ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"388"> l'équinoxe, ou la section de l'écliptique & de l'équateur est rétrograde de 50 secondes par an, le soleil, après qu'il est parti d'un des équinoxes, doit paroître rencontrer ce même équinoxe l'année suivante dans un point un peu en - deçà de celui où il l'a quitté; & par conséquent le soleil n'aura pas encore achevé sa révolution entiere lorsqu'il sera de retour aux mêmes points des équinoxes. Inst. Astr.

L'année civile est celle que chaque nation a fixée pour calculer l'écoulement du tems: ce n'est autre chose que l'année tropique, dans laquelle on ne s'arrête qu'au nombre entier de jours, en laissant les fractions des heures & des minutes, afin que le calcul en soit plus commode.

Ainsi l'année tropique étant d'environ 365 jours 5 heures 49 minutes, l'année civile est seulement de 365 jours: mais de crainte que la correspondance avec le cours du soleil ne s'altérât au bout d'un certain tems, on a réglé que chaque quatrieme année seroit de 366 jours pour réparer la perte des fractions qu'on néglige les trois autres années.

De cette maniere l'année civile est soûdivisée en commune & en bissextile.

L'année civile commune est celle qu'on a fixée à 365 jours; elle est composée de 7 mois de 31 jours; savoir, Janvier, Mars, Mai, Juillet, Août, Octobre, Décembre; de quatre de 30 jours, Avril, Juin, Septembre & Novembre, & d'un de 28 jours, qui est Février. Il y a apparence que cette distribution bisarre a été faite pour conserver, autant qu'il étoit possible, l'égalité entre les mois, & en même tems pour qu'ils fussent tous à peu près de la grandeur des mois lunaes, dont les uns sont de 30 jours & les autres de 29. Une autre raison qui a pû y engager, c'est que le soleil met plus de tems à aller de l'équinoxe du printems à l'équinoxe d'automne, que de celui d'automne à celui du printems; desorte que du premier Mars au premier Septembre, il y a quatre jours de plus que du premier Septembre au premier Mars: mais quelque motif qu'on ait eu pour faire cette distribution, on peut en général supposer l'année commune de 5 mois de 31 jours, & de 7 mois de 30 jours.

L'année bissextile est composée de 366 jours, & elle a par conséquent un jour de plus que l'année commune; ce jour est appellé jour intercalaire ou bissextile.

L'addition de ce jour intercalaire, tous les quatre ans, a été faite par Jules César, qui, voulant que les saisons pussent toûjours revenir dans le même tems de l'année, joignit à la quatrieme année les six heures négligées dans chacune des années précédentes. Il plaça le jour entier formé par ces quatre fractions après le vingt - quatrieme de Février, qui étoit le sixieme des Calendes de Mars.

Or comme ce jour ainsi répété étoit appellé en conséquence bis sexto calendas, l'année où ce jour étoit ajoûté, fût aussi appellée bis sextus, d'où est venu bissextile.

Le jour intercalaire n'est plus aujourd'hui regardé comme la répétition du 24 Février, mais il est ajoûté à la fin de ce mois, & en est le vingt - neuvieme. Voyez Bissextile.

Il y a encore une autre réformation de l'année civile, établie par le pape Grégoire XIII. Voyez Grégorien.

L'année lunaire est composée de douze mois lunaires. Voyez Lunaire. Or il y a deux especes de mois lunaires; savoir, le mois périodique, qui est de 27 jours 7 heures 43 min. 5 sec. c'est à peu près le tems que la lune employe à faire sa révolution autour de la terre: 2°. le mois synodique, qui est le tems que cette planete employe à retourner vers le soleil à chaque conjonction; ce tems qui est l'intervalle de deux nouvelles lunes, est de 29 jours 12 heures 44 minutes 33 sec. Voyez à l'article Synodique la cause de la différence de ces deux mois. Le mois synodique est le seul dont on se serve pour mesurer les années lunaires; or comme ce mois est d'environ 29 jours & 12 heures, on a été obligé de supposer, pour la commodité du calcul, les mois lunaires civils de 30 & de 29 jours alternativement; ainsi le mois synodique étant de deux especes, astronomique & civil, il a fallu distinguer aussi deux especes d'années lunaires; l'une astronomique, l'autre civile. Inst. Astr.

L'année astronomique lunaire est composée de douze mois synodiques lunaires, & contient par conséquent 354 jours 8 heures 48 min. 30 sec. 12 tierces. Voyez Synodique.

L'année lunaire civile est ou commune, ou embolismique.

L'année lunaire commune est de douze mois lunaires civils, c'est - à - dire de 354 jours.

L'année embolismique intercalaire est de treize mois lunaires civils, & de 384 jours. Voyez Embolismique. Voici la raison qui a fait inventer cette année: comme la différence entre l'année lunaire civile & l'année tropique est de 11 jours 5 heures 49 min. il faut, afin que la premiere puisse s'accorder avec la seconde, qu'il y ait 34 mois de 30 jours, & 4 mois de 31 insérés dans cent années lunaires; ce qui laisse encore en arriere un reste de 4 heures 21 min. qui dans six siecles fait un peu plus d'un jour.

Jusqu'ici nous avons parlé des années & des mois, en les considérant astronomiquement. Examinons présentement les différentes formes d'années civiles que les Anciens ont imaginées, & celles que suivent aujourd'hui divers peuples de la terre. L'ancienne année romaine étoit l'année lunaire. Dans sa premiere institution par Romulus, elle étoit seulement composée de dix mois. Le premier, celui de Mars, contenoit 31 jours; le second, celui d'Avril, 30. 3°. Mai 31; 4°. Juin 30; 5°. Quintilis ou Juillet 31; 6°. Sextilis ou Août 30; 7°. Septembre 30; 8°. Octobre 31; 9°. Novembre 30; 10°. Decembre 30; le tout faisant 304 jours. Ainsi cette année se trouvoit moindre de 50 jours que l'année lunaire réelle, & de 61 que l'année solaire.

De - là il résultoit que le commencement de l'année de Romulus étoit vague, & ne répondoit à aucune saison fixe. Ce Prince sentant l'inconvénient d'une telle variation, voulut qu'on ajoûtât à chaque année le nombre de jours nécessaires pour que le premier mois répondit toûjours au même état du ciel: mais ces jours ajoûtés ne furent point partagés en mois.

Numa Pompilius corrigea cette forme irréguliere de l'année, & fit deux mois de ces jours surnuméraires. Le premier fut le mois de Janvier; le second celui de Février. L'année fut ainsi composée par Numa de douze mois, 1°. Janvier 29 jours, 2°. Février 28, 3°. Mars 31, 4°. Avril 29, 5°. Mai 31, 6°. Juin 29, 7°. Juillet 31, 8°. Août 29, 9°. Septembre 29, 10°. Octobre 31, 11°. Novembre 29, 12°. Decembre 29; le tout faisant 355 jours. Ainsi cette année surpassoit l'année civile lunaire d'un jour, & l'année astronomique lunaire de 15 heures 11 minutes 24 secondes: mais elle étoit plus courte que l'année solaire de 11 jours, ensorte que son commencement étoit encore vague, par rapport à la situation du soleil.

Numa voulant que le solstice d'hyver répondît au même jour, fit intercaler 22 jours au mois de Février de chaque seconde année, 23 à chaque quatrieme, 22 à chaque sixieme, & 23 à chaque huitieme. Mais cette regle ne faisoit point encore la compensation nécessaire; car comme l'année de Numa surpassoit d'un jour l'année Greque de 354 jours, l'erreur devint sensible au bout d'un certain tems, ce qui obligea d'avoir recours à une nouvelle maniere [p. 389] d'intercaler; au lieu d'ajoûter vingt - trois jours à chaque huitieme année, on n'en ajoûta que quinze; & on chargea les grands Pontifes de veiller au soin du calendrier. Mais les grands Pontifes ne s'acquittant point de ce devoir, laisserent tout retomber dans la plus grande confusion. Telle fut l'année romaine jusqu'au tems de la réformation de Jules César. Voyez les articles Calendes, Nones & Ides, sur la maniere de compter les jours du mois chez les Romains.

L'année Julienne est une année solaire, contenant communément 365 jours, mais qui de quatre ans en quatre ans, c'est - à - dire, dans les années bissextiles, est de 366 jours.

Les mois de l'année Julienne étoient disposés ainsi: 1°. Janvier 31 jours, 2°. Février 28, 3°. Mars 31, 4°. Avril 30, 5°. Mai 31, 6°. Juin 30, 7°. Juillet 31, 8°. Août 31, 9°. Septembre 30, 10°. Octobre 31, 11°. Novembre 30, 12°. Decembre 31; & dans toutes les années bissextiles le mois de Février avoit comme à présent 29 jours. Suivant cet établissement la grandeur astronomique de l'année Julienne étoit de 365 jours 6 heures; & elle surpassoit par conséquent la vraie année solaire d'environ 11 minutes, ce qui en 131 ans produisoit un jour d'erreur. L'année romaine étoit encore dans cet état d'imperfection, lorsque le Pape Grégoire XIII. y fit une réformation, dont nous parlerons un peu plus bas.

Jules Cesar à qui l'on est redevable de la forme de l'année Julienne, avoit fait venir d'Egypte Sosigenes fameux Mathématicien, ant pour fixer la longueur de l'année, que pour en rétablir le commencement, qui avoit été entierement dérangé de 67 jours, par la négligence des Pontifes.

Afin donc de le remettre au solstice d'hyver, Sosigènes fut obligé de prolonger la premiere année jusqu'à quinze mois ou 445 jours; & cette année s'appella en conséquence l'année de confusion, annus consusionis.

L'année établie par Jules Cesar a été suivie par toutes les nations chrétiennes jusqu'au milieu du seizieme siecle, & continue même encore de l'être par l'Angleterre. Les Astronomes & les Chronologistes de cette nation comptent de la même maniere que le peuple, & cela sans aucun danger, parce qu'une erreur qui est connue n'en est plus une.

L'année Grégorienne n'est autre que l'année Julienne corrigée par cette regle, qu'au lieu que la derniere de chaque siecle étoit toûjours bissextile, les dernieres années de trois siecles consécutifs doivent être communes; & la derniere du quatrieme siecle seulement est comptée pour bissextile.

La raison de cette correction, fut que l'année Julienne avoit été supposée de 365 jours 6 heures, au lieu que la véritable année solaire est de 365 jours 5 heures 49 minutes, ce qui fait 11 minutes de différence, comme nous l'avons déja remarqué.

Or quoique cette erreur de 11 minutes qui setrouve dans l'année Julienne soit fort petite, cependant elle étoit devenue si considérable en s'accumulant depuis le tems de Jules Cesar, qu'elle avoit monté à 70 jours, ce qui avoit considérablement dérangé l'équinoxe. Car du tems du Concile de Nicée, lorsqu'il fut question de fixer les termes du tems auquel on doit célébrer la Pâque, l'équinoxe du Printems se trouvoit au 21 de Mars. Mais cet équinoxe ayant continuellement anticipé, on s'est apperçû l'an 1582. lorsqu'on proposa de réformer le calendrier de Jules Cesar, que le soleil entroit déjà dans l'équateur dès le 11 Mars; c'est - à - dire, 10 jours plûtôt que du tems du Concile de Nicée. Pour remédier à cet inconvénient, qui pouvoit aller encore plus loin, le Pape Grégoire XIII. fit venir les plus habiles Astronomes de son tems, & concerta avec eux la correction qu'il falloit faire, afin que l'équinoxe tombât au même jour que dans le tems du Concile de Nicée; & comme il s'étoit glissé une erreur de dix jours depuis ce tems - là, on retrancha ces dix jours de l'année 1582, dans laquelle on fit cette correction; & au lieu du 5 d'Octobre de cette année, on compta tout de suite le 15.

La France, l'Espagne, les pays Catholiques d'Allemagne, & l'Italie, en un mot, tous les pays qui sont sous l'obéissance du Pape, reçûrent cette réforme dès son origine: mais les Protestans la rejetterent d'abord.

En l'an 1700, l'erreur des dix jours avoit augmenté encore & étoit devenue de onze; c'est ce qui détermina les protestans d'Allemagne à accepter la réformation Grégorienne, aussi - bien que les Danois & les Hollandois. Mais les peuples de la Grande - Bretagne & la plûpart de ceux du Nord de l'Europe, ont conservé jusqu'ici l'ancienne forme du calendrier Julien. Voyez Calendrier, Style. Inst. Astr.

Au reste il ne faut pas croire que l'année Grégorienne soit parfaite; car dans quatre siecles l'année Julienne avance de trois jours, une heure & 22 minutes. Or comme dans le calendrier Grégorien on ne compte que les trois jours, & qu'on néglige la fraction d'une heure & 22 minutes, cette erreur au bout de 72 siecles produira un jour de mécompte.

L'année Egyptienne appellée aussi l'année de Nabonassar, est l'année solaire de 365 jours divisée en douze mois de trente jours, auxquels sont ajoûtés cinq jours intercalaires à la fin: les noms de ces mois sont ceux - ci. 1°. Thot, 2°. Paophi, 3°. Athyr, 4°. Chojac, 5°. Tybi, 6°. Mecheir, 7°. Phatmenoth, 8°. Pharmuthi, 9°. Pachon, 10°. Pauni, 11°. Epiphi, 12°. Mesori; & de plus H'MERAI E'PAGOMEIAI, ou les cinq jours intercalaires.

La connoissance de l'année Egyptienne, dont nous venons de parler, est de toute nécessité en Astronomie, à cause que c'est celle suivant laquelle sont dressées les observations de Ptolomée dans son Almageste.

Les anciens Egyptiens, suivant Diodore de Sicile, liv. I. Plutarque dans la vie de Numa, Pline, liv. VII. c. 48. mesuroient les années par le cours de la lune. Dans le commencement une lunaison, c. à. d. un mois lunaire faisoit l'année; ensuite trois, puis quatre, à la maniere des Arcadiens. De - là les Egyptiens allerent à six, ainsi que les peuples de l'Acarnanie. Enfin ils vinrent à faire l'année de 360 jours, & de douze mois; & Aseth, 32e Roi des Egyptiens, ajoûta à la fin de l'année les 5 jours intercalaires. Cette briéveté des premieres années Egyptiennes, est ce qui fait, suivant les mêmes Auteurs, que les Egyptiens supposoient le monde si ancien, & que dans l'Histoire de leurs Rois, on en trouve qui ont vécu jusqu'à mille & douze cens ans. Quant à Herodote, il garde un profond silence sur ce point; il dit seulement que les années Egyptiennes étoient de douze mois, ainsi que nous l'avons déja remarqué. D'ailleurs l'Ecriture nous apprend que dès le tems du déluge l'année étoit composée de douze mois. Par conséquent Cham, & son fils Misraim, fondateur de la Monarchie Egyptienne, ont dû avoir gardé cet usage, & il n'est pas probable que leurs descendans y ayent dérogé. Ajoûtez à cela, que Plutarque ne parle sur cette matiere qu'avec une sorte d'incertitude, & qu'il n'avance le fait dont il s'agit, que sur le rapport d'autrui. Pour Diodore de Sicile, il n'en parle que comme d'une conjecture de quelques auteurs, dont il ne dit pas le nom, & qui probablement avoient crû par - là concilier la chronologie Egyptienne avec celle des autres nations.

Quoi qu'il en soit, le Pere Kircher prétend qu'outre l'année solaire, quelques provinces d'Egypte avoient des années lunaires, & que dans les tems les plus re<pb->

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