ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"474"> elle n'étoit plus sensible dans le tuyau de verre, à 12 piés du globe, & à 25 dans le cordon de soie.

9°. Lorsqu'on électrisoit un long fil - de - fer comme dans le premier cas de cette expérience, si on le coupoit en un ou plusieurs endroits, ensorte que les extrémités coupées fussent arrêtées vis - à - vis l'une de l'autre à une distance moindre qu'un pié, la matiere électrique s'élancoit au - travers de toutes ces interruptions, & se faisoit appercevoir jusque dans la balle suspendue à l'extrémité la plus éloignée du sil - de - fer. Un vent très - violent que l'on excita par le moyen d'un soufflet dans une de ces interruptions, n'empêcha pas la matiere électrique de passer, non plus que tous les corps naturellement électriques quon s'avisa d'interposer, savoir un carreau de verre, une plaque de cire d'Espagne, un mouchoir de soie, &c. mais tous les corps non électriques, tels que la main d'un homme, la pointe d'une épée nue, & même une gase humide, arrêterent la propagation de la matiere électrique & l'empêcherent de parvenir jusqu'à la balle. La flamme d'une bougie l'arrêta subitement, mais la fumée ne l'interrompit pas: un glaçon interposé & tous les corps mouillés l'intercepterent; enfin l'on mit sur un guéridon de verre assez élevé une grande cuvette pleine d'eau, dans laquelle on fit plonger un bout de fil mouillé, qui pendoit de chacune des extrémités coupées du filde - fer; la matiere électrique passa avec la même facilité que si le fil - de - fer n'eût jamais été coupé, & l'eau de la cuvette se trouva entierement électrisée.

10°. Lorsqu'un homme posé sur un gateau de résine a présenté la pointe d'une épée dans l'une de ces interruptions du fil - de - fer, il est devenu aussi - tôt électrique, quoique ni l'épée ni lui n'eussent point touché au fil - de - fer; & dans ce cas l'épée interposée n'a pas empêché la propagation de la matiere électrique jusqu'à la balle: d'où l'on voit que la matiere électrique passe librement au - travers d'une médiocre quantité d'air, sans se déranger de sa direction, quoiqu'elle se répande latéralement dans les corps qui sont capables de la recevoir.

11°. Si l'on suspend verticalement par des cordons de soie un cercle de fil de laiton d'environ trois piés de diametre, & qu'on fasse passer le fil - de - fer des expériences précédentes, à - peu - près par le centre de son plan sans toucher à sa circonférence, de maniere qu'il demeure toûjours perpendiculaire au plan de ce cercle, l'électricité communiquée du globe au fil - de - fer se fera appercevoir très - sensiblement dans ce cercle de laiton à quelque distance du globe qu'il soit placé, & on électrisera tout autant de pareils cercles qu'on en placera avec de semblables précautions dans toute la longueur du fil - de - fer; d'où l'on voit que les émanations électriques se répandent en tout sens, & même à une distance assez considérable du corps électrisé.

12°. On a disposé le même fil - de - fer sur des cordons de soie bien secs, de maniere qu'après avoir parcouru mille toises en ligne droite, il fit un double coude & revint parallelement jusqu'auprès du globe, en laissant 9 à 10 piés d'intervalle entre ses deux branches: chacune de ses extrémités étoit éloignée du globe de 7 à 8 piés, & arrêtée vis - à - vis à un cordon de soie bien sec, & la balle de plomb étoit suspendue à l'une d'elles. Une chaîne de fer fixée au - dessus du globe avec un autre cordon de soie en recevoit l'électricité par une de ses extrémités; l'autre bout de cette chaîne étoit fixé à une canne de verre de cinq piés de long, ensorte qu'on pouvoit transmettre quand on vouloit, au fil - de - fer, l'électricité du globe, en lui appliquant le bout de la chaîne fixé à la canne de verre. Tout étant ainsi préparé, on a froté le globe, & après cinq ou six tours de roue on a appliqué la chaîne à une des extrémités du fil - de - fer arrêtée à la soie; on a observé que dans le même instant la balle suspendue à son autre extrémité attiroit les feuilles d'or. On a repeté la même expérience, en approchant le doigt de la balle, au lieu de lui présenter les feuilles d'or, afin d'en tirer une étincelle; & l'on a observé que l'étincelle frappoit le doigt au même instant qu'on appliquoit la chaîne à l'autre extrêmité du fil de fer: cet instant étoit aisément saisissable par une semblable étincelle qui sortoit du bas de la chaîne, quand on l'approchoit du fil - de - fer: or ces deux étincelles partoient en même tems, sans qu'on pût y remarquer la moindre succession.

13°. Lorsqu'on électrisoit ce même fil de fer plié en deux, comme dans l'expérience précédente, en le touchant simplement une fois avec la chaîne, & en la retirant aussi - tôt; on s'est appercu que sa vertu électrique se conservoit pendant cinq à six minutes plus ou moins, suivant l'état de l'atmosphere. Ona remarqué aussi que cette vertu s'évanoüissoit dès qu'on avoit tiré l'étincelle en le touchant du doigt, quelque part que ce fût. Comme donc on avoit observé dans l'expérience précédente, que la matiere électrique s'étoit élancée dans un instant d'une des extrémités de ce fil - de - fer jusqu'à l'autre, on a cherché à découvrir si cette matiere pourroit revenir sur ses pas avec la même vîtesse: c'est pourquoi on a encore électrisé le fil - de - fer en lui appliquant la chaîne; & on s'est assûré par les feuilles d'or, que l'électricité étoit parvenue jusqu'à la balle: alors on a présenté le doigt à cette même extrêmité du filde - fer à laquelle la chaîne venoit d'être appliquée, & il en est sorti aussitôt une étincelle; au même instant on présenta les feuilles d'or à la balle qui ne les a pas attirées; d'où il a paru évident que la matiere électrique répandue dans le fil - de - fer s'étoit toute portée vers le doigt en rétrogradant avec une vîtesse presque infinie.

On voit par le détail de ces expériences: 1°. Que la matiere de l'électricité se communique à tous les corps non électriques, de quelque grandeur & de quelqu'étendue qu'ils puissent être; & que les effets de cette matiere nous sont sensibles tant qu'ils net tiennent qu'à des corps électriques & qu'ils ne communiquent point à d'autres.

2°. Que cette matiere se répand dans ces corps en une quantité d'autant plus considérable qu'ils ont plus de surface & de longueur; qu'elle se distribue uniformément dans toute leur étendue, ensorte qu'elle n'est jamais plus abondante dans une partie que dans une autre.

3°. Qu'après s'être communiquée de cette maniere, elle en sort avec la même liberté, dès qu'on lui établit quelque part une communication avec la terre.

4°. Que de médiocres interruptions dans la continuité de ces corps électrisés, n'empêchent pas la propagation du fluide électrique, & qu'il passe avec assez de facilité au - travers de l'air.

5°. Que cette matiere se répand avec une vîtesse prodigieuse, puisqu'elle parcourt un espace de 2000 toises dans un instant indéfinissable.

6°. Qu'elle se meut en rétrogradant, avec la même vîtesse, à la simple approche d'un corps non électrique.

7°. Enfin qu'on peut accumuler une grande quantité de cette matiere en appliquant le globe à des corps non électriques, d'une très - grande étendue & parfaitement isolés, comme à des lames de métal très - longues & d'une grande superficie. On a trouvé depuis quelques années d'autres moyens de condenser dans un très - petit espace beaucoup de matiere électrique: nous examinerons ailleurs ces différens moyens. Voyez Coupfoudroyant & Feu électrique. [p. 475]

Les conséquences que nous venons de tirer des expériences précédentes, font connoître en général les lois que la nature observe dans les phénomenes de l'électricité, & dans la distribution qui se fait de la matiere électrique dans les différens corps; on peut les regarder comme autant de principes, qui servent à expliquer la plus grande partie des effets surprenans de cette matiere, & à rendre raison de toutes les précautions qu'il faut prendre pour le succès des expériences: c'est pourquoi nous avons jugé à propos de faire précéder l'examen que nous allons faire des autres propriétés de cette matiere.

Le premier effet qui nous manifeste dans un corps la présence de la matiere électrique, est l'attraction des petits corps legers qu'on lui présente: les corps naturellement électriques peuvent attirer de tous les points de leur surface; mais ils n'attirent guere que ceux qui ont été frotés, & leur attraction est toûjours dirigée suivant la ligne la plus courte: c'est ce qu'il est aisé de voir, en frotant un globe de verre, & en le placant au milieu d'un grand cercle de fer, garni dans sa circonférence de plusieurs brins de fil égaux, & plus courts que le rayon du cercle: tous ces fils qui devroient pendre parallelement par l'effet de leur gravité, seront dirigés vers le centre du globe, s'il a été froté sur son équateur, ou bien vers le centre de tout autre cercle parallele, que l'on aura froté; comme s'ils étoient devenus des rayons de ces cercles. Un tube de verre, un bâton de cire d'Espagne, un morceau d'ambre, n'attirent jamais que par l e côté par lequel ils ont été frotés.

Mais les corps qui sont électrisés par communication attirent sensiblement de tous les points de leur surface. & il paroît autant qu'on en peut faire l'estimation par les effets, que leur force attractive est également répandue dans tous leurs points. On voit néanmoins que la matiere électrique se détermine plus facilement vers les angles & aux parties saillantes des barres qu'on électrise, qu'au milieu des surfaces planes: ainsi un globe de métal attire également de tous les points de sa superficie, & il en est de même d'un parallelepipede; cependant l'attraction sera toûjours plus sensible aux angles de ce dernier corps, qu'au milieu d'une de ses longues surfaces: mais cette variété dans la force attractive ne dépend, suivant toute apparence, que de la figure; car un tuyau de fer - blanc conique paroit attirer bien plus fortement par la circonférence de son plus grand cercle, que par sa pointe.

Le mouvement par lequel les corps legers tendent vers les corps électriques, est toûjours réciprcque; celui qui est le plus mobile, va constamment vers celui qui est fixe, & toûjours par le plus court chemin: s'ils sont mobiles tous les deux, ils s'avanceront l'un vers l'autre; on va voir dans les expériences suivantes des exemples de ces différens mouvemens.

1°. Présentez un tube électrique à de petites feuilles d'or posées sur une plaque de cuivre polie, elles voleront aussi - tôt vers le tube.

2°. Suspendez un tube électrique par deux cordons de soie, de la longueur d'une aulne, & présentezlui une feuille d'or, que vous tiendrez entre vos doigts, le tube s'avancera vers la feuille.

3°. Si une personne électrisée, & montée sur un pain de résine, tient dans sa main la plaque de cuivre poli, sur laquelle soient posées les feuilles d'or; & qu'une autre personne, qui n'est point électrique, approche le doigt au - dessus de la plaque, on verra aussi - tôt les feuilles d'or, qui étoient devenues électriques par communication, se porter vers le doigt de la personne qui n'est point électrisée.

4°. Enfin si l'on suspend deux boules de papier doré, à six pouces de distance l'une de l'autre, la premiere par un fil de soie de deux à trois piés, & l'autre par un fil d'argent très - fin & de même largeur; & si on approche le tube de la boule qui est suspendue par de la soie pour l'électriser, ces deux boules s'avanceront l'une vers l'autre avec une égale vîtesse, quoiqu'il n'y en ait qu'une seule d'électrisée.

Tous les corps legers, excepté la flamme, sont attirés par les corps électriques, mais non pas tous avec la même force: les feuilles d'or, d'argent, de cuivre battu, & en général toutes les particules métalliques, amincies & rendues legeres, paroissent, toutes choses égales, être attirées plus vivement que les autres corps. Mais la matiere, & même la figure des corps sous lesquels on pose ces parties minces des métaux, apporte une grande différence dans les effets sensibles d'attraction; ces supports doivent être parfaitement non électriques: & à cet égard, rien ne convient mieux que des plaques de métal poli; ainsi, toutes choses égales, les feuilles d'or seront attirées bien plus vivement de dessus une plaque de cuivre poli, que l'on tiendra à la main, que de dessus une glace de même grandeur. L'élévation du support doit être proportionnée à l'étendue du corps électrique, & il est toûjours plus avantageux que ces supports soient élevés de deux ou trois piés de terre; car on aura toûjours beaucoup plus de peine à attirer avec le tube, des feuilles d'or posées à terre sur une plaque de cuivre, que si cette même plaque étoit tenue à la main, ou portée par un guéridon de métal, d'un pié ou deux d'élévation. Par la même raison, si la tablette du guéridon est d'une très - petite surface, si elle est un peu convexe, les feuilles d'or seront encore mieux attirées, que si cette surface étoit large, ou qu'elle eût des rebords un peu élevés. L'expérience suivante va faire voir combien il est avantageux que les corps legers soient isolés, pour qu'ils soient attirés de plus loin. Si on met des feuilles d'or au milieu d'une plaque de cuivre d'un pié quarré, qui forme la tablette supérieure d'un guéridon de métal, & qu'on examine jusqu'à quelle distance on est obligé d'en approcher le tube électrique, pour qu'elles soient attirées; on verra que cette distance sera toûjours beaucoup plus petite, que lorsque ces feuilles d'or seront posées sur un des angles de la plaque: & quand les feuilles d'or sont au milieu, si l'on pose autour d'elles un anneau de métal de cinq à six pouces de diametre, & d'un pouce ou deux d'épaisseur; on aura beau approcher le tube électrique, on ne pourra jamais les attirer. La même chose arrivera, si au lieu de l'anneau on met d'équerre à droite & à gauche, à quatre ou cinq pouces de distance de ces feuilles, deux autres plaques quarrées de quatre pouces de hauteur environ (voyez la figure 80); jamais le tube ne pourra attirer les feuilles, à moins qu'on ne l'approche d'elles à la distance d'un demi - pouce: mais si pendant qu'on le présente à la distance d'un pié, quelqu'un ôte subitement l'anneau, ou les deux plaques posées d'équerre, les feuilles d'or voleront aussi - tôt vers le tube. Les conditions les plus favorables pour qu'un corps leger soit attiré, sont donc, 1°. qu'il soit parfaitement non électrique.

2°. Qu'il soit d'un très - petit volume.

3°. Qu'il soit supporté par un corps non électrique, presque terminé en pointe, & suffisamment élevé.

4°. Enfin, qu'il n'y ait point dans son voisinage d'autre corps non électrique plus près que lui du tube, qui puisse en détourner les émanations.

A l'attraction succede ordinairement la répulsion, c'est - à - dire, que lorsqu'une feuille d'or a été attirée par un tube, elle en est aussi - tôt repoussée, & s'en éloigne. Cette répulsion n'est guere sensible, quand

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.