ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"729"> & un cheval qui s'attrape: celui qui s'entre - taille, se frappe toûjours au même lieu; il y a communément entamure ou plaie, & le poil s'y montre toûjours hérissé: celui qui s'attrape, s'atteint au contraire & se heurte en différens endroits; & comme la partie contuse n'est pas toûjours la même, le heurt n'y fait pas d'impression visible & apparente. Selon le plus ou le moins de sensibilité dans la partie sur laquelle a porté le coup, l'animal boîte le pas qui suit, & ne boîte plus après en avoir cheminé quelques autres. Quand il est las, il bronche en s'attrapant; il tombe même, si son allure est pressée, ou s'il galope, Ce défaut doit faire rejetter un cheval; il est d'autant plus essentiel, qu'il est comme impossible d'y remédier. Il provient de l'action des jambes qui se crorsent sans cesse; & il est certain que si la bonne école n'a pû rien opérer, il n'est produit que par une grande foiblesse, contre laquelle tous les secours de l'art seront toûjours impuissans.

Il n'en est pas ainsi de l'entre - taillure; on peut y obvier par la voie de la ferrure, soit que l'animal s'entre - taille d'un pié, de deux, ou de tous les quatre ensemble. Voyez Ferrure. (e)

ENTRE - COURS (Page 5:729)

ENTRE - COURS, s. m. (Jurisp.) étoit anciennement une société contractée entre deux seigneurs, au moyen de laquelle les sujets d'un seigneur, qui alloient demeurer ou se marier dans la terre d'un autre seigneur, devenoient eux & leurs enfans sujets de ce dernier seigneur. C'est ainsi que le terme d'entre - cours est entendu dans quelques anciennes chartres, dont le glossaire de Ducange fait mention au mot inter - cursus: à quoi se rapporte encore le chap. 45 des coûtumes de Beauvoisis, par Beaumanoir.

Il arrivoit souvent par - là qu'un roturier qui étoit franc dans un lieu, devenoit serf dans un autre, parce qu'en transférant son domicile dans un lieu où les sujets du seigneur étoient serfs, & y demeurant par an & jour, le seigneur du lieu en acquéroit la saisine, & l'homme franc devenoit de même condition que les autres sujets serfs. Pour parer à cet inconvénient, quelques seigneurs faisoient entr'eux des sociétés par rapport à leurs sujets, suivant lesquelles les sujets de l'un pouvoient librement & sans danger de perdre leur franchise, aller demeurer dans la seigneurie de l'autre seigneur, & même s'y marier avec une personne serve ou sujete de ce seigneur. Ces sociétés furent aussi nommées entre cours, & le droit qui en résultoit en faveur des sujets, fut appellé droit d'entre - cours.

Au moyen de cet entre - cours, l'homme franc ou bourgeois qui passoit d'une seigneurie dans une autre, devenoit bien l'homme ou sujet du dernier seigneur, mais il conservoit sa franchise.

Il y avoit un pareil entre - cours entre les comtes de Champagne & les comtes de Bar, comme il se voit dans les articles 78 & 79 de la coûtume de Vitry.

Le premier de ces articles porte que par l'entre - cours gardé & observé entre les pays de Champagne & Barrois, quand aucun homme ou femme né du Barrois, vient demeurer au bailliage de Vitry, il est acquis de ce même fait au roi, & lui doit sa jurée, comme les autres hommes & femmes de jurée demeurans audit bailliage; que le roi est en possession & saisine de la lever ainsi sur eux; & que quand tels hommes ou femmes nés en Barrois, & demeurans au bailliage de Vitry, vont de vie à trépas sans héritier légitime demeurant avec eux audit pays, & qui soit regnicole à l'heure de leur trépas, le roi représente l'héritier absent, leur succede, & prend leurs biens au moyen dudit entre - cours.

L'article suivant porte que pareillement si quelqu'un du comté de Champagne va demeurer au duche de Bar, il est acquis au seigneur duc, au moyen dudit entre - cours; que s'il y décede, ses enfans nés avec lui audit pays & duché au jour de son trépas, ne succedent en ses biens assis & situés audit bailliage, mais qu'ils appartiennent au roi par droit d'attrayere, qui représente lesdits enfans absens; mais s'il y avoit des héritiers prochains, demeurans au bailliage de Vermandois, tels héritiers lui succéderoient.

Les seigneurs dérogeoient aussi au droit de mainmorte, par rapport au mariage de leurs serfs; & par les traités d'entre - cours qu'ils faisoient entr'eux à ce sujet, le serf de l'un pouvoit librement, & sans peine de for - mariage, se marier avec une personne serve d'un autre seigneur. Voyez le glossaire de Lauriere, au mot entre - cours.

On trouve des exemples de ces entre - cours, tant par rapport au domicile que pour les mariages, dans l'histoire de Verdun, aux preuves, pag. 13 & 14.

Le droit d'entre - cours est quelquefois appellé parcours, quoique ce dernier terme s'applique plus ordinairement aux conventions qui ont trait à la réciprocité du pâturage entre deux seigneuries. Voyez Parcours. (A)

ENTRE DUERO - E - MINHO (Page 5:729)

ENTRE DUERO - E - MINHO, (Géog. mod.) c'est une des provinces du Portugal; elle a environ dix - huit lieues de longueur sur autant de largeur. Brague en est la capitale.

ENTRE - DEUX (Page 5:729)

ENTRE - DEUX, s. m. (Drap.) il se dit de quelques endroits d'une étoffe, où elle n'a pas été tondue assez ras. On ne répare ce défaut qu'en y repassant la force.

ENTRÉE (Page 5:729)

ENTRÉE, s. f. (Grammaire.) se dit généralement au simple, de toute ouverture qui conduit du dehors d'un lieu au - dedans de ce lieu. Ce mot se prend au figuré, pour le commencement, le début.

Entrée (Page 5:729)

Entrée, se dit, en Astronomie, du moment auquel le Soleil ou la Lune commence à parcourir un des signes du zodiaque. Ainsi on dit l'entrée du Soleil ou de la Lune dans le Bélier, dans le Taureau, &c. Voyez Signe, Soleil, &c.

On se sert aussi du mot entrée dans ces phrases: l'entrée de la Lune dans l'ombre, dans la pénombre, &c. Voyez Eclipse. (O)

Entrées (Page 5:729)

Entrées, s. f. pl. (Hist. anc.) privilége accordé à des particuliers d'être admis auprès des rois & des princes, dans certains tems & à certaines heures.

La coûtume des rois, des princes, & des grands seigneurs, de distinguer leurs courtisans & les personnes qui leur sont attachées par les différentes entrées qu'ils leur donnent chez eux, est une coûtume sort ancienne. Séneque, dans son livre IV. des bienfaits, chap. xxjv. nous instruit que C. Gracchus & Livius Drusus, tribuns du peuple, en furent les auteurs à Rome. « Parmi nous, dit - il, Gracchus & après lui Livius Drusus, ont commencé à séparer la foule de leurs amis & de leurs courtisans, en recevant les uns en particulier, les autres avec plusieurs, & les autres avec tout le monde ».

Les premiers étoient appellés propiores, ou primi amici, ou primoe admissionis; les amis de la premiere entrée: les seconds, secundi amici, ou secundoe admissionis; les amis de la seconde: & les derniers, inferiores amici, ou ultimoe admissionis; les amis qui n'avoient que les dernieres entrées.

Cet usage qui avoit été long - tems interrompu, & qui ne subsistoit point à la cour d'Auguste, fut rétabli par Tibere, qui, comme Suétone nous l'apprend, partagea sa cour en ces trois classes, & appella la derniere la classe des Grecs; parce que les Grecs étoient des gens dont on faisoit alors peu de cas, & qui n'entroient que les derniers chez cet empereur.

La coûtume dont je parle se perdit encore après Tibere; elle fut renouvellée par d'autres empereurs, & elle prit enfin de si fortes racines sous Constantin, qu'elle s'est toûjours conservée depuis, & qu'il n'y a [p. 730] pas d'apparence qu'on la laisse tomber: au fond, il est bien juste que les princes ayent la même prérogative & la même liberté que se donnent les particuliers, de recevoir différentes personnes chez eux à différentes heures, les unes plûtôt, les autres plûtard, selon qu'elles leur sont ou agréables, ou nécessaires. Cependant aujourd'hui ce qu'on appelle entrées dans les cours de l'Europe, est un privilége spécialement attaché à certains emplois & à certaines charges, d'entrer à certaines heures dans la chambre des rois, quand les autres n'y entrent pas. C'est donc un droit que donne la charge, & non la personne; c'est une pure étiquette qui ne prouve point de confiance particuliere du prince dans ceux qui joüissent de ce droit. Voyez l'article Etiquette. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Entrée (Page 5:730)

Entrée, (Hist. mod.) réception solennelle qu'on fait aux rois & aux reines lorsqu'ils entrent la premiere fois dans les villes, ou qu'ils viennent triomphans de quelque grande expédition.

Ces sortes de cérémonies varient suivant le tems, les lieux, & les nations; mais elles sont toûjours un monument des usages des différens peuples, & de la diversité de ces usages dans une même nation, lesquels font communément un excellent tableau de caractere: c'étoit, par exemple, un spectacle singulier que l'appareil de décorations profanes & de mascarades de dévotion qui se voyoit en France aux entrées des rois & des reines, dans le xv. siecle. L'auteur des essais sur Paris qui parurent l'année passée (1754, in - 12.), en donne une esquisse tirée d'après l'histoire, qu'il suffira de rapporter pour exemple: il seroit trop long de transcrire ici, même par extrait, ce que j'ai recueilli sur cette matiere avant & depuis Charles VII.

Comme les rois & les reines (dit l'auteur dont je viens de parler) faisoient leurs entrées par la porte Saint Denis, on tapissoit toutes les rues sur leur passage, & on les couvroit en - haut avec des étoffes de soie & des draps camelotés; des jets - d'eaux de senteurs parsumoient l'air, le lait & le vin couloient de plûsieurs fontaines. Les députés des six corps de marchands portoient le dais. Les corps de métiers suivoient à cheval, représentant en habits de caractere les sept péchés mortels, les sept vertus, foi, espérance, charité, justice, prudence, force, & tempérance, la mort, le purgatoire, l'enfer, & le paradis.

Il y avoit de distance en distance des théatres où des acteurs pantomimes, mêlés avec des choeurs de musique, représentoient des histoires de l'ancien & du nouveau Testament, le sacrifice. d'Abraham, le combat de David contre Goliath, l'ânesse de Balaam prenant la parole pour la porter à ce prophete, des bergers avec leurs troupeaux dans un bocage, à qui l'ange annonçoit la naissance de Notre - Seigneur, & qui chantoient le Gloria in excelsis Deo, &c. & pour lors le cri de joie étoit Noël, Noël. Voy. Comédie sainte.

A l'entrée de Louis XI, en 1461, on imagina un nouveau spectacle: Devant la fontaine du Ponceau, dit Malingre, page 208 de ses antiquités & annales de Paris (ouvrage plus passable que ceux qu'il a publiés depuis) étoient plusieurs belles filles en syrenes toutes nues, lesquelles en faisant voir leur beau sein, chantoient des petits motets de bergerettes, fort doux & charmans.

Il paroît qu'à l'entrée de la reine Anne de Bretagne, on poussa l'attention jusqu'à placer de distance en distance, de petites troupes de dix ou douze personnes, avec des pots - de - chambre pour les dames & demoiselles du cortege qui en auroient besoin.

Ajoûtez sur - tout à ces détails, la description curieuse que le P. Daniel a donnée dans son histoire de France, de l'entrée de Charles VII. & vous convien<cb-> drez en rassemblant tous les faits, que quoique ces sortes de réjoüissances ne soient plus du goût, de la politesse, & des moeurs de notre siecle, cependant elles nous prouvent en général deux choses qui subsistent toûjours les mêmes; je veux dire 1°. la passion du peuple françois pour les spectacles quels qu'ils soient, 2°. son amour & son attachement invsolable pour nos rois & pour nos reines.

Je ne parle pas ici des cérémonies d'entrées de princes étrangers, légats, ambassadeurs, ministres, &c. ce n'est qu'une vaine étiquette de cérémonial dont toutes les cours paroissent lasses, & qui finira quand la principale de l'Europe jugera de son intérêt de montrer l'exemple. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Entrée (Page 5:730)

Entrée, (Jurisprud.) signifie dans cette matiere acquisition, prise de possession. On appelle deniers d'entrée, ceux qui sont payés par le nouveau propriétaire au précédent, pour entrer en joüissance. Voyez Deniers. Entrage est ce qui se paye au seigneur pour le droit d'entrée, c'est - à - dire pour la mutation. (A)

Entrée (Page 5:730)

Entrée, (Comm.) droit ou impôt qu'on leve au nom du souverain sur les marchandises qui entrent dans un état, soit par terre, soit par mer, suivant le tarif qui en est dressé, & qui doit être affiché en lieu apparent dans les bureaux où l'on exige ces droits.

Les droits d'entrée se payent aussi en France sur les marchandises qui entrent dans les provinces qui sont réputées étrangeres; & il y en a d'autres encore qui se levent à l'entrée de quelques villes.

Lorsque le droit d'entrée de quelque marchandise n'est pas réglé par le tarif, on le paye par estimation, c'est - à - dire à proportion de ce qu'une autre marchandise, à - peu - près de même qualité, a coûtume de payer.

Les droits d'entrée se payent y compris les caisses, tonneaux, serpillieres, cartons, pailles, toiles, & autres emballages, à la reserve des drogueries & épiceries, sur lesquelles les emballages sont déduits.

Toutes sortes de marchandises ne peuvent entrer en France par toutes sortes de villes & de ports, même en payant les droits, mais seulement pour certaines marchandises par les lieux qui leur sont marqués, ou par les ordonnances, ou par les arrêts du conseil, comme les drogueries & épiceries par la Rochelle, Roüen, & Calais, Bordeaux, Lyon, & Marseille, les chevaux par Dourlens, Peronne, Amiens, &c. les manufactures étrangeres par Saint - Valery, Calais, &c. & ainsi de quelques autres.

Les peines contre ceux qui veulent faire entrer des marchandises en fraude, sont la confiscation de ces marchandises & des équipages & harnois, & une amende statuée par les arrêts & ordonnances. Voy. Contrebande, Droit & Tarif . Dict. de Comm. de Trév. & Chamb. (G)

Entrée (Page 5:730)

Entrée, (Comm.) terme de teneur de livres en parties doubles. L'entrée du grand livre, c'est l'état des débiteurs & créditeurs portés par la balance ou le bilan du livre précedent. Voyez Livres. (G)

Entrée (Page 5:730)

Entrée, (Danse.) air de violon sur lequel les divertissemens d'un acte d'opéra entrent sur le théatre. On donne aussi ce nom à la danse même qu'on exécute. Ce sont ordinairement les choeurs de danse qui paroissent sur cet air; c'est pour cette raison qu'on les nomme corps d'entrée. Ils en dansent un commencement; un danseur ou une danseuse danse un commencement & une fin, & les choeurs reprennent la derniere fin. Chaque danse qu'un danseur ou une danseuse exécute, s'appelle aussi entrée. On lui donne encore le nom de pas. Voyez Pas. Un maître fort supérieur avec qui j'ai conféré souvent sur cette matiere, m'a confié un résultat de ses observations, qui peut être fort utile à l'art. Le voici.

Dans toute entrée de danse, le danseur, à qui on

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