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Ce partage de sentimens, sur ce qui constitue la matiere essentielle de l'épiscopat, en a entraîné nécessairement un pareil, sur ce qui doit en faire la forme: les uns l'ont fait consister dans ces paroles, recevez le S. Esprit; d'autres dans celles qui accompagnent la tradition de l'évangile, de l'anneau & de la crosse; d'autres dans celles que profere l'évêque consécrateur, en faisant l'onction sur la tête & sur les mains de l'évêque élû. Mais comme il est de principe parmi les Théologiens, que la forme doit toûjours être jointe avec la matiere; dès qu'il est évident, comme nous l'avons insinué, qu'aucune de ces cérémonies extérieures n'est matiere de l'épiscopat, il s'ensuit nécessairement qu'aucune des prieres qui les accompagnent n'en est la forme, & par conséquent qu'elle se réduit aux prieres, qui attirent sur celui qui est élû la grace du S. Esprit, & qui accompagnent l'imposition des mains.
On forme encore sur l'épiscopat une question importante, savoir si une personne qui n'est pas prêtre peut être ordonnée évêque, & si son ordination & sa consécration en cette derniere qualité est valide. Tous les Théologiens conviennent que l'ordination dont il s'agit est illicite, parce que les regles de l'Eglise demandent qu'on monte par degrés à l'épiscopat, & qu'on reçoive les ordres inférieurs: mais ils se partagent sur la validité de l'ordination épiscopale qui n'est pas précédéc de l'ordination sacerdotale. Bingham, dans ses origines ecclésiastiques, liv. XI. chap. x. §. 5. prétend que plusieurs diacres ont été ordonnés évêques sans avoir passé par l'ordre de prêtrise: Cecilien, selon Optat, n'étoit qu'archidiacre, c'est - à - dire premier diacre de l'église de Carthage, loisqu'il en fut fait évêque. Théodoret & S. Ephiphane assûrent la même chose de S Athanase, lorsqu'il fut élevé sur le siége d'Alexandrie: Libérat, Socrate & Théodoret disent aussi que les papes Agapet, Vigile & Félix n'étoient que diacres lorsqu'ils furent élûs papes. Mais outre que ces auteurs marquent simplement le degré où étoient les sujets dont ils parlent lorsqu'ils avoient été élûs, & qu'ils ne marquent point qu'entre leur élection & leur consécration ils n'ont pas été ordonnés prêtres, il paroît que la coûtume de l'Eglise étoit de n'ordonner aucun évêque qui n'eût passé préalablement par l'ordre de prêtrise; c'est la disposition du concile de Sardique, can. X. Si quis ex foro, sive dives, sive scholasticus, episcopus fieri dignus habeatur, non priùs constituatur quàm lectoris, & diaconi, & presbyteri ministerium peregerit. Il veut même qu'entre chaque ordre on garde des interstices assez longs pour s'assûrer de la foi & des moeurs du sujet: & nous voyons que si dans les occasions extraordinaires, comme dans la promotion de S. Ambroise à l'épiscopat, on dispensoit de ces interstices, on ne dispensoit pas pour cela de la réception des ordres, ni par conséquent de la prêtrise; d'où il est aisé de conclure qu'on n'en exempta ni Cécilien, ni S. Athanase, ni Agapet, ni les autres, & que l'expression cum diaconus esset, episcopus ordinatus est, doit se réduire à celle - ci, cùm diaconus esset, episcopus electus est; ce qui n'exclut point la promotion à la prêtrise.
D'ailleurs il est difficile de concevoir comment ces ordinations n'auroient pas été nulles; car c'est aux évêques à ordonner des prêtres, c'est - à - dire à communiquer à certains fideles le pouvoir de célébrer les saints mysteres & d'absoudre les pécheurs, pouvoir que les évêques ne peuvent communiquer,
EPISCOPAUX (Page 5:812)
EPISCOPAUX, (Hist. mod. d'Angl.) c'est le nom
qu'on donna en Angleterre sous Jacques I. à ceux
qui adhéroient aux rits de l'église anglicane, par opposition
aux Calvinistes, qu'on appella Presbytériens. Voyez
Dans la suite, sous Charles I. ceux qui suivoient le parti du roi furent nommés Episcopaux rigides, & les parlementaires, Presbytériens rigides.
Quand Charles II. fut monté sur le throne, les différentes branches des deux partis commencerent à se mieux distinguer; & comme ils se rapprocherent, ils formerent les deux branches de Wighs & de Torys mitigés par rapport à la religion, de même que par rapport au gouvernement.
Il faut se mettre au fait du sens qu'ont eu tous ces
divers mots, suivant les tems & les conjonctures,
pour - bien entendre l'histoire d'une nation libre, &
par conséquent toûjours agitée, où les deux partis
qui dominent dans l'état, échauffés par les disputes,
animés de plusieurs passions, se distinguent par des
sobriquets, par des noms particuliers plus ou moins
odieux; ces noms changent souvent, augmentent
de force ou s'adoucissent, selon que le peuple, inquiet
sur sa situation, grossit l'objet de ses craintes,
ou revenant des impressions violentes qu'on lui a
données, appaise ses frayeurs, rentre dans le calme,
& se sert alors dans chaque parti de termes
plus modérés que ceux qu'il employoit auparavant.
Article de M. le Chevalier
De tous les sectaires les Episcopaux sont ceux qui
sont le moins éloignés de l'église romaine, pour ce
qui concerne la discipline ecclésiastique; ils ont des
évêques, des prêtres, des chanoines, des curés &
autres ministres inférieurs, & un office qu'ils appellent
liturgie. Il est vrai que les Catholiques ne conviennent
pas que l'ordination des ministres de cette
société soit légitime & valide: on a agité cette question
avec beaucoup de chaleur depuis 25 ans; le
P. le Courayer, ci - devant chanoine régulier & bibliothéquaire
de sainte Génevieve, aujourd'hui réfugié
en Angleterre & docteur d'Oxford, ayant écrit
en faveur des Anglicans, sa dissertation a été réfutée
par le P. Hardouin, jésuite, & par le P. le Quien,
jacobin réformé, sans parler de deux ou trois autres
théologiens qui sont encore entrés en lice, & auxquels
le P. le Courayer a repliqué. Voyez
Les Episcopaux, outre ces titres, ont retenu une grande partie du droit canon & des décretales des papes pour la discipline & la police ecclésiastique. Leur liturgie, qu'ils nomment autrement le livre des communes prieres, contient non - seulement leur office public, qui est presque le même que celui de l'église latine, mais encore la maniere dont ils administrent les sacremens. Ils ont l'office des matines qu'ils commencent par Domine labia nostra aperies; ensuite on chante le pseaume Venite, puis les pseaumes & les leçons de chaque jour: ils disent aussi le cantique Te Deum, & quelques pseaumes de ceux que nous lisons dans l'office de laudes. Ils commencent aussi leurs vêpres par les versets Domine labia nostra aperies, & Deus in adjutorium, &c. puis ils récitent les pseaumes propres au jour, & ils ont à cet effet un calendrier où sont marquées les féries & les fêtes fixes ou mobiles, ayant pour chacune des offices propres. Ils célebrent aussi les dimanches, & distinguent [p. 813]
EPISYNTHÉTIQUE (Page 5:813)
EPISYNTHÉTIQUE, adj. (Medecine.) est le nom
d'une secte de medecins; il est tiré d'un verbe grec
qui signifié entasser ou assembler,
Ceux qui formoient cette secte, tels que Léonides & ceux de son parti, prétendoient vraissemblablement joindre les maximes des Méthodiques avec celles des Empyriques & des Dogmatiques, & rassembler ou concilier ces diverses sectes les unes avec les autres.
C'est tout ce qu'on peut dire, n'ayant pas d'autres lumieres sur ce sujet: on ne sait pas même quand Léonides, qui est le medecin le plus connu de la secte épisynthétique, a vêcu, quoiqu'il soit probable que Soranus, le plus habile de tous les Méthodiques, l'a précédé de quelque tems. Voyez l'histoire de la Medecine de le Clerc, dont cet article est extrait. (d)
EPISODE (Page 5:813)
EPISODE, s. m. (Belles - Lettres.) se prend pour un incident, une histoire ou une action détachée, qu'un poëte ou un historien insere dans son ouvrage & lie à son action principale pour y jetter une plus grande diversité d'évenemens, quoiqu'à la rigueur on appelle épisode tous les incidens particuliers dont est composée une action ou une narration.
Dans la poésie dramatique des anciens on appelloit épisode la seconde partie de la tragédie. L'abbé
De - là l'ancienne tragédie se trouva composée de
quatre parties, savoir le prologue, l'épisode, l'exode,
& le choeur: le prologue étoit tout ce qui précédoit
l'entrée du choeur (voyez
Ce récit des acteurs étant distribué en différens
endroits, on peut le considérer comme un seul épisode composé de plusieurs parties, à moins qu'on
n'aime mieux donner à chacune de ces parties le
nom d'épisode: en effet c'étoit quelquefois un même
sujet divisé en différens récits, & quelquefois chaque
récit contenoit son sujet particulier indépendant
des autres. A ne considérer que la premiere institution
de ces pieces surajoûtées, il ne paroît nullement
nécessaire qu'on y ait observé l'unité du sujet, au
contraire, trois ou quatre récits d'actions différentes,
sans liaison entr'elles, paroissent avoir été également propres à soulager les acteurs, à divertir le
peuple, & conformes à la grossiereté de l'art, qui
n'étant encore qu'au berceau, auroit mal soûtenu
la continuité d'une action, pour peu qu'il eût voulu
lui donner d'étendue: difficulté qui a fait tolérér
jusqu'ici les épisodes dans le poëme épique. Voyez
Ce qui n'avoit été qu'un ornement dans la tragédie,
en étant devenu la partie principale, on regarda
la totalité des épisodes comme ne devant former
qu'un seul corps, dont les parties fussent dépendantes
les unes des autres. Les meilleurs poëtes conçurent
leurs épisodes de la sorte, & les tirerent d'une
même action; pratique si généralement établie du
tems d'Aristote, qu'il en a fait une regle, en sorte
qu'on nommoit simplement tragédies, les pieces où
l'unité de ces épisodes étoit observée, & tragédies épisodiques, celles où ellé étoit négligée. Les épisodes
étoient donc dans les drames des anciens, ce que
nous appellons aujourd'hui actes dans une tragédie
ou comédie. Voyez
Episode (Page 5:813)
Ce philosophe employe le mot d'épisode en trois
sens différens. Le premier est pris du dénombrement
des parties de la tragédie, tel que nous l'avons rapporté
ci - dessus; d'où il s'ensuit que dans la tragédie
ancienne l'épisode étoit tout ce qui ne composoit ni
le prologue, ni l'exode, ni le choeur; & comme ces
trois dernieres parties n'entrent point dans la tragédie
moderne, le terme d'épisode signifieroit en ce
sens la tragédie toute entiere. De même l'épisode épique seroit le poëme tout entier, en en retranchant
la proposition & l'invocation; mais si les parties &
les incidens dont le poëte compose son ouvrage sont
mal liés les uns avec les autres, le poëme sera épisodique & défectueux: c'est - à - dire, pour éclaircir la
pensée de l'auteur grec, que le terme épisode est équivalent à poëme ou à unité d'action. Mais ce n'est pas
là proprement le sens que les modernes lui donnent.
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