ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"822"> mauvais plaisant, dont l'exemple ne conclut rien, & il dit de ce fat, plus sot encore:

A sa vertu je n'ai plus grande foi Qu'à son esprit. Pourquoi cela? Pourquoi? Qu'est ce qu'esprit? Raison assaisonnée, . . . . . . . Qui dit esprit, dit sel de la raison: . . . . . . . De tous les deux se forme esprit parfait, De l'un sans l'autre un monstre contrefait. Or quel vrai bien d'un monstre peut - il naître? Sans la raison puis - je vertu connoître? Et sans le sel dont il faut l'apprêter, Puis - je vertu faire aux autres goûter?

Passons sur le style; quelle logique! La raison sans' sel fait un monstre, incapable de tout bien: pourquoi? parce qu'elle est fade nourriture, qu'elle n'assaisonne pas la vertu, & ne la fait pas goûter aux autres. D'où il conclut qu'un homme qui n'a que de la raison, & qu'il appelle un sot, ne sauroit être vertueux. Moliere, le plus philosophe de tous les poëtes, a fait un honnête homme d'Orgon, quoiqu'il n'en ait fait qu'un sot, & n'a pas fait un sot de Tartuffe, quoiqu'il n'en ait fait qu'un méchant homme.

Pope, dans les épîtres qui composent son essai sur l'homme, a fait voir combien la poésie pouvoit s'élever sur les aîles de la philosophie. C'est dommage que ce poëte n'ait pas ou autant de méthode que de profondeur. Mais il avoit pris un système, il falloit le soûtenir. Ce système lui offroit des difficultés épouvantables; il falloit ou les vaincre, ou les éviter: le dernier parti étoit le plus sûr & le plus commode; aussi, pour répondre aux plaintes de l'homme sur les malheurs de son état, lui donne - t - il le plus souvent des images pour des preuves, & des injures pour des raisons. Article de M. Marmontel.

Épitre dédicatoire (Page 5:822)

Épitre dédicatoire. Il faut croire que l'estime & l'amitié ontinventé l'épitre dédicatoire, mais la bassesse & l'intérêt en ont bien avili l'usage: les exemples de cet indigne abus sont trop honteux à la Littérature pour en rappeller aucun; mais nous croyons devoir donner aux auteurs un avis qui peut leur être utile, c'est que tous les petits détours de la flaterie sont connus. Les marques de bonté qu'on se flate d'avoir reçues, & que le Mécene ne se souvient pas d'avoir données; l'accueil favorable qu'il a fait sans s'en appercevoir; la reconnoissance dont on est si pénétré, & dont il devroit être si surpris; la part qu'on veut qu'il ait à un ouvrage dont la lecture l'a endormi; ses ayeux dont on lui fait l'histoire souvent chimérique; ses belles actions & ses sublimes vertus qu'on passe sous silence pour de bonnes raisons; sa générosité qu'on loue d'avance, &c. toutes ces formules sont usées, & l'orgueil qui est si peu délicat, en est lui - même dégoûté. Monseigneur, écrit M. de Voltaire à l'électeur Palatin, le style des dédicaces, les vertus du protecteur, & le mauvais livre du protégé, ont souvent ennuyé le public.

Il ne reste plus qu'une façon honnête de dédier un livre: c'est de fonder sur des faits la reconnoissance, l'estime, ou le respect qui doivent justifier aux yeux du public l'hommage qu'on rend au mérite. Cet article est de M. Marmontel.

Épître (Page 5:822)

Épître (Hist. eccles.) C'est une des parties de la Messe, & qui précede l'Évangile; ou plûtôt, c'est cette partie de la Messe chantée aujourd'hui par le soûdiacre, un peu avant l'Évangile, & qui est un texte de l'Écriture - sainte. Cette partie de l'Écrituresainte n'est jamais prise des quatre Evangiles, mais de quelque endroit de la Bible, & souvent des épîtres de S. Paul, ou de celle des autres apôtres, ce qui leur a fait donner le nom d'épître.

Pour connoître l'origine de l'épître & l'usage de l'Eglise à cet égard, il faut remarquer que les Juifs faisoient lire dans leurs synagogues quelques endroits de la Loi & des prophetes, particulierement dans les jours du sabbat. Les Chrétiens conserverent parmi eux cette coutûme; ils commençoient la célébration de l'Eucharistie par la lecture des faintes Ecritures, selon le témoignage de Tertullien dans son Apologétique; & comme les actes des apôtres & les épitrès de S. Paul contenoient de grands exemples & des instructions très - utiles, on lisoit ordinairement quelques endroits de l'un & de l'autre, mais le plus souvent des épîtres de S. Paul, ensorte que par une espece d'habitude, on a donné à cette lecture le titre d'épître.

Quelques auteurs ont observé, que lorsque l'on lit un endroit des épitres de S. Paul, on commence par ce mot, Fratres, parce que cet apôtre appelloit ainsi ceux à qui il écrivoit: & quand on lit quelques passages de l'ancien & du nouveau Testament, on dit toujours, in diebus illis.

Cette lecture introduisit l'ordre des lecteurs, dont la fonction a cependant cessé depuis quelques siecles dans l'église catholique, où la lecture a été attribuée aux soûdiacres. Fleury, Hist. ecclés. Dict. de Richelec & de Trév. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

ÉPITRITE (Page 5:822)

ÉPITRITE, s. m. (Belles - Lettres.) est un pié composé de quatre syllabes, trois longues & une breve. Voyez Pié.

Les Grammairiens comptent quatre sortes d'épitrites: le premier est composé d'un iambe & d'un spondée, comme ; le second d'un trochée & d'un spondée, comme ; le troisieme d'un spondée, & d'un iambe, comme ; & le quatrieme d'un spondée & d'un trochée, comme . (G)

Épitrite (Page 5:822)

Épitrite, (Musique.) étoit chez les Grecs le nom d'un rapport, appellé autrement raison sesquitierce, & qui est celui de 3 à 4, ou de la quarte. Voyez Quarte.

C'étoit aussi le nom d'un des rhytmes de leur musique, duquel les deux tems étoient entre eux dans ce même rapport. Voyez Rhytme. (S)

ÉPITROPE (Page 5:822)

ÉPITROPE, s. f. figure de Rhétorique, appellée par les Latins concessio, par laquelle l'orateur accorde quelque chose qu'il pourroit nier, afin que par cette marque d'impartialité, il puisse obtenir à son tour qu'on lui accorde ce qu'il demande.

Ainsi M. Despreaux a dit de Chapelain par épitrope:

Qu'on vante en lui la foi, l'honneur, la probité; Qu'on prise sa candeur & sa civilité: Qu'il soit doux, complaisant, officieux, sincere; On le veut, j'y souscris, & suis prêt de me taire. Mais que pour un modele on montre ses écrits, Qu'il soit le mieux renté de tous les beaux esprits; Comme roi des auteurs, qu'on l'éleve à l'empire, Ma bile alors s'échauffe & je brûle d'écrire. Sat. jx. v. 212. (G)

Épitrope (Page 5:822)

Épitrope, s. m. (Hist. mod.) sorte de juge, ou plutôt d'arbitre que les chrétiens grecs qui vivent sous la domination des Tures, choisissent dans plusieurs villes pour terminer les différends qui s'élevent entre eux, & pour éviter de porter ces différends devant les magistrats Turcs.

Il y a dans chaque ville divers épitropes: M. Spon remarque dans ses voyages qu'à Athenes il y en a huit, qui sont pris des différentes paroisses & appellés vecchiardi, c'est - à - dire vieillards. Mais Athenes n'est pas le seul endroit où il y ait des épitropes: il y en a dans toutes les îles de l'Archipel.

Quelques auteurs latins du cinquieme siecle appellent épitropi, ceux qu'on appelloit plus anciennement villici, & qu'on a dans la suite appellé vidames. Voyez Vidame. [p. 823]

Dans des tems encore plus reculés, les Grecs employoient le terme E)PITRO/W=OS2 dans le même sens que les Latins employoient celui de procurator: c'est - à - dire, que ce mot signifioit chez eux un commissionnaire ou intendant. Voyez Procurator.

Ainsi les commissionnaires des provisions dans les armées des Perses sont appellés epitropi par Hérodote & Xénophon: dans le nouveau Testament, E)PITRO/W=OS2 signifie le steward ou supérieur d'une maison, que la vulgate traduit par procurator. Voyez le Dict. de Trévoux & Chambers. (G)

ÉPLAIGNER (Page 5:823)

ÉPLAIGNER, voyez Lainer.

ÉPLOYÉ (Page 5:823)

ÉPLOYÉ, adj. en termes de Blason, se dit des oiseaux qui ont leurs aîles étendues, & particulierement de l'aigle de l'Empire, à cause de la tête & du cou, qui étant ouverts & séparés, représentent deux cous & deux têtes.

Ronchival en Beaujolois, d'or à l'aigle éployé de gueules, membré & béqué d'azur.

ÉPLUCHER (Page 5:823)

* ÉPLUCHER, v. act. dans plusieurs arts méchaniques, c'est nettoyer d'ordures avec une attention scrupuleuse. Il se dit en jardinage d'un plan qu'on dégage avec la serfoüette des herbes inutiles; il se dit dans les manufactures en laines, en soie, &c... d'une étoffe dont on enleve toutes les ordures; & cette opération s'appelle l'épluchage. Il y a l'épluchage des laines comme celui des draps; il se dit dans les verreries, de la terre qu'on employe à faire les pots, & de la séparation des ordures; ce sont des femmes qu'on employe à cet ouvrage, & qu'on appelle éplucheuses; ce qu'elles séparent de la terre s'appelle épluchage; on épluche les soies de chaîne & de trame; on épluche les ouvrages qui en sont faits, en ôtant toutes les bourres qui restent sur l'ouvrage, aux lisieres, &c. Les chapeliers épluchent les peaux de castor, & l'épluchage s'appelle le jarre. Voyez Chapelier. Eplucher, chez les Vanniers, c'est couper tous les bouts d'osier qui excedent l'aire d'une piece, quand elle est faite, &c.

ÉPLUCHOIR (Page 5:823)

ÉPLUCHOIR, s. m. (terme de Vannier.) C'est une lame d'acier assez forte, triangulaire, émoudée vers la pointe, & montée à virole sur un manche de bois; on s'en sert pour parer l'ouvrage, en coupant toutes les extrémités des osiers qui hérissent la surface. Il y a des épluchoirs de plusieurs grandeurs.

EPODE (Page 5:823)

EPODE, s. f. (Poésie anc.) espece de poésie des Grecs & des Latins. Mais développons l'ambiguité du mot épode, dont les diverses significations ont causé des débats entre les littérateurs.

1°. On appelloit épode chez les Grecs un assemblage de vers lytiques, ou la derniere stance qui, dans les odes, se chantoit immédiatement après deux autres stances nommées strophe & antistrophe. Ces trois sortes de stances se répétoient ordinairement plusieurs fois suivant ce même ordre, dans le cours d'une seule ode, & le nombre de ces répétitions remplissoit l'étendue de ce poëme. La strophe & l'antistrophe contenoient toûjours autant de vers l'une que l'autre, & pouvoient par conséquent se chanter sur le même air. L'épode, tantôt plus longue, tantôt plus courte, leur étoit rarement égale; elle devoit donc, pour l'ordinaire, se chanter sur un air différent: elle terminoit le chant de ce que les Grecs nommoient période, & de ce que nous pourrions appeller un couplet de trois stances, & elle en faisoit comme la clôture; c'est aussi de cette circonstance que lui venoit son nom, dérivé du verbe E)PW/FEIN, chanter par - dessus, chanter à la fin. Après avoir chanté le premier couplet de l'ode composé de ces trois stances, on chantoit le second, puis le troisieme, & ainsi des autres. Presque toutes les odes de Pindare sournissent des preuves de ce que l'on vieni d'avancer.

2°. On donnoit le nom d'épode à un petit poëme lyrique composé de plusieurs distiques, dont les premiers vers étoient autant d'iambes - trimetres, ou de six piés, & les derniers étoient plus courts, & seulement des ïambes - dimetres ou de quatre piés. De ce genre étoient les épodes d'Archiloque, c'est - à - dire ces pieces dans lesquelles ce poëte satyrique déchiroit impitoyablement Lycambe, Néobulé sa fille, & plusieurs de ses parens distingués par leur naissance ou par leurs emplois.

S'il en faut croire Victorinus le grammairien, c'étoit proprement le petit vers qui s'appelloit épode, parce qu'il terminoit le sens du distique, de même que l'épode des odes en finissoit le chant. Ce grammairien ajoûte que chaque vers trimetre ne doit point se faire entendre sans être suivi du petit vers dimetre, qui en fait comme la clôture & le complément.

3°. Le grammairien - poëte Terentianus attribue le nom d'épode à un demi - vers élégiaque, & Victorinus lui - même va jusqu'à prodiguer cette dénomination au petit vers adonien mis après trois vers saphiques, & de plus à un petit poëme composé de plusieurs vers adoniens rangés de suite.

4°. Enfin on a étendu la signification du mot épode, jusqu'à désigner par - là tout petit vérs mis à la suite d'un ou de plusieurs grands: en ce sens le pentametre est le vers épode après l'hexametre qui est le proodique.

Si l'on demandoit à présent ce que signifient ces mots, liber epodon, que porte le livre V. des odes d'Horace, je répondrois que ce livre a pris ce nom de l'inégalité des vers, rangés de maniere que chaque grand vers est suivi d'un petit, qui en est le complément ou la clausule. Quand donc le livre V. des odes d'Horace est intitulé liber épodon, livre des épodes, c'est - à - dire liber versuum épodon, livre de vers épodes, livre où chaque grand vers de l'ode est suivi d'un petit vers qui termine le sens; & cependant les huit dernieres odes de ce livre ne sont point du caractere épodique des dix premieres. Article de M. le chevalier de Jaucourt.

Epodes (Page 5:823)

Epodes, (Musique.) chant des anciens choeurs des Grecs, qu'ils exécutoient sans se mouvoir, pour représenter l'immobilité de la terre qu'ils croyoient fixe. Voyez Ballet, Choeurs, Danse . (B)

EPOINTÉ (Page 5:823)

EPOINTÉ, adj. (Manége, Maréchallerie.) cheval épointé. Cette épithete a la même signification que celle d'éhanché. Voyez Éhanché. (e)

EPOINTER (Page 5:823)

EPOINTER, v. act. (Relieur.) c'est racler avec un couteau ordinaire les bouts des ficelles avec lesquelles les livres sont cousus, afin de pouvoir les coller & les passer en carton.

EPOIS (Page 5:823)

EPOIS, s. m. pl. (Venerie.) cors qui sont au sommet de la tête du cerf: il y a des épois de coronure, de paulmure, de trochure & d'enfourchure.

EPONE (Page 5:823)

* EPONE, s. f. (Mythol.) déesse tutelaire des muletiers.

EPONGE (Page 5:823)

EPONGE, s. f. spongia, (Hist. nat.) substance legere, molle & très - poreuse, qui s'imbibe d'une grande quantité d'eau à proportion de son volume. On avoit mis l'éponge au rang des zoophites; on a crû aussi que c'étoit une plante, jusqu'à ce que M. Peyssonel, medecin de Marseille, ait découvert que l'éponge étoit formée par des insectes de mer, de même que beaucoup d'autres prétendues plantes marines. On distingue plusieurs especes d'éponges, qui different sur - tout par la forme; les unes sont plates, les autres rondes: il y en a qui ressemblent à un tuyau ou à un entonnoir: on en voit de branchues, que l'on appelle rameuses, &c. Les éponges fines different de celles que l'on nomme grosses éponges, en ce que leur tissu est plus serré, & que leurs pores sont plus étroits: les unes & les autres sont de couleur jaunâtre; les meilleures & les plus fines ont une

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