ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"808"> ans, & commit le délit d'épingles, ce qui étoit, diton, une grande cruauté; mais Sauval avoue qu'il n'entend point ces paroles: il ajoûte que cette femme fut mise en croix, on l'exécuta toute déchevelée, avec une longue robe, & ceinte d'une corde les deux jambes ensemble au - dessous; que toutes les femmes de Paris, à cause de la nouveauté, la voulurent voir mourir, interprétant son supplice chacune à leur maniere; que les unes disoient que c'étoit à la mode de son pays, d'autres que sa sentence le portoit ainsi, afin qu'il en fût plus longuement mémoire aux autres femmes; que le délit étoit si énorme, qu'il méritoit encore une plus grande punition. S'il m'est permis d'hasarder une conjecture sur le sens de ces termes délit d'épingle, je pense qu'ils ne signifient autre chose que le crime commis par cette femme d'avoir crevé les yeux à ce jeune enfant, ce qu'elle fit apparemment avec une épingle. Il fut un tems en France où l'on condamnoit les criminels à perdre la vûe, en leur passant un fer chaud devant les yeux: apparemment que quelques particuliers pour assouvir leur cruauté sur quelqu'un, lui crevoient les yeux avec une épingle, & que cela s'appelloit le délit d'épingle. (A)

Épingles (Page 5:808)

Épingles des Cartiers; ce sont de petits fils - defer enfoncés dans un morceau de parchemin plié en quatre, dont ils se servent pour attacher à des cordes les feuilles de carton dont ils font les cartes, afin de les faire sécher à l'air.

Épingle (Page 5:808)

Épingle, (Rubanier.) est un petit outil de fer, long d'environ 3 ou 4 pouces, d'égale grosseur dans toute sa longueur, en forme de grosse épinglé, mais sans pointe; sa tête est ordinairement faite avec de la cire d'Espagne, & lui sert de prise: on s'en sert au même usage que le couteau à velours, excepté que celles - ci ne coupent point les soies, & ne font que former les boucles du velours en les tirant successivement comme les couteaux. Voyez Couteau à velours.

ÉPINGLETTE (Page 5:808)

ÉPINGLETTE, s. f. c'est, dans l'Artillerie, une espece de petite aiguille de fer, dont on se sert pour percer les gargousses lorsqu'elles sont introduites dans les pieces, avant de les amorcer. (Q)

ÉPINGLIER (Page 5:808)

ÉPINGLIER, s. m. (Commerce.) marchand qui vend des épingles, des clous d'épingles, des touches, des aiguilles, &c.

Les Epingliers à Paris font un corps gouverné par trois jurés, dont la jurande dure deux ans. On les élit à deux reprises différentes; au mois de Mai on en élit deux, l'année suivante on élit le troisieme, & ainsi de suite. Les statuts de cette communauté sont très - anciens. Leur principal travail étoit autrefois les épingles: mais depuis que les vivres sont devenus plus chers, & Paris plus peuplé, ils ne les font plus, ils les tirent de Laigle & autres endroits de la Normandie, où les ouvriers sont à meilleur compte.

EPINICION (Page 5:808)

EPINICION, s. m. (Belles - Lett.) dans la poésie greque & latine signifie, 1°. une fête ou des réjouissances pour une victoire remportée sur l'ennemi: 2°. un poëme, une piece de vers sur le même sujet, un chant de victoire. Scaliger traite expressément de cette sorte de poëme dans sa poétique, lib. I. ch. xljv. L'épître de Boileau, le poëme de Corneille sur le passage du Rhin, celui de M. Adisson sur la campagne de 1704, & celui de M. de Voltaire sur la victoire de Fontenoy, sont de ce genre.

Le poëme d'Adisson a pour objet la bataille d'Hocstet; c'est un des plus beaux ouvrages de cet illustre auteur; celui de M. de Voltaire ne mérite pas moins d'être lû; la préface que l'auteur y a mise contient des réflexions judicieuses sur ce genre de poëme, & sur l'épître de Despréaux. (G)

EPINOCHE ou EPINARDE (Page 5:808)

EPINOCHE ou EPINARDE, subst. f. (Hist. nat. Icthiolog.) piscicutus aculeatus, poisson d'eau douce, le plus petit de tous. Il n'a qu'une seule nageoire, qui est sur le dos, & au - devant de laquelle il se trouve trois piquans séparés les uns des autres. Il a aussi deux piquans sur le ventre; ils sont plus grands & plus forts que les autres, & ils tiennent à un os qui a la forme d'une nageoire; car ce poisson a deux lames osseuses, de figure triangulaire, à la place des nageoires du ventre. Il dresse & il abaisse à son gré ses piquans; il est sans écailles, & on le trouve dans les ruisseaux.

Il y a une autre espece d'épinoche, qui differe de la précédente par les caracteres suivans: elle a dix ou onze piquans sur le dos, qui sont dirigés alternativement à droite & à gauche; le corps est plus long, & elle n'a point de lames osseuses: on la trouve aussi dans les ruisseaux. Rau, synop. meth. pisc. Rond. hist. des poissons de riviere. Voyez Poisson. (I)

Epinoche (Page 5:808)

Epinoche, c'est ainsi que les Epiciers appellent la fleur du meilleur caffé.

EPINYCTIDE (Page 5:808)

EPINYCTIDE, s. f. (Medecine.) E)PINUKTIS2; c'est une espece d'exanthème ou d'éruption cutanée en forme de pustule livide, de la grosseur d'une petite feve, remplie d'une matiere muqueuse, qui s'ouvre ensuite & se change en un petit ulcere qui cause de grandes inquiétudes dans la nuit, par les vives douleurs qu'il occasionne: d'où lui vient, selon Celse, le nom que les Grecs lui ont donné, qui signifie dans la nuit, étant composé de la proposition E)P, dans, & de NU/C, NUKTO/S2, nuit.

Cet auteur, dans la description très - exacte qu'il donne de l'épinyctide, lib. V. cap. xxviij. dit qu'elle est ordinairement fort enflammée tout - au - tour, & que le sentiment douloureux qu'elle fait naître est beaucoup plus considérable que la grosseur ne semble pouvoir la causer; elle fournit, quand elle est ouverte, une sanie sanguinolente.

Cette tumeur est produite par une matiere bilieuse acre qui se ramasse dans quelque follicule de la peau, la ronge, & se fait une issue en l'exulcérant: l'acreté & la subtilité particuliere de cette humeur viciée la rendent susceptible de produire une irritation considérable dans les nerfs voisins, & d'être aisément agitée par la chaleur du lit & l'augmentation qui se fait dans la transpiration pendant la nuit.

Il est facile de distinguer cette tumeur exanthémateuse de toute autre, par les symptomes qui lui sont propres, rapportés dans la définition: elle est extrèmement incommode à cause des mauvais effets qu'elle produit dans la nuit: s'il en paroît plusieurs en même tems, c'est un indice de la qualité bilieuse & acrimonieuse, dominante dans la masse des humeurs.

Les personnes qui ont des épinyctides doivent observer un régime délayant & adoucissant: on a recours à la saignée si elles sont nombreuses; la purgation convient pour détourner de la peau l'hameur viciée & l'évacuer; les digestifs & les épulotiques ordinaires sont les topiques, dont l'usage est indiqué dans cette affection. Voyez Exanthème. (d)

EPIPEDOMETRIE (Page 5:808)

EPIPEDOMETRIE, s. f. dans les Mathématiques, signifie la mesure des figures qui s'appuient sur une même base. Ce mot n'est plus en usage. Harris & Chambers. (E)

EPIPHANÈS (Page 5:808)

* EPIPHANÈS, (Mythologie.) surnom de Jupiter. Jupiter épiphanès ou Jupiter qui se manifeste, c'est la même chose. Jupiter fut ainsi appellé, de ce qu'il rendoit souvent sa présence sensible par des éclairs, par le tonnerre, de ce qu'il se plaisoit à se mêler parmi les hommes, & sur - tout parmi les femmes, sous différentes formes corporelles.

EPIPHANIE (Page 5:808)

EPIPHANIE, s. f. (Hist. ecclés.) terme d'Eglise, [p. 809] qui veut dire la fête des Rois, ou de l'apparition de Jesus - Christ aux Gentils, car le mot grec signifie apparition. Les Chrétiens d'Orient nomment aussi cette fête, la Théophanie, ou la fête des lumieres. C'est une fête double de la premiere classe, qui se célebre le 6 Janvier de chaque année.

Les Grecs appelloient l'Epiphanie, la présence des dieux sur la terre, soit qu'ils se sissent voir en personne aux yeux des hommes, soit qu'ils manifest assent leur présence par quelques effets extraordinaires. Cette présence des dieux leur fournit l'occasion d'instituer les fêtes ou sacrifices, qu'ils nommoient épiphanies, E)W=IFAINEIA, en mémoire de ces apparitions prétendues.

L'on a nommé semblablement, parmi les Chrétiens, l'Epiphanie la fête des Rois, dans la prévention généralement établie, que les mages étoient des rois. Cette fête ne se célébroit autrefois qu'après avoir été précédée d'une veille & d'une jeûne trèssévere; & il paroît surprenant qu'une coûtume si pieuse ait été abolie, pour y substituer une solennité bien opposée à l'abstinence & à la mortification.

L'exemple des Payens a pû servir, selon quelques auteurs, à chasser le jeûne, pour lui subroger la bonne - chere. La conformité qu'ont trouvé ces mêmes auteurs entre la fête du roi - boit & les saturnales, leur a fait avancer que la premiere étoit une imitation & une suite de la scconde: en effet, disent-ils, la fête des saturnales commençoit en Décembre, continuoit dans les premiers jours de janvier, qui est aussi le tems de la fête des Rois. Les peres de famille envoyoient à l'entrée des saturnales, des gâteaux avec des fraits à leurs amis; l'usage des gâteaux subsiste encore. Ces amis mangeoient ensemble: c'est ce que l'on pratique aussi la veille & le jour des Rois. La premiere cérémonie des saturnales consistoit à élire un roi de la fête; & Lucien fait dire plaisamment à Saturne, saisons des rois à qui nous obéissions agréablement. L'élection d'un roi est aussi parmi nous la premiere action de l'Epiphanie, avec cette différence que les Payens élisoient leur roi par le sort des dés, & que nous l'élisons par la rencontre de la seve. Le même Lucien nous apprend que le plaisir consistoit à boire, s'enivrer, & crier. C'est à - peu - près la même chose parmi nous, & nous marquons notre joie non seulement par la bonne - chere, mais encore par nos acclamations quand le roi boit.

Cependant toutes ces applications générales ne prouvent rien, & ne se trouvent un peu justes que par les abus que le tems a amenés dans la célébration de la fête de l'Epiphanie; car d'un côté la qualité des personnes qui célébroient ces deux fêtes, & de l'autre, le terme de leur durée, sont voir clairement que ce sont deux différentes fêtes, qui n'ont qu'un rapport élorgné.

Disons donc qu'il est plus naturel de croire que le souper de la veille des Rois est une suite de la veille, que Chrétiens célébroient d'abord avec beaucoup de respect & de religion; mais le tems, le lieu, & les autres circonstances de ces assemblées nocturnes, favorisoient trop la corruption pour qu'elle ne s'introduisît pas dans la fête: le scandale même devint à la fin si grand & si pernicieux, que par plusieurs conciles l'on fut obligé de défendre ces assemblées: cependant on ne put pas les abolir entierement; & pour en conserver le souvenir, les parens s'assemblerent avec leurs amis, se régalerent; & afin de marquer l'origine du festin, ils observerent de le bénir avant que de se mettre à table; & même on partageant le gâteau, la premiere portion étoit destinée pour Dieu, ce qui seul suffiroit, ce me semble, pour détruire la comparaison de la fête des Rois avec celle des saturnales.

On solennisoit autrefois dans notre royaume la fête des Rois avec beaucoup plus de pompe & d'apparat qu'à présent. En effet nous lisons dans le journal d'Henri III. « qu'en 1578, le lundi 6 de Janvier la demoiselle de Pons de Bretagne, royne de la feve, fut par le roy desespérément brave, frisé, & gauderonné, menée du chasteau du Louvre à la messe en la chapelle de Bourbon, étant le roy suivi de ses jeunes mignons, autant & plus braves que lui ». On sait aujourd'hui que l'Epiphanie se célebre à - la cour avec une si grande simplicité, qu'elle seroit peut - être tolérée par ce sévere docteur de Sorbonne, qui regardoit toutes les réjoüissauces de l'Epiphanie comme des profanations criminelles; je parle de M. Jean Deslions, mort à Senlis au commencement de ce siecle, âgé de 85 ans. On connoît son petit livre sur cette matiere; il est intitulé, discours ecclésiastique contre le paganisme du roi - boit. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EPIPHÉNOMENE (Page 5:809)

EPIPHÉNOMENE, s. m. (Med.) ce terme est grec, composé d'E)W=I\, super, & FAINO/MENOS2, apparens. Les anciens s'en servoient dans le même sens que d'épigenême, E)W=IGHNEMA, pour désigner les affections morbifiques qui surviennent dans une maladie, outre les symptomes qui lui sont propres, & qui procedent d'une cause différente de celle qui a produit ceux - ci.

M. Quesnay, dans son nouveau traité des fievres, dit avoir été obligé de se servir du terme d'épiphénomene, n'ayant pû trouver aucun nom françois assez significatif pour exprimer distinctement ce que les anciens entendoient par ce mot, & ce qu'il s'agit de désigner par une dénomination qui marque bien sensiblement le genre d'affection morbifique qui vient d'être défini, ainsi c'est en quelque sorte malgré lui, ajoûte - t - il, qu'il s'est déterminé à rappeller un terme grec, qui depuis long - tems est presque entierement hors d'usage.

Les Arts & les Sciences gagnent toûjours à acquérir des termes propres, dès qu'ils peuvent servir à évitet les circonlocutions, ou l'obscurité dans leur langage respectif. Voyez Maladie, Symptome, Accident . (d)

EPIPHONÈME (Page 5:809)

EPIPHONÈME, s. f. (Rhét.) mot consacré que nous avons emprunté des Grecs à l'exemple des Latins.

C'est une figure de Rhétorique qui consiste ou dans une espece d'exclamation à la fin d'un récit de quelque évenement, ou dans une courte réflexion sur le sujet dont on a parlé. Cette figure échappe aux esprits vifs & aux esprits profonds: son élégance part du goût, du choix, de la vérité; il faut aussi qu'elle naisse du sujet, & qu'elle coule de source; alors c'est un dernier coup de pinceau qui fait une image frappante dans l'esprit du lecteur, ou de l'auditeur. Ainsi Virgile, après avoir dépeint tout ce que la colere suggere à une déesse immortelle contre son héros, ne peut s'empêcher de s'écrier, Tantoe - ne animis celestibus iroe! & dans un autre endroit, Tantoe molis erat romanam condere gentem! C'est encore une belle épiphonême, & souvent citée, que celle de S. Paul, lorsqu'après avoir discouru de la rejection des Juifs, & de la vocation des Gentils, il s'écrie: O'profondeur des richesses, de la sagesse, & de la connoissance de Dieu!

Cette figure n'est déplacée dans aucun ouvrage, mais il me semble que c'est dans l'histoire qu'elle produit sur - tout un effet intéressant. Velleius Paterculus qui, indépendamment du style, nous a montré son talent pour l'eloquence, dans son éloge admirable de Cicéron, est l'historien romain qui se soit le plus servi de l'épiphonême; il a l'art de l'employer avec tant de grace, que personne ne l'a surpassé dans cette partie. Aussi faut - il convenir que cette figure mise en oeuvre aussi judicieusement qu'il l'a sû fairè, a des charmes pour tout le monde; parce que rien ne plaît,

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