ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"422"> latin cancelli, pour placer les chantres. A l'entrée de ce chancel étoit l'ambon, c'est - à - dire un jubé ou tribune élevée, où l'on montoit des deux côtés pour faire les lectures publiques. Si l'ambon étoit unique, il étoit placé au milieu; mais quelquefois on en faisoit deux, pour ne point cacher l'autel. A la droite de l'évêque & à la gauche du peuple, étoit le pupitre de l'évangile; de l'autre côté celui de l'épître: quelquefois il y en avoit un troisieme pour les prophéties. Après l'ambon étoit le choeur, garni des deux côtés de siéges & de stalles, dont la premiere, à droite près du sanctuaire, étoit la plus honorable. Voyez Choeur.

Du choeur on montoit par des degrés au sanctuaire, où l'on entroit par trois portes. Le sanctuaire avoit trois absides dans sa longueur, & le maître - autel étoit placé au milieu sous l'abside la plus élevée, couronné d'un baldaquin soûtenu par quatre colonnes. Voyez Abside, Sanctuaire, Baldaquin

Sous chacune des moindres absides étoit une table ou crédence en forme de buffet, pour mettre les oblations ou les vases sacrés.

Derriere l'autel enfin étoit le sanctuaire ou presbytere, où les prêtres étoient assis en demi - cercle, l'évêque au milieu d'eux sur une chaise plus élevée que les siéges des prêtres. Tous les siéges ensemble s'appelloient en grec SUNQRO/NOS2, en latin consessus. Quelquefois aussi on le nommoit tribunal, & en grec BE/MA, parce qu'il ressembloit aux tribunaux des juges séculiers dans les basiliques. Voy. Basiliques; Fleury, moeurs des Chrét. tit. xxv. Vehler, de templis veterum; Leo Allatius, Mabillon, &c.

Il est vrai que parmi les églises greques qui subsistent encore, il y en a peu qui ayent toutes les parties que nous venons de décrire, parce qu'elles ont été la plûpart ruinées ou converties en mosquées. Voyez Mosquée.

Quant à la forme des églises latines, quoiqu'elle ne soit pas bien constante, on peut les réduire à trois classes; celles qui sont en forme de vaisseau; celles qui sont en croix; & celles qui ne formant qu'un dome, sont absolument de forme ronde: mais celles - ci sont les plus rares.

M. Frezier ingénieur du Roi, & le P. Cordemoy chanoine régulier, ont disputé avec beaucoup d'érudition l'un & l'autre sur la forme des églises anciennes & modernes, & sur la meilleure maniere d'en construire; ils ont tous deux donné à ce sujet des dissertations fort intéressantes, qu'on trouve dans les mémoires de Trévoux.

Eglise (Page 5:422)

Eglise signifie aussi un temple bâti & consacré en l'honneur de Dieu, & pour l'ordinaire sous l'invocation de quelque saint; ainsi l'on dit l'église de saint Pierre de Rome, de S. Jean de Latran, de Notre - Dame de Paris. Les anglicans même ont conservé ce titre, puisqu'ils disent l'église de S. Paul à Londres. Mais les autres réformés ont poussé leur aversion contre l'Eglise romaine, jusqu'à abolir le nom d'église, auquel ils ont substitué celui de prêche, inconnu à toute l'antiquité, pour désigner leurs lieux d'assemblée pour les exercices de religion.

Les églises prises en ce sens ont différens noms, selon leur rang, leur usage, & la maniere dont elles se gouvernent, comme église métropolitaine, église cathédrale, église paroissiale, église cardinale, église collégiale, &c. Voyez Métropolitaine, Cathédrale, &c.

On trouve quelquefois dans les auteurs ecclésiastiques le terme de grande église, pour signifier la principale église d'un endroit. Ce terme est singulierement employé dans la liturgie greque, pour désigner l'église de sainte Sophie à Constantinople, qui étoit le siége patriarchal; elle avoit été commencée par Constantin, elle fut finie & consacrée sous Justinien. Cette église étoit alors d'une telle magnificence, qu'on dit que pendant la cérémonie de la consécration ce prince s'écria: ENIHH/SA SE *SOLOMON, je l'ai surpassé, ô Salomon! Le dome, qui est, dit - on, le premier qu'on ait jamais construit, a 330 piés de diametre: les Turcs en ont fait leur principale mosquée. Voyez Dome & Mosquée.

Fitz Herbert prétend que dans les anciens livres de droit anglois le mot église, ecclesia, signifie proprement une paroisse desservie par un prêtre ou curé en titre; c'est pourquoi, ajoûte - t - il, si l'on faisoit une présentation à une chapelle, comme à une église, en employant le mot ecclesia, la chapelle changeoit de nom, & étoit dès - lors érigée en titre d'église ou de paroisse. Quand il s'agissoit de savoir si c'étoit une église ou une chapelle annexe à quelqu'église, on demandoit si elle avoit baptisterium & sepulturam, c'est - à - dire des fonts baptismaux & le droit d'inhumation; & sur l'affirmative la justice décidoit qu'elle avoit le titre d'église. Chambers, dictionn. lett. E. au mot Ecclesia.

Quelques auteurs prétendent que la premiere église qui ait été bâtie publiquement par les Chrétiens, a été celle de S. Sauveur à Rome, fondée par Constantin. D'autres soûtiennent que plusieurs églises qui ont porté le nom de S. Pierre le Vis, avoient été bâties en l'honneur de cet apôtre dés son vivant. Ce dernier sentiment est absurde, & contraire à la discipline ecclésiastique de tous les siecles. D'ailleurs, si l'on juge du nom des églises consacrées sous ce titre, par une très - ancienne qui se trouve dans un des fauxbourgs de Sens, & que le peuple appelle S. Pierre le Vif, son véritable nom est S. Pierre le Vic, sancti Petri Vicus, ou l'église de saint Pierre du Vic, sancti Petri de Vico, c'est - à - dire du bourg ou du fauxbourg; nom qui peut bien avoir été altéré par le peuple en celui de vif, & avoir donné lieu à l'erreur dont nous venons de parler. (G)

Eglise Matrice (Page 5:422)

Eglise Matrice ou Mere, voyez Matrice.

Eglise (Page 5:422)

Eglise, (Jurisp.) ce terme a dans cette matiere plusieurs significations différentes; il s'entend quelquefois de l'assemblée des fideles, quelquefois du corps des ecclésiastiques de toute la chrétienté, ou de ceux d'une nation, d'une province, d'une ville, d'une église particuliere: on entend enfin quelquefois par église, l'édifice où les ecclésiastiques font le service divin. Voyez Eglise (Architecture).

L'Eglise peut être considérée par rapport à la foi & au dogme, ou par rapport à la célébration du service divin & à l'administration des sacremens; ou par rapport à la discipline ecclésiastique pour ces matieres. Voyez aux mots Dogme, Foi, Service divin, Sacremens, Ecclésiastiques, Discipline ecclésiastique .

Il y a des biens d'église, c'est - à - dire attachés à chaque église particuliere, pour la subsistance de ses ministres.

Jesus - Christ a fondé l'Eglise dans l'état de pauvreté. Les apôtres vivoient des libéralités des fideles. Dans l'Eglise naissante à Jérusalem, qui est le véritable lieu de son origine extérieure, les fideles prévoyant les persécutions, vendoient leurs biens, & mettoient le prix entre les mains des apôtres, dont ils vivoient en commun.

Mais on tient que cette vie commune ne s'étendit pas hors de Jérusalem, & qu'elle cessa dès que le nombre des fideles se fut assez multiplié pour que la vie commune fût difficile à pratiquer. Les fideles donnoient cependant toûjours une partie de leurs biens pour la subsistance des ministres de l'Eglise & des pauvres.

Les apôtres faisoient d'abord eux - mêmes la distribution de ces aumônes & oblations; mais voyant [p. 423] les murmures que cela excitoit contr'eux, dès la seconde assemblée qui se tint à Jérusalem, ils instituerent sept diacres qu'ils chargerent de ce soin, afin de vaquer plus librement à la prédication & à la priere. Voyez Diacre.

Quelque tems après l'Eglise commença à posséder des biens - fonds, les uns provenant de la libéralité des fideles, d'autres de l'abdication qu'en faisoient ceux que l'on admettoit dans le ministere de l'église. Il paroît que ce fut sous Urbain I. qui siégeoit en 220, que l'Eglise romaine commenca à posséder des terres, prés & autres héritages, lesquels étoient communs, & les fruits distribués pour les gens d'église, les pauvres, & les protonotaires qui écrivoient les actes des martyrs.

Dioclétien & Maximien ordonnerent la confiscation de tous les immeubles que possédoit l'Eglise, ce qui ne fut pourtant pas exécuté par - tout.

Huit ans après, Maxence fit rendre ceux qui avoient été confisqués. Constantin & Licinius permirent à l'Eglise d'acquérir des biens - meubles & immeubles, soit par donation ou par testament.

La paix que Constantin donna à l'Eglise, la fit bientôt croître en honneur, en puissance & en richesses. Les empereurs & autres princes firent des libéralités immenses aux églises; & les fideles, à leur exemple, donnerent les prémices, les dixmes & oblations, & souvent même leurs immeubles. Les fondations devinrent communes dès le vij. siecle, & elles furent encore faites avec plus de profusion dans les jx. x. xj. xij. & xiij. siecles, dans lesquels plusieurs personnes publierent que la fin du monde étoit prochaine, & par - là jetterent la terreur dans l'esprit des fideles.

L'Eglise ayant été ainsi dotée de quantité de biensfonds, on fit attention en France & dans plusieurs autres états, que cela mettoit ces biens hors du commerce, & sur - tout depuis l'établissement des fiefs. On considéra que le roi & les autres seigneurs étoient par - là privés de leurs droits; c'est pourquoi il fut ordonné aux gens d'église & autres gens de mainmorte, de vuider dans l'an & jour leurs mains des fonds qu'ils possédoient. Mais sous la troisieme race de nos rois on commença à leur donner des lettres d'amortissement, en payant au roi un droit pour la main - morte, & un droit aux seigneurs pour leur indemnité.

On leur permit dans la suite, non - seulement de garder les fonds qui leur étoient donnés, mais même aussi d'en acquérir. Cette liberté indéfinie d'acquérir a depuis été restrainte en France, par une déclaration du mois d'Août 1749. Voy. Amortissement & Gens de main - morte.

Tous les biens d'une même église étoient d'abord communs, tant pour le fonds que pour le revenu; l'évêque en avoit l'intendance, & confioit la recette & le maniement des deniers à des prêtres & diacres, auxquels ils pouvoient ôter cette administration, lorsqu'il y avoit quelque raison légitime pour le faire.

On continua dans l'église d'Orient de vivre ainsi en commun, suivant l'ancien usage: mais dans celle d'Occident on commença vers la fin du jv. siecle à partager les revenus en quatre parts; la premiere pour l'évêque, la seconde pour le clergé de son église & du diocèse, la troisieme pour les pauvres, & la quatrieme pour la fabrique de l'église. Ce partage fut même ainsi ordonné par le pape Simplicius, qui siégeoit en 467.

Lorsqu'on eut ainsi partagé les revenus, on ne tarda pas à partager aussi les fonds, pour éviter les inconvéniens que l'on trouvoit à joüir en commun. Ce fut - là l'origine des bénéfices en titre, dont il est parlé dès le commencement du vj. siecle. Il est pro<cb-> bable que ce partage fut d'abord fait pour les cures de la campagne, à cause de leur éloignement. Cet exemple fut bientôt suivi pour les églises des villes.

Lorsque l'Eglise commença à posséder des biensfonds, il lui étoit libre de les vendre ou aliéner autrement; mais l'abus que quelques pasteurs en firent, engagea les laïcs à défendre ces aliénations. L'empereur Léon, en 470, défendit à l'église de Constantinople toute aliénation. En 483, sous le regne d'Odoacre, Basilius Cecina préfet du prétoire à Rome, ordonna pendant la vacance du siége pontifical, que les biens de l'église romaine ne pourroient être aliénés.

Les trois pontifes suivans ne critiquerent point ce decret; mais en 502 Odoacre étant mort, le pape Symmaque dans un concile annulla le decret de Basilius, & néanmoins il fut ordonné que le pape ni les autres ministres de cette église ne pourroient aliéner les biens qui lui appartenoient; mais il fut dit que cela ne regardoit pas les autres églises.

L'empereur Anastase étendit le decret de Léon à toutes les églises subordonnées au patriarche de Constantinople.

Justinien, en 533, ordonna la même chose pour toutes les églises d'Orient, Occident & Afrique, à moins que l'aliénation ne fût pour nourrir les pauvres ou pour racheter les captifs.

Les lois de l'Eglise ont elles - mêmes défendu l'aliénation de leurs propres biens, excepté dans certains cas de nécessité ou utilité évidente pour l'église: c'est ce que l'on voit au decret de Gratien, cause xij. quest. & aux decrétales, tit. de rebus ecclesioe alienandis, vel non.

Dans les cas même où l'aliénation est permise, elle ne peut être faite sans certaines formalités, qui sont, 1° le consentement de ceux qui y ont intérêt, 2° une enquête de commodo aut incommodo, 3° un procès - verbal de visite & estimation, 4° la publication en justice & dans les lieux voisins, 5° l'autorité de l'évêque ou autre supérieur ecclésiastique, 6° des lettres - patentes du Roi homologuées en la justice royale du lieu.

L'église jouit du privilége des mineurs, desorte qu'elle est restituée contre les aliénations par elle faites sans formalités, & où elle se trouve lésée; mais le défaut de formalités n'est pas seul un moyen suffisant de restitution: l'église n'est restituée, de même que les mineurs, qu'autant qu'elle est lésée.

Il y a eu dans des tems de trouble beaucoup d'abus commis par rapport aux églises & aux biens qui en dépendent. Charles Martel s'étant emparé du bien des églises, pour soûtenir la guerre contre les Sarrasins, le distribua aux officiers; c'est de - là que quelques - uns tirent l'origine des dixmes inféodées.

Depuis ce tems on donnoit des abbayes & autres bénéfices à des laïcs, sous prétexte de les tenir en commende, c'est - à - dire sous leur protection.

On faisoit ouvertement commerce des bénéfices, tellement que dans des actes publics des laïcs ne rougissoient point d'avoüer qu'ils avoient acheté une église, comme on voit dans un cartulaire de l'église de Macon, où il est parlé d'une donation de la moitié de l'église de S. Genis, diocèse de Lyon, faite par Erlebade & Gislard, qui étoit, disent - ils, de leur conquêt.

Par une suite de ce desordre on donnoit aussi aux filles en dot des églises, même des cures, dont elles affermoient la dixme & le casuel.

Cependant sous le regne des rois Robert & Henri I, à la sollicitation des papes, tous les biens d'église dont on pût reconnoître l'usurpation, furent rendus par les seigneurs & autres qui en joüissoient.

Pour la conservation des biens de l'église, on ne s'est pas contenté d'en interdire l'aliénation, on a

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