ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"727"> par un spectacle différent de la piece, soit qu'on laisse cet espace absolument vuide.

Entr'acte, dans un sens plus limité, est un divertissement en dialogue ou en monologue, en chant ou en danse, ou enfin mêlé de l'un & de l'autre, que l'on place entre les actes d'une comédie ou d'une tragédie. L'objet de ce divertissement isolé & de mauvais goût, est de varier l'amusement des spectateurs, souvent de donner le tems aux acteurs de changer d'habits, & quelquefois d'allonger le spectacle; mais il n'en peut être jamais une partie nécessaire: par conséquent il n'est qu'une mauvaise ressource qui décele le manque de génie dans celui qui y a recours, & le défaut de goût dans les spectateurs qui s'en amusent.

Les Grecs avoient des entr'actes de chant & de danse dans tous leurs spectacles: il ne faut pas les en blâmer. L'art du théatre, quoique traité alors avec les plus belles ressources du génie, ne faisoit cependant que de naître; ils ne l'ont connu que dans son enfance, mais c'étoit l'enfance d'Hercule qui joüoit avec les lions.

Les Romains, en adoptant le théatre des Grecs, prirent tous les défauts de leur genre, & n'atteignirent à presqu'aucune de leurs beautés. En France, lorsque Corneille & Moliere créerent la tragédie & la comédie, ils profiterent des fautes des Romains pour les éviter; & ils eurent assez de génie & de goût pour se rendre propres les grandes beautés des Grecs, & pour en produire de nouvelles, que les Sophocles & les Aristophanes n'auroient pas laissé échapper, s'ils avoient vécu deux mille ans plus tard.

Ainsi le théatre françois, dans les mains de ces deux hommes uniques, ne pouvoit pas manquer d'être à jamais débarrassé d'entr'actes & d'intermedes. Voyez Intermede.

L'entr'acte à la comédie françoise, est composé de quelques airs de violons qu'on n'écoute point.

A l'opéra le spectacle va de suite; l'entr acte est une symphonie que l'orchestre continue sans interruption, & pendant laquelle la décoration change. Cette continuité de spectacle est favorable à l'illusion, & sans l'illusion il n'y a plus de charme dans un spectacle en musique. Voyez Illusion.

Le grand ballet sert d'entr'acte dans les drames de collége. Voyez Ballet de Collége.

L'opéra italien a besoin d'entr'actes; on les nomme en Italie intermezzi, intermedes. Oseroit - on le dire? auroit - on besoin de ce malheureux secours dans un opéra qu'un intérêt suivi ou qu'une variété agréable soûtiendroient réellement? On parle beaucoup en France de l'opéra italien: croit - on le connoître? Voyez Opfra. Les Italiens eux - mêmes, toûjours amoureux & jaloux de ce spectacle, l'ont - ils jamais examiné? On avance ici une proposition que l'expérience seule ne nous a pas suggerée; elle nous a été confirmée par des personnes sages & instruites, dont aucune nation ne peut récuser le suffrage. Il n'y a pas un homme en Italie qui ait écouté de suite une seule fois en sa vie tout l'opéra italien. On a eu recours aux intermedes de bouffons ou à des danses pantomimes, pour combattre l'ennui presque continuel de plus de quatre heures de spectacle; & cette ressource est un défaut très - grand du génie, comme il sera démontré à l'article Intermede. (B)

ENTRAGE (Page 5:727)

ENTRAGE, s. m. (Jurispr.) signifie quelquefois entrée ou commencement de possession & joüissance; plus souvent il signifie un droit en argent que le nouveau possesseur est obligé de payer au seigneur: il en est parlé dans la coûtume de Nivernois, tit. xxij. art. 8. Bourbonnois, art. 274 & 442. Voyez Issue. (A)

ENTRAIGUES (Page 5:727)

ENTRAIGUES, (Géog. mod.) ville du comté du Rouergue en France; elle est située à l'endroit où la Truyere se jette dans le Lot.

ENTRAILLES (Page 5:727)

ENTRAILLES, s. f. plur. (Anatomie.) intestins, boyaux. Avoir les entrailles échauffées, rafraîchir les entrailles. Il se prend quelquefois dans un sens plus général, pour tous les visceres, toutes les parties renfermées dans le corps des hommes & des animaux. L'inspection des entrailles des victimes a aidé à connoître la structure du corps sain.

L'oblation des victimes étoit une cérémonie religieuse de nos premiers parens, comme on le voit par l'histoire d'Abel dans la Genese, & par les plus anciennes fables de l'âge d'or. On auroit crû déplaire à la divinité, & ne pouvoir appaiser sa colere, si la victime eût été souillée de la moindre maludie; c'est pourquoi nous lisons dans le Lévitique qu'on n'immoloit que les animaux les plus sains & les plus purs, & c'est ainsi que les prêtres commencerent à s'appliquer à connoître les marques distinctives de la santé & de la maladie. Voyez Anatomie. Chambers. (L)

Entrailles (Page 5:727)

* Entrailles, (Mythol.) c'étoient les parties des animaux que les aruspices consultoient particulierement. Il faut voir avec quelle impiété Cicéron parle de cette pratique de sa religion. Il suit de son discours que l'inspection des entrailles est la derniere des extravagances; & que ceux qui en sont chargés, sont assez communément des imposteurs. C'est à cette occasion qu'il rapporte un mot de Caton, qui auroit pû avoir lieu dans une infinité d'autres cas, si la prévention n'eût point fasciné les yeux & les esprits. Caton disoit « qu'il étoit toûjours étonné qu'un aruspice qui en rencontroit un autre, ne se mît pas à rire ».

ENTRAIT (Page 5:727)

ENTRAIT, s. m. (Charpent.) est une poutre sur laquelle portent les solives des galetas, & les arbalestriers. Voyez les figures des Planches du Charpentier.

Entrait (Page 5:727)

Entrait, (double) il se dit de ceux qui sont dans les enrayures.

ENTRAVAILLÉ (Page 5:727)

ENTRAVAILLÉ, adj. terme de Blason, qui se dit des oiseaux qui, ayant le vol éployé, ont un bâton ou quelqu'autre chose passée entre les aîles & les piés. Dictionn. de Trévoux.

ENTRAVER un Cheval (Page 5:727)

ENTRAVER un Cheval, (Manége, Maréch.) lui mettre des entraves; expressions également usitées dans un seul & même sens. Voyez Entraves.

Entraver (Page 5:727)

Entraver, v. neut. (Faucon.) c'est raccommoder les jets de l'oiseau, de sorte qu'il ne peut se déchaperonner.

ENTRAVES (Page 5:727)

ENTRAVES, s. f. (Man. Maréchall.) espece de liens par le secours desquels nous pouvons nous assûrer & nous rendre maîtres des chevaux, soit qu'il s'agisse de lés retenir dans les pâturages, ou de leur ôter la liberté, dans l'écurie, d'élever leurs piés de devant sur l'auge ou contre les rateliers; soit que nous soyons dans l'obligation de les assujettir ou de les abattre pour leur faire quelques opérations.

Les entraves dont nous faisons usage dans le premier cas, sont composés de deux entravons qui sont unis par des anneaux ou par une chaîne de fer, ou quelquefois par une laniere non moins forte que celles qui forment les entravons. Voyez Entravon. On doit avoir la précaution d'en délivrer l'animal, pour lui laisser plus de liberté lorsqu'il veut se coucher. Il est bon aussi de faire attention que les jambes du cheval entravé très - long - tems, peuvent insensiblement s'arquer, & que souvent par cette même raison l'animal devient panard.

Dans le second cas nous n'employons que des entravons non unis, mais séparés; nous les fixons, ainsi que les premieres entraves, dans le pli des paturons des quatre jambes ensemble, ou d'une ou de deux seulement, selon le besoin; en observant de les boucler de façon que les boucles soient en - dehors. [p. 728] Lorsque notre intention est d'empêcher uniquement le cheval de rüer, nous ne mettons nos entravons qu'aux extrémités postérieures, & nous passons une corde de chaque côté, dans l'anneau dont doit être pourvû chacun d'eux. Nous croisons ensuite chacune de ces cordes ou de ces longes sous le ventre de l'animal, & nous les arrêtons fermement par une seule boucle coulante, qu'il nous est facile de défaire promptement, aux deux côtés de l'encolure, & à des anneaux de fer dont est garni un colier de cuir que nous avons passé sur la tête & sur l'encolure du cheval. Est - il question de l'abattre & de le renverser? les quatre paturons seront saisis des entravons; nous attacherons une longe à l'anneau de l'un de ceux de devant, nous en ferons passer l'autre extrémité dans celui de l'autre entravon de ce même devant, & ensuite dans les deux anneaux de ceux de derriere: nous repasserons une seconde fois dans le premier anneau auquel la longe est attachée; après quoi plusieurs hommes réunissant leurs forces, tireront cette longe, & rapprocheront ainsi les piés de l'animal, qui ne pourra s'opposer à sa chûte. C'est ainsi que nous devons nous précautionner contre les efforts qu'il feroit pour nous résister, & nous mettre en garde contre les coups dont il pourroit nous atteindre.

L'animal étant renversé, nous le plaçons dans la situation la plus convenable à l'opération que nous avons dessein de pratiquer. Au surplus, en indiquant les moyens de le soûmettre en conséquence des liens dont il s'agit, je n'ai pas décrit ce que font la plûpart des maréchaux dans ces sortes de cas: j'en ai dit assez pour instruire sur ce qu'ils devroient faire. (e)

ENTRAVESTISSEMENT DE SANG (Page 5:728)

ENTRAVESTISSEMENT DE SANG, (Jurisprud.) ou RAVESTISSEMENT DE SANG, dans les coûtumes de Cambray, Bethune, Arras & Bapaume, est la succession qui a lieu au profit du survivant des conjoints.

Entravestissement par lettres, est la succession qui a lieu en vertu d'une sentence du juge. Il en est fait mention dans la coûtume particuliere de Calloeuë, sous Artois. (A)

ENTRAVON (Page 5:728)

ENTRAVON, s. m. (Manége, Maréchall.) n'est autre chose que la partie de l'entrave qui entoure précisément le paturon du cheval. Voy. Entraver. Il est fait d'un cuir fort & épais, d'une largeur proportionnée à son usage, & muni d'une boucle servant à l'attacher & à le fixer, ainsi que d'un anneau de fer, lorsqu'il n'est point destiné à completer des entraves. On a de plus l'attention de le rembourrer dans sa surface intérieure, afin qu'il ne puisse causer aucune excoriation. (e)

ENTREBAS ou DEMI - CLAIRES VOIES (Page 5:728)

ENTREBAS ou DEMI - CLAIRES VOIES, (Manufacture en Drap.) défaut du drap, qui vient de ce que la chaîne n'est pas aussi serrée dans un endroit qu'elle le doit être; soit parce qu'elle a été mal distribuée, ou qu'il y manque un fil, ou que le fil est trop foible.

ENTREBATTES (Page 5:728)

ENTREBATTES, s. f. (Manuf. en Drap.) c'est dans les étoffes de sayetterie, qui se fabriquent à Beauvais, une des marques du maître, sans laquelle il est défendu de vendre l'étoffe. Ce terme se dit aussi de deux barres ou bandes qu'on fait à chaque bout de la piece, avec une trame de couleur différente de celle de l'étoffe.

ENTRECHAT (Page 5:728)

ENTRECHAT, s. m. (Danse.) c'est un sault leger & brillant, pendant lequel les deux piés du danseur se croisent rapidement, pour retomber à la troisieme position. Voyez Position.

L'entrechat se prend en marchant, ou avec un coupé. Le corps s'élance en l'air, & les jambes passent également à la troisieme position.

Il n'est jamais entrechat qu'il ne soit formé à quatre; on le passe à six, à huit, à dix, & on a vû des danseurs assez vigoureux pour le passer à douze.

Ce dernier n'est point, & ne sauroit jamais être théatral; on n'use pas même au théatre de celui à dix. Quelque vigueur qu'on puisse supposer au danseur, les passages alors sont trop rapides pour qu'ils pûssent être apperçûs par les spectateurs.

Les excellens danseurs se bornent pour l'ordinaire à six, & le passent rarement à huit. Dupré se bornoit à six.

L'entrechat employe deux mesures; la premiere sert au coupé; la seconde à l'élancement du corps, au battement & au tomber.

Il se fait de face, en tournant, & de côté; & on lui donne alors ces noms différens.

Deruel danseur de l'opéra du dernier siecle, faisoit la capriole en montant, & l'entrechat en tombant.

Peu de danseurs, même fameux alors, faisoient l'entrechat, pas même celui à quatre, qu'on appelle improprement demi - entrechat.

J'ai vû naître les entrechats des danseuses; mademoiselle Salley ne l'a jamais fait sur le théatre; mademoiselle Camargo le faisoit d'une maniere fort brillante à quatre; mademoiselle Lany est la premiere danseuse en France qui l'ait passé au théatre à six.

J'ai entendu dans les commencemens de grands murmures sur l'agilité de la danse moderne: Ce n'est pas ainsi, disoit - on, que les femmes devroient danser. Que devient la décence? O tems! ô moeurs! Ah, la Prevôt! la Prevôt...! Elle avoit les piés en - dedans & des jupes longues, que nous trouverions encore aujourd'hui trop courtes. (B)

ENTRE - COUPE (Page 5:728)

ENTRE - COUPE, s. f. (Coupe des pierres.) intervalle vuide entre deux voûtes qui sont l'une sur l'autre, ensorte que la doüile de la supérieure enveloppe l'extrados de l'inférieure, laquelle est quel quefois ouverte, comme au dome des Invalides à Paris.

On fait souvent des entre - coupes pour suppléer à la charpente d'un dome, en élevant une voûte pour la décoration extérieure au - dessus de la premiere, qui paroîtroit trop écrasée au - dehors, comme à S. Pierre de Rome & en plusieurs autres églises d'Italie. (D)

ENTRE - COUPER (Page 5:728)

ENTRE - COUPER, (S') SE COUPER, S'ENTRE - TAILLER, v. pass. Manége, Maréchall. expressions qui ne signifient qu'une seule & même chose, & par le moyen desquelles nous désignons l'action du cheval qui en cheminant s'atteint à la partie latérale interne du boulet, & quelquefois à sa portion postérieure.

Les causes de ce vice sont, 1°. la foiblesse naturelle: l'animal dont les reins seront foibles & les membres peu proportionnés, s'entre - coupera infailliblement. 2°. Un vice de conformation: tout cheval mal planté & défectueusement situé sur ses jambes, soit qu'il soit serré, soit qu'il soit cagneux ou panard (voyez Jambes), soit enfin qu'il soit crochu en - dedans ou en - dehors (voyez Jarrets), ne pourra que se couper. 3°. La lassitude: aussi voyons - nous que nombre de chevaux s'entre - taillent à la suite d'un long voyage. 4°. La paresse: ainsi les barbes, dont l'allure est communément froide, s'entre - coupent quand on les mene en main. 5°. Le défaut d'habitude de cheminer: car des poulains qui n'ont pas été exercés, se coupent & même s'attrapent dans les commencemens qu'on les travaille. 6°. Enfin une vieille, une mauvaise ferrure, ou des rivets qui débordent, puisqu'il est incontestable que la source la plus ordinaire de l'entre - taillure, est dans l'impéritie ou dans la négligence du maréchal.

Il faut au surplus considérer qu'il y a une très grande différence entre un cheval qui s'entre - taille,

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