ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"834">

Époque (Page 5:834)

Époque, s. f. (Histoire.) On appelle ainsi certains évenemens remarquables dont le tems est exactement ou à - peu - près connù dans la chronologie ancienne & moderne, & qui servent comme de points fixes pour y rapporter les autres évenemens. Ce mot vient d'un mot grec qui signifie s'arrêter, parce que les époques dans l'histoire sont comme des lieux de repos, & pour ainsi dire, des stations où l'on s'arrête pour considérer de - là plus à son aise ce qui suit & ce qui précede, & pour lier entr'eux les évenemens. Voyez ce que dit sur ce sujet M. Bossuet dans son discours sur l'Histoire universelle.

Les principales époques de l'Histoire sacrée, par exemple, sont la création du monde, le déluge, la vocation d'Abraham, la sortie d'Egypte, Saul ou les Juifs gouvernés par des rois, la captivité de Babylone, le retour de la captivité, la naissance de J. C. Les temps de ces différentes époques sont différens, selon la chronologie que l'on juge à propos de suivre. Voyez Age, Chronologie, &c.

Les principales époques de l'Histoire ecclésiastique, sont Constantin ou la paix de l'église, la naissance du Mahométisme, le schisme des Grecs, les croisades, le grand schisme d'Occident, le Luthéranisme, &c.

Celles de l'histoire de France sont Clovis, Pepin, Hugues Capet, tige des trois races de nos rois: & dans chacune de ces trois époques principales on peut en placer d'autres; par exemple, depuis Hugues Capet, on peut placer différentes époques à S. Louis, à Charles le Sage, à François I, à Henri IV, à Louis XIV. Il en est de même de l'histoire des autres peuples. Voyez Histoire. Voyez aussi l'article Ere. La regle qu'on doit se proposer pour les époques, c'est qu'elles ne soient ni trop, ni trop peu nombreuses. On en sent aisément la raison. Dans le premier cas, le lecteur ou l'historien s'arrêteroit inutilement à chaque pas; dans le second il s'épuiseroit de fatigues, ayant trop de terrein à embrasser à la fois. (O)

L'époque est donc proprement un terme ou point fixe de tems, depuis lequel on compte les années. Voyez An.

Les nations ont différentes époques, & cela n'est pas surprenant: car comme il n'y a point de raisons tirées de l'Astronomie qui rendent l'une préférable à l'autre, la fixation des époques est purement arbitraire. La principale époque des Chrétiens est celle de la naissance ou incarnation de J. C. celle des Mahométans est l'hégire; celle des Juifs, la création du monde; celle des anciens Grecs, les Olympiades; celle des Romains, la fondation de Rome; celle des anciens Perses & Assyriens, est l'époque ou l'ere de Nabonassar. Voyez Incarnation, Hégire, Olympiade , &c.

La connoissance & l'usage des époques est d'un grand avantage dans la Chronologie. Voyez Chronologie.

C'est principalement dans l'histoire ancienne que les époques sont nécessaires. L'incertitude de la chronologie oblige de se fixer à quelques points principaux pour se former un système suivi. La maniere différente de compter l'année chez les différens peuples, contribue à la difficulté de bien fixer les époques.

Pour réduire les années d'une époque à celle d'une autre, c'est - à - dire pour trouver quelle est l'année de l'une qui correspond à une année donnée de l'autre, on a inventé une période d'années qui commence avant toutes les époques connues, & qui en est, pour ainsi dire, le rendez - vous commun; cette période est appellée période julienne. C'est à cette période que l'on réduit toutes les époques, en déterminant l'année de cette période, à laquelte chaque époque commence. Ainsi, il ne reste plus qu'à ajoûter l'année proposée d'une époque à l'année de la période qui correspond au commencement de cette époque, & à retrancher de cette même année proposée l'année de la même période qui répond à l'autre époque; le reste est l'année de cette autre époque. Voyez Période Julienne.

L'époque de Jesus - Christ ou de notre Seigneur, est l'époque vulgaire de toute l'Europe; elle commence à la nativité du Sauveur le 25 Décembre, ou plutôt, selon la maniere ordinaire de compter, à sa circoncision le premier Janvier: mais en Angleterre, elle commence à l'incarnation ou à l'annonciation de la Vierge le 25 de Mars, neuf mois avant la nativité. Voyez Nativité, Circoncision, Annonciation , &c.

L'année de la période julienne répondante à celle de la naissance & de la circoncision de J. C. est ordinairement comptée pour la 4713 de cette période. Ainsi la premiere année de notre ere répond à la 4714 année de la période julienne.

Donc 1°. si à une année donnée de J. C. on ajoute 4713, la somme sera l'année de la période julienne qui répond à l'année proposée; par exemple, si à la présente année 1755 on ajoute 4713, la somme 6468 sera l'année où nous sommes de la période julienne. 2°. Au contraire, si on ôte 4713 d'une année donnée de la période julienne, le reste est l'année courante de J. C. Par exemple, si de l'année 6468 de la période julienne on ôte 4755, le reste sera l'année courante 1755.

L'époque de la naissance de notre Seigneur sert non seulement au calcul des années écoulées depuis le commencement de l'époque, mais encore aux calculs de celles qui l'ont précédé.

Pour trouver l'année de la période julienne, répondante à une année donnée avant J. C. il faut soustraïre de 4714 l'année proposée, le reste sera l'année correspondante que l'on cherche. Ainsi on trouvera que l'année 752 avant J. C. est l'année 3956 de la période julienne. Au contraire, si on soustrait de 4714 une année proposée de la période julienne de 4714, le reste est l'année correspondante avant J. C.

L'auteur de l'époque vulgaire, ou de la méthode de compter les années depuis la naissance de J. C. est Denis le Petit, Abbé de Rome, Scythe de nation, qui florissoit sous l'empire de Justinien vers l'an 507; ce Denis en avoit eu la premiere idée par un moine égyptien, nommé Panodore. Jusqu'alors les Chrétiens comptoient les années ou depuis la fondation de Rome, ou par l'ordre des empereurs & des consuls, ou suivant les autres méthodes des peuples parmi lesquels ils vivoient.

Cette diversité occasionna une grande dispure entre les églises d'Orient & celles d'Occident. Denis pour la faire cesser, proposa le premier une nouvelle forme d'année, & uné nouvelle ere générale, qui furent l'une & l'autre généralement reçues en peu d'années.

Denis commença son ere à l'incarnation, ou à la fête appellée communément annonciation de la Vierge. Cette méthode est encore en usage dans les pays de la domination de la grande Bretagne, mais elle n'est plus en usage que là; dans les autres pays de l'Europe, on commence l'année au premier Janvier, excépté en cour de Rome, où l'époque de l'incarnation est encore employée dans la date des bulles. Voyez Incarnation.

Il faut ajoûter que dans cette époque de Denis il y a une méprise: on croit communément qu'il a mis la naissance de J. C. un an trop tard, ou que J. C. étoit né l'hyver d'avant celui que Denis marque pour la conception. Mais la vérité est que cette faute doit être imputée à Bede qui a mal entendu Denis, [p. 835] & dont nous suivons l'interprétation; c'est ce que le P. Petau a fort bien prouvé par les lettres mêmes de Denis. Car Denis commence son cycle à l'année 4712 de la période julienne, mais il ne commence son époque qu'à l'année 4713, où l'ere vulgaire suppose que J. C. a été incarné.

Ainsi la premiere année de J. C. selon l'époque vulgaire, est la seconde selon le calcul de Denis. Par conséquent la présente année 1755 devroit être en rigueur 1756; quelques chronologistes prétendent même qu'il y a erreur, non seulement d'un an, mais de deux.

C'est à cette ere vulgaire que les Chronologistes réduisent toutes les autres époques comme à un point fixe & déterminé: cependant il n'y a aucune de ces époques qui ne soit le sujet de quelque dispute, tant il y a d'incertitude dans la doctrine des tems. Nous allons rapporter les principales de ces époques, réduites à la période julienne.

L'époque de la création, orbis conditi, appellée aussi époque juive, est, selon le calcul des Juifs, l'année 953 de la période julienne, qui répond à l'année 3761 avant J. C. & commence au 7 d'Octobre.

Donc si on ôte 952 ans d'une année donnée de la période julienne, le reste sera l'année de l'époque juive qui y répond. Par exemple, la présente année étant la 6459 de la période julienne, se trouvera être la 5507 de l'époque juive, ou de la création du monde.

Cette époque est encore en usage parmi les Juifs.

L'époque de la création, en usage parmi les historiens grecs, est l'année 787 avant la période julienne, repondant à l'année 5500 avant J. C.

Ajoûtant donc 787 à une année donnée de la période julienne, la somme est l'année de cette époque: par exemple, 6459 étant l'année où nous sommes de la période julienne, la présente année de cette époque, ou de l'âge du monde, suivant le calcul des Grecs, sera 7246.

L'auteur de cette époque est Jules Africain qui l'a tirée des Historiens. Mais quand on voulut s'en servir dans l'usage civil, il fallut y ajoûter huit ans, afin que chaque année divisée par quinze pût marquer l'indiction dont les empereurs d'Orient se servoient pour dater leurs chartres & leurs diplomes.

L'époque de la création en usage parmi les Grecs modernes & parmi les Russiens, est l'année 735 avant la période julienne, ou l'année 5509 avant J. C. commençant au premier de Septembre; cependant les Russiens ont admis dans la suite la calendrier julien, qui commence l'année au premier de Janvier.

Ajoûtant donc 795 à une année donnée de la période julienne, la somme sera l'année de cette époque; ainsi l'année julienne étant aujourd'hui 6468, la présente année de la création, selon ce calcul, sera 7263; & de la présente année 7263 ôtant 5508, le reste sera l'année courante 1755.

Cette ere étoit employée par les empereurs d'Orient dans leurs diplomes, & c'est pour cela aussi qu'on l'appelloit l'ere civile des Grecs. Elle est en effet la même que l'époque de la période constantinopolitaine; c'est pourquoi quelques - uns l'appellent l'époque de la période de Constantinople. Voyez Période.

L'époque alexandrienne de la création, est l'année 780 avant la période julienne, qui répond à l'année 5494 avant J. C. & qui commence au 29 d'Août.

Ajoûtant donc 5493 à la présente année de J. C. 1755, la somme 7248 donnera la présente année de cette époque, ou les années écoulées depuis la création, en suivant cette méthode de calculer.

Cette époque fut imaginée par Panodore, moine égyptien, pour faciliter le calcul de la Pâque; c'est pourquoi quelques auteurs l'appellent l'époque ecclésiastique greque.

L'époque eusébienne de la création, est l'année 486 de la période julienne, qui répond à l'année 4228 avant J. C. & commence en automne.

Otant donc 486 de la présente année julienne 6468, ou ajoûtant 4228 à la présente année de J. C. le nombre 5983 qui en résulte, sera la présente année, suivant l'époque eusébienne.

Cette époque est celle qui est suivie dans la chronique d'Eusebe & dans le martyrologe romain.

L'époque des olympiades est l'année 3938 de la période julienne, répondant à l'année 776 avant J. C. & à l'année 2985 de la création; elle commence à la pleine - lune qui suit le solstice d'été, & chaque olympiade renferme quatre ans.

Cette époque est fort célebre dans l'histoire ancienne; elle étoit en usage principalement chez les Grecs, & tiroit son origine des jeux olympiques, que l'on célébroit au commencement de chaque cinquieme année. Voyez Olympiade.

Epoque de la fondation de Rome, ou Urbis conditoe, V. C. est l'année 3961 de la période julienne, selon Varron; ou l'année 3962, selon les fastes capitolins: elle répond à l'année 753 ou 752 avant J. C. & commence au 21 d'Avril. Donc si les années de cette époque sont moindres que 754, il faudra les soustraire de 754 ou 753, pour avoir les années correspondantes avant J. C. Si elles sont plus grandes que 754, il saudra les ajoûter pour avoir l'année de la fondation de Rome, & en foustraire 754 pour avoir l'année de J. C. ainsi, selon le calcul de Varron, la présente année 1755 est la 2518e. de la fondation de Rome.

L'époque de Nabonassar est l'année 3967 de la période julienne, qui répond à l'année 747 avant J. C. & commence au 26 de Février.

Cette ere est ainsi appellée du nom de son instituteur Nabonassar roi de Babylone, & c'est celle dont Ptolomée s'est servi dans les observations astronomiques, aussi - bien que Censorin & plusieurs autres.

L'époque dioclétienne, ou l'époque des martyrs, est l'année 4997 de la période julienne, répondant à l'année 293 de J. C. On l'appelle ere des martyrs, à cause du grand nombre de Chrétiens qui souffrirent le martyre sous le regne de cet empereur.

Les Abyssins, qui s'en servent encore dans toutes leurs computations, l'appellent les années de grace: cependant leurs années ne forment pas une suite continue depuis cette époque; mais quand la période Dyonisienne de 534 est expirée, ils recommencent à compter de nouveau par 1, 2, &c.

L'époque de l'hégire, ou époque mahometane, est l'année 5335 de la période julienne, qui répond à l'an 622 de J. C. Elle commence au 16 de Juillet, qui est le jour où Mahomet s'enfuit de la Meque à Médine.

Cette époque est celle dont se servent les Turcs & les Arabes, & en général tous les Musulmans sectateurs de la loi de Mahomet. Son premier instituteur fut Omar, troisieme empereur des Turcs. Les astronomes Alfraganus; Albategnius, Alphonse, & Ulugh - Beigh, mettent la fuite de Mahomet au 15 de Juillet; mais tous les peuples qui font usage de cette époque, la fixent au 16 de ce même mois. Voyez Hégire.

L'époque des Séleucides, dont les Macédoniens se servoient, est l'année 4402 de la période julienne, répondant à l'année 312 avant Jesus - Christ. Voyez Séleucides.

L'époque persienne, ou yezdegerdique, est l'année 5345 de la période julienne, répondant à l'année 632 de J. C. & commençant au 16 de Juin.

Cette époque est fixée à la mort d'Yezdegerde dernier roi de Perse, tué dans une bataille contre les Sarrasins.

Epoque julienne, ou époque des années juliennes,

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.