ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"824"> teinte de gris cendré. Voyez l'article Polypier.

Eponge (Page 5:824)

Eponge, (Pharmacie. Matiere médicale.) On fait en Pharmacie deux différentes préparations de l'éponge; l'une est connué sous le nom d'éponge brûlée, & l'autre sous celui d'éponge préparée.

Pour faire l'épongé brûlée, on prend des éponges fines qu'on lave bien; & desquelles on sépare des petites pierres qui s'y trouvent ordinarrement, on fait secher les éponges, on les met dans un pot de terre, on les calcine à feu ouvert pendant une heure, après quoi on les pulverise, & on les garde dans un bocal pout s'en servir au besoin.

L'éponge connue dans l'art sous le nom d'éponge préparée, se prépare de la maniere suivante: on choisit de gros morceaux d'éponge fine, on en sépare exactement toutes les petites pierres ou coquilles, & on les trempe dans de la cire jaune fondue; & sitôt qu'ils en sont bien imbibés, on les met un à un, ou séparés les uns des autres, dans une presse entre deux plaques d'étain que l'on a fait chauffer: on serre la presse au point d'exprimer le plus de cire qu'il est possible; par ce moyen un gros morceau d'éponge se réduit en un très - petit volume.

On attribuoit autrefois beaucoup de vertus à l'éponge brûlée: Duchêne, plus connu sous le nom de Quercetan, dit que les medecins de son tems s'en servoient avec beaucoup de succès pour guérir le bronchocele ou gouètre; ils la faisoient prendre dans du vin blanc pendant un mois lunaire.

On l'employe encore aujourd'hui quelquefois dans le même cas, mais apparemment sans succès. Voyez Charbon.

L'éponge préparée avec la cire fournit un secours commode pour empêcher la cicatrice de certaines plaies, dont on ménage l'ouverture à dessein de procurer par cette issue l'écoulement de certaines matieres. Voyez Tente.

On se sert d'une éponge entiere pour appliquer des fomentations. Voyez Fomentation.

L'analyse chymique de l'éponge confirme la découverte des Naturalistes módernes, qui rangent cette production marine dans la classe des substances animales. (b)

Eponge (Page 5:824)

Eponge de rofier sauvage, d'églantier. Voyez Eglantier.

Eponge (Page 5:824)

Eponge, (Manége, Maréchall.) nom par lequel nous désignons l'extrémité de chaque branche d'un fer de cheval. Voyez Fer, Ferrure, Forger

Eponge (Page 5:824)

Eponge, (Manége, Maréchall.) maladie, tumeur située à la tête ou à la pointe du coude, qui tire sa dénomination de la cause même qui la produit; nous l'appellons en effet éponge, parce qu'elle n'est occasionnée que par le contact violent & réitéré des éponges de fer qui appuient contre cette partie lorsque les chevaux se couchent en vaches, c'est - à - dire lorsqu'étant couchés ils plient les jambes, de maniere que leurs talons répondent au coude, & soûtiennent ainsi presque tout le poids de l'avant - main de l'animal.

Ce contact violent est suivi d'une compression qui non - seulement meurtrit la peau, mais qui fait perdre aux fibres & aux vaisseaux leur ressort naturel. Ce ressort naturel perdu, ils ne peuvent plus contribuer à la circulation qui se fait dans cette partie: les humeurs s'y accumulent donc, principalement la lymphe, dont le mouvement est plus lent, & qui d'ailleurs est renfermée dans des canaux dont le tissu est infiniment plus foible que celui des vaisseaux sanguins. Cette humeur arrêtée, & l'abord de celle qui y survient sans cesse, tout contribuera à dilater les petits tuyaux; la partie la plus subtile se dissipera, ou en s'échappant à l'obstacle pour se soûmettre aux lois de la circulation ou en passant & en se faisant jour à - travers les pores, tandis que la partie la plus grossiere de cette même humeur se durcira par son séjour. De - là les progrès de la tumeur, qui sera de la nature de celles que nous appellons loupes: elle augmentera plus ou moins en volume & en dureté, selon la disposition de la lymphe, selon le plus ou moins de force des vaisseaux, ou enfin selon la durée ou la force du contact ou de la compression; mais la lenteur de son accroissement préservera la partie sur laquelle elle a établi son siége, de la douleur, de l'inflammation & de tous les autres accidens qui accompagnent en général les tumeurs dont la formation est prompte & soudaine.

Quelquefois aussi la même cause produit des effets différens; car au lieu de donner lieu à une tumeur en forme de loupe, elle n'occasionne qu'une callosité, qui n'est autre chose qu'un desséchement des vaisseaux comprimés; desséchement qui n'arrive que conséquemment au contact, qui affaissant les vaisseaux, les oblitere & ferme tout passage aux liqueurs qui circulent.

La callosité se distingue de la loupe, en ce quele volume n'en est jamais aussi considérable, & en ce qu'elle ne s'étend point au - delà de l'endroit comprimé: du reste l'une & l'autre ne présentent rien de dangereux, & la callosité ne mérite même aucune attention.

Pour ce qui concerne la loupe, il sera bon de tenter de résoudre l'humeur avant qu'elle soit entierement concrete; on employera pour cet effet les emplâtres résolutifs: celui de vigo, en triplant la dose de mercure, m'a toûjours paru véritablement le plus efficace; mais si son impuissance ne nous laisse aucun espoir de procurer la résolution, il conviendra d'extirper la tumeur: cette opération, dont les suites ne sauroient être fâcheuses, peut se pratiquer de deux manieres.

Si la loupe est dans le corps même du tégument, on l'emportera avec la peau, car il seroit impossible de l'en dégager: si au contraire elle est au - dessous, & que le tégument soit mobile & vacillant au - dessus, on y fera une incision proportionnee au volume de la tumeur, c'est - à - dire que cette incision sera simplement longitudinale ou cruciale, selon ce volume. On disséquera ensuite les lambeaux des tégumens; après quoi on soûlevera la loupe avec une errigne, & on la disséquera elle - même dans toute sa circonférence, à l'effet de l'emporter entierement: l'extirpation en étant faite, on réunira les lambeaux, on les assujettira, s'il est nécessaire, par des points de suture, & on pansera le tout comme une plaie simple. Ce procédé demande plus de pratique & d'adresse que le premier; mais on a l'avantage de terminer la cure beaucoup plûtôt: la plaie circulaire faite conséquemment à l'autre moyen est toûjours. avec déperdition de substance, & demande pour se cicatriser un espace de tems assez considérable. Au reste on ne doit pas oublier que la premiere attention dans le traitement de cette maladie, est de garantir l'animal du contact qui l'a occasionné; & pour cet effet on peut matelasser l'éponge du fer, en y attachant un petit coussinet rembouré, de façon que la partie contuse porte sur ce coussinet lorsque l'animal se couche.

Il est sans doute inutile de parler de l'éponge dont se servent les palefreniers pour laver les crins & les extrémités de l'animal, puisqu'elle ne differe point des éponges communes. Voyez Panser. (e)

Eponges (Page 5:824)

Eponges. (terme de Plombier.) Ce sont les deux bordures qui environnent dans sa longueur la table ou moule sur laquelle les Plombiers versent leur plomb. Voyez la figure l. Pl. du Plombier.

Le rable qui sert à pousser le métal fondu jusqu'au bout du moule, & à donner une juste épaisseur à la table de plomb, est appuyé par les deux bouts sur [p. 825] ces éponges, où il est comme enchâssé par deux ràinures qui l'assujettissent & l'empêchent de se détourner quand le plombier le pousse jusqu'au bout de la table ou moule. Voyez Plombier, & les fig. l. & 10. Pl. I. du Plombier.

Eponges (Page 5:825)

Eponges, pl. (Vener.) c'est ce qui forme le talon des bêtes.

EPONGER (Page 5:825)

EPONGER, v. act. en terme de Pain - d'épicier, c'est passer une éponge imbibée d'une composition de jaunes d'oeufs battus ensemble, pour donner de la couleur au pain - d'épice.

EPONIME (Page 5:825)

* EPONIME, f. m. (Hist. anc.) c'étoit le chef des Archontes. Voyez Archontes.

EPONTILLER (Page 5:825)

EPONTILLER, v. act. c'est, parmi les Tondeurs, ôter avec des pinces la bourre ou la paille qui se sont introduites dans le drap en l'ourdissant. Voy. Laine.

EPONTILLES, SPONTILLES (Page 5:825)

EPONTILLES, SPONTILLES, s. m. pl. (Mar.) ce sont des étais ou pieces de bois posées perpendiculairement de deux en deux bancs pour fortifier les ponts & les gaillards. Celles qui sont voisines du grand & du petit cabestan sont à charniere, pour qu'on puisse les ôter quand il faut virer, mais aussitôt après on les remet à leur place: on met une forte épontille sous le mât d'artimon, & dans tous les endroits où les ponts sont chargés d'un grand poids. Voyez Pl. IV. de Marine fig. 1, les épontilles ou étances des gaillards, n° 135, & celles d'entre deux ponts, n° 110. (Z)

EPOPÉE (Page 5:825)

EPOPÉE, s. f. (Belles - Lettres.) c'est l'imitation, en récit, d'une action intéressante & mémorable. Ainsi l'epopée differe de l'histoire, qui raconte sans imiter, du poëme dramatique, qui peint en action; du poëme didactique, qui est un tissu de préceptes; des fastes en vers, de l'apologue; du poëme pastoral, en un mot de tout ce qui manque d'unité, d'intérêt, ou de noblesse.

Nous ne traitons point ici de l'origine & des progrès de ce genre de poésie: la partie historique en a été développée par l'auteur de la Henriade, dans un essai qui n'est susceptible ni d'extrait, ni de critique. Nous ne reveillerons point la fameuse di pure sur Homere: les ouvrages que cette dispute a produits sont dans les mains de tout le monde. Ceux qui admirent une érudition pédantesque, peuvent lire les préfaces & les remarques de madame Dacier, & son essai sur les causes de la décadence du goût. Ceux qui se laissent persuader par un brillant enthousiasme & par une ingénieuse déclamation, goûteront la préface poétique de l'Homere anglois de Pope. Ceux qui veulent peser le génie lui - même dans la balance de la Philosophie & de la Nature, consulteront les réflexions sur la critique par la Motte, & la dissertation sur l'Iliade par l'abbé Terrasson.

Pour nous, sans disputer à Homere le titre de génie par excellence, de pere de la Poésie & des dieux; sans examiner s'il ne doit ses idées qu'à lui - même, ou s'il a pû les puiser dans les poëtes nombreux qui l'ont précédé, comme Virgile a pris de Pisandre & d'Apollonius l'aventure de Sinon, le sac de Troye, & les amours de Didon & d'Enée; enfin sans nous attacher à des personnalités inutiles, même à l'égard des vivans, & à plus forte raison à l'égard des morts, nous attribuerons, si l'on veut, tous les défauts d'Homere à son siecle, & toutes ses beautés à lui seul: mais après cette distinction nous croyons pouvoir partir de ce principe; qu'il n'est pas plus raisonnable de donner pour modele en Poésie le plus ancien poëme connu, qu'il le seroit de donner pour modele en Horlogerie la premiere machine à roüage & à ressort, quelque mérite qu'on doive attribuer aux inventeurs de l'un & de l'autre. D'après ce principe, nous nous proposons de rechercher dans la nature même de l'épopée, ce que les regles qu'on lui a prescrites ont d'es<cb-> sentiel ou d'arbitraire. Les unes regardent le choix du sujet, les autres la composition.

Du choix du sujet. Le P. le Bossu veut que le sujet du poëme épique soit une vérité morale, présentée sous le voile de l'allégorie; ensorte qu'on n'invente la fable qu'après avoir choisi la moralité, & qu'on ne choisisse les personnages qu'apres avoir inventé la fable: cette idée creuse, présentée comme une regle générale, ne mérite pas même d'être combattue.

L'abbé Terrasson veut que sans avoir égard à la moralité, on prenne pour sujet de l'épopéet l'exécution d'un grand dessein, & en conséquence il condamne le sujet de l'Iliade, qu'il appeile une inaction. Mais la colere d'Achille ne produit - elle pas son effet, & l'effet le plus terrible, par l'inaction même de ce héros? Ce n'est pas la premiere fois qu'on a confondu, en Poésie, l'action avec le mouvement. Voy. Tragédie.

Il n'y a point de regle exclusive sur le choix du sujet. Un voyage, une conquête, une guerre civile, un devoir, un projet, une passion, rien de tout cela ne se ressemble, & tous ces sujets ont produit de beaux poëmes: pourquoi? parce qu'ils réunissent les deux grands points qu'exige Horace; l'importance & l'intérêt, l'agrément & l'utilité.

L'action d'un poëme est une, lorsque du commencement à la fin, de l'entreprise à l'évenement, c'est toûjours la même cause qui tend au même effet. La colere d'Achille fatale aux Grecs, Itaque délivrée par le retour d'Ulysse, l'établissement des Troyens dans l'Ausonie, la liberté romaine défendue par Pompée & succombant avec lui, toutes ces actions ont le caractere d'unité qui convient à l'épopée; & si les Poëtes l'ont alteré dans la composition, c'est le vice de l'art, non du sujet.

Ces exemples ont fait regarder l'unité d'action comme une regle invariable; cependant on a pris quelquefois pour sujet d'un poëme épique tout le couts de la vie d'un homme, comme dans l'Achilléïde, l'Heracléïde, la Théséïde, &c.

M. de la Motte prétend même que l'unité de personnage suffit à l'épopée, par la raison, dit - il, qu'elle suffit à l'intérêt: mais c'est - là ce qui reste à examiner. Voyez Intérêt.

Quoi qu'il en soit, l'unité de l'action n'en détermine ni la durée ni l'étendue. Ceux qui ont voulu lui prescrire un tems, n'ont pas fait attention qu'on peut franchir des années en un seul vers, & que les évenemens de quelques jours peuvent remplir un long poëme. Quant au nombre des incidens, on peut les multiplier sans crainte; ils formeront un tout régulier, pourvû qu'ils naissent les uns des autres, & qu'ils s'enchaînent mutuellement. Ainsi quoiqu'Homere pour éviter la confusion, n'ait pris pour sujet de l'Iliade que l'incident de la colere d'Achille, l'enlevement d'Helene vengé par la ruine de Troye n'en seroit pas moins une action unique, & telle que l'admet l'épopée dans sa plus grande simplicité.

Une action vaste a l'avantage de la fécondité, d'où résulte celui du choix: elle laisse à l'homme de goût & de génie la liberté de reculer dans l'enfoncement du tableau ce qui n'a rien d'intéressant, & de présenter sur les premiers plans les objets capables d'émouvoir l'ame. Si Homere avoit embrassé dans l'Iliade l'enlevement d'Helene vengé par la ruine de Troye, il n'auroit eu ni le loisir ni la pensée de décrire des tapis, des casques, des boucliers, &c. Achille dans la cour de Déidamie, Philoctete à Lemnos, & tant d'autres incidens pleins de noblesse & d'intérêts, parties essentielles de son action, l'auroient suffisamment remplie; peut - être même n'auroit - il pas trouvé place pour ses dieux, & il y auroit perdu peu de chose.

Le poëme épique n'est pas borné comme la tragé<pb->

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