ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"416"> à nous; la circonspection, des motifs particuliers ou généraux de s'en défier. Voyez Considération.

Les égards réciproques que les hommes se doivent les uns aux autres, sont un des devoirs les plus indispensables de la société. Les hommes étant réellement tous égaux, quoique de conditions différentes, les égards qu'ils se doivent sont égaux aussi, quoique de différente espece. Les égards du supérieur, par exemple, envers son inférieur, consistent à ne jamais laisser appercevoir sa supériorité, ni donner lieu de croire qu'il s'en souvient: c'est en quoi consiste la véritable politesse des grands, la simplicité en doit être le caractere. Trop de démonstrations extérieures nuisent souvent à cette simplicité; elles ont un air de faveur & de grace sur lequel l'inférieur ne se méprend pas, pour peu qu'il ait de finesse dans le sentiment; il croit entendre le supérieur lui dire par toutes ces démonstrations: je suis fort au - dessus de vous, mais je veux bien l'oublier un moment, parce que je vous fais l'honneur de vous estimer, & que je suis d'ailleurs assez grand pour ne pas prendre avec vous tous mes avantages. La vraie politesse est franche, sans apprêt, sans étude, sans morgue, & part du sentiment intérieur de l'égalité naturelle; elle est la vertu d'une ame simple, noble, & bien née: elle ne consiste réellement qu'à mettre à leur aise ceux avec qui l'on se trouve. La civilité est bien différente; elle est pleine de procédés sans attachement, & d'attention sans estime: aussi ne faut - il jamais confondre la civilité & la politesse; la premiere est assez commune, la seconde extrèmement rare; on peut être très - civil sans être poli, & très - poli sans être civil. (O)

EGARDÉ ou ESGARDÉ (Page 5:416)

EGARDÉ ou ESGARDÉ, adj. termes de Manuf. une piece esgardée est celle qui a été visitée par les esgards ou égards, c'est - à dire jurés. Voyez Egards ou Esgards.

EGARDISE ou ESGARDISE (Page 5:416)

EGARDISE ou ESGARDISE, s. f. ce terme n'est guere en usage que dans la sayetterie d'Amiens, où les jurés des communautés sont appellés égards ou esgards; ainsi en ce sens égardise ou esgardise est la même chose que jurande. Voyez Jurande.

Egardise se prend aussi pour le tems où les égards font leurs visites. Voyez le dictionn. du Comm.

EGARDS ou ESGARDS (Page 5:416)

EGARDS ou ESGARDS, s. m. pl. (Comm.) est le nom qu'on donne à Amiens à ceux qu'on appelle ailleurs maîtres & gardes, & jurés. Ce sont eux qui ont soin d'aller en visite chez les fabriquans & foulons, & qui doivent se trouver certains jours aux halles pour examiner les étoffes de laine, ou de laine mêlée de soie, de fil, & autres matieres qui se font dans la sayetterie, & voir si elles sont fabriquées en conformité des réglemens. Ces égards sont choisis & élus de tems en tems par les marchands ou maîtres de leurs communautés.

On appelle esgards - ferreurs ceux qui apposent les plombs aux étoffes, parce qu'on appelle fers dans la sayetterie d'Amiens, ce qu'on nomme ailleurs des coins & des poinçons. De ces esgards - ferreurs il y en a de ferreurs - sayetteurs en blanc, d'autres en noir, d'autres en guelde. Les premiers prennent leur nom des halles où ils ferrent les étoffes; les autres, de ce qu'ils ferrent chez les teinturiers. Voyez Sayetteur & Hautelisseur, les dictionn. de Comm. & de Trév. & les réglemens sur les manufactures.

EGARÉ (Page 5:416)

EGARÉ, adj. (Maréch.) une bouche égarée est celle qui se refuse aux justes impressions de l'embouchure, dont l'appui est véritablement faux & falsifié, & qui ne consent franchement à aucuns mouvemens de la main, quelque doux & quelque rempérés qu'ils puissent être.

Cette incertitude procede souvent d'une sensibilité & d'une foiblesse naturelles, d'un défaut de proportion dans les parties de la bouche, de la confor<cb-> mation irréguliere de quelques - unes de celles du corps de l'animal, de qùelques maux dont elles peuvent être atteintes, de la dureté des premieres embouchures, de la forte application des gourmettes mal ordonnées, des efforts excessifs d'une main dont le sentiment a été aussi cruel qu'importun, ou de la lenteur ou de la foiblesse de celle qui n'ayant aucune fermeté, a permis au cheval de se livrer à mille mouvemens vagues, dans lesquels il s'est offensé lui - même en s'appuyant inconsidérément des leçons données sans ordre & sans jugement, des arrêts trop subtils & trop précipités, &c.

Dans cet état le cheval dérobe sans cesse les barres, bégaye, se déplace, tourne la tête de côté & d'autre, se retient, s'arrête, bat & tire à la main, ou la force, pour peu que le cavalier veuille le solliciter à quelqu'action.

On ne peut se décider sur le choix des moyens de parer à tous ces desordres, si d'une part on n'envisage & on ne distingue les véritables causes de cette irrésolution, & si de l'autre on ne s'attache à découvrir l'inclination & le caractere de l'animal.

Quelle que soit la source & le principe dont il s'agit, l'entreprise de ramener une bouche aussi soupçonneuse à un appui solide & assûré, demande beaucoup d'art, & un grand fond de lumieres & de patience. Quelle attention n'exige pas la nécessité de ménager une partie débile ou lésée, en rejettant une portion du poids dont elle devroit être chargée, sur celle qui est saine, & qui joüit d'une plus grande force? Que de recherches pour démêler au milieu de tant de déréglemens, ce point unique dans lequel le sentiment de la main est infiniment confondu avec celui de la bouche, & où le cavalier & le cheval sont pour ainsi dire également affectés d'un plaisir réciproque & si marqué, que l'animal semble préférer la contrainte à la liberté? Quel art ne faut - il pas pour rencontrer ce juste tempérament dans la fermeté duquel résident en même tems & la douceur & la resistance? Que de connoissances enfin pour varier les leçons & les aides à - propos, & toûjours relativement à la diverse nature des chevaux.

Les embouchures les plus douces, telles que le simple canon, les branches droites & longues, les gourmettes les plus grosses, placées de maniere qu'elles gênent peu, & qu'elles asservissent légerement, sont d'abord les premieres armes que nous devons employer. Il n'est pas question en effet ici de recourir à la force; ce seroit se proposer de remédier à un vice par la cause même qui le produit presque toûjours: ainsi cette voie que quelques écuyers choisissent, puisqu'ils font forger des embouchures dans l'intention de casser les barres, ne serviroit qu'à confirmer le cheval dans son incertitude, & le précipiteroit encore dans de nouveaux desordres.

Nous ne pouvons nous promettre de véritables succès dans des circonstances aussi délicates, qu'autant que nous saúrons tâter, s'il m'est permis d'user de cette expression, la bouche de l'animal, en partant du point d'appui le plus leger, & en l'augmentant toûjours imperceptiblement; car des mains qui n'ont aucune méthode, dont les mouvemens n'ont aucune mesure, dont les impressions sont subites, & qui ignorent en un mot l'art de chercher, occasionnent plûtôt l'égarement qu'elles ne le corrigent.

Dans le chemin que parcourt cette main qui sonde en quelque façon la bouche, il n'est pas douteux qu'il est un période où le sentiment exercé est moins desagréable à l'animal. Ce période se distingue en ce que le cheval moins étonné, moins surpris lorsque la main y est parvenue, ne témoigne point autant d'inquiétude, & c'est à ce point qu'il faut se fixer & s'arrêter: des qu'on l'a reconnu, il est inutile de ten<pb-> [p. 417] ter de l'outre - passer; mais comme un appui constant, & qui persévere dans le même degré, échauffe inévitablement la barre, on le diminuera insensiblement, pour le reprendre de même; attendu que si on vouloit y revenir tout - à - coup, outre qu'on ne pourroit le saisir que par hasard, on courroit risque par une action trop forte, de susciter les mouvemens desordonnés que l'on a dessein de réprimer, & auxquels on donneroit encore incontestablement lieu, si la diminution nécessaire dont j'ai parlé, n'étoit pareillement opérée d'une maniere imperceptible.

Cette main liante, & dont les effets ne peuvent être goûtés qu'autant qu'elle est attentive à rappeller sans cesse le sentiment qu'elle a découvert, seroit néanmoins insuffisante. C'est une erreur que d'imaginer de pouvoir juger exactement de la qualité d'une bouche quelconque, & en scruter le fond par le seul secours des rênes; le véritable point d'appui ne se manifeste que dans l'ensemble de l'animal, & nous ne le saisissons jamais parfaitement, qu'autant que le devant & le derriere sont justement contre - balancés: aussi n'y parvenons - nous dans la plûpart des chevaux que nous travaillons, que par le rapport & l'harmonie des aides de la main & des jambes.

Ici principalement il est essentiel que ces aides se soûtiennent & s'accompagnent. Au moment où les rênes agissent & operent, les jambes doivent donc solliciter en juste raison le derriere en - avant, & pousser l'action du cheval contre l'appui: par ce moyen l'animal retenu d'un côté & chassé de l'autre, se trouvera nécessairement soulagé, en ce qu'il sera moins sur son devant, & plus uni; & l'effet de la main en étant même adouci, ne lui paroîtra plus aussi violent & aussi insupportable.

On doit cependant, eu égard à ce rapport & à cette harmonie, considérer la disposition de l'animal. Il faut que l'effort des jambes l'emporte sur celui de la main, & même le précede; si le cheval est porté à se retenir; car en ce cas la main opérant la premiere, l'arrêteroit ou l'aculeroit, & ne pourroit trouver dans la bouche ce degré perfectionné de résistance que le cavalier se propose d'y rencontrer. J'ajoûterai que si dans la même circonstance l'action de cette main n'étoit devancée, ou avoit lieu dans le tems précis où les jambes sont mises en opposition, l'animal renfermé & contraint de toutes parts, se gendarmeroit & se défendroit en multipliant les pointes, & l'on conçoit d'ailleurs qu'on ne peut évaluer & mesurer ces différentes forces, que relativement au plus ou moins de sensibilité du cheval, & au plus ou moins de difficulté qu'il témoigne lorsqu'on entreprend de le déterminer en - avant.

Quant aux chevaux qui embrassent le terrein avec franchise, & dont l'irrésolution n'est que dans leur bouche vaine & égarée, on prendra le parti contraire: la main précédera le mouvement des jambes. Ceux - ci en effet s'offrent eux - mêmes à l'appui, & il seroit très - possible, en profitant subtilement de l'impatience avec laquelle souvent ils s'abandonnent & précipitent leurs allures, de le leur faire goûter sans employer d'autres aides. Il n'en est pas de même du cheval pesant & chargé d'épaules, les jambes & la main doivent se réunir pour le contre - balancer; car si l'on ne lui suggere une certaine union, vainement espéreroit - on de le résoudre à cette fermeté & à cette assûrance dont il est si fort éloigné.

En général, le pas averti me paroît l'action la plus favorable au cavalier qui entreprend de faire industrieusement sentir & reconnoître au cheval les effets de la main. Dans une allure vive & prompte, l'animal est plus distrait, moins patient; il chemine & n'écoute point, & se dérobe plus aisément à l'attention de celui qui l'exerce. Ce n'est donc que dans cette marchelente & pesée, pour ainsi dire, qu'il convient d'abord de mettre en usage les divers moyens que j'ai indiqués: si cependant le cheval se retenoit, on seroit obligé de débuter par le trot, sans s'attacher absolument à la recherche de sa bouche; car le premier pas à faire, est de le résoudre. Après l'avoir quelque tems travaillé ainsi, & lorsqu'il aura acquis plus de franchise, on entre - mêlera cette même leçon & celle du pas, sauf à le remettre à la premiere, supposé qu'elle n'eût point produit encore tout l'effet que nous en desirions. La plûpart des chevaux qui se retiennent, & dont la bouche est fausse & soupçonneuse, s'arment & s'encapuchonnent; les autres portent au contraire au vent: or l'un & l'autre de ces défauts, ou plûtôt l'une & l'autre de ces défenses sont d'autant plus nuisibles, que si la tête n'est placée, l'appui ne peut être que faux & desordonné; ainsi dès que l'animal voudra sortir en - arriere de la ligne perpendiculaire, on éloignera la main du corps, pour le mettre dans l'attitude où il doit être; & on aura recours aux châtimens qui partent des jambes, dont on modérera les aides, souvent très propres, en rejettant le derriere sur le devant, à solliciter l'animal à ce vice. A l'égard de ceux qui entreprennent de tendre le nez, dès qu'ils se présenteront pour sortir en - avant de cette même ligne, s'ils rencontrent la main du cavalier, & s'ils se heurtent en quelque façon les barres contre le point de résistance qu'elle leur opposera, il n'est pas douteux qu'enfin ils se corrigeront, sur - tout si la fermeté de cette même main, & les degrés de la tension des rênes, sont tels que l'animal soit toûjours assûré de s'exposer à la douleur du heurt & de la pression, en se déplaçant; & de n'éprouver aucune sensation desagréable, en se maintenant dans la position que l'on exige de lui. Ce même principe est encore d'une très - grande ressource dans le bégayement, & dans le cas où le cheval bat, tire à la main, & la force.

La bouche de l'animal en quelque maniere rassùrée dans l'action du pas, il sera question de le présenter au trot. Celle - ci commencera à l'obliger à souffrir constamment l'appui. Pour le raffermir entierement, passez ensuite au galop; conduisez - le sur un terrein un peu penchant: dans la contrainte où il sera de se ramener sur les hanches, & cherchera un soûtien dans votre main, il ne tentera point de s'opposer à ses effets. L'action de soûtenir peu - à - peu la descente du galop sur un terrein même uni, sera d'une égale utilité.

Toutes ces leçons doivent être données d'abord par le droit, non sur un terrein étroit & mesuré, quand il s'agit de chevaux indéterminés, mais dans les lieux limités, lorsqu'il est question de ceux qui ont d'ailleurs de la fougue & de la résolution. Si vous y ajoûtez celles de l'arrêt, & quelque tems après celles du reculer, l'obéissance & la facilité de la bouche renaîtront bientôt entierement (voy. Parer & Reculer), pourvû néanmoins que vous n'entrepreniez pas tout - à - coup, que vous observiez des gradations, que vous ne reculiez pas trop tôt, que vous le fassiez repartir pendant quelque tems, sans le précipiter dès l'instant qu'il aura paré; car de tels arrêts aisés, étendus, & continués à l'aide d'une bonne main, seroient eux seuls capables de lui ôter tout soupçon. Pratiquez de plus avec jugement, avec prudence; n'exigez pas trop d'un cheval foible, n'abusez point de celui qui a beaucoup de force; un long travail ne pourroit qu'offenser davantage l'animal, & qu'augmenter en lui l'égarement. (e)

EGAROTTÉ (Page 5:417)

EGAROTTÉ, adj. (Manége & Maréchall.) terme qui a été substitué au vieux mot encrainé, dont on se servoit très - anciennement pour désigner un cheval blessé sur le garot. Quelques - uns employent indiffé<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.