ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"988"> le moins; sans quoi on aura de la peine à y fondre du cuivre. Il seroit nécessaire aussi de pratiquer une petite fenêtre en côté vis - à - vis de cette couche, afin de voir si le charbon s'affaisse. Faute de ce soin, on se donnera des peines inutiles pour faire la plûpart des opérations. Dans le fourneau en question, peu importe que le feu puisse devenir de la derniere vivacité, puisqu'on est le maître de le diminuer & même de le suffoquer tout - à - fait. Les barres de fer qui font la grille du fourneau de Cramer sont assujetties en losange par le garni; au lieu que dans le fourneau en terre il y a à chaque côté deux rebords saillans d'un pouce, immédiatement au - dessus des soupiraux, dans lesquels on a fait des entailles propres à tenir les barres dans la même situation.

Voyez dans nos Planches le fourneau de Schlutter. On n'en voit que la coupe transversale ou d'un côté à l'autre, parce qu'on croit qu'elle suffira pour donner l'idée des différences qu'il a avec les autres. Cet auteur veut que le sol ou bas du fourneau soit quarré, c'est - à - dire qu'il doit avoir 12 pouces de profondeur & autant de largeur. Mais comme il n'est pas toujours nécessaire qu'il soit si grand, au lieu d'en régler les proportions selon un certain nombre de pouces, on pourra se servir de parties plus petites, & ces parties indiqueront de même les hauteurs & longueurs; mais de dehors en dehors. Ainsi si le fourneau a douze de ces parties en bas, il faut qu'il en ait dix de hauteur jusqu'à l'endroit où il commence à se retrécir en forme de talus; & ce talus entier aura six parties de hauteur perpendiculaire; en sorte que la hauteur totale du fourneau sera de seize parties: l'ouverture d'en haut sera de huit parties en quarré. Du pié du fourneau en montant vers le haut, on compte une partie pour l'épaisseur du fond ou sol qui reçoit la braise & les cendres; & de - là trois parties pour la hauteur du soupirail ou porte d'en bas, laquelle en aura quatre de large. Audessus de cette porte, on laisse un espace de deux parties, & l'on y fait deux trous pour les barres de fer qui soûtiennent la moufle. Chacun de ces trous aura une partie de diametre. On donnera à l'embouchure de la moufle qui est au - dessus de ces deux trous quatre parties de largeur sur trois de hauteur. Plus haut & à la distance de deux parties au - dessus de l'arc ou voûte de la moufle, doit être le trou de la flamme qu'on nomme aussi l'oeil du fourneau, & on lui donne une partie & demie de diametre. On met des coulisses de tole forte prises dans des rainures, pour fermer en les coulant la porte du cendrier, l'embouchure de la moufle, & le trou de la flamme ou l'oeil. C'est selon que le fourneau d'essai doit être grand ou petit, que la longueur de ces parties servant à ces proportions doit être déterminée; on les fait de 10 lignes, d'un pouce, d'un pouce & demi ou de deux pouces: cependant, si ces parties excédoient le pouce, la porte du cendrier, l'ouverture de la moufle, & l'oeil du fourneau deviendroient trop grands & même difformes, en leur donnant le nombre de parties indiqué ci - dessus pour leur hauteur & leur largeur: ainsi il faut diminuer ces ouvertures & les faire selon une autre proportion. Dans les hôtels des monnoies d'Allemagne, les fourneaux d'essais se font selon les mesures d'un pouce, mais dans les fonderies pour les mines, on les fait plus grands, & ordinairement de 18 pouces en quarré; en sorte qu'on y puisse passer jusqu'à quinze essais de mine à la fois. Quand le fourneau est en tole, il faut le garnir de terre en - dedans, &c.

Il faut bien que le fourneau d'essai sans grille ne soit pas tout - à - fait dépourvû de tout avantage, puisqu'on n'en employe presque point d'autre en Allemagne, & même dans les monnoies de France; car celui de Boizard ressemble à celui de Schlutter: mais pourquoi ne pas profiter dans le fourneau en question comme dans les autres, de l'utilité qu'on peut retirer d'une grille? On sait qu'elle est nécessaire pour donner du jeu à l'air, & augmenter la vivacité du feu, qui doit être quelquefois considérable dans les essais, mais qui ne peut manquer d'être ralenti par la présence des cendres qu'il n'est pas possible de tirer. Ainsi quand on a travaillé un certain tems dans le fourneau de Schlutter, le feu ne doit plus être si vif, sans compter qu'il n'a qu'un soupirail pendant qu'on en fait trois à ces sortes de fourneaux. D'ailleurs l'essayeur est bien assez incommodé par la chaleur qui lui est dardée de la moufle comme d'un canon de fusil, sans avoir encore à essuyer celle du soupirail, dont il doit tomber de tems en tems quelques charbons qui peuvent troubler son attention. Voyez Ecran. On conçoit que le fourneau de Schlutter est à la grille pres le même que celui de M. Cramer. Les dehors de l'un & de l'autre sont les mêmes, excepté que dans celui de Schlutter, l'intervalle compris entre la partie inférieure de la bouche du feu & la supérieure du soupirail est un peu moindre que dans l'autre. On peut observer ici que le fourneau des émailleurs est aussi sans grille, quoiqu'il leur faille un feu assez vif. Nous ne parlerons point des autres défauts; c'est à l'article qui concerne leur art, qu'on pourra trouver ce qu'il y a à dire là dessus. Voyez ci - devant l'article Email.

Le fourneau d'essai à l'angloise (V. nos Pl. de Chimie) n'a aucun rapport avec les précédens, quant à sa construction. C'est tout - à - la - fois un fourneau de fusion, tel que celui de Glauber, & de reverbere, dans le goût du grand fourneau anglois, sur les principes duquel il est construit, quant au reverbere. On ne sait quel a été le premier inventé; mais il y a toute apparence que l'un a dû mener à l'autre. On le construit de différentes grandeurs. Ceux qui servent dans les fonderies sont de brique, & ont ordinairement 5 piés de long à - peu - près, sur 2 piés 8 pouces de large, & 2 piés 8 ou 9 pouces de hauteur. On ne donne qu'environ moitié de ces dimensions à ceux qu'on veut placer dans les laboratoires philosophiques, & on les fait pour lors en terre. Nous décrirons celui des fonderies. D'abord on éleve une maçonnerie en brique (V. les fig.) à la partie b, de laquelle on laisse un espace vuide long de 21 pouces, & large de 10. A 18 pouces de haut on place quatre barres de fer plates, pour terminer l'ouverture du cendrier, & soûtenir les briques qui doivent en former la partie supérieure. On donne à ces barres 2 pouces de large, & on leur laisse à chaque extrémité un excédent de 6 pouces qu'on réfléchit en - haut & en - bas, pour servir d'armure au fourneau. La casse ou foyer est large de dix pouces en quarré, & profonde d'un pié. Elle communique avec le reverbere par l'espace e (voy. les fig.), qui est entre le carreau i & le pont, & qui a la même largeur que la casse, ou un peu moins, sur 2 pouces & demi de haut. Le reverbere est un espace long de 2 piés 3 pouces, sur 10 de large dans le milieu. Il est, ainsi qu'on peut le voir dans la fig.. en ovale, & se termine par une issuë de 5 ou 6 pouces de large sur 4 de haut, au bout de laquelle il y a aussi un petit pont de 2 pouces de hauteur, qui le sépare de la partie inférieure de son tuyau, auquel on donne la même largeur. On fait ensorte de bâtir ce fourneau près d'une cheminée, pour y conduire son tuyau; auquel cas on bouche le reste, ou bien on lui adapte un tuyau de tole de 18 ou 20 piés, pour augmenter l'ardeur du feu. Le reverbere a de hauteur, depuis les carreaux qui le recouvrent jusqu'à son sol, 10 pouces. On y a accès à la faveur d'une porte g (V. les fig.), de même hauteur que le reverbere, & de 7 pouces d'embrasure, qui se terminent à 5 en - dedans. Dans la circonstance où le tuyau en [p. 989] maçonnerie du fourneau se trouve sous une cheminée qu'il ferme, ou reçoit un tuyau de tole ajusté à demeure, on pratique tout vis - à - vis la partie inférieure du tuyau, une porte h (voyez les fig.) de même largeur que ce fond, & même un peu plus bas, pour avoir la commodité de le nettoyer de toutes les saletés qui s'y amassent.

Ce fourneau sert aux mêmes usages que les fourneaux de fusion ordinaires, & les fourneaux à calciner & à coupeller. Quand on ne veut que fondre, on place les creusets comme à l'ordinaire, mais sur une tourte bien élevée, s'ils sont sans piés, parce qu'ils sont fort sujets à s'y féler. S'il ne faut qu'un feu doux, on ferme une partie du soupirail avec des carreaux destinés à cet usage, & l'on ne met point sur le fourneau le couvercle c (V. les fig.), à moins qu'on ne le veuille rendre bien foible & bien lent; auquel cas on passe une brique sur le pont e (voy. les fig.), & l'on met le couvercle. On lui donne plus de force en laissant le soupirail ouvert, ainsi que le haut de la casse; mais quand on veut un feu bien vif, on se contente d'y ajoûter le couvercle, & pour lors la casse, le reverbere & la cheminée ne font plus qu'un canal continu, qui augmente la rapidité & la vivacité du feu en raison de sa longueur. Il n'est pas besoin d'avertir que la porte g du reverbere (V. les fig.) ne doit s'ouvrir que quand on veut mettre ou retirer quelque vaisseau; & la décharge h (même fig.) ne s'ouvre que quand on soupçonne le bas de la cheminée plein de saletés. Dans les fonderies où l'on fait usage d'un pareil fourneau, c'est pour avoir la facilité de faire un essai sur huit ou dix livres de matiere à - la - fois, qu'on torrefie à nud sur le sol, ou que l'on afrine sur une cendrée qu'on y accommode à ce dessein; & l'on peut malgré cela rotir & coupeller un quintal fictif de matiere seulement. Mais il faut employer à ce sujet le charbon de terre ou le bois; car il m'est arrivé de ne pouvoir affiner dans un pareil fourneau avec le charbon de bois, quoique la casse en fût remplie; & la mine de plomb à facettes spéculaires, pure, ne pouvoit même y devenir pâteuse, tant la chaleur que donne sa flamme est peu de chose. Ce n'est pas que cette flamme ne montât bien haut dans ce tuyau de tole; mais il est à présumer qu'elle n'avoit pas assez de consistence pour faire beaucoup d'effet. Il est vrai que le charbon de terre non calciné donne un soufre qui n'est pas bien favorable à un essai en petit; mais ce fourneau n'est pas destiné à cela: &, en effet, on sent bien qu'il ne peut manquer de devenir faux par cette raison, & par la chûte des cendres, qui doivent se vitrifier conjointement avec la matiere qu'on veut essayer, ou dont l'alkali peut former un foie avec le soufre de la mine que l'on traite; ainsi le bois coupé menu comme du charbon, est à préférer pour cette espece de fourneau, que l'on convient être insuffisant dans plusieurs circonstances. Il ne faut toutefois pas s'imaginer qu'on puisse faire usage de la casse & du reverbere en même tems, fondre & coupeller tout - à - la - fois, parce qu'il arrive que ces deux opérations demandent des degrés de feu qui ne sont pas les mêmes, dans le même tems précisément, en supposant qu'on les commence toutes les deux à - la - fois. Si, par exemple, l'on a à réduire une mine de plomb, & du plomb à affiner en même tems, il peut arriver qu'il faille donner chaud à l'affinage, pendant que le feu devra être ralenti, pour attendre que l'effervescence de la réduction soit passée. On ne nie pas pour cela qu'un artiste exercé ne puisse combiner assez juste pour réunir deux genres d'opérations, dont l'une ne souffre point du régime du feu nécessaire à l'autre, & réciproquement.

Voici maintenant les proportions qu'on donne communément au fourneau d'essai à l'angloise qu'on veut placer dans le laboratoire philosophique. Elles ont été communiquées par M. Baden fameux essayeur anglois, dont l'occupation consistoit uniquement à se transporter dans les fonderies mêmes où il étoit appellé pour les essais, ou à faire des cours de Docimastique; & j'ai vû moi - même un fourneau construit en terre sur ses proportions, qui faisoit beaucoup plus d'effet qu'on n'auroit eu lieu de l'attendre, eu égard à sa grandeur. Il le faisoit construire quelquefois en briques de Windsor, dont les dimensions sont à - peu - près les mêmes que celles de nos briques de Bourgogne; c'est - à - dire qu'elles ont 8 pouces de longueur environ, sur 4 ou 4 & deini de large, & sur 2 environ d'épaisseur, en comptant le trait de rustique. Il lui mettoit sept rangs de ces briques jusqu'à la grille du foyer, à laquelle il donnoit, ainsi qu'à la casse, 8 pouces de long sur 6 de large. Le soupirail doit avoir aussi 6 pouces de large, & être élevé jusqu'à la grille. La casse a 9 pouces de profondeur, & communique à un reverbere de même largeur, c'est - à - dire de 6 pouces, sur 4 de long, par un pont élevé d'un pouce & demi au - dessus du sol du reverbere, qui est éloigné de sa couverture de 3 pouces. Peu importe que ce pont soit épais ou mince: on le fait de briques, faute d'autre chose; & pour lors il a, malgré qu'on en ait, 2 pouces d'épais. Le passage de la flamme, flew en anglois, est élevé d'un pouce au - dessus du sol du reverbere, & est surbaissé d'environ autant par le haut, afin de déprimer la flamme qui va gagner la cheminée, dont la largeur est de 9 pouces; ainsi l'on doit concevoir que le fourneau commence à s'élargir immédiatement après qu'il s'est élevé par le bas, & qu'il s'est deprimé par le hant pour le passage de la flamme, qui est d'un pouce & un quart de haut. La cheminée a 4 pouces de large dans le bas, & se termine en un tuyau de 4 pouces de diametre, qu'on augmente avec un tuyau de tole. On couvre la casse d'un carreau de terre cuite, dont les bords excedent un peu les siens. Ce carreau est surmonté d'un bouton ou poignée pour le manier, comme celui de la figure. Pour rendre ce fourneau durable, on met à chaque côté, ainsi qu'en - devant, deux rangs de briques qu'on arme de cercles & barres de fer. Ceux qui se font en terre, durent & tiennent leur chaleur en raison de l'épaisseur qu'on leur donne, qui est arbitraire.

Nous allons passer aux opérations de Docimastique: notre but n'est point d'en donner un traité complet; ceux qui voudront voir cette matiere exposée au long, doivent consulter les ouvrages mentionnés au commencement de cet article. Les opérations qui se font pour les essais, n'ont point d'autre définition générale que celles de la Chimie analytique; elles ne sont, ainsi que celles de cette science, que les changemens qu'on fait subir à un corps, au moyen des instrumens de l'art, & selon les regles qu'il prescrit, à dessein de connoître la nature des substances qui entrent dans sa composition, & la quantité en laquelle elles s'y trouvent: derniere condition qui distingue l'essai de l'analyse pure & simple. Voyez Chimie. Je réduirai les opérations propres de Docimastique à la torréfaction, à la scorification, au départ concentré, à l'affinage & au raffinage, à l'inquart & au départ par la voie humide, a la liquation, & à quelques especes de cémentations; & les préparatoires au lage seulement. Toutes les autres, que M. Cramer met dans son catalogue, appartiennent à la Chimie philosophique. Mais il ne faut pas être étonné de cette erreur, elle est conséquente au principe qu'il a posé; &, en effet, qui pourroit s'imaginer qu'un homme qui mérite avec raison le titre d'ingénieux que lui a donné son traducteur anglois dans son épître dédicatoire, & qui en donne des preuves continuelles dans son livre,

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