ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"86"> posent ces académiciens. Ils s'assemblent tous les mois, & font des discours sur des matieres d'érudition. La poésie est exclue de leurs assemblées, parce qu'ils croyent qu'elle détourne l'esprit de la recherche de la vérité. Un grand nombre de savans & de beaux esprits de toute l'Italie, principalement parmi la noblesse, s'est empressé à entrer dans ce corps, dont le nombre est maintenant fixé à cent. Plusieurs étrangers ont desiré d'y être aggrégés. Le célebre Buonarotti fut choisi pour président perpétuel; cependant ils ont une dignité particuliere qu'ils renouvellent tous les ans sous le nom de Lucumon, qui étoit lé titre des chefs des douze anciennes républiques étrusques. Biblioth. italiq. tom. IV. & V. (G)

ETTINGEN (Page 6:86)

ETTINGEN, (Géogr. mod.) ville du cercle de Franconie en Allemagne: elle est située sur le Mein.

ETUAILLES (Page 6:86)

ETUAILLES, s. f. (Fontaines salantes.) c'est ainsi qu'on appelle des magasins où l'on dépose le sel en grain.

ETUDE (Page 6:86)

ETUDE, s. f. (Arts & Sciences.) terme générique qui désigne toute occupation à quelque chose qu'on aime avec ardeur; mais nous prenons ici ce mot dans le sens ordinaire, pour la forte application de l'esprit, soit à plusieurs Sciences en général, soit à quelque - une en particulier.

Je n'encouragerai point les hommes à se dévoüer à l'étude des Sciences, en leur citant les rois & les empereurs qui menoient à côté d'eux dans leurs chars de triomphe, les gens de lettres & les savans. Jene leur citerai point Phraotès traitant avec Apollonius comme avec son supérieur, Julien descendant de son throne pour aller embrasser le philosophe Maxime, &c. ces exemples sont trop rares & trop singuliers pour en faire un sujet de triomphe: il faut vanter l'étude par elle - même & pour elle - même.

L'étude est par elle - même de toutes les occupations celle qui procure à ceux qui s'y attachent, les plaisirs les plus attrayans, les plus doux & les plus honnêtes de la vie; plaisirs uniques, propres en tout tems, à tout âge & en tous lieux. Les lettres, dit l'homme du monde qui en a le mieux connu la valeur, n'embarrassent jamais dans la vie; elles forment la jeunesse, servent dans l'âge mûr, & réjoüissent dans la vieillesse; elles consolent dans l'adversité, & elles rehaussent le lustre de la fortune dans la prospérité; elles nous entretiennent la nuit & le jour; elles nous amusent à la ville, nous occupent à la campagne, & nous délassent dans les voyages: Studia adolescentiam alunt. ..... Cicer. pro Archia.

Elles sont la ressource la plus sure contre l'ennui, ce mal affreux & indéfinissable, qui dévore les hommes au milieu des dignités & des grandeurs de la cour. Voyez Ennui.

Je fais de l'étude mon divertissement & ma consolation, disoit Pline, & je ne sai rien de si fâcheux qu'elle n'adoucisse. Dans ce trouble que me cause l'indisposition de ma femme, la maladie de mes gens, la mort même de quelques - uns, je ne trouve d'autre remede que l'étude. Véritablement, ajoûte - t - il, elle me fait mieux comprendre toute la grandeur du mal, mais elle me le fait aussi supporter avec moins d'amertume.

Elle orne l'esprit de vérités agréables, utiles ou nécessaires; elle éleve l'ame par la beauté de la véritable gloire, elle apprend à connoître les hommes tels qu'ils sont, en les faisant voir tels qu'ils ont été, & tels qu'ils devroient être; elle inspire du zele & de l'amour pour la patrie; elle nous rend plus humains, plus généreux, plus justes, parce qu'elle nous rend plus éclairés sur nos devoirs, & sur les liens de l'humanité:

C'est par l'étude que nous sommes Contemporains de tous les hommes, Et citoyens de tous les lieux.

Enfin c'est elle qui donne à notre siecle les lumicres & les connoissances de tous ceux qui l'ont précédé: semblables à ces vaisseaux destinés aux voyages de long cours, qui semblent nous approcher des pays les plus éloignés, en nous communiquant leurs productions & leurs richesses.

Mais quand l'on ne regarderoit l'étude que comme une oisiveté tranquille, c'est du moins celle qui plaira le plus aux gens d'esprit, & je la nommerois volontiers l'oisiveté laborieuse d'un homme sage. On sait la réponse du duc de Vivonne à Louis XIV. Ce prince lui demandoit un jour à quoi lui servoit de lire: « Sire, lui répondit le duc, qui avoit de l'embonpoint & de belles couleurs, la lecture fait à mon esprit ce que vos perdrix font à mes joues ». S'il se trouve encore aujourd'hui des détracteurs des Sciences, & des censeurs de l'amour pour l'étude, c'est qu'il est facile d'être plaisant, sans avoir raison, & qu'il est beaucoup plus aisé de blâmer ce qui est loüable, que de l'imiter; cependant, graces au Ciel, nous ne sommes plus dans ces tems barbares où l'on laissoit l'étude à la robe, par mépris pour la robe & pour l'étude.

Il ne faut pas toutefois qu'en chérissant l'étude, nous nous abandonnions aveuglément à l'impétuosité d'apprendre & de connoître; l'étude a ses regles, aussi - bien que les autres exercices, & elle ne sauroit réussir, si l'on ne s'y conduit avec méthode. Mais il n'est pas possible de donner ici des instructions particulieres à cet égard: le nombre de traités qu'on a publiés sur la direction des études dans chaque science, va presqu'à l'infini; & s'il y a bien plus de docteurs que de doctes, il se trouve aussi beaucoup plus de maitres qui nous enseignent la méthode d'étudier utilement, qu'il ne se rencontre de gens qui ayent eux - mêmes pratiqué les préceptes qu'ils donnent aux autres. En général, un beau naturel & l'application assidue surmontent les plus grandes difficultés.

Il y a sans doute dans l'étude des élémens de toutes les sciences, des peines & des embarras à vaincre; mais on en vient à bout avec un peu de tems, de soins & de patience, & pour lors on cueille les roses sans épines. L'on dit qu'on voyoit autrefois dans un temple de l'ile de Scio, une Diane de marbre dont le visage paroissoit triste à ceux qui entroient dans le temple, & gai à ceux qui en sortoient. L'étude fait naturellement ce miracle vrai ou prétendu de l'art. Quelque austere qu'elle nous paroisse dans les commencemens, elle a de tels charmes ensuite, que nous ne nous séparons jamais d'elle sans un sentiment de joie & de satisfaction qu'elle laisse dans notre ame.

Il est vrai que cette joie secrete dont une ame studieuse est touchée, peut se goûter diversement, selon le caractere différent des hommes, & seion l'objet qui les attache; car il importe beaucoup que l'étude roule sur des sujets capables d'attacher. Il y a des hommes qui passent leur vie à l'étude de choses de si mince valeur, qu'il n'est pas surprenant s'ils n'en recueillent ni gloire ni contentement. César demanda à des étrangers qu'il voyoit passionnés pour des singes, si les femmes de leurs pays n'avoient point d'enfans. L'on peut demander pareillement à ceux qui n'étudient que des bagatelles, s'ils n'ont nulle connoissance de choses qui méritent mieux leur application. Il faut porter la vûe de l'esprit sur des études qui le récréent, l'étendent, & le fortifient, parce qu'elles récompensent tôt ou tard du tems que l'on y a employé.

Une autre chose très - importante, c'est de commencerde bonne - heure d'entrer dans cette noble carriere. Je sai qu'il n'y a point de tems dans la vie auquel il ne soit loüable d'acquérir de la science, com<pb-> [p. 87] me disoit Séneque: je sai que Caton l'ancien étoit fort âgé lorsqu'il se mit à l'étude du grec; mais malgré de tels exemples, il me paroit que d'entreprendre à la fin de ses jours d'acquérir l'habitude & le goût de l'étude, c'est se mettre dans un petit charriot pour apprendre à marcher, lorsqu'on a perdu l'usage de ses jambes.

On ne peut guere s'arrêter dans l'étude des Sciences sans décheoir: les muses ne font cas que de ceux qui les aiment avec passion. Archimede craignit plus de voir effacer les doctes figures qu'il traçoit sur le sable, que de perdre la vie à la prise de Syracuse; mais cette ardeur si loüable & si nécessaire n'empêche pas la nécessité des distractions & du délassement: aussi peut - on se délasser dans la variété de l'étude; elle se joue avec les choses faciles, de la peine que d'autres plus sérieuses lui ont causée. Les objets différens ont le pouvoir de réparer les forces de Pame, & de remettre en vigueur un esprit fatigué. Ce changement n'empêche pas que l'on n'ait toûjours un principal objet d'étude auquel on rapporte principalement ses veilles.

Je conseillerois donc de ne pas se jetter dans l'excès dangereux des études étrangeres, qui pourroient consumer les heures que l'on doit à l'étude de sa profession. Songez principalement, vous dirai - je, à orner la Sparte dont vous avez fait choix; il est bon de voir les belles villes du monde, mais il ne faut être citoyen que d'une seule.

Ne prenez point de dégoût de votre étude, parce que d'autres vous y surpassent. A moins que d'avoir l'ambition aussi déréglée que César, on peut se contenter de n'être pas des derniers: d'ailleurs les échelons inférieurs sont des degrés pour parvenir à de plus hauts.

Souvenez - vous sur - tout de ne pas regarder l'étude comme une occupation stérile; mais rapportez au contraire les Sciences qui font l'objet de votre attachement, à la perfection des facultés de votre ame, & au bien de votre patrie. Le gain de notre étude doit consister à devenir meilleurs, plus heureux & plus sages. Les Egyptiens appelloient les bibliotheques le thrésor des remedes de l'ame: l'effet nature que l'étude doit produire, est la guérison de ses maladies.

Enfin vous aurez sur les autres hommes de grands avantages, & vous leur serez toûjours supérieur, si en cultivant votre esprit dès la plus tendre enfance par l'étude des sciences qui peuvent le perfectionner, vous imitez Helvidius Priscus, dont Tacite nous a fait un si beau portrait. Ce grand homme, dit - il, très - jeune encore, & déjà connu par ses talens, se jetta dans des études profondes; non, comme tant d'autres, pour masquer d'un titre pompeux une vie inutile & desoeuvrée, mais à desiein de porter dans les emplois une fermeté supérieure aux évenemens. Elles lui apprirent à regarder ce qui est honnête, comme l'unique bien; ce qui est honteux, comme l'unique mal; & tout ce qui est étranger à l'ame, comme indifférent. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Etudes (Page 6:87)

Etudes, (Littérat.) On désigne par ce mot les exercices littéraires usités dans l'instruction de la jeunesse; études grammaticales, études de Droit, études de Medecine, &c. faire de bonnes études.

L'objet des études a été fort différent chez les différens peuples & dans les différens siecles. Il n'est pas de mon sujet de faire ici l'histoire de ces variétés, on peut voir sur cela le traité des études de M. Fleury. Les études or dinaires embrassent aujourd'hui la Grammaire & ses dépendances, la Poésie, la Rhétorique, toutes les parties de la Philosophie, &c.

Au reste, je me borne à exposer ici mes réflexions sur le choix & sur la méthode des études qui conviennent le mieux à nos usages & à nos besoins; & com<cb-> me le latin fait le principal & presque l'unique objet de l'institution vulgaire, je mattacherai plus particulierement à discuter la conduite des études latines.

Plusieurs savans, grammairiens & philosophes ont travaillé dans ces derniers tems à perfectionner le système des études; Locke entr'autres parmi les Anglois; parmi nous M. le Febvre, M. Fleury, M. Rollin, M. du Marsais, M. Pluche, & plusieurs autres encore, se sont exercés en ce genre. Presque tous ont marqué dans le détail ce qui se peut faire en cela de plus utile, & ils paroissent convenir à l'égard du latin, qu'il vaut mieux s'attacher aujourd'hui, se borner même à l'intelligence de cette langue, que d'aspirer à des compositions peu nécessaires, & dont la piupart des étudians ne sont pas capables. Cette these, dont j'entreprends la défense, est déjà bien établie par les auteurs que j'ai cités, & par plusieurs autres également savans.

Un ancien maître de l'université de Paris, qui en 1666 publia une traduction des captifs de Plaute, s'énonce bien positivement sur ce sujet dans la préface qu'il a mise à ce petit ouvrage. « Pourquoi, dit - il, faire perdre aux écoliers un tems qui est si précieux, & qu'ils pourroient employer si utilement dans la lecture des plus riches ouvrages de l'antiquité? .... Ne vaudroit - il pas mieux occuper les enfans dans les colléges, à apprendre l'Histoire, la Chronologie, la Géographie, un peu de Géométrie & d'Arithmétique, & sur - tout la pureté du latin & du françois, que de les amuser de tant de regles & instructions de Grammaire? ... Il faut commencer à leur apprendre le latin par l'usage même du latin, comme ils apprennent le françois, & cet usage consiste à leur faire lire, traduire & apprendre les plus beaux endroits des auteurs latins; afin que s'accoûtumant à les entendre parler, ils apprennent eux - mêmes à parler leur langage ». C'est ainsi que tant de femmes, sans étude de grammaire, apprennent à bien parler leur langue, par le moyen simple & facile de la conversation & de la lecture; & c'est de même encore que la plûpart des voyageurs apprennent les langues étrangeres.

Un autre maître de l'université qui avoit professé aux Grassins, publia une lettre sur la même matiere en 1707: j'en rapporterai un article qui vient à mon sujet. « Pour savoir l'allemand, l'italien, l'espagnol, le bas - breton, l'on va demeurer un ou deux ans dans les pays où ces langues sont en usage, & on les apprend par le seul commerce avec ceux qui les parlent? Qui empêche d'apprendre aussi le latin de la même maniere? & si ce n'est par l'usage du discours & de la parole, ce sera du moins par l'usage de la lecture, qui sera certainement beaucoup plus sûr & plus exact que celui du discours. C'est ainsi qu'en usoient nos peres il y a quatre ou cinq cents ans ».

M. Rollin, traité des études, p. 128. préfere aussi pour les commençans l'explication des auteurs à la pratique de la composition; & cela parce que les thèmes, comme il le dit, « ne sont propres qu'à tourmenter les écoliers par un travail pénible & peu utile, & à leur inspirer du dégoût pour une étude qui ne leur attire ordinairement de la part des maîtres que des reprimandes & des châtimens; car, poursuit - il, les fautes qu'ils font dans leurs thèmes étant très - fréquentes & presqu'inévitables, les corrections le deviennent aussi: au lieu que l'explication des auteurs, & la traduction, où ils ne produisent rien d'eux - mêmes, & ne font que se prêter au maître, leur épargnent beaucoup de tems, de peines & de punitions ».

M. le Febvre est encore plus décidè là - dessus: voici comme il s'explique dans sa méthode, pag. 20.

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