ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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EVERGETE (Page 6:146)

EVERGETE, (Hist. anc.) surnom qui signifie bienfaiteur ou bienfaisant, & qui a été donné à plusieurs princes. Les anciens donnerent d'abord cette épithete à leurs rois, pour quelques bienfaits insignes, par lesquels ces princes avoient marqué ou leur bienveillance pour leurs sujets, ou leur respect envers les dieux. Dans la suite, quelques princes prirent ce surnom, pour se distinguer des autres princes qui portoient le même nom qu'eux. Les rois d'Egypte, par exemple, successeurs d'Alexandre, ont presque tous porté le nom de Ptolemée; ce fut le troisieme d'entre eux qui prit le surnom d'évergete, pour se distinguer de son pere & de son ayeul; & cela, dit S. Jérome, parce qu'ayant fait une expédition militaire dans la Babylonie, il reprit les vases que Cambyse avoit autrefois enlevés des temples d'Egypte, & les leur rendit. Son petit - fils Ptolemée Phiscon, prince cruel & méchant, affecta aussi le surnom d'evergete; mais ses sujets lui donnerent le nom de kakergetes, c'est - à - dire malfaisant. Quelques rois de Syrie, des empereurs romains après la conquête de l'Egypte, & quelques souverains, ont été aussi surnommés évergetes, comme il paroît par des médailles & d'autres monumens. Chambers. (G)

EVERRER (Page 6:146)

EVERRER, v. act. (Chasse.) opération qu'on fait aux jeunes chiens, quand ils ont un peu plus d'un mois; elle consiste à leur tirer le filet ou nerf de la langue, qu'on nomme ver, d'où l'on a fait éverrer. On prétend que cette opération fait prendre corps au chien, & l'empêche de mordre.

EVERRIATEUR (Page 6:146)

* EVERRIATEUR, s. m. (Hist. anc.) c'est ainsi qu'on appelloit l'héritier d'un homme mort; ce nom lui venoit d'une cérémonie qu'il étoit obligé de faire après les funérailles, & qui consistoit à balayer la maison, s'il ne vouloit pas y être tourmenté par des lemures. Ce balayement religieux s'appelloit everroe, mot composé de la préposition ex & du verbe verro, je balaye.

EVERHAM (Page 6:146)

EVERHAM, (Géog. mod.) ville du Worcestershire, en Angleterre. Elle est située sur l'Avon. Long. 15. 44. lat. 52. 10.

EUFRAISE (Page 6:146)

EUFRAISE, eufrasia, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plantes à fleur monopétale & anomale, qui présente une sorte de mufle à deux levres; celle du dessus est relevée & découpée en plusieurs parties, celle du dessous est divisée en trois parties dont chacune est recoupée en deux autres. Il sort du calice un pistil qui entre comme un clou dans la partie postérieure de la fleur: ce pistil devient dans la suite un fiuit ou une coque oblongue qui est partagée en deux loges, & qui renferme de petites semences. Tournesort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Eufraisé (Page 6:146)

Eufraisé, (Mat. méd.) cette plante passe pour un bon ophthalmique: mais on peut avancer que c'est une verturéellement imaginaire; & on peut l'avancer avec d'autant plus d'assûrance, que c'est à l'eau qu'on distille de cette plante, que cette propriété est attribuée; car l'eufraise étant absolument inodore, l'eau d'eufraise est de l'eau exactement privée de toute vertu médicinale particuliere. Voyez Eaux distillées.

Quelques personnes se servent de l'eufraise séchée en guise de tabac, pour fumer dans les maladies des yeux. Mais il est encore fort clair que l'excrétion de la salive excitée par la fumée de l'eufraise, ne fait pas une évacuation plus salutaire que si elle étoit excitée par la fumée de toute autre plante inodore. L'eau d'eufraise entre dans le collyre roborant de la pharmacopée de Paris. (b)

EUGENIA (Page 6:146)

EUGENIA, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur en rose, composée ordinairement de quatre pétales faits en forme de capuchon, & disposés en rond. Le calice devient un fruit mou, ou une baie arrondie un peu sillonnée & surmontée d'une couronne. Ce fruit renferme un noyau un peu épais. Nova plantarum americanarum genera, par M. Miche li. (I)

EVIAN (Page 6:146)

EVIAN, (Géog. mod.) ville du duché de Chablais, en Savoie; elle est située sur le lac de Geneve. Long. 24. 15. lat. 46. 23.

EVICTION (Page 6:146)

EVICTION, s. f. (Jurispr.) signifioit la même chose que garantie, ou action en garantie: on confondoit ainsi cette action, avec la cause qui la produit parmi nous. L'éviction est la privation qu'un possesseur souffre de la chose dont il étoit en possession, soit à titre de vente, donation, legs, succession, ou autrement.

L'éviction a lieu pour des meubles, lorsqu'ils sont revendiqués par le propriétaire, & pour des immeubles, soit que le propriétaire les reclame, ou que le détenteur soit assigné en déclaration d'hypotheque, par un créancier hypothécaire.

Il n'y a d'éviction proprement dite, que celle qui est faite par autorité de justice; toute autre dépossession n'est qu'un trouble de fait, & non une véritable éviction.

On peut néanmoins être aussi évincé d'une acquisition par retrait féodal, lignager, ou conventionnel, & si le retrait est bien fondé, y acquiescer, sans attendre une condamnation.

Un bénéficier peut aussi être évincé par dévolut.

Si celui qui est évincé a un garant, il doit lui dénoncer l'éviction; & dans ce cas, l'éviction peut donner lieu à la restitution du prix, & à des dommages & intérêts. Voyez Dénonciation & Garantie.

C'est une maxime en Droit, que quem de evictione tenet actio, eundem agentem repellit exceptio.

La plûpart des autres textes de droit qui parlent de l'éviction, doivent être appliqués à la garantie ou action en garantie. Voyez au digeste de evictionibus. (A)

EVIDENCE (Page 6:146)

EVIDENCE, s. f. (Métaphysiq.) le terme évidence signifie une certitude si claire & si manifeste par elle - même, que l'esprit ne peut s'y refuser.

Il y a deux sortes de certitude; la foi, & l'évidence.

La foi nous apprend des vérités qui ne peuvent être connues par les lumieres de la raison. L'évidence est bornée aux connoissances naturelles.

Cependant la foi est toûjours réunie à l'évidence; car sans l'évidence, nous ne pourrions reconnoître aucun motif de crédibilité, & par conséquent nous ne pourrions être instruits des vérités surnaturelles.

La foi nous est enseignée par la voie des sens; ses dogmes ne peuvent être exposés que par l'entremise des connoissances naturelles. On ne pourroit avoir aucuneidée des my steres de la fci les plus ineffables, sans les idées même des objets sensibles; on ne pourroit pas même, sans l'évidence, comprendre ce que c'est que certitude, ce que c'est que vérité, ni ce que c'est que la foi: car sans les lumieres de la raison, les vérités révélées seroient inaccessibles aux hommes.

L'évidence n'est pas dans la foi; mais les vérités que la foi nous enseigne sont inséparables des connoissances évidentes. Ainsi la foi ne peut contrarier la certitude de l'évidence; & l'évidence, bornée aux connoissances naturelles, ne peut contrarier la foi.

L'évidence résulte nécessairement de l'observation intime de nos propres sensations: comme on le verra par le détail suivant.

Ainsi j'entens par évidence, une certitude à laquelle il nous est aussi impossible de nous refuser, qu'il nous est impossible d'ignorer nos sensations actuelles. Cette définition suffit pour appercevoir que le pyrrhonisme général est de mauvaise foi. [p. 147]

Les sensations séparées ou distinctes de l'image des objets, sont purement affectives; telles sont les odeurs, le son, les saveurs, la chaleur, le froid, le plaisir, la douleur, la lumiere, les couleurs, le sentiment de résistance, &c. Celles qui sont représentatives des objets nous font appercevoir la grandeur de ces objets, leur forme, leur figure, leur mouvement, & leur repos; elles sont toûjours réunies à quelques sensations affectives, surtout à la lumiere, aux couleurs, à la résistance, & souvent à des sentimens d'attrait ou d'aversion, qui nous les rendent agréables ou desagréables. De - plus, si on examine rigoureusement la nature des sensations représentatives, on appercevra qu'elles ne sont elles - mêmes que des sensations affectives réunies & ordonnées de maniere qu'elles forment des sensations de continuité ou d'étendue. En effet, ce sont les sensations simultanées de lumiere, de couleurs, de résistance, qui produisent l'idée d'étendue. Lorsque j'apperçois, par exemple, une étendue de lumiere par une fenêtre, cette idée n'est autre chose que les sensations affectives que me causent chacun en particulier, & tous ensemble en même tems, les rayons de lumiere qui passent par cette fenêtre. Il en est de même lorsque j'apperçois l'étendue des corps rouges, blancs, jaunes, bleus, &c. car ces idées représentatives ne sont produites aussi que par les sensations affectives que me causent ensemble les rayons colorés de lumiere que ces corps reflechissent. Si j'applique ma main sur un corps dur, j'aurai des sensations de résistance qui répondront à toutes les parties de ma main, & qui pareillement composent ensemble une sensation représentative d'étendue. Ainsi les idées représentatives d'étendue ne sont composées que de sensations affectives de lumiere ou de couleurs, ou de résistance, rassemblées intimement, & senties les unes comme hors des autres, de maniere qu'elles semblent former une sorte de continuité qui produit l'idée représentative d'étendue, quoique cette idée elle - même ne soit pas réellement étendue. En effet, il n'est pas nécessaire que les sensations qui la forment soient étendues; il suffit qu'elles soient senties chacune en particulier distinctement, & conjointement toutes ensemble dans un ordre de continuité.

Nous connoissons nos sensations en elles - mêmes, parce qu'elles sont des affections de nous - mêmes, des affections qui ne sont autre chose que sentir. Ainsi nous devons appercevoir que sentir n'est pas la même chose qu'une étendue réelle, telle que celle qui nous est indiquée hors de nous par nos sensations: car on conçoit assez la différence qu'il y a entre sentir & étendue réelle. Il n'est donc pas de la nature du mode sensitif d'étendue, d'être réellement étendu: c'est pourquoi l'idée que j'ai de l'étendue d'une chambre représentée dans un miroir, & l'idée que j'ai de l'étendue d'une chambre réelle, me représentent également de l'étendue; parce que dans l'une & l'autre de ces deux idées, il n'y a également que l'apparence de l'étendue. Aussi les idées représentatives de l'étendue nous en imposent - elles parfaitement dans le rêve, dans le délire, &c. Ainsi cette apparence d'étendue doit être distinguée de toute étendue réelle, c'est - à - dire de l'étendue des objets qu'elle nous représente. D'où il faut conclure aussi que nous ne voyons point ces objets en eux - mêmes, & que nous n'appercevons jamais que nos idées ou sensations.

De l'idée représentative d'étendue, résultent celles de figure, de grandeur, de forme, de situation, de lieu, de proximité, d'éloignement, de mesure, de nombre, de mouvemens, de repos, de succession de tems, de permanences, de changemens, de rapports, &c. Voyez Sensations.

Nous reconnoîtrons que ces deux sortes de sensa<cb-> tions, je veux dire les sensations simplement affectives, & les sensations représentatives, forment toutes nos affections, toutes nos pensées, & toutes nos connoissances naturelles & évidentes.

Nous ne nous arrêterons pas aux axiomes auxquels on a recours dans les écoles, pour prouver la certitude de l'évidence; tels sont ceux - ci: on est assûré que le tout est plus grand que sa partie; que deux & deux font quatre; qu'il est impossible qu'une chose soit & & ne soit pas en même tems. Ces axiomes sont plûtôt des résultats que des connoissances primitives; & ils ne sont certains que parce qu'ils ont un rapport nécessaire avec d'autres vérités évidentes par elles - mêmes.

Connoissances naturelles primitives, évidentes. Il est certain, 1°. que nos sensations nous indiquent nécessairement un être en nous qui a la propriété de sentir; car il est évident que nos sensations ne peuvent exister que dans un sujet qui a la propriété de sentir.

2°. Que la propriété de sentir est une propriété passive, par laquelle notre être sensitif se sent lui - même, & par laquelle il est assûré de son existence, lorsqu'il est affecté de sensations.

3°. Que cette propriété passive est radicale & essentielle à l'être sensitif: car, rigoureusement parlant, c'est lui - même qui est cette propriété, puisque c'est lui - même qui se sent, lorsqu'il est affecté de sensations. Or il ne peut pas se sentir soi - même, qu'il ne soit lui - même celui qui peut se sentir: ainsi sa propriété de se sentir est radicalement & essentiellement inséparable de lui, n'étant pas lui - même séparable de sei - même. De plus, un sujet ne peut recevoir immédiatement aucune forme, aucun accident, qu'autant qu'il en est susceptible par son essence. Ainsi des formes ou des affections accidentelles ne peuvent ajoûter à l'être sensitif que des qualités accidenteiles, qu'on ne peut confondre avec lui - même, c'est à - dire avec sa propriété de sentir, par laquelle il est sensible ou sensitis par essence.

Cette propriété ne peut donc pas résulter de l'organisation du corps, comme l'ont prétendu quelques philosophes: l'organisation n'est pas un état primitif de la matiere; car elle ne consiste que dans des formes que la matiere peut recevoir. L'organisation du corps n'est donc pas le principe constitutif de la capacité passive de recevoir des sensations. Il est sculement vrai que dans l'ordre physique nous recevons toutes nos sensations par l'entremise de l'organisation de notre corps, c'est - à - dire par l'entremise du méchanisme des sens & de la mémoire, qui sont les causes conditionnelles des sensations des animaux; mais il ne faut pas confondre les causes, ni les formes accidentelles, avec les propriétés passives radicales des êtres.

4°. Que les sensations ne sont point essentielles à l'être sensitif, parce qu'elles varient, qu'elles se succedent, qu'elles diminuent, qu'elles augmentent, qu'elles cessent: or ce qui est séparable d'un être n'est point essentiel à cet être.

5°. Que les sensations sont les formes ou les affections dont l'être sensitif est susceptible par sa faculté de sentir; car cette propriété n'est que la capacité de recevoir des sensations.

6°. Que les sensations n'existent dans l'être sensitif qu'autant qu'elles l'affectent actuellement & sensiblement; parce qu'il est de l'essence des sensations d'affecter sensiblement l'être sensitif.

7°. Qu'il n'y a que nos sensations qui nous soient connues en elles - mêmes; que toutes les autres connoissances que nous pouvons acquérir avec évidence ne nous sont procurées que par indication, c'est - à - dire par les rapports essentiels ou par les rapports nécessaires qu'il y a entre nos sensations & notre être sensitif, entre les sensations & les objets de

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