ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"745"> tiseau pour jetter en - bas les superfluités, & dégager de sa masse la tête, les bras & autres parties, suivant son modele, & les traits qu'il a formés sur le marbre. Cette opération, qui rend le bloc plus maniable & plus aisé à manoeuvrer, se fait alternativement sur ses quatre faces. Voyez Lit, Plinthe, Bloc, & Sculpture .

EPANORTHOSE (Page 5:745)

EPANORTHOSE, s. f. (Belles - Lettr.) figure de Rhétorique, par laquelle l'orateur rétracte ou corrige quelque chose de ce qu'il a déjà avancé, & qui lui paroît trop foible: il y ajoûte quelque chose de plus énergique, & de plus conforme à la passion qui l'occupe ou le transporte. Voyez Correction.

Cicéron employe cette figure dans son oraison pour Caelius, lorsqu'il dit: O stultitiam! stultitiamne dicam? an impudentiam singularem? & dans sa premiere catilinaire: Quamquam quid loquor? te ut ulla res frangat? tu ut unquam te corrigas? tu ut ullam sugam meditêre? tu ut ullum exilium cogites? utinam tibi illam mentem dü immortales donarent!

Ainsi Térence, dans son heautontimorumenos, fait dire au vieillard Menedeme:

Filium unicum adolescentulum Habeo. Ah! quid dixi habere me? imo habui, Chreme; Nunc habeam, nec - ne, incertum est. (G)

EPANOUIR (Page 5:745)

EPANOUIR, (s') Gram. il se dit de l'accroissement qui suit la sortie du bouton d'une fleur; ce bouton sorti, la fleur commence à se former par l'épanoüissement du bouton. Il se dit aussi de la fleur, lorsqu'elle a pris toute sa beauté & toute son étendue: cette fleur est entierement épanoüie. Il se prend quelquefois activement & passivement, & l'on dit: vous vous épanoüissez, épanoüissez votre coeur.

EPARER (Page 5:745)

EPARER, v. neut. (Manége.) terme par lequel nous désignons l'action d'un cheval qui détache ses ruades avec une telle force, que ses jarrets parfaitement & vigoureusement étendus, font souvent entendre un bruit à - peu - près semblable à ceui d'un leger coup de foüet.

Cette action est principalement requise dans l'air des caprioles, & le distingue des airs. relevés que nous nommons croupades & ballotades Voyez Relevés (airs.) (e)

EPARGNE (Page 5:745)

EPARGNE, s. f. (Morale.) signifie quelquefois le thrésor du prince, thrésorier de l'épargne, les deniers de l'épargne, &c.

Epargne en ce sens n'est plus guere d'usage; on dit plùtôt aujourd'hui thrésor royal.

Epargne, la loi de l'épargne, expression employée par quelques phyficiens modernes, pour exprimer le decret par lequel Dieu regle de la maniere la plus simple & la plus constante tous les mouvemens, toutes les altérations, & les autres changemens de la nature. Voyez Action, Cosmologie, &c.

Epargne, dans le sens le plus vulgaire, est une dépendance de l'économie; c'est proprement le soin & l'habileté nécessaires pour éviter les dépenses superflues, & pour faire à peu de frais celles qui sont indispensables. Les réflexions que l'on va lire ici, auroient pû entrer au mot Economie, qui a un sens plus etendu, & qui embrasse tous les moyens légitimes, tous les soins nécessaires pour conserver & pour accroître un bien quelconque, & sur - tout pour le dispenser à - propos. C'est en ce sens que l'on dit économie d'une famille, économie des abeilles, économie nationale. Au reste les termes d'épargne & d'économie énoncent à - peu - près la même idée; & on les employera indifférémment dans ce discours, suivant qu'ils paroîtront plus convenables pour la justesse de l'expression.

L'épargne économique a toûjours été regardée. comme une vertu, & dans le Paganisme, & parmi les Chrétiens; il s'est même vû des héros qui l'ont constamment pratiquée: cependant, il faut l'avoüer, cette vertu est trop modeste, ou, si l'on veut, trop obscure pour être essentielle à l'héroësme; peu de héros sont capables d'atteindre jusque - là. L'économie s'accorde beaucoup mieux avec la politique; elle en est la base, l'appui, & l'on peut dire en un mot qu'elle en est inséparable. En effet, le ministere est proprement le soin de l'économie publique: aussi M. de Sully, ce grand ministre, cet économe si sage & si zélé, a - t - il intitulé ses mémoires, Economies royales, &c.

L'épargne économique s'allie encore parfaitement avec la piété, elle en est la compagne fidele; c'estlà qu'une ame chrétienne trouve des ressources assûrées pour tant de bonnes oeuvres que la charité prescrit.

Quoi qu'il en soit, il n'est peut - être pas de peuple aujourd'hui moins amateur ni moins au fait de l'épargne, que les François; & én conséquence il n'en est guere de plus agité, de plus exposé aux chagrins & aux miseres de la vie. Au reste, l'indifférence ou plûtôt le mépris que nous avons pour cette vertu, nous est inspiré dès l'enfance par une mauvaise éducation, & sur - tout par les mauvais exemples que nous voyons sans cesse. On entend loüer perpétuellement la somptuosité des repas & des fêtes, la magnificence des habits, des appartemens, des meubles, &c. Tout cela est représenté, non - seulement comme le but & la récompense du travail & des talens, mais sur - tout comme le fruit du goût & du génie, comme la marque d'une ame noble & d'un esprit élevé.

D'ailleurs, quiconque a un certain air d'élégance & de propreté dans tout ce qui l'environne; quiconque sait faire les honneurs de sa table & de sa maison, passe à coup sûr pour homme de mérite & pour galant homme, quand même il manqueroit essentiellement dans le reste.

Au milieu de ces éloges prodigués au luxe & à la dépense, comment plaider la cause de l'épargne? Aussi ne s'avise - t - on pas aujourd'hui dans un discours étudié, dans une instruction, dans un prône, de recommander le travail, l'épargne, la frugalité, comme des qualités estimables & utiles. Il est inoüi qu'on exhorte les jeunes gens à renoncer au vin, à la bonne chere, à la parure, à savoir se priver des vaines superfluités, à s'accoûtumer de bonne heure au simple nécessaire. De telles exhortations paroîtroient basses & mal - sonnantes; elles sont néanmoins bien conformes aux maximes de la sagesse, & peut - être seroient - elles plus efficaces que toute autre morale, pour rendre les hommes réglés & vertueux. Malheureusement elles ne sont point à la mode parmi nous, on s'en éloigne même tous les jours de plus en plus; par - tout on insinue le contraire, la mollesse & les commodités de la vie. Je me souviens que dans ma jeunesse on remarquoit avec une sorte de mépris les jeunes gens trop occupés de leur parure; aujourd'hui on regarderoit avec mépris ceux qui auroient un air simple & négligé. L'éducation devroit nous apprendre à devenir des citoyens utiles, sobres, defintéresses, bienfaisans: qu'elle nous cloigne aujourd'hui de ce grand but! elle nous apprend à multiplier nos besoins, & par - là elle nous rend plus avides, plus à charge à nous - mêmes, plus durs & plus inutiles aux autres.

Qu'un jeune homme ait plus de talent que de fortune, on lui dira tout au plus d'une maniere vagne, qu'il doit songer tout de bon à son avancement; qu'il doit être fidele à ses devoirs, éviter les mauvaises compagnies, la débauche, &c. mais on ne lui dira pas, ce qu'il faudroit pourtant lui dire & lui répeter sans cesse, que pour s'assûrer le nécessaire & pour s'avance par des voies légitimes, pour de<pb-> [p. 746] venir honnête homme & citoyen vertueux, utile à soi & à sa patrie, il faut être courageux & patient, travailler sans relâche, éviter la dépense, mépriser également la peine & le plaisir, & se mettre enfin au - dessus des préjugés qui favorisent le luxe, la dissipation & la mollesse.

On connoît assez l'efficacité de ces moyens: cependant comme on attache mal - à - propos certaine idée de bassesse à tout ce qui sent l'épargne & l'économie, on n'oseroit donner de semblables conseils, on croiroit prêcher l'avarice; sur quoi je remarque en passant, que de tous les vices combattus dans la morale, il n'en est pas de moins déterminé que celui - ci.

On nous dépeint souvent les avares comme des gens sans honneur & sans humanité, gens qui ne vivent que pour s'enrichir, & qui sacrifient tout à la passion d'accumuler; enfin comme des insensés, qui, au milieu de l'abondance, écartent loin d'eux toutes les douceurs de la vie, & qui se refusent jusqu'au rigide nécessaire. Mais peu de gens se reconnoissent à cette peinture affreuse; & s'il falloit toutes ces circonstances pour constituer l'homme avare, il n'en seroit presque point sur la terre. Il suffit pour mériter cette odieuse qualification, d'avoir un violent desir des richesses, & d'être peu scrupuleux sur les moyens d'en acquérir. L'avarice n'est point essentiellement unie à la lésine, peut - être même n'est - elle pas incompatible avec le faste & la prodigalité.

Cependant, par un défaut de justesse, qui n'est que trop ordinaire, on traite communément d'avare l'homme sobre, attentif & laborieux, qui, par son travail & ses épargnes, s'éleve insensiblement au - dessus de ses semblables; mais plût au ciel que nous eussions bien des avares de cette espece. la société s'en trouveroit beaucoup mieux, & l'on n'essuyeroit pas tant d'injustices de la part des hommes. En général ces hommes resserrés, si l'on veut, mais plutôt ménagés qu'avares, sont presque toûjours d'un bon commerce; ils deviennent même quelquefois compatissans; & si on ne les trouve pas généreux, on les trouve au moins assez équitables. Avec eux enfin on ne perd presque jamais, au lieu qu'on perd le plus souvent avec les dissipateurs. Ces ménagers en un mot sont dans le système d'une honnête épargne, à laquelle nous prodiguons mal - à - propos le nom d'avarice.

Les anciens Romains plus éclairés que nous sur cette matiere, étoient bien éloignés d'en user de la sorte; loin de regarder la parcimonie comme une pratique basse ou vicieuse, erreur trop commune parmi les François, ils l'identifioient, au contraire, avec la probité la plus entiere; ils jugeoient ces vertueuses habitudes tellement inséparables, que l'expression connue de vir frugi, signifioit tout à la fois, chez eux, l'homme sobre & ménager, l'honnête homme & l'homme de bien.

L'Esprit - Saint nous présente la même idée; il fait en mille endroits l'éloge de l'économie, & partout il la distingue de l'avarice. Il en marque la différence d'une maniere bien sensible, quand il dit d'un côté qu'il n'est rien de plus méchant que l'avarice, ni rien de plus criminel que d'aimer l'argent (Ecclésiast. x. 9. 10.) & que de l'autre il nous exhorte au travail, à l'épargne, à la sobriété, comme aux seuls moyens d'enrichissement; lorsqu'il nous représente l'aisance & la richesse comme des biens desirables, comme les heureux fruits d'une vie sobre & laborieuse.

Allez, dit - il au paresseux, allez à la fourmi, & voyez comme elle ramasse dans l'été de quoi subsister dans les autres saisons. Prov. vj. 6.

Celui, dit - il encore, qui est lâche & négligent dans son travail, ne vaut guere mieux que le dissipateur. Prov. xviij. 9.

Il nous assûre de même, que le paresseux qui ne veut pas labourer pendant la froidure, sera réduit à mendier pendant l'été. Prov. xx. 4.

Il nous dit dans un autre endroit: pour peu que vous cediez aux douceurs du repos, à l'indolence, à la paresse, la pauvreté viendra s'établir chez vous & s'y rendra la plus forte: mais, continue - t - il, si vous êtes actif & laborieux, votre moisson sera comme une source abondante, & la disette fuira loin de vous. Prov. vj. 10. 11.

Il rappelle une seconde fois la même leçon, en disant que celui qui laboure son champ sera rassasié; mais que celui qui aime l'oisiveté sera surpris par l'indigence. Prov. xxviij. 19.

Il nous avertit en même tems, que l'ouvrier sujet à l'ivrognerie ne deviendra jamais riche. Ecclésiastique, xjx. 1.

Que quiconque aime le vin & la bonne chere, non - seulement ne s'enrichira point, mais qu'il tombera même dans la misere. Prov. xxj. 17.

Il nous défend de regarder le vin lorsqu'il brille dans un verre, de peur que cette liqueur ne fasse sur nous des impressions agréables mais dangereuses, & qu'ensuite semblable à un serpent & à un basilic, elle ne nous tue de son poison. Prov. xxiij. 31. 32.

Retranchez, dit - il ailleurs, retranchez le vin à ceux qui sont chargés du ministere public, de peur qu'enivrés de cette boisson traîtresse, ils ne viennent à oublier la justice, & qu'ils n'alterent le bon droit du pauvre. Prov. xxxj. 4. 5.

Contentez - vous, dit - il encore, du lait de vos chevres pour votre nourriture, & qu'il fournisse aux autres besoins de votre maison, &c. Prov. xxvij. 27.

Que d'instruction & d'encouragement à l'épargne & aux travaux économiques, ne trouve - t - on pas dans l'éloge qu'il fait de la femme forte! Il nous la dépeint comme une mere de famille attentive & ménagere, qui rend la vie douce à son mari & lui épargne mille sollicitudes; qui forme des entreprises importantes, & qui met elle - même la main à l'oeuvre; qui se leve avant le jour pour distribuer l'ouvrage & la nourriture à ses domestiques; qui augmente son domaine par de nouvelles acquisitions; qui plante des vignes; qui fabrique des étoffes pour fournir sa maison & pour commercer au - dehors; qui n'a d'autre parure qu'une beauté simple & naturelle; qui met néanmoins dans l'occasion les habits les plus riches; qui ne profere que des paroles de douceur & de sagesse; qui est enfin compatissante & secourable pour les malheureux. Prov. xxxj. 10. 11. 12. 13. 14. 15. &c.

A ces préceptes, à ces exemples d'économie si bien tracés dans les livres de la Sagesse, joignons un mot de S. Paul, & confirmons le tout par un trait d'épargne que J. C. nous a laissé. L'apôtre écrivant à Timothée, veut entr'autres qualités dans les évêques, qu'ils soient capables d'élever leurs enfans & de regler leurs affaires domestiques, en un mot qu'ils soient de bons économes; en effet, dit - il, s'ils ne savent pas conduire leur maison, comment conduiront - ils les affaires de l'Eglise? Si quis autem domui suoe proesse nescit, quomodò ecclesioe Dei diligentiam habebit? I. épître à Timothée, ch. iij. V. 4. 5.

Le Sauveur nous donne aussi lui - même une excellente leçon d'économie, lorsqu'ayant multiplié cinq pains & deux poissons au point de rassasier unefoule de peuple qui le suivoit, il fait ramasser ensuite les morceaux qui restent & qui remplissent douze corbeilles, & cela, comme il le dit, pour ne rien laisser perdre: colligite quoe superaverunt fragmenta ne pereant. Jean, vj. 12.

Malgré ces autorités si respectables & si sacrées, le goût des vains plaisirs & des folles depenses est chez nous la passion dominante, ou plutôt c'est une espece de manie qui possede les grands & les petits,

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