ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"986"> essais, dont il y a plusieurs especes, voyez Poids fictifs; & quant à la maniere de donner à la balance d'essai la justesse requise, voyez Pesée.

L'usage qu'on fait encore aujourd'hui des balances de Hollande que Juncker dit se trouver peut - être les meilleures de toutes, & dont la description fe trouve dans M. Cramer, m'engage à la transcrire ici, avec d'autant plus de fondement, que je mettrai le lecteur à portée de juger par lui - même de l'avantage de la balance corrigée.

Son fléau doit être le plus long qui se puisse, afin d'être plus sensible au moindre défaut de justesse. Une longueur de dix ou douze pouces lui est pourtant suffisante; & comme le plus fort poids qu'on met dans chacun de ses plateaux (j'appelle ainsi le bassin propre de la balance, & suis obligé de réserver le mot de bassin pour désigner ces petits segmens mobiles qu'on charge des pesées) excede rarement celui d'une drachme, la grosseur de son fléau doit être telle que pareil poids suspendu à chacune de ses extrémités ab, le fasse presque fléchir. Il ne doit être chargé d'aucun ornement, parce qu'il n'en seroit que plus pesant & plus sujet à amasser des saletés. On renferme ce fléau dans une châsse (V. les fig.) d'acier trempé, d'une seule & même piece, à chaque branche de laquelle il y a inférieurement deux trous aa, pour recevoir l'axe du fléau. Un braier ou bride (V. les fig.) flexible de laiton que l'on introduit dans deux autres trous inférieurs aux précédens, le maintient en sa place, en rendant paralleles & approchant à deux lignes & demie l'une de l'autre les deux branches qui tendent à s'écarter par leur ressort. L'arc de la chappe sera garni intérieurement d'une aiguille c très - fine & très - aiguë, dont la pointe sera tournée vers le bas, la châsse étant suspendue, & dont la longueur sera telle qu'elle atteindra presque le sommet de la languette (V. les fig.) le fléau étant en équilibre: comme cette aiguille doit servir à l'annoncer, la partie de la chappe où elle est placée, sera écartée de deux ou trois lignes b, de plus que le reste; afin que l'artiste, étant vis - à - vis, puisse observer sa disposition. On peut donner à cette chappe tel ornement qu'on voudra, pourvû qu'on ne gêne point le mouvement du fléau. A chaque extrémité de celui - ci sera attaché un crochet sigmoïde, qui tiendra suspendu au moyen de trois petits cordons de soie presque aussi longs que le fléau, un plateau d'argent fort mince, très - peu concave, & d'un pouce & demi de diametre. Chaque plateau doit être garni d'un petit bassin d'argent d'un pouce de diametre. C'est dans ces bassins qui doivent être de même poids, que l'on met, avant que de les placer eux - mêmes dans les plateaux de la balance, les corps qu'on veut peser. On les prend avec une bruselle ou une petite cuilliere ou couloire, s'ils sont en poudre. L'usage de ces bassins est de donner la facilité d'ôter & de mettre dans les plateaux ce qu'on doit y peser, sans être obligé de les toucher, parce que comme ils sont fort minces, il pourroit arriver qu'on les bossueroit, ou qu'on les saliroit, & qu'on leur feroit perdre leur justesse en les essuyant.

Un porte - balance mobile de laiton ou dé cuivre, soûtient la balance en question. Il est composé d'un pié - d'estal (voy. les fig.), qui soûtient une colonne a d'environ vingt pouces de hauteur, à la partie supérieure de laquelle est attaché à angles droits un bras c d'un pouce & demi de long. A l'extrémité de ce bras est embrassée une poulie f de trois lignes de diametre; une autre c est pareillement logée dans le sommet de la colonne, & une troisieme dans la base d: ces trois poulies doivent tourner avec facilité autour de leur axe ou boulon. Un pouce & demi au - dessous du bras supérieur est attaché un second bras g long de deux pouces, dont l'extrémité est percée perpendiculairement sous la poulie f du bras supérieur, d'une mortaise h longue de deux lignes, & large d'un quart, pour recevoir une lame i d'un pouce & demi de long, de telle largeur & de telle épaisseur, qu'elle puisfe se mouvoir dans la mortaise sans vaciller. Cette lance sera munie d'un crochet à ses extrémités.

La balance d'essai étant si délicate que le moindre mouvement de l'air est capable de l'agiter, & d'y porter des saletés qui la rendroient fausse; on la renferme avec son support dans une lanterne garnie de verre de tous côtés, & par le haut, afin d'en voir l'intérieur. Elle doit être assez grande pour que la balance & son support puissent y être à l'aise, & sans que ses plateaux en touchent les côtés, lorsqu'on l'élevera ou qu'on l'abaissera. Il ne faut cependant rien de trop, parce qu'on auroit moins de commodités pour peser, pour mettre & retirer les poids des plateaux. Ces fenêtres, droite, gauche, & antérieure, doivent s'emboîter dans leurs feuillures, de façon qu'on puisse les ouvrir & fermer sans ébranler sensiblement la lanterne. Deux godets tournés de laiton, hauts d'un pouce, de même concavité que les plateaux, mais plus larges, seront attachés au moyen d'une vis qu'ils auront à leur partie inférieure, à droite & à gauche de la lanterne, précisément sous les plateaux de la balance, qu'ils doivent recevoir; ils sont destinés à les retenir, pendant que l'on y met ou qu'on en retire quelques corps: cette lanterne sera assise sur une espece de coffret, &c.

Mais un artiste versé dans la méchanique pratique, qui voudra fondre lui - même sa balance d'essai, la rendra beaucoup plus durable, & remplira plus aisément ses vûes, en s'y prenant de la maniere suivante. Il fera un fléau semblable au précédent, avec cette différence, que sa languette sera tournée par en bas. La partie des anneaux destinée à recevoir ses puissances, sera dans la même ligne droite que l'axe, qui aura une longueur double de l'ordinaire. (voy. les fig.) Il fera la chappe de deux lames d'acier larges d'un pouce, & longues de six, assemblées par leurs extrémités de façon à laisser entre elles un intervalle parallele de deux lignes aaaa; à la partie supérieure de cette châsse, il y aura une entaille b pour recevoir l'axe du fléau, & elle sera percée dans toute sa longueur, ensorte qu'on puisse voir le mouvement de la languette. Pour avoir une marque qui lui annonce l'équilibre du fléau, il attachera à l'une des lames de la châsse un menu brin de soie chargé d'un poids d'une drachme c; il assujettira la châsse en scellant dans chacune de ses extrémités un parallélipipede de laiton large de deux lignes d, épais d'une demie, & long d'un pouce. Ces deux parallélipipedes destinés à tenir la chappe suspendue, doivent être introduits dans deux mortaises en ligne perpendiculaire, l'une pratiquée à l'extrémité f du bras inférieur de la colonne, & l'autre dans le second bras, en descendant e du sommet de la même colonne: ensorte qu'avec ce méchanisme, elle peut être élevée ou abaissée librement sans être susceptible d'aucun autre mouvement. Il fixera l'axe dans sa place en entourant la châsse d'une bride g, pourvûe de deux échancrures vis - à - vis l'une de l'autre h, servant à le remettre en place quand on le baissera, au cas qu'il se fût tant soit peu dérangé quand on l'a eu élevé. Cette bride doit être assujettie au support à telle hauteur que l'axe soit un peu soûtenu par les coches qui le recevront, quand on baissera la balance.

Cette derniere balance est presque sujette aux mêmes inconvéniens que la premiere; d'où il est évident que les cordons de soie soûtenant les plateaux sont sujets à prendre une humidité qui doit [p. 987] rendre la balance fausse. Dans la balance du sieur Galonde, on ne voit ni ces cordons, ni deux bassins mobiles, ni un support inutile, ni deux godets nuisibles, comme je l'ai remarqué dans ma traduction. Et en effet il est étonnant que M. Cramer n'ait pas fait attention à ce défaut. Dans la balance nouvelle le sol sur lequel portent les bassins est garni d'une glace, & encore ce corps - là n'est - il pas trop propre à remplir les vûes qu'on se propose, car il se charge d'une humidité que j'ai vû causer une erreur d'un quarantieme de grain. Mais on a remédié à ce défaut en contournant le porte - bassin de façon qu'il ne peut porter que sur le petit talon qui est inférieur au cercle. Sans cette correction, on eût été fort embarrassé à trouver un corps qui en même tems qu'il auroit été aussi poli que le verre, n'autoit point ainsi que lui réflechi l'humidité, & ne se seroit point déjetté.

Passons maintenant aux fourneaux d'essais, nous en donnerons de quatre especes: le premier sera celui de M. Cramer: le second sera celui des fournalistes de Paris: le troisieme celui de Schlutter qui est sans grille, & le quatrieme le fourneau d'essai à l'angloise, qui n'a encore été décrit nulle part, pas même par les Anglois que je sache. Ces fourneaux ont des différences réelles; chaque espece a ses perfections & ses inconvéniens, qui peuvent la faire rechercher & abandonner.

Le principal fourneau d'un laboratoire docimastique, celui auquel on donne particulierement le nom de fourneau d'essai ou de coupelle, se construit de la maniere suivante. Voy. nos Planches de Chimie. Faites avec de la tole un prisme creux, quadrangulaire, large d'onze pouces, & haut de dix, aabb: ajoûtez à sa partie supérieure une pyramide tronquee de même matiere, également creuse & quadrangulaire bb cc, haute de sept pouces, & terminée par une ouverture de même diametre. Vous ferez ce sol, ou bas du fourneau aussi d'un morceau de tole quarré, & de grandeur capable d'en former la partie inférieure aa. Tout près de ce sol, pratiquez une ouverture e, haute de trois pouces, & large de cinq, pour le soupirail ou porte du cendrier. Au - dessus de cette porte, à six pouces du bas du fourneau, faitesen une autre f arquée par sa partie supérieure, ressemblant à un demi - cercle, large de quatre pouces à sa base, & haute de trois dans sa partie la plus élevée. Préparez trois bandes de tole dont chacune sera longue d'onze pouces. La premiere sera de la largeur d'un demi - pouce gg; vous l'attacherez par son bord inférieur au moyen de quelques clous à la base du fourneau, ayant eu soin auparavant de la plier de façon qu'elle forme entre elle & le fourneau une rainure capable de laisser un libre exercice aux portes en coulisses kk qu'elle doit recevoir, lesquelles sont destinées à fermer le soupirail, & doivent être faites d'une tole épaisse. Vous placerez la seconde hh dont la largeur doit être de trois pouces, parallélement à la premiere, dans l'espace qui est entre la porte du cendrier & la bouche du foyer. Ses bords inférieurs & supérieurs doivent laisser également une rainure entre eux & le fourneau. La premiere, c'est - à - dire l'inférieure, devant recevoir la partie supérieure des portes ou coulisses du soupirail, & la seconde ou superieure, la partie inférieure des portes & coulisses fermant la bouche du feu. Appliquez la troisieme bande, de même largeur que la premiere immédiatement au - dessus de la porte de la moufle, de façon que sa rainure soit tournée vers la partie inférieure du fourneau. Vous ferez ensuite les fermetures en coulisses dont nous venons de parler. Il y en aura deux pour fermer chaque porte. Elles seront de tole ainsi que le reste, de telle épaisseur, & construites de façon kkll qu'elles puissent glisser li<cb-> brement dans les rainures. Vous pratiquerez une ouverture à la partie supérieure de chacune des fermetures ll de la porte de la moufle. L'une sera longue d'un pouce & demi, & large d'un cinquieme m; & l'autre semi - circulaite, longue de 2 pouces n sur 1 de hauteur. Chaque coulisse sera munie d'une poignée, afin qu'on puisse la mouvoir avec facilité. Vers la partie inférieure de la porte de la moufle f, vous attacherez sur la bande hh un crampon x propre à recevoir un canal de tole forte b, & à l'appliquer vis - à - vis la même porte. Ce canal sera long de six pouces, large de quatre, & aura ses côtés hauts de trois. Il sera garni d'une dent y que l'on engrenera dans ce crampon a, quand il sera nécessaire de le placer devant la porte de la moufle. Vous ferez au fourneau cinq autres trous ronds d'un pouce de diametre, deux à la partie antérieure du fourneau oo, deux autres à la postérieure, à la distance de 5 pouces de sa base, & de 3 pouces & demi de chacun de ses côtés, & le dernier p, un pouce au - dessus du bord supérieur de la porte du foyer f. Le fourneau devant être garni de lut en - dedans; pour l'y faire tenir, vous placerez à 3 pouces les uns des autres de petits crochets de fer d'un demi pouce de long. Vous adapterez à l'ouverture supérieure du fourneau, un dome creux, quadrangulaire q, de la hauteur de 3 pouces, large de 7 par sa base, ainsi que la partie supérieure de la pyramide d qui doit le recevoir, & se terminant en un tayau ou cheminée r de 3 pouces de diametre, sur 2 de haut, un tant - soit - peu plus gros à son origine qu'à son extrémité. Ce commencement de tuyau est fait pour être reçu dans un autre également de tole, plus petit à sa partie supérieure qu'à sa base, de 2 piés de haut t, & destiné à rendre le feu de la derniere violence, étant adapté au précédent, qu'il doit embrasser très - exactement de la longueur d'un pouce & demi ou 2, ou à le diminuer par son absence. Ce dome q doit être garni de deux anses ss, afin de pouvoir l'ôter ou le remettre à volonté avec les tenailles. Vous aurez la précaution aussi pour rendre ce dome stable sur l'ouverture du fourneau, d'attacher à ses bords droits & gauches, une bande de tole que vous réfléchirez vers le fourneau, de façon qu'elle forme une rainure ouverte par le devant & par le derriere, capable de recevoir les bords latéraux du dome, de l'assujettir, & de permettre qu'on lui fasse faire un petit mouvement, en l'inclinant tantôt en arriere, & tantôt en avant; quand il sera question de le mettre ou de l'ôter, vous attacherez aux parois intérieurs du fourneau, à la haureur du bord supérieur du soupirail e, une bande de tole forte qui régnant tout autour, formera un quarré dont chaque côté sera large d'un pouce & demi. Ses fonctions seront de soûtenir la grille du cendrier & le garni du fourneau. Vous la ferez de deux pieces, afin d'avoir la commodité de l'introduire dans le fourneau, où elle sera soûtenue par des clous qui le perceront de toutes parts, à la hauteur dont nous avons parlé, & sailliront d'un pouce en - dedans. Reste maintenant à lui donner le garni que nous avons indiqué ci - dessus. Voyez Garni.

Le fourneau d'essai des Fournalistes de Paris est aussi représenté dans nos Pl. Il est tout en terre & à trois portes à son cendrier. Sa pyramide n'est pas aussi haute que celle du fourneau de Cramer; & il n'a point de dome, à moins qu'on ne donne ce nom à sa pyramide. Il est susceptible de recevoir un tuyau pour augmenter le jeu de l'air & la vivacité du feu. Il est un peu plus long d'arriere en avant, que large. Du reste, les proportions sont à - peu - près les mêmes dans l'un & dans l'autre, où nous remarquons ce même défaut. Il consiste en ce qu'il ne peut tenir sous la moufle qu'une couche de charbon de 2 pouces tout au plus, au lieu qu'il en faut 4 ou 5 pour

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