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2°. Il en est de même des Arts tant méchaniques
que libéraux: dans les uns & les autres ce qui concerne
les détails est uniquement l'objet de l'artiste;
mais d'un côté les principes fondamentaux des Arts
méchaniques sont fondés sur les connoissances mathématiques
& physiques des hommes, c'est - à - dire
sur les deux branches les plus considérables de la Philosophie; de l'autre, les Arts libéraux ont pour base
l'étude fine & délicate de nos sensations. Cette métaphysique
subtile & profonde qui a pour objet les
matieres de goût, sait y distinguer les principes absolument
généraux & communs à tous les hommes,
d'avec ceux qui sont modifiés par le caractere, le
génie, le degré de sensibilité des nations ou des individus;
elle démêle par ce moyen le beau essentiel
& universel, s'il en est un, d'avec le beau plus ou
moins arbitraire & plus ou moins convenu: également éloignée & d'une décision trop vague & d'une
discussion trop scrupuleuse, elle ne pousse l'analy se
du sentiment que jusqu'où elle doit aller, & ne la
resserre point non plus trop en - deçà du champ qu'elle
peut se permettre; en comparant les impressions &
les affections de notre ame, comme le métaphysicien
ordinaire compare les idées purement spéculatives,
elle tire de cet examen des regles pour rappeller
ces impressions à une source commune, &
pour les juger par l'analogie qu'elles ont entr'elles;
mais elle s'abstient ou de les juger en elles - mêmes,
ou de vouloir apprétier les impressions originaires &
primitives par les principes d'une philosophie aussi
obscure pour nous que la structure de nos organes,
ou de vouloir enfin faire adopter ses regles par ceux
qui ont reçu soit de la nature soit de l'habitude une
autre façon de sentir. Ce que nous disons ici du goût
dans les Arts libéraux, s'applique de soi - même à
cette partie des Sciences qu'on appelle Belles - Lettres.
C'est ainsi que les élémens de toutes nos connoissances
sont renfermés dans ceux d'une philosophie bien
entendue. Voyez
Nous n'ajoûterons plus qu'un mot sur la maniere d'étudier quelques sortes d'élémens que ce puisse être, en supposant ces élémens bien faits. Ce n'est point avec le secours d'un maître qu'on peut remplir cet objet, mais avec beaucoup de méditation & de travail. Savoir des élémens, ce n'est pas seulement connoître ce qu'ils contiennent, c'est en connoître l'usage, les applications, & les conséquences; c'est pénétrer dans le génie de l'inventeur, c'est se mettre en état d'aller plus loin que lui, & voilà ce qu'on ne fait bien qu'à force d'étude & d'exercice: voilà pourquoi on ne saura jamais parfaitement que ce qu'on a appris soi - même. Peut - être feroit - on bien par cette raison, d'indiquer en deux mots dans des élémens l'usage & les conséquences des propositions démontrées. Ce seroit pour les commençans un sujet d'exercer leur esprit en cherchant la démonstration de ces conséquences, & en faisant disparoître les vuides qu'on leur auroit laissés à remplir. Le propre d'un bon livre d'élémens est de laisser beaucoup à penser.
On doit être en état de juger maintenant si des
Des élémens bien faits, suivant le plan que nous avons exposé, & par des écrivains capables d'exécuter ce plan, auroient une double utilité: ils mettroient les bons esprits sur la voie des découvertes à faire, en leur présentant les découvertes déjà faites; de plus ils mettroient chacun plus à portée de distinguer les vraies découvertes d'avec les fausses; car tout ce qui ne pourroit point être ajoûté aux élémens d'une Science comme par forme de supplément, ne seroit point digne du nom de découverte. Voyez ce mot. (O)
Après avoir exposé ce qui concerne les élémens des Sciences en général, nous allons maintenant dire un mot des élémens de Mathématique & de Physique, en indiquant, pour répondre à l'objet de cet ouvrage, les principaux livres où ils sont traités.
Les élémens des Mathématiques ont été expliqués
dans des cours & des systèmes qu'ont donnés différens
auteurs. Voyez
Le premier ouvrage de cette espece est celui de
Hérigone, publié en latin & en françois l'an 1664,
en dix volumes. Cet auteur y a renfermé les élémens d'Euclide, les données du même, &c. avec
les élémens d'Arithmétique, d'Algebre, de Trigonométrie, d'Architecture, de Géographie, de Navigation, d'Optique, des Sphériques, d'Astronomie, de
Musique, de Perspective, &c. Cet ouvrage a cela de
remarquable, que l'auteur y employe par - tout une
espece de caractere universel, de maniere que sans
se servir absolument d'aucun langage, on peut en
entendre toutes les démonstrations, pourvû que l'on
se souvienne seulement des caracteres qui y sont employés.
Voyez
Depuis Hérigone, d'autres auteurs ont expliqué les élémens de différentes parties de Mathématiques, particulierement le jésuite Schott dans son cursus mathematicus, publié en 1674; Jonas Moore, dans son nouveau système de Mathématiques, imprimé en anglois en 1681; Dechales dans son cursu, machematicus, qui parut en 1674; Ozanam dans son cours des Mathématiques, publié en 1699: mais personne n'a donné de cours de Mathématiques plus étendu ni plus approfondi que M. Wolf; son ouvrage a été publié sous le titre de elementa matheseos universae, en deux volumes in - 4°, dont le premier parut en 1713, & le second en 1715: depuis il y a eu une édition de Geneve en 1733, en cinq volumes in - 4°: en général cet ouvrage fait honneur à son auteur, quoiqu'il ne soit pas exempt de fautes; mais c'est le meilleur ou le moins mauvais que nous ayons jusqu'ici.
Les élémens d'Euclide sont le premier, & selon plusieurs personnes le meilleur livre d'élémens de Géométrie. On a fait un grand nombre d'éditions & de commentaires sur les quinze livres des élémens de cet auteur. Oronce Finé est le premier qui a publié, en 1530, les six premiers livres de ces élémens avec des notes pour expliquer le sens d'Euclide. Peletier fit la même chose en 1557. Nic. Tartaglia fit un commentaire vers ce même tems sur les quinze livres entiers; il y ajoûta même quelque chose de lui.
Dechales, Hérigone, & d'autres, ont pareillement travaillé beaucoup sur les élémens d'Euclide, ainsi que Barrow, recommandable sur - tout par la précision & la rigueur de ses démonstrations. Mais comme les quinze livres entiers ne paroissent pas nécessaires, principalement aux jeunes Mathématiciens, quelques auteurs se sont appliqués seulement à bien éclaircir les six premiers livres, avec l'onzieme & le douzieme tout au plus. On ne finiroit pas, si l'on vouloit rapporter les différentes éditions qu'on en a faites: celles qui passent pour les meil<cb->
Quelques auteurs ont réduit en syllogismes toutes les démonstrations d'Euclide, pour faire voir comment l'on s'éleve, par une chaîne de raisonnemens, à une démonstration complete. Pierre Ramus n'approuva pas l'ordre d'Euclide, comme il le paroît par son discours sur les quinze livres de cet auteur; c'est ce qui le détermina à compiler vingt - trois nouveaux livres d'élémens, suivant la méthode scholastique, mais sans succès. Arnaud, en 1667; Gaston Pardiés, Jésuite, en 1680; le P. Lamy, en 1685; Poliniere, en 1704; & depuis 20 ans M. Rivard, ont publié le fond de la doctrine d'Euclide, suivant une nouvelle méthode particuliere à chacun d'eux.
Il y a quelques années que M. Clairaut, de l'académie
des Sciences de Paris, publia une Géométrie
où les propositions ne paroissent qu'à mesure qu'elles
sont occasionnées par les besoins des hommes
qui les ont découvertes: cette méthode est très - lumineuse, & n'a point la sécheresse des précédentes;
mais, outre que l'auteur y suppose quelquefois sans
démonstration ce qui à la rigueur pourroit en avoir
besoin, les propositions, ainsi que dans toutes les autres
méthodes, n'y sont point déduites immédiatement
les unes des autres, & forment plûtôt un assemblage
qu'un édifice de propositions; cependant une
chaine non interrompue de vérités, seroit le système
le plus naturel & le plus commode, en même tems
qu'elle offriroit à l'esprit l'agréable spectacle de générations
en ligne directe: or c'est ce que l'on a
exécuté dans les institutions de Géométrie, imprimées
à Paris en 1746, chez de Bure l'aîné. Toutes
les propositions de cet ouvrage sont déduites immédiatement
les unes des autres, & donnent occasion
à la résolution d'un fort grand nombre de problèmes
curieux & utiles, ainsi qu'à des réflexions sur les
développemens de l'esprit humain; ce qui répand
quelque agrément sur une matiere qui ne comporte
par elle - même que trop de sécheresse. Moyennant
cet apas ou cet artifice, la Géométrie élémentaire
a été mise à la portée de la plus tendre enfance,
ainsi que l'expérience l'a démontré, & le démontre
tous les jours. On desireroit que M. Clairaut, dans
les excellens élémens d'Algebre qu'il a publiés, eût
mis les opérations du calcul plus à portée des commençans.
Voyez
Sur les élémens des différentes parties des Mathématiques, voy.
Les meilleurs élémens de Physique sont l'essai de
Physique de Musschenbroeck, les élémens de s'Gravesande, les leçons de Physique de M. l'abbé Nollet,
& plusieurs autres. Voyez
Elemens (Page 5:497)
Elémens (Page 5:497)
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