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Ce Tribunal connoît de tous les délits & différens qui arrivent sur les mers qui baignent les côtes de France, de toutes les actions procédantes du commerce qui se fait par mer, de l'exécution des sociétés pour raison dudit commerce & des armemens, des affaires de compagnies érigées pour l'augmentation du commerce; en premiere instance des contestations qui naissent dans les lieux du ressort du Parlement de Paris, où il n'y a point de siéges particuliers d'Amirauté établis, & par appel des sentences des Juges particuliers établis dans les villes & lieux maritimes.
Il est composé de l'Amiral de France, qui en est le chef, d'un Lieutenant général, d'un Lieutenant particulier, d'un Lieutenant criminel, de cinq Conseillers, d'un Procureur du Roi, de trois Substituts, d'un Greffier, & de plusieurs Huissiers.
Elle est par - là distinguée de la charité, qui est une disposition à faire du bien à tous: l'amitié n'est dûe qu'à ceux avec qui l'on est actuellement en commerce; le genre humain pris en général, est trop étendu, pour qu'il soit en état d'avoir commerce avec chacun de nous, ou que chacun de nous l'ait avec lui. L'amitié suppose la charité, au moins la charité naturelle: mais elle ajoûte une habitude de liaison particuliere, qui fait entre deux personnes un agrément de commerce mutuel.
C'est l'insuffisance de notre être qui fait naître l'amitié, & c'est l'insuffisance de l'amitié même qui la détruit. Est - on seul, on sent sa misere; on sent qu'on a besoin d'appui; on cherche un fauteur de ses goûts, un compagnon de ses plaisirs & de ses peines; on veat un homme dont on puisse occuper le coeur & la pensée: alors l'amitié paroît être ce qu'il y a de plus doux au monde? A - t - on ce qu'on a souhaité, on change de sentiment?
Loriqu'on entrevoit de loin quelque bien, il fixe d'abord les desirs; lorsqu'on l'atteint, on en sent le néant. Notre ame dont il arrêtoit la vûe dans l'éloignement, ne sauroit plus s'y reposer, quand elle voit au - delà: ainsi l'amitié, qui de loin bornoit toutes nos prétensions, cesse de les borner de près; elle ne remplit pas le vuide qu'elle avoit promis de remplir; elle nous laisse des besoins qui nous distrayent & nous portent vers d'autres biens; alors on se néglige, on devient difficile, on exige bientôt comme un tribut les complaisances qu'on avoit d'abord reçûes comme un don. C'est le caractere des hommes de s'approprier peu à peu jusqu'aux graces qu'on leur fait; une longue possession accoûtume naturellement à regarder comme siennes les choses qu'on tient d'autrui: l'habitude persuade qu'on a un droit naturel sur la volonté des amis; on voudroit s'en former un titre pour les gouverner: lorsque ces prétensions sont réciproques, comme il arrive souvent, l'amour propre s'irrite, crie des deux côtés, & produit de l'aigreur, des froideurs, des explications ameres, & la rupture.
On se trouve aussi quelquefois des défauts qu'on
s'étoit cachés; où l'on tombe dans des passions qui
dégoûtent de l'amitié, comme les maladies violentes
dégoûtent des plus doux plaisirs. Aussi les hommes
extrèmes, capables de donner les plus fortes
preuves de dévouement, ne sont pas les plus capables
d'une constante amitié: on ne la trouve nulle
part si vive & si solide, que dans les esprits timides
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