ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"812"> la regarder comme matiere; l'usage de l'église latine & greque la confirme dans cette possession, & toutes les diverses autres cérémonies, dont nous venons de parler, n'ont pour elles ni la même antiquité dans l'origine, ni la même uniformité dans la pratique.

Ce partage de sentimens, sur ce qui constitue la matiere essentielle de l'épiscopat, en a entraîné nécessairement un pareil, sur ce qui doit en faire la forme: les uns l'ont fait consister dans ces paroles, recevez le S. Esprit; d'autres dans celles qui accompagnent la tradition de l'évangile, de l'anneau & de la crosse; d'autres dans celles que profere l'évêque consécrateur, en faisant l'onction sur la tête & sur les mains de l'évêque élû. Mais comme il est de principe parmi les Théologiens, que la forme doit toûjours être jointe avec la matiere; dès qu'il est évident, comme nous l'avons insinué, qu'aucune de ces cérémonies extérieures n'est matiere de l'épiscopat, il s'ensuit nécessairement qu'aucune des prieres qui les accompagnent n'en est la forme, & par conséquent qu'elle se réduit aux prieres, qui attirent sur celui qui est élû la grace du S. Esprit, & qui accompagnent l'imposition des mains.

On forme encore sur l'épiscopat une question importante, savoir si une personne qui n'est pas prêtre peut être ordonnée évêque, & si son ordination & sa consécration en cette derniere qualité est valide. Tous les Théologiens conviennent que l'ordination dont il s'agit est illicite, parce que les regles de l'Eglise demandent qu'on monte par degrés à l'épiscopat, & qu'on reçoive les ordres inférieurs: mais ils se partagent sur la validité de l'ordination épiscopale qui n'est pas précédéc de l'ordination sacerdotale. Bingham, dans ses origines ecclésiastiques, liv. XI. chap. x. §. 5. prétend que plusieurs diacres ont été ordonnés évêques sans avoir passé par l'ordre de prêtrise: Cecilien, selon Optat, n'étoit qu'archidiacre, c'est - à - dire premier diacre de l'église de Carthage, loisqu'il en fut fait évêque. Théodoret & S. Ephiphane assûrent la même chose de S Athanase, lorsqu'il fut élevé sur le siége d'Alexandrie: Libérat, Socrate & Théodoret disent aussi que les papes Agapet, Vigile & Félix n'étoient que diacres lorsqu'ils furent élûs papes. Mais outre que ces auteurs marquent simplement le degré où étoient les sujets dont ils parlent lorsqu'ils avoient été élûs, & qu'ils ne marquent point qu'entre leur élection & leur consécration ils n'ont pas été ordonnés prêtres, il paroît que la coûtume de l'Eglise étoit de n'ordonner aucun évêque qui n'eût passé préalablement par l'ordre de prêtrise; c'est la disposition du concile de Sardique, can. X. Si quis ex foro, sive dives, sive scholasticus, episcopus fieri dignus habeatur, non priùs constituatur quàm lectoris, & diaconi, & presbyteri ministerium peregerit. Il veut même qu'entre chaque ordre on garde des interstices assez longs pour s'assûrer de la foi & des moeurs du sujet: & nous voyons que si dans les occasions extraordinaires, comme dans la promotion de S. Ambroise à l'épiscopat, on dispensoit de ces interstices, on ne dispensoit pas pour cela de la réception des ordres, ni par conséquent de la prêtrise; d'où il est aisé de conclure qu'on n'en exempta ni Cécilien, ni S. Athanase, ni Agapet, ni les autres, & que l'expression cum diaconus esset, episcopus ordinatus est, doit se réduire à celle - ci, cùm diaconus esset, episcopus electus est; ce qui n'exclut point la promotion à la prêtrise.

D'ailleurs il est difficile de concevoir comment ces ordinations n'auroient pas été nulles; car c'est aux évêques à ordonner des prêtres, c'est - à - dire à communiquer à certains fideles le pouvoir de célébrer les saints mysteres & d'absoudre les pécheurs, pouvoir que les évêques ne peuvent communiquer, si eux - mêmes ne l'ont reçû: or l'ordination épiscopale seule ne confere pas ce double pouvoir; les évêques n'en pourroient donc être la source ni le principe, s'ils n'avoient été préalablement ordonnés prêtres. Mais quoique cette derniere opinion paroisse la mieux fondée, l'autre néanmoins ne peut être accusée d'erreur, l'Eglise n'ayant rien décidé sur ce point. Voyez Evêque. (G)

EPISCOPAUX (Page 5:812)

EPISCOPAUX, (Hist. mod. d'Angl.) c'est le nom qu'on donna en Angleterre sous Jacques I. à ceux qui adhéroient aux rits de l'église anglicane, par opposition aux Calvinistes, qu'on appella Presbytériens. Voyez Presbytériens.

Dans la suite, sous Charles I. ceux qui suivoient le parti du roi furent nommés Episcopaux rigides, & les parlementaires, Presbytériens rigides.

Quand Charles II. fut monté sur le throne, les différentes branches des deux partis commencerent à se mieux distinguer; & comme ils se rapprocherent, ils formerent les deux branches de Wighs & de Torys mitigés par rapport à la religion, de même que par rapport au gouvernement.

Il faut se mettre au fait du sens qu'ont eu tous ces divers mots, suivant les tems & les conjonctures, pour - bien entendre l'histoire d'une nation libre, & par conséquent toûjours agitée, où les deux partis qui dominent dans l'état, échauffés par les disputes, animés de plusieurs passions, se distinguent par des sobriquets, par des noms particuliers plus ou moins odieux; ces noms changent souvent, augmentent de force ou s'adoucissent, selon que le peuple, inquiet sur sa situation, grossit l'objet de ses craintes, ou revenant des impressions violentes qu'on lui a données, appaise ses frayeurs, rentre dans le calme, & se sert alors dans chaque parti de termes plus modérés que ceux qu'il employoit auparavant. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

De tous les sectaires les Episcopaux sont ceux qui sont le moins éloignés de l'église romaine, pour ce qui concerne la discipline ecclésiastique; ils ont des évêques, des prêtres, des chanoines, des curés & autres ministres inférieurs, & un office qu'ils appellent liturgie. Il est vrai que les Catholiques ne conviennent pas que l'ordination des ministres de cette société soit légitime & valide: on a agité cette question avec beaucoup de chaleur depuis 25 ans; le P. le Courayer, ci - devant chanoine régulier & bibliothéquaire de sainte Génevieve, aujourd'hui réfugié en Angleterre & docteur d'Oxford, ayant écrit en faveur des Anglicans, sa dissertation a été réfutée par le P. Hardouin, jésuite, & par le P. le Quien, jacobin réformé, sans parler de deux ou trois autres théologiens qui sont encore entrés en lice, & auxquels le P. le Courayer a repliqué. Voyez Ordination.

Les Episcopaux, outre ces titres, ont retenu une grande partie du droit canon & des décretales des papes pour la discipline & la police ecclésiastique. Leur liturgie, qu'ils nomment autrement le livre des communes prieres, contient non - seulement leur office public, qui est presque le même que celui de l'église latine, mais encore la maniere dont ils administrent les sacremens. Ils ont l'office des matines qu'ils commencent par Domine labia nostra aperies; ensuite on chante le pseaume Venite, puis les pseaumes & les leçons de chaque jour: ils disent aussi le cantique Te Deum, & quelques pseaumes de ceux que nous lisons dans l'office de laudes. Ils commencent aussi leurs vêpres par les versets Domine labia nostra aperies, & Deus in adjutorium, &c. puis ils récitent les pseaumes propres au jour, & ils ont à cet effet un calendrier où sont marquées les féries & les fêtes fixes ou mobiles, ayant pour chacune des offices propres. Ils célebrent aussi les dimanches, & distinguent [p. 813] ceux de l'avent, d'après l'épiphanie, d'après la pentecôte, ceux de la septuagéssme, sexagésime, quinquagésime, trinité, &c. ils ont pour chacun de ces jours des collectes ou offices du matin, pour tenir lieu de la messe, qu'ils ont abolie, & dont ils ont proscrit jusqu'au nom. On y recite l'épître, l'évangile, quelques oraisons, le gloria in excelsis, le symbole, des préfaces propres à chaque solennité; mais ils ont réformé le canon de la messe, & font leur office en langue vulgaire pour être entendus du peuple. La maniere dont ils administrent les sacremens est aussi marquée dans ce livre, & est peu différente de la nôtre: le ministre qui baptise, après avoir prononcé les paroles sacramentelles, je te baptise au nom du pere, &c. fait un signe de croix sur le front de l'enfant. L'évêque donne aussi la confirmation en imposant les mains sur la tête des enfans, & récitant quelques oraisons ausquelles il ajoûte sa bénédiction. Enfin on trouve dans cette liturgie la maniere d'ordonner les prêtres, les diacres, &c. la forme de bénir le mariage, de donner le viatique aux malades, & plusieurs autres cérémonies fort semblables à celles qu'on pratique dans l'église romaine: par exemple, ils reçoivent la communion à genoux; mais ils ont déclaré qu'ils n'adoroient point l'Eucharistie, dans laquelle ils ne pensent pas que Jesus - Christ soit réellement présent: sur ce point, & sur presque tout ce qui concerne le dogme, ils conviennent avec les Calvinistes. Cette liturgie fut autorisée sous Edouard VI. la cinquieme ou sixieme année de son regne, par un acte du parlement, & confirmée de même sous Elisabeth. Les évêques, prêtres, diacres & autres ministres épiscopaux peuvent se marier, & la plûpart le sont. Leur église est dominante en Angleterre & en Irlande; mais en Ecosse, où les Presbytériens & les Puritains sont les plus forts, on les regarde comme non conformistes: ceux - ci, à leur tour, ont le même nom en Angleterre; on les y laisse joüir des mêmes priviléges que les Anglicans, & cela sans restriction: ils ne sont pas même assujettis au serment du test; & lorsqu'on les met dans des emplois de confiance, on leur fait seulement prêter serment au gouvernement. Quant aux ministres épiscopaux, ils sont sujets à plusieurs lois pénales, sur - tout s'ils resusent de prêter les sermens du test & de suprématie. Voyez Test & Suprématie. (G)

EPISYNTHÉTIQUE (Page 5:813)

EPISYNTHÉTIQUE, adj. (Medecine.) est le nom d'une secte de medecins; il est tiré d'un verbe grec qui signifié entasser ou assembler, E)PISUNE/TIKH A)IRESIS2, secta supercompositiva.

Ceux qui formoient cette secte, tels que Léonides & ceux de son parti, prétendoient vraissemblablement joindre les maximes des Méthodiques avec celles des Empyriques & des Dogmatiques, & rassembler ou concilier ces diverses sectes les unes avec les autres.

C'est tout ce qu'on peut dire, n'ayant pas d'autres lumieres sur ce sujet: on ne sait pas même quand Léonides, qui est le medecin le plus connu de la secte épisynthétique, a vêcu, quoiqu'il soit probable que Soranus, le plus habile de tous les Méthodiques, l'a précédé de quelque tems. Voyez l'histoire de la Medecine de le Clerc, dont cet article est extrait. (d)

EPISODE (Page 5:813)

EPISODE, s. m. (Belles - Lettres.) se prend pour un incident, une histoire ou une action détachée, qu'un poëte ou un historien insere dans son ouvrage & lie à son action principale pour y jetter une plus grande diversité d'évenemens, quoiqu'à la rigueur on appelle épisode tous les incidens particuliers dont est composée une action ou une narration.

Dans la poésie dramatique des anciens on appelloit épisode la seconde partie de la tragédie. L'abbé d'Aubignac & le P. le Bossu ont traité l'un & l'autre de l'origine & de l'usage des épisodes. La tragédie à sa naissance n'étant qu'un choeur, on imagina depuis, pour varier ce spectacle, de diviser les chants du choeur en plusieurs parties, & d'en occuper les intervalles par un récitatif qu'on confia d'abord à un seul acteur, ensuite à deux, & enfin à plusieurs, & qui étant comme étranger ou surajoûté au choeur, en prit le nom d'épisode.

De - là l'ancienne tragédie se trouva composée de quatre parties, savoir le prologue, l'épisode, l'exode, & le choeur: le prologue étoit tout ce qui précédoit l'entrée du choeur (voyez Prologue): l'épisode tout ce qui étoit interposé entre les airs que le choeur chantoit: l'exode tout ce qu'on récitoit après que le choeur avoit fini de chanter pour la derniere fois; & le choeur, tous les chants qu'exécutoit la partie des acteurs, qu'on nommoit proprement le choeur. Voyez Choeur & Exode.

Ce récit des acteurs étant distribué en différens endroits, on peut le considérer comme un seul épisode composé de plusieurs parties, à moins qu'on n'aime mieux donner à chacune de ces parties le nom d'épisode: en effet c'étoit quelquefois un même sujet divisé en différens récits, & quelquefois chaque récit contenoit son sujet particulier indépendant des autres. A ne considérer que la premiere institution de ces pieces surajoûtées, il ne paroît nullement nécessaire qu'on y ait observé l'unité du sujet, au contraire, trois ou quatre récits d'actions différentes, sans liaison entr'elles, paroissent avoir été également propres à soulager les acteurs, à divertir le peuple, & conformes à la grossiereté de l'art, qui n'étant encore qu'au berceau, auroit mal soûtenu la continuité d'une action, pour peu qu'il eût voulu lui donner d'étendue: difficulté qui a fait tolérér jusqu'ici les épisodes dans le poëme épique. Voyez Epopée.

Ce qui n'avoit été qu'un ornement dans la tragédie, en étant devenu la partie principale, on regarda la totalité des épisodes comme ne devant former qu'un seul corps, dont les parties fussent dépendantes les unes des autres. Les meilleurs poëtes conçurent leurs épisodes de la sorte, & les tirerent d'une même action; pratique si généralement établie du tems d'Aristote, qu'il en a fait une regle, en sorte qu'on nommoit simplement tragédies, les pieces où l'unité de ces épisodes étoit observée, & tragédies épisodiques, celles où ellé étoit négligée. Les épisodes étoient donc dans les drames des anciens, ce que nous appellons aujourd'hui actes dans une tragédie ou comédie. Voyez Episodique.

Episode (Page 5:813)

Episode, dans le même sens, est un incident, une partie de l'action principale. Toute la différence qu'Aristote met entre l'épisode tragique & l'épisode épique, c'est que celui - ci est plus susceptible d'étendue que le premier. Voyez Epique.

Ce philosophe employe le mot d'épisode en trois sens différens. Le premier est pris du dénombrement des parties de la tragédie, tel que nous l'avons rapporté ci - dessus; d'où il s'ensuit que dans la tragédie ancienne l'épisode étoit tout ce qui ne composoit ni le prologue, ni l'exode, ni le choeur; & comme ces trois dernieres parties n'entrent point dans la tragédie moderne, le terme d'épisode signifieroit en ce sens la tragédie toute entiere. De même l'épisode épique seroit le poëme tout entier, en en retranchant la proposition & l'invocation; mais si les parties & les incidens dont le poëte compose son ouvrage sont mal liés les uns avec les autres, le poëme sera épisodique & défectueux: c'est - à - dire, pour éclaircir la pensée de l'auteur grec, que le terme épisode est équivalent à poëme ou à unité d'action. Mais ce n'est pas là proprement le sens que les modernes lui donnent.

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