ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"476"> l'électricité est foible; mais dès qu'elle devient un peu plus forte, la feuille d'or ne manque guere d'etre repoussée aussi - tôt qu'elle s'est assez approchée pour toucher le tube. Enfin, quand l'électricité est très forte, il n'y a plus de contact entre la feuille & le tube, & la répulsion commence lorsque la feuille d'or s'en est approchée à deux ou trois pouces; dès ce moment cette feuille devient électrique par communication; & lorsqu'elle commence à être repoussée, elle a acquis une atmosphere aussi dense que celle du tube: alors elle s'en éloigne, & reste suspendue au - dessus de lui, jusqu'à ce qu'elle ait perdu la vertu qu'elle avoit acquise, soit peu après en la communiquant aux vapeurs humides répandues dans l'air; soit subitement, en touchant à quelque corps non électrique; elle se porte même vers ces sortes de corps, lorsqu'il s'en rencontre dans son voisinage, & il sembleroit qu'elle en seroit attirée; mais il est aisé de reconnoître qu'elle n'a ce mouvement que parce qu'elle est elle - même devenue électrique, en lui présentant une autre petite feuille d'or battu, suspendu par une soie, qu'elle ne manque pas d'attirer sur le champ: ou bien parce qu'elle se précipite avec impétuosité sur le tube, si on en détruit subitement la vertu en l'approchant de la flamme d'une chandelle.

On peut faire attirer & repousser de la même maniere une feuille d'or, en la présentant à un grand tuyau de métal électrisé par communication: dans ce cas, lorsque la feuille d'or est repoussée & qu'elle voltige à une certaine distance au - dessus du tuyau, il est facile de démontrer son électricité, en touchant du doigt le bout de ce tuyau, pour détruire sa vertu; car alors la feuille d'or suspendue s'y précipite: il suffit même de présenter le doigt à quelque distance du tuyau, pour faire cesser la répulsion & faire retomber la feuille d'or: si au lieu du doigt on présente la pointe aigue d'un poinçon, la répulsion cessera beaucoup plus promptement; savoir, lorsque le poinçon sera encore éloigné de neuf à dix pouces.

Si on présente une feuille d'or quarrée un peu large sous une grosse barre de fer horisontale, soûtenue par des cordons de soie, & médiocrement électrisée, par le moyen d'une chaîne arrêtée au - dessus du globe; cette feuille sera attirée & repoussée ensuite, comme nous venons de le dire; mais en tenant le doigt fort près au - dessous d'elle pour la toucher à chaque fois qu'elle sera repoussée, on pourra parvenir à la rendre immobile & comme suspendue entre la barre & le doigt, sans qu'elle touche ni à l'une ni à l'autre: alors elle présente toûjours la tranche & un de ses angles à la barre, & l'angle opposé est vers le doigt. Or il est vraissemblable qu'elle reste dans cet état, parce qu'elle communique au doigt autant de vertu électrique, qu'elle en reçoit continuellement de la barre, moins la quantité qui lui est nécessaire pour surpasser l'effort de la gravité.

Quand la feuille d'or repoussée par un tube de verre a communiqué à l'air ou à quelque corps non électrique la vertu qui lui avoit été communiquée, la répulsion cesse, comme nous l'avons dit; alors la feuille recommence à être attirée, pour être pareillement repoussée, dès qu'elle sera devenue suffisamment électrique On peut de cette maniere promener une feuille d'or autour d'une chambre, en la repoussant par un tube bien électrisé, & la faire bondir autant de fois qu'on voudra sur ce tube, en lui présentant le doigt chaque fois qu'elle sera repoussée.

On voit par ces observations, que l'attraction des feuilles d'or ne précede leur répulsion, que parce qu'il est nécessaire qu'elles acquerent une atmosphere d'une densité égale à celle du tube électrique, auparavant que d'en être repoussées. Car si on met une feuille d'or dessus une glace bien seche & d'une largeur médiocre, comme de cinq à six pouces, qu'on approche ensuite par - dessous un tube nouvellement froté, la feuille d'or s'enlevera de dessus la glace, & continuera d'être repoussée par le tube, si on le lui présente, après avoir éloigné la glace. Or la feuille d'or posée sur la glace a été électrisée par communication (comme il le paroît en lui en présentant une autre petite suspendue par une sore), & elle n'a commencé à être repoussée de dessus la glace, que lorsqu'elle a été électrisée par le tube autant qu'il étoit possible; c'est - à - dire, jusqu'à ce qu'elle eût contracté une atmosphere d'une densité égale à celle du tube.

Lorsqu'un tube repousse une feuille d'or, si on lui substitue promptement un autre tube à - peu - pres aussi électrisé que le premier, la feuille d'or continuera d'être repoussée à la même distance; laquelle sera cependant un peu plus grande ou moindre, suivant que le nouveau tube sera plus ou moins électrisé que le premier: cependant si on substituoit un tube tres faiblement électrique, la feuille d'or ne seroit plus repoussée & retomberoit vers ce tube. De même si on présente à une feuille d'or repoussée un bâton de cire d'Espagne, ou un morceau d'ambre, qui n'ont jamais qu'une électricité médiocre, elle ne continuera pas d'être repoussée, & elle retombera vers ces corps. Cette différence avoit fait penser à quelques physiciens que la matiere électrique, qui émane des corps résineux, étoit d'une nature différente de celle qui sort du verre; mais on pense assez généralement aujourd'hui, que cette différence n'existe pas, & que ces effets auxquels on ne devoit guere s'attendre, ne sont dûs qu'à l'inégale densité des atmospheres électriques qui émanent du verre & des corps résineux.

Quand on présente deux ou plusieurs feuilles d'or à un tube bien électrisé, elles sont toutes attirées & également repoussées par ce tube; mais alors elles se repoussent aussi mutuellement sans qu'il soit possible d'en faire joindre deux ensemble; en sorte qu'elles s'écartent d'autant plus les unes des autres, qu'elles sont repoussées chacune à une plus grande distance du tube.

Si on fait attirer & repousser par un tube de verre une feuille d'or circulaire & découpée en franges fort menues jusqu'à son centre, toutes ces franges s'écarteront les unes des autres dans le tems de la répulsion, & divergeront d'autant plus que le tube sera plus fortement électrisé: la même chose arrivera à un morceau de duvet, de plume, & à tout autre corps semblable dont les parties pourront s'écarter.

De même si on attacbe à l'extrêmité d'une barre de fer électrisée une aigrette formée par un assemblage de fils d'argent très - fins, tous les fils de cette aigrette s'écarteront les uns des autres, à mesure que l'on communiquera de l'électricité à la barre, & aucun d'eux ne se touchera.

Si on met de la poussiere à l'extrêmité de cette même barre de fer, elle sera toute chassée dès que la barre deviendra électrique; ses parties s'écarteront les unes des autres dans ce mouvement de répulsion, & leur dissipation sera bien plus prompte si l'on présente le doigt à quelques pouces au - dessus du petit monceau de poussiere.

Enfin si on attache à l'extrêmité de la barre un petit vaisseau de métal plein d'eau, garni d'un siphon dont la branche la plus longue soit extérieure & capillaire, l'eau qui ne peut couler que goutte à goutte par la branche de ce siphon, coulera d'un seuljet, lorsqu'elle sera devenue électrique avec la barre; & se divisera en plusieurs filets tres - fins, qui s'écarteront les uns des autres, comme les filets de l'aigrette.

Tous ces effets d'attraction & de répulsion ont [p. 477] aussi lieu dans le vuide, avec quelques circonstances particulieres.

Il paroît done, par tout ce que nous venons de dire de l'attraction & de la répulsion, 1°. que les corps legers sont attirés par ceux qui sont électriques, jusqu'à ce qu'ils loient autant électrisés qu'eux par la communication, & que leurs atmospheres soient devenues aussi denses que celle du corps qui la leur a communiqué.

2°. Que dès le moment qu'ils ont acquis cette atmosphere, l'attraction cesse & la répulsion commence.

3°. Qu'il n'y a de répulsion qu'entre les corps qui sont devenus également électriques.

4°. Que cette répulsion dure tant que subsiste l'égale densité des atmospheres, & qu'elle cesse des qu'on affoiblit l'une ou l'autre; qu'alors l'attraction recommence jusqu'à ce que l'égale d nsité soit rétablie, d'où il résulte une nouvelle répulsion.

5°. Que la répulsion peut subsister entre deux corps qui ne se sont jamais attirés mutuellement, pourvû qu'ils ayent des atmospheres également denses; comme entre un nouveau tube de verie, & la feuille d'or repoussée; entre deux feuilles d'or repoussées par un même ou par deux différens tubes; entre deux tubes de verre frotés, & suspendus par des soies; entre deux rubans de soie frotés & approchés l'un de l'autre; enfin entre tous les corps électrisés par communication, & qui conservent leurs atmospheres électriques.

6°. Que la répulsion est d'autant plus forte entre deux corps électriques, c'est - à dire qu'ils s'éloignent davantage l'un de l'autre, qu'ils sont plus fortement électrisés; ensorte que par les espaces dont ils s'écartent dans leurs différens degrés de répulsion, on peut estimer leurs forces réciproques électriques. On s'est servi avec avantage de cette propriété des corps électriques, pour mesurer leurs différens degrés d'électricité. Voyez Electrometre.

Nous ne saurions rapporter dans cet article toutes les découvertes que les Physiciens ont faites pendant ces dernieres années sur l'électricité; nous nous contentons d'avoir donné ici une idée générale de la distribution de cette matiere dans les différens corps de la nature, & d'avoir exposé les effets de sa propriété attractive & répulsive. Nous examinerons ailleurs ses autres propriétés. Voyez Coup - foudroyant, Conducteur, Feu électrique, Météores . Cet article est de M. de Monnier medecin ordinaire de S. M. à Saint - Germain - en - Laye, & de l'académie royale des Sciences, auteur des articles Aimant, Aiguille, &c.

Electricité médicinale (Page 5:477)

Electricité médicinale. Dès le tems qu'on n'employoit encore que le tube de verre pour les expériences de l'éléctricité, quelques physiciens avoient recherché les effets qu'étoit capable de produire sur le corps humain la matiere électrique actuellement en action. Les découvertes furent tres bornées, parce que le frotement du tube ne donnoit pas des résultats d'expérience assez sensibles; mais à peine eut - on substitué le globe de verre au tube, que les merveilles de l'électricité se développerent plus sensiblement dans une longue suite d'expériences, & parurent dans un plus grand jour. Les aigrettes lumineuses, les torrens de lumiere qui sortirent des barres de fer électrisées, répandirent une odeur de phosphore qu'on n'a pas pû méconnoître. La salive lumineuse qui sort de la bouche d'une personne actuellement électrisée, le sang lumineux jaillissant d'une veine ouverte, la terrible commotion, la secousse que fait sentir l'étincelle foudroyante dans l'expérience de Leyde; ces faits principaux, sans parler des autres, firent conclure que le corps humain étoit un des plus amples magasins de matiere électrique; que cette matiere y étoit, comme dans les autres corps, d'une mobilité étonnante; qu'elle y étoit capable d'une inflammation générale & subite, ou d'une sorte d'explosion; qu'étant ainsi mise en action, elle parcouroit en un instant les plus petits canaux; qu'elle devoit par conséquent produire des changemens sur le fluide nerveux; & on a même soupçonné que la matiere de ce fluide contenue dans les nerfs des animaux, est de nature électrique. D'ailleurs l'idée que sournit le fourmillement, produit dans les parties électrisées, a donné lieu à tenter quelque chose pour rendre l'électricité utile à la Medecine.

On s'est donc déterminé à appliquer le globe électrique à la Medecine, on a tenté de guérir les paralytiques; M. l'abbé Nollet, avec M. de la Sône, de l'académie des Sciences, ont les premiers tenté ces expériences: leur exemple a été bientôt suivi par M. Morand & d'autres habiles physiciens.

On fit d'abord subir la commotion de Ley de plusieurs sois & plusieurs jours de suite, à différentes personnes de l'un & de l'autre sexe. Dans quelquesunes la commotion parut ne se faire que peu - à - peu & par gradation, dans les parties paralysées; d'autres la sentirent dès les premieres expériences: presque tous eurent des douleurs sourdes, & une espece de fourmillement dans les organes paralysés, plusieurs jours après que les expériences furent faites. Mais aucun ne fut guéri à Paris.

Dans ce tems M. le Cat, célebre chirurgien de Roüen, fit part à l'académie royale des Sciences, dont il est correspondant, de la guérison d'un paralytique qu'il avoit électrisé. Le fait parut surprenant, & l'on pensa qu'il pourroit bien y avoir quelques circonstances dans certaines paralysies d'où dépendroit le succès de l'électricité.

M. Louis soûtint à - peu - près dans le même tems, que l'on ne pouvoit guérir la paraly sie par le moyen du globe électrique.

M. Jallabert, habile professeur de Physique à Geneve, communiqua à l'académie royale des Sciences dont il est correspondant, un fait des plus étonnans. C'est la guérison presque totale d'un bras paralytique & atrophié depuis plus de dix ans. M. Jallabert instruit des tentatives peu heureuses qu'on avoit faites à Paris & en divers autres lieux, en communiquant simplement aux malades la commotion de Leyde comme on le fait ordinairement, voulut s'y prendre d'une autre maniere. Il électrisa fortement son paralytique; & de toutes les parties de la peau qui répondent aux différens muscles moteurs de l'avant - bras & du bras, il tira successivement un grand nombre d'étincelles. Dès les premiers jours le malade commença à remuer les doigts, & à faire quelqu'autre mouvement. Les expériences ayant été continuées tous les jours de la même maniere, la liberté & l'étendue des mouvemens de tout le bras paralytique, augmenterent par gradation & assez rapidement; mais ce qui surprit le plus, ce fut de voir ce bras qui depuis long - tems étoit atrophié & en partie desséché, reprendre nourriture, grossir & redevenir presque semblable au bras sain: alors on observa qu'en tirant les étincelles sur les différens muscles de ce bras paralytique, il y paroissoit en même tems une agitation involontaire dans les fibres, une espece de mouvement vermiculaire, ou comme un petit mouvement convulsif. Enfin le malade fut électrisé jusqu'à ce qu'il pût porter la main au chapeau, l'ôter de dessus sa tête & l'y remettre, & soûlever encore certains corps pesans.

Le fait publié par M. Jallabert étoit trop authentique & trop intéressant, pour ne pas mériter beaucoup d'attention; il étoit, ce semble, confirmé par des expériences faites à Montpellier par M. de Sau<pb->

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