ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"810"> ne délasse, n'attache, & n'instruit davantage, que ces sortes de pensées sententieuses & philosophiques jointes à la fin d'un récit des grandes actions & des principaux faits, dont on vient de tracer le tableau fidele. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EPIPHORE (Page 5:810)

EPIPHORE, s. m. (Med.) Epiphora est un terme qui vient du grec E)W=IFO/RA, de E)PIFE/REIN, cum impetu ferre, porter avec impétuosité. Il est employé en différens sens.

1°. Il signifie, généralement pris, toute sorté de transport contre nature d'humeurs dans quelque partie du corps que ce soit, & particulierement du sang, selon Scribomus Largus, n. 243 ainsi il peut être appliqué à toute tumeur inflammatoire.

2°. On appelle plus spécialement epiphora, selon Galien, l. IV. de G. M. S. C. cap. vij. &c. une fluxion inflammatoire qui se fait sur les yeux; ce qui est la même chose que l'ophthalmie. V. Ophthalmie.

3°. La signification la plus reçue du mot épiphore, est appliquée au flux de l'anus habituel, causé par un relâchement des canaux excrétoires des glandes, dans lesquelles se fait la secrétion de cette humeur: ces canaux n'offrant pas assez de résistance à l'impulsion des fluides qu'ils reçoivent dans leur cavité, il s'y fait une dérivation des parties voisines; ils en sont abreuvés en trop grande quantité, n'ayant pas la force de les retenir; il s'en fait un écoulement proportionné, & par conséquent immodéré respectivement à l'état naturel: c'est un vrai diabete des glandes lacrymales; l'humeur dont elles regorgent se répand sur la surface de l'oeil, & sur le bord de la paupiere inférieure en plus grande abondance, que les points lacrymaux n'en peuvent recevoir, pour la porter dans la cavité des narines: elle se ramasse conséquemment vers le grand angle de l'oeil, & s'écoule hors de la gouttiere sur la surface extérieure de la paupiere & des joues, ensorte que les yeux paroissent toûjours mouillés & pleurans. Tant que dure ce vice, qui est quelquefois incurable, « ceux qui y sont sujets, dit Maitre - Jan, dans son traité des maladies de l'oeil, part. III. chap. iij. ont ordinairement la tête grosse & large, sont d'un tempérament phlegmatique, & travaillés souvent de fluxions sur les yeux ».

Les collyres astringens sont les seuls topiques qu'il convient d'employer contre lerelâchement qui cause l'épiphore. On peut avoir recours aux vesiccatoires appliqués derriere les oreilles à la nuque, pour faire diversion à l'humeur qui engorge les glandes lacrymales. Le cautere au bras peut aussi satis faire à la même indication; mais ce qui est plus propre à la remplir, c'est l'usage réitéré des purgatifs qui ont de l'astriction, comme la rhubarbe. L'évacuation par la voie des selles est en général plus propre qu'aucun autre moyen, à détoumer la matiere de fluxions qui se font sur les yeux, ou sur les parties qui en dépendent. Hippocrate l'avoit éprouvé sans doute, lorsqu'il a dit que le cours - de - ventre à celui qui a une fluxion sur les yeux, est très - salutaire, lippienti profluvio alvi corripi, bonum. Aphor. xvij. sect. 6. Ainsi on doit imiter la nature, c'est - à - dire suppléer à son défaut, par les secours de l'art, pour procurer une évacuation de cette espece dans le cas dont il s'agit, dont l'utilité est autant constatée par l'expérience, que l'autorité de celui qui l'assûre est bien établie par l'exactitude & la vérité de ses observations. Voyez Fluxion. (d)

EPIPHYSE (Page 5:810)

EPIPHYSE, s. f. (Anat.) appendice cartilagineuse, en grec E)PI/FUSIS2, de E)PIFUW, croître dessus. Epiphyse est le nom que donnent les Anatomistes à certaines éminences cartilagineuses, qui paroissent des pieces rapportées, ajoûtées, & unies au corps de l'os, de la même maniere que la partie cartilagineuse des côtes l'est à l'égard de leur portion osseuse. Les épiphyses se rencontrent dans toutes les articulations avec mouvement.

L'union des épiphyses au corps de l'os, se fait par le moyen d'un cartilage qui se durcit, s'ossifie presque toûjours vers la deuxieme année, & ne forme dans la suite avec l'os qu'une seule piece, de maniere qu'il n'est plus possible de les séparer. En effet si dans l'adulte avancé en âge l'on scie l'os & l'épiphyse en même tems, on y découvre à peine les traces du cartilage qui faisoit auparavant leur union: cependant il est certain que le bout des os des extrémités, & la plûpart des apophyses, ont été épiphyses dans l'enfance; phénomene curieux dont l'explicanon mériteroit un traité particulier qui nous manque encore en Physioiogie. Mais ne pouvant entrer ici dans un pareil détail, nous nous contenterons seulement de remarquer que l'union des épiphyses au corps de l'os, permet à une partie du périoste de s'insinuer entre deux, de sorte que par ce moyen plusieurs vaisseaux sanguins s'y glissent, & portent à l'os de même qu'à la moelle, la matiere de leur nourriture.

Observons aussi qu'il y a des épiphyses qui ont encore leur apophyse, comme l'épiphyse inférieure du tibia; & qu'il y a semblablement des apophyses qui portent des épiphyses, comme il paroît dans le grand trochanter. Ainst la tête du fémur est dans les jeunes sujets, quelquefois dans les adultes, une épiphyse de la partié de cet os qu'on appelle son cou.

Les épiphyses prennent, ainsi que les apophyses, des noms différens tirés de leur figure. Par exemple, quand elles sont sphéroides, elles s'appellent tête; quand l'éminence est placée immédiatement au - dessous de la tête, cou; quand la tête est plate, condyle; quand sa surface est raboteuse, tubérosité: celles qui se terminent en maniere de stilet, sont nommées stiloïdes; celles qui ont la forme d'un mammelon, mastoïdes; celles qui ressemblent à une dent, odontoïdes; à une chauve - souris, ptérigoïdes, &c. mais tous ces rapports, vrais ou prétendus, ne sont que de pures minuties anatomiques dont cette science est accablée.

Les épiphyses ont des usages qui leur sont communs avec les apophyses, comme de servir en général à l'articulation, à attacher les muscles & les ligamens dont elles augmentent la fermeté, à rendre les os plus legers par leur spongiosité, plus forts & moms cassans, en multipliant les pieces. Elles servent encore à augmenter la force des muscles, en donnant plus d'étendue à l'extrémité des os: on peut ajoûter que la situation & la figure particuliere des épiphyses, les rendent capables d'autant d'usages différens. Enfin ces sortes d'éminences cartilagineuses préviennent dans les enfans la fracture des os, & font que dans l'accroissement du corps ils peuvent s'allonger plus aisément, & parvenir à leur juste grandeur. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EPIPLOCELE (Page 5:810)

EPIPLOCELE, s. f. en Chirurgie, espece de hernie ou tumeur, qui est occasionnée par la descente de l'épiploon dans l'aine. Voyez Hernie & Entéro - épiplocele. (Y)

EPIPLOIQUE (Page 5:810)

EPIPLOIQUE, adj. en Anatomie, se dit des arteres & des veines qui se distribuent dans la substance de l'épiploon. Il y a une artere épiploique qui vient de la branche hépatique.

L'épiploïque droite est une branche de l'artere coeliaque, qui vient du côté droit de la partie intérieure ou postérieure de l'estomac. Voyez Coeliaque.

L'épiploïque postérieure, c'est une branche de l'artere coeliaque qui part de l'extrémité de la splénique, & qui va se distribuer à la partie postérieure de l'épiploon.

L'épiploïque gauche est une branche de l'artere coe<pb-> [p. 811] liaque, qui se distribue au côté gauche & inférieur de l'épiploon. (L)

EPIPLONPHALE (Page 5:811)

EPIPLONPHALE, s. f. en Chirurgie, espece d'exomphale ou descente du nombril, qui consiste en une tumeur ou gonflement de cette partie, produit par le déplacement de l'épiploon. Voyez Exomphale & Entéro - épiplonphale.

Ce mot est composé du grec, E)W=IW=LO/ON, épiploon, coiffe, & O)MFALO/S2, nombril. (Y)

EPIPLOON (Page 5:811)

EPIPLOON, s. m. en Anatomie, membrane grasse répandue sur les intestins, & qui entre même dans leurs sinuosités. On l'appelle aussi omentum, & le peuple la nomme coiffe.

Ce mot est formé du grec, E)PIPLE/OIN, floter dessus, parce que cette membrane paroît à la vérité flotante sur les intestins. (L)

EPIPLOSARCONPHALE (Page 5:811)

EPIPLOSARCONPHALE, s. f. en Chirurgie, espece de tumeur ou d'exomphale, qui est formée de l'épiploon, & compliquée d'une excroissance de chair. Voyez Exomphale.

Ce mot est formé de trois mots grecs, E)PIPLO/ON, épiploon, SA/RC, chair, O)MFALO/S2, nombril. (Y)

EPIPYRGIDE (Page 5:811)

* EPIPYRGIDE, adj. pris subst. c'est - à - dire plus grande qu'une tour; c'est ainsi que les Athéniens appelloient une statue colossale à trois corps, qu'ils avoient consacrée à Hécate.

EPIQUE (Page 5:811)

EPIQUE, adj. Poëme épique: on appelle ainsi un poëme où l'on célebre quelques actions signalées d'un héros. Voyez Epopée.

EPIRE (Page 5:811)

EPIRE, (Hist. anc. Géog.) Le nom d'Epire se prend en deux sens par les écrivains grecs; ils s'en servent quelquefois pour exprimer en général ce que nous appellons Continent, & quelquefois pour désigner plus particulierement un pays d'Europe, qui étoit situé entre la Thessalie & la mer Adriatique, & qui fait partie de l'Albanie moderne.

Son voisinage avec la Grece a sur - tout contribué à le rendre fameux dans l'ancienne histoire; & quoiqu'il fût d'une très - petite étendue, cependant Strabon y compte jusqu'au nombre de quatorze nations Epirotes: tels furent les Chaoniens, les Thesprotes, les Molosses, les Ethisiens, les Athamanes, les Perrhebes, les Embrasiens, &c. Mais nous ne nous engagerons point dans ce défilé; nous ne rechercherons pas non plus les raisons qui ont porté les Poëtes à placer leur enfer dans cette partie de la Grece; encore moins parlerons - nous du combat d'Hercule & de Geryon, qui rendit ce pays célebre; tout cela n'est point du ressort de cet Ouvrage. Nous devons, au contraire, nous hâter de dire que l'Epire, qui étoit d'abord un royaume libre, fut ensuite soûmis aux rois de Macédoine, & tomba enfin sous le pouvoir des Romains. On sait que Paul Emile ayant vaincu Persée, dernier roi de Macédoine, ruina soixante - dix villes des Epirotes qui avoient pris le parti de ce prince, y fit un butin immense, & emmena 150 mille esclaves.

Les empereurs de Grece établirent des Despotes en Epire, qui posséderent ce pays jusqu'au regne d'Amurat II. Ce conquérant le reunit aux vastes états de la porte ottomane. Ainsi les Epirotes libres dans leur origine, riches, braves, & guerriers, sont à présent serfs, lâches, misérables: épars dans les campagnes ruinées, ils s'occupent à cultiver la terre, ou à garder les bestiaux dans de gras pâturages, qui nous rappellent ceux qu'avoient les boeufs de Geryon, dont les historiens nous ont tant parlé; mais c'est la seule chose des états du fils d'Achille qui subsiste encore la même. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EPISCAPHIES (Page 5:811)

* EPISCAPHIES, adj. pris subst. (Myth.) Les Rhodiens célébroient des fêtes qu'ils appelloient les fêtes des barques, ou les épiscaphies. Episcaphie vient d'E(PI\, sur, & de SKAFH=, barque.

EPISCENES (Page 5:811)

* EPISCENES, adj. pris subst. (Myth.) Les Lacédémoniens célébroient des fêtes qu'ils appelloient les fêtes des tentes, ou les épiscenes. Episcenes est formé d'E)PI\, sur, & de SKHNH\, tente.

EPISCOPAL (Page 5:811)

EPISCOPAL, se dit de tout ce qui a rapport à la dignité ou à la personne des évêques: ainsi l'on dit dignité épiscopale, le corps épiscopal, croix épiscopale, palais épiscopal, &c.

EPISCOPAT (Page 5:811)

EPISCOPAT, s. m. (Hist. eccl.) ordre ou dignité d'un évêque: c'est la plénitude & le complement du sacerdoce de la loi nouvelle.

On convient généralement que tous les évêques, en vertu de la dignité épiscopale, ont une égale puissance d'ordre; & c'est en ce sens que l'on dit qu'il n'y a qu'un épiscopat, & que cet épiscopat est solidairement possédé par chacun des évêques en particulier. Episcopatus unus est (dit S. Cyprien, lib. de unit. Ecclesioe), cujus pars à singulis in solidum tenetur.

Les Théologiens scholastiques sont partagés sur la question, savoir si l'épiscopat, c'est - à - dire l'ordination épiscopale, est un ordre & un sacrement. Les uns, comme Guillaume d'Auxerre, Almani, Cajetan, Bellarmin, Maldonat, Isambert, &c. soûtiennent que l'épiscopat est un sacrement & un ordre proprement dit, distingué de la prêtrise, mais qui doit toûjours néanmoins en être précédé: Hugues de S. Victor, Pierre Lombard, S. Bonaventure, Soto & plusieurs autres, prétendent que l'épiscopat n'est ni un ordre ni un sacrement, mais que l'ordination épiscopale confere à celui qui la reçoit une puissance & une dignité supérieure à celle des prêtres. Durand & quelques autres règardent simplement l'épiscopat comme une extension du caractere sacerdotal. Le premier de ces sentimens est le plus généralement suivi; mais ceux qui le soûtiennent sont encore divisés sur ce qui constitue la matiere & la forme de l'épiscopat considéré comme sacrement.

Comme on pratique dans la consécration des évêques plusieurs cérémonies différentes, telles que l'imposition des mains, l'onction sur la tête & sur les mains, l'imposition du livre de l'évangile sur le col & les épaules de l'élû, la tradition de la crosse & de l'anneau, & celle même du livre des évangiles, les Théologiens ont pensé qu'outre l'imposition des mains quelqu'une de ces cérémonies étoit matiere essentielle de l'épiscopat. Mais comme en ce point on doit plus faire attention à la pratique universelle & constante de l'Egli'aux opinions particulieres des Théologiens, il est clair que la plûpart de ces cérémonies n'ont été ni par tout, ni de tout tems en usage dans la consécration des évêques. Quant à l'onction de la tête & des mains, elle n'est point en usage chez les Grecs, comme le remarquent les PP. Morin, Goar & Martene, cependant on ne leur conteste point la validité ni la succession de l'épiscopat. L'imposition du livre des évangiles sur la tête & les épaules de l'évêque élû n'est point fondée dans l'antiquité; Isidore de Seville, qui vivoit dans le vij. siecle, n'en dit pas un mot dans la description qu'il donne de la consécration des évêques, lib. II. de officiis divin. cap. v. Almain & Amalaire, traitant des mêmes matieres, regardent cette cérémonie comme une chose nouvelle qui n'avoit aucun fondement dans la tradition, & qu'on ne pratiquoit point encore de leur tems dans les églises de France & d'Allemagne. Enfin la tradition de l'évangile, de la crosse & de l'anneau, est d'un usage encore plus récent, & même aujourd'hui inconnu dans l'église greque, comme l'observe le P. Morin: d'où il est aisé de conclure que l'imposition des mains seule est la matiere de l'épiscopat; elle est expressément marquée dans l'Ecriture comme le signe sensible qui confere la grace. Les Peres & les Conciles s'accordent à

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