ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"360"> sirs qu'ils lierent ensemble à Alexandrie. Ce mot est composé du Grec A'MIMHTO, inimitable, & de IO, vie, c'est - à - dire vie inimitable. Ce que Plutarque en raconte dans la vie d'Antoine, prouve qu'elle étoit assez bien nommée pour les dépenses effroyables qu'elle entraînoit, & qu'il n'étoit pas possible d'imiter. (G)

AMINÉE (Page 1:360)

AMINÉE, (Med.) Le vin d'Aminée étoit ou celui de Falerne, ou le produit d'une espece particuliere de raisin qu'on avoit transplantée en Italie. Galien parle du vin d'Aminée qui se faisoit dans le Royaume de Naples, dans la Sicile & dans la Toscane. Selon Columelle, le vin aminéen étoit le plus ancien & le premier dont les Romains eussent fait usage, & le produit de vignes transplantées du pays des Aminéens dans la Thessalie.

Ce vin étoit austere, rude & acide lorsqu'il étoit nouveau: mais il s'amollissoit en vieillissant, & acquéroit une force & une vigueur qui étoit beaucoup augmentée par la quantité d'esprits qu'il contenoit: ce qui le rendoit propre à fortifier l'estomac. (N)

AMINEL (Page 1:360)

* AMINEL, petite ville d'Afrique en Barbarie; elle est située dans la partie orientale du Royaume de Tripoli.

AMIRAL (Page 1:360)

AMIRAL, s. m. (Marine.) Ce mot vient des Grecs qui nommerent *AMHRALIO celui qui commandoit aux armées navales; ils l'avoient formé du mot Arabe Amir, qui signifioit un Seigneur, un Commandant.

Anciennement on a donné ce nom à ceux qui commandoient sur terre, comme à ceux qui commandoient sur mer. Les Sarrasins ont été les premiers qui ayent appellé Amiraux les Capitaines & Généraux de leurs flottes; après les Sarrasins, les Siciliens & les Génois accorderent ce titre à celui qui commandoit leurs armées navales. Aujourd'hui l'Amiral est le chef & le commandant des armées navales & des flottes. Il est à la tête & le premier Officier de toute la Marine du Royaume. Autrefois il y avoit deux Amiraux, l'un du Ponant, & l'autre du Levant: aujourd'hui ce sont deux Vice - Amiraux créés en 1669.

L'Amiral d'Arragon, d'Angleterre, de Hollande & de Zélande, ne le sont que par commission: ces Officiers sont inférieurs à l'Amiral général des Etats Généraux.

En Espagne on dit l'Amirante; mais l'Amiral n'est que le second Officier qui a un Général d'armée au - dessus de lui.

L'Amiral en France porte pour marque extérieure de sa dignité, deux ancres d'or passées en sautoir derriere son écu. Entre les droits attribués à l'Amiral, il a celui du dixieme de toutes les prises qui se font sur mer & sur les greves, des rançons, & des représailles: il a aussi le tiers de ce qu'on tire de la mer ou qu'elle rejette; le droit d'ancrage, tonnes & balises.

Il a la nomination de tous les Officiers des Siéges généraux & particuliers de l'Amirauté, & la justice s'y rend en son nom. C'est de lui que les Capitaines & maîtres des vaisseaux équipés en marchandises, doivent prendre leurs congés, passeports, commissions & sauf - conduits.

L'Amiral n'a point de séance au Parlement, suivant l'Arrêt rendu à la réception de l'Amiral de Chatillon en 1551. Les anciens Amiraux n'avoient point de Jurisdiction contentieuse; elle appartenoit à leurs Lieutenans ou Officiers de robe longue. Mais en 1626 le Cardinal de Richelieu en se faisant donner le titre de Grand - Maître & Surintendant du Commerce & de la Navigation, au lieu de la charge d'Amiral qui fut alors supprimée, se fit attribuer l'autorité de decider & de juger souverainement de toutes les questions de Marine, même des prises & du bris des vaisseaux.

En 1669 la charge de Surintendant général de la Navigation & du Commerce fut supprimée, & celle d'Amiral fut rétablie la même année en faveur du Comte de Vermandois, avec le titre d'Officier de la Couronne.

Le pouvoir de l'Amiral étoit autrefois extrèmement étendu; on peut voir au titre I. de l'Ordonnance de la Marine de 1681, jusqu'où le Roi a borné ce pouvoir. Le Roi s'est réservé le droit de nommer les Vice - Amiraux, Lieutenans Généraux, Chefs d'Escadre, Capitaines, Lieutenans, Enseignes & Pilotes de ses vaisseaux, frégates, brûlots, &c.

Il y a eu anciennement des Amiraux pour diverses Provinces maritimes du Royaume. La Normandie, la Bretagne, la Guienne, le Languedoc & la Provence du tems de leurs Ducs ou Comtes, avoient leurs Amirautés particulieres, dont quelques - unes ont subsisté après la réunion de ces Provinces à la Couronne; & même en 1626, le Duc de Guise se prétendoit encore Amiral de Provence. En Bretagne la qualité d'Amiral est jointe à celle de Gouverneur de cette Province: c'est pourquoi en 1695, le Roi donna le Gouvernement de Bretagne au Comte de - Toulouse, afin que l'Amirauté de Bretagne fût réunie à la charge d'Amiral général de France.

On trouve une liste des Amiraux de France donnée par le P. Fournier; il nomme pour le premier Pierre Lemegue, sous Charles IV. l'an 1327, & il finit sa liste à Henri de Montmorency, qui fit sa démission de l'Amirauté entre les mains du Roi à Nantes, l'an 1626. Jean le Feron a fait un traité des Amiraux, & la Popliniere a fait un livre intitulé l'Amiral: on peut y voir des détails sur cette charge.

Mais toutes les choses qui regardent le pouvoir, les fonctions & les droits de l'Amiral, se trouvent dans le Reglement du 12 Novembre 1669, & dans l'Ordonnance du mois d'Août 1681, auxquels nous renvoyons. Depuis Florent de Varenne, Amiral de France en 1270 au passage d'Outremer sous le Roi Saint Louis, on compte cinquante - cinq Amiraux jusqu'à Louis - Jean - Marie de Bourbon, Duc de Penthievre, qui remplit aujourd'hui cette charge. (Z)

Amiral (Page 1:360)

Amiral d'une compagnie de vaisseaux marchands allans de conserve; c'est celui d'entre eux qu'ils choisissent comme le plus fort & le plus en état de les défendre, sous la conduite & les ordres duquel ils se mettent pour ce voyage. Voyez Conserve. (Z)

Amiral (Page 1:360)

Amiral, vaisseau amiral; c'est celui qui est monté par l'Amiral. Il porte le pavillon quarré au grand mât, & quatre fanaux en poupe, soit dans un port ou en mer. V. dans les Pl. de Mar. celles des pav. Il est d'usage que le navire qui est monté par l'Amiral, surpasse les autres par sa beauté, sa grandeur & sa force.

On appelle aussi amiral le principal vaisseau d'une flotte, quelque petite qu'elle soit.

Lorsque deux vaisseaux de même banniere, c'est - à - dire commandés par des Officiers de même grade, se rencontrent dans un même port, le premier arrivé a les prérogatives & la qualité d'amiral; & celui qui arrive après, quoique plus grand & plus fort, n'est que vice - amiral.

Cet ordre s'observe parmi les Terreneuviers, c'est - à - dire les bâtimens qui vont à la pêche sur le banc de Terreneuve, dont le premier arrivé prend la qualité d'amiral, & la retient pendant tout le tems de la pêche. Il porte le pavillon au grand mât, donne les ordres, assigne les places pour pêcher à ceux qui sont arrivés apres lui, & regle leurs contestations. (Z)

Amiral (Page 1:360)

* Amiral - tromp, amiral - frise, amiral - d'Angleterre, amiral - chrétien, castillian, trivermant, valier, resnet, &c. ce sont des noms que les Fleuristes ont donnés à différentes sortes d'oeillets, selon les diverses couleurs de leurs feuilles. Voyez dans le Dictionnaire de Trevoux les différentes significations qu'il y faut attacher, & qu'il est assez inutile de rapporter ici. [p. 361]

AMIRANTE (Page 1:361)

* AMIRANTE (isles de l'), îles d'Afrique entre la ligne & l'île de Madagascar.

Amirante (Page 1:361)

Amirante, s. m. (Marine.) se dit quelquefois de la charge d'Amiral. La charge de grand, haut ou premier Amiral (car différentes nations lui donnent différentes épithetes) est toûjours très - considérable, & une des premieres charges de l'Etat dans tous les Royaumes & Souverainetés bordées de la mer, & n'est possédée communément que par des Princes & des personnes du premier rang. On a vû, par exemple, en Angleterre Jacques Duc d'York, frere unique du Roi Charles II. revêtu de cette charge pendant la guerre contre les Hollandois, & son titre étoit le Lord haut - Amiral d'Angleterre, avec de très - grandes prérogatives & priviléges. On a vû aussi dans le même Royaume cette importante charge partagée entre plusieurs Commissaires, que l'on appelle dans ce cas les Lords - Commissaires de l'Amirauté. Actuellement (1751) elle se trouve ainsi partagée, n'y ayant point de haut Amiral de ce Royaume. V. Amiral & Amirauté. (Z)

AMIRAUTE (Page 1:361)

AMIRAUTE, (Jurisprud.) est une Jurisdiction qui connoît des contestations en matiere de marine & de commerce de mer. Il y a en France des siéges particuliers d'Amirauté dans tous les ports ou havres du Royaume, dont les appellations se relevent aux siéges généraux, lesquels sont au nombre de trois en tout, dont un à la Table de Marbre de Paris, un autre à celle de Rouen, & l'autre à Rennes; les appels de ceux - ci se relevent aux Parlemens dans le ressort desquels ils sont situés.

Ce Tribunal connoît de tous les délits & différens qui arrivent sur les mers qui baignent les côtes de France, de toutes les actions procédantes du commerce qui se fait par mer, de l'exécution des sociétés pour raison dudit commerce & des armemens, des affaires de compagnies érigées pour l'augmentation du commerce; en premiere instance des contestations qui naissent dans les lieux du ressort du Parlement de Paris, où il n'y a point de siéges particuliers d'Amirauté établis, & par appel des sentences des Juges particuliers établis dans les villes & lieux maritimes.

Il est composé de l'Amiral de France, qui en est le chef, d'un Lieutenant général, d'un Lieutenant particulier, d'un Lieutenant criminel, de cinq Conseillers, d'un Procureur du Roi, de trois Substituts, d'un Greffier, & de plusieurs Huissiers.

L'Amirauté (Page 1:361)

L'Amirauté des Provinces - Unies a un pouvoir plus étendu: outre la connoissance des contestations en matiere de Marine & de commerce de mer, elle est chargée du recouvrement des droits que doivent les marchandises qu'on embaque & débarque dans les ports de la République, & de faire construire & équiper les vaisseaux nécessaires pour le service des Etats - Généraux. Elle est divisee en cinq colléges, & juge en dernier ressort des matieres qui sont de sa connoissance.

L'Amirauté (Page 1:361)

L'Amirauté d'Angleterre ne differe pas beaucoup de celle de France. Il est à remarquer seulement que dans tous les siéges d'Amiraute, tant les particuliers que le général & souverain qui réside à Londres, toutes les procédures se font au nom de l'Amiral, & non pas au nom du Roi. Il faut encore remarquer cette différence, que l'Amirauté d'Angleterre a deux sortes de procédures: l'une particuliere à cette Jurisdiction; & c'est de celle - là qu'elle se sert dans la connoissance des cas arrivés en pleine mer; l'autre conforme à celle usitée dans les autres Cours: & c'est de celle - ci qu'elle se sert pour les cas de son ressort, qui ne sont point arrivésen pleine mer, comme les contestations survenues dans les ports ou havres, ou à la vûe des côtes.

L'Amirauté (Page 1:361)

L'Amirauté d'Angleterre comprend aussi une Cour particuliere, appellée Cour d'équité, établie pour régler les différends entre Marchands. (H - Z)

AMITERNO (Page 1:361)

* AMITERNO (Hist. & Géog.) ancienne ville d'Italie, dans le pays des Sabins. C'est la patrie de l'Historien Salluste. Amiterne a été détruite, & les ouvrages de Salluste dureront à jamais. On voit encore dans l'Abruzze des ruines de cette ville. On lit dans Strabon, Liv. V. qu'elle étoit située sur le penchant d'une moutagne, & qu'il en restoit de son tems un théâtre, quelques débris d'un temple, avec une grosse tour.

AMITIÉ (Page 1:361)

AMITIÉ, s. f. (Morale.) L'amitié n'est autre chose que l'habitude d'entretenir avec quelqu'un un commerce honnête & agréable. L'amitié ne seroit - elle que cela? L'amitié, dira - t - on, ne s'en tient pas à ce point: elle va au - delà de ces bornes étroites. Mais ceux qui font cette observation, ne considerent pas que deux personnes n'entretiendront point une liaison qui n'ait rien de vicieux, & qui leur procure un plaisir réciproque, sans être amies. Le commerce que nous pouvons avoir avec les hommes, regarde ou l'esprit ou le coeur: le pur commerce de l'esprit s'appelle simplement connoissance; le commerce où le coeur s'intéresse par l'agrément qu'il en tire, est amitié. Je ne vois point de notion plus exacte & plus propre à développer tout ce qu'est en soi l'amitié, & même toutes ses propriétés.

Elle est par - là distinguée de la charité, qui est une disposition à faire du bien à tous: l'amitié n'est dûe qu'à ceux avec qui l'on est actuellement en commerce; le genre humain pris en général, est trop étendu, pour qu'il soit en état d'avoir commerce avec chacun de nous, ou que chacun de nous l'ait avec lui. L'amitié suppose la charité, au moins la charité naturelle: mais elle ajoûte une habitude de liaison particuliere, qui fait entre deux personnes un agrément de commerce mutuel.

C'est l'insuffisance de notre être qui fait naître l'amitié, & c'est l'insuffisance de l'amitié même qui la détruit. Est - on seul, on sent sa misere; on sent qu'on a besoin d'appui; on cherche un fauteur de ses goûts, un compagnon de ses plaisirs & de ses peines; on veat un homme dont on puisse occuper le coeur & la pensée: alors l'amitié paroît être ce qu'il y a de plus doux au monde? A - t - on ce qu'on a souhaité, on change de sentiment?

Loriqu'on entrevoit de loin quelque bien, il fixe d'abord les desirs; lorsqu'on l'atteint, on en sent le néant. Notre ame dont il arrêtoit la vûe dans l'éloignement, ne sauroit plus s'y reposer, quand elle voit au - delà: ainsi l'amitié, qui de loin bornoit toutes nos prétensions, cesse de les borner de près; elle ne remplit pas le vuide qu'elle avoit promis de remplir; elle nous laisse des besoins qui nous distrayent & nous portent vers d'autres biens; alors on se néglige, on devient difficile, on exige bientôt comme un tribut les complaisances qu'on avoit d'abord reçûes comme un don. C'est le caractere des hommes de s'approprier peu à peu jusqu'aux graces qu'on leur fait; une longue possession accoûtume naturellement à regarder comme siennes les choses qu'on tient d'autrui: l'habitude persuade qu'on a un droit naturel sur la volonté des amis; on voudroit s'en former un titre pour les gouverner: lorsque ces prétensions sont réciproques, comme il arrive souvent, l'amour propre s'irrite, crie des deux côtés, & produit de l'aigreur, des froideurs, des explications ameres, & la rupture.

On se trouve aussi quelquefois des défauts qu'on s'étoit cachés; où l'on tombe dans des passions qui dégoûtent de l'amitié, comme les maladies violentes dégoûtent des plus doux plaisirs. Aussi les hommes extrèmes, capables de donner les plus fortes preuves de dévouement, ne sont pas les plus capables d'une constante amitié: on ne la trouve nulle part si vive & si solide, que dans les esprits timides

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