265. de la fig. 2. de la pl. 13. du même livre.

Remarques.

I. Pour faire ce mouvement tel qu'on vient de l'expliquer, il faut que les rangs ayent un intervalle egal au front des demi - rangs de chaque compagnie. Si cet intervalle est plus petit, il faut fixer le nombre d'hommes de chaque rang qui doivent tourner, ou faire le quart de conversion à droite ou à gauche, relativement à l'espace qui est entre les rangs.

II. Si la troupe étoit à quatre de hauteur, il est évident que ce mouvement se réduiroit à doubler les files à droite ou à gauche, & ensuite à faire marcher le bataillon vers celui de ces cótés qu'on voudroit, & le faire ensuite remettre en dédoublant les files.

ArticleX.

De la contre - marche. On appelle contre - marche, la marche qu'on fait faire à des soldats d'une troupe ou d'un bataillon, dans un sens opposé à la position des autres soldats de la même troupe.

Ainsi dans la contre - marche, une partie du bataillon marche vers la queue du bataillon, ou vers la droite ou la gauche, c'est - à - dire dans un sens ou une direction opposée à la face du bataillon: aussi le nom de contre marche est - il composé de contre & de marche, qui est la même chose que si on disoit marche contraire, ou contre les uns & les autres.

La contre - marche se fait de plusieurs façons.

1°. Par files à droite ou à gauche.

2°. Par rangs à droite ou à gauche.

La contre - marche sert à placer la tête du bataillon à la queue, sans se servir du quart de conversion qui fait changer de terrein au bataillon, c'est - à - dire qui le place à la droite ou à la gauche de sa premiere position, & qui d'ailleurs ne peut se faire lorsqu'on est à portée de l'ennemi, parce qu'il pourroit tomber sur le flanc du bataillon pendant le mouvement, & le détruire ou le dissiper très - facilement dans cet état. Elle sert aussi à changer la position du bataillon, c'est - à - dire à lui faire occuper un autre terrein à sa droite ou à sa gauche, d'une maniere plus simple & plus sûre que par le quart de conversion.

S'il faut se retirer de devant l'ennemi « rien n'est plus dangereux (dit M. Bottée, Exercice de l'infanterie) que de commander le demi - tour à droite; à peine le soldat entend - t - il ce commandement qu'il fuit en confusion. Dans la contre - marche, il est occupé du soin de garder son rang & sa file; ce qui le dissipe d'une partie de sa crainte. Il se rassûre quand il voit que celui qui le commande manoeuvre toûjours, & ne s'abandonne point au sort. De même, s'il faut tourner tête à l'ennemi (dit ce même auteur) qui marche à vous pour vous attaquer en queue, vous ne le pouvez faire de bonne grace & promptement que par la contre - marche: car le demi - tour de conversion demande trop de tems, vous fait prêter le flanc, & outre cela, vous laissez votre premier terrein à droite ou à gauche, si vous toui nez sur une aîle. Si vous vous contentez de faire demi - tour à droite, vos chefs de file se trouvent en queue, aussi bien que les officiers qui doivent être à la tête ».

Par la contre - marche, on évite ces inconvéniens. Malgré cet avantage, comme elle exige que les files soient ouvertes, elle n'est plus guere d'usage à présent, ainsi que nous l'avons déjà observé au mot Contre - Marche.

Elien, auquel on renvoye dans cet endroit, en traite avec un grand détail. M. de Bombelles s'est aussi fort étendu sur cette manoeuvre, dans son Trai. té des évolutions militaires. Il prétend que pour peu qu'on en connût l'utilité, l'on prendroit un soin particulier d'accoûtumer l'infanterie à la savoir parfaitement. Il est vrai que presque tous les auteurs militaires paroissent en faire cas, & qu'ils donnent tous la maniere de l'exécuter. M. Bottée qui avoit de l'expérience dans la guerre, & qui s'étoit acquis beaucoup de distinction dans la place de major du régiment de la Fere, regarde cette évolution comme fort utile. Par toutes ces considérations, nous croyons devoir en donner une idée plus détaillée que nous ne l'avons fait au mot Contre - Marche.

La contre - marche se fait 1°. en conservant le même terrein, 2°. en gagnant du terrein, & 3°. en le perdant.

Premier Problème. Faire la contre - marche par files, en conservant le même terrein.

Cette évolution peut se faire également à droite & à gauche: nous supposerons qu'on veut la faire à gauche.

Soit pour cet effet, le bataillon A B C D (fig. 46.) dont les files sont ouvertes de maniere à laisser passer un soldat dans leur intervalle. On commandera à tous les chefs de file, c'est - à - dire aux soldats du premier rang A B, de faire demi - tour à gauche sur le pié gauche, pour se placer, par ce mouvement, dans l'intervalle des files; après quoi on leur ordonnera de marcher: ce qu'ils feront devant eux dans l'intervalle ou l'ouverture des files, jusqu'à ce qu'ils soient parvenus à la place du dernier rang. Pendant que le premier gagnera ainsi la queue du bataillon, les autres rangs s'avanceront successivement jusqu'à la place du premier, où étant arrivés, ils feront de même un demi - tour à gauche, & ils suivront le premier rang pour se placer derriere lui, comme dans leur premiere position.

Ce mouvement étant ainsi exécuté, le premier rang se trouvera placé sur le terrein du dernier, le second sur celui du troisieme, le troisieme sur celui du second, & le quatrieme sur le terrein du premier.

Lorsque les troupes sont éxercées à faire ce mouvement, on leur ordonne de l'exécuter en disant: à gauche, ou bien, à droite par files, faites la contre - marche. A ce premier commandement, les chefs de file font demi - tour à droite ou à gauche.

On dit ensuite, marche. A ce second commandement, toutes les files se mettent en marche, pour occuperle terrein des rangs qu'elles doivent remplir.

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.