ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Elle fut ensuite transférée au clos Bruneau, in vi<-> co closi Brunelli, qui est la rue S. Jean de Beauvais. On présume que ce changement arriva peu de tems après le regne de S. Louis, & peut - être même des 1270, attendu qu'il en est parlé dans des statuts que l'on croit faits en ladite année, qui sont rappellés dans ceux de 1370: on l'appelloit alors l'école du clos Bruneau.

En 1380, le chapitre de Notre - Dame voulut rappeller l'école de droit dans le cloître; ce qui fit la matiere d'un procès au parlement entre le chapitre & la faculté. Le pape Clément VII. donna une bulle qui permit au chapitre de faire faire des leçons de droit canonique, pourvû que ce fût par un chanoine reçu docteur dans les écoles de la faculté. Il y eut ensuite transaction conforme entre les parties, qui fut homologuée au parlement; mais on ne voit point que le chapitre ait fait usage de la permission qui lui fut accordée.

Sauval, en ses antiquités de Paris, dit qu'en 1384 Gilbert & Philippe Ponce établirent une école de droit à la rue de S. Jean de Beauvais, dans le même lieu où le célebre Robert - Etienne tint son imprimerie au commencement du xvj. siecle; c'étoit vis - à - vis du lieu où est présentement le bâtiment des anciennes écoles.

Il paroît que vers le commencement du xv. siecle les écoles de droit furent transportées dans le lieu où elles sont présentement. Voici ce qui y donna occasion. Il y avoit anciénnement dans l'église de S. Hilaire une chapelle sous le vocable de S. Denis, fondée par un nommé Hemon Langadou, bedeau de la faculté de droit; le lieu où sont présentement les anciennes écoles, appartenoit à cette chapelle. Le chapelain avoit fait construire en 1415 un bâtiment pour loger les écoles sous le titre d'écoles doctorales, grandes, premieres, & secondes écoles. Il avoit loüé ce bâtiment à la faculté de droit, moyennant une certaine redevance, à la charge par lui de faire toutes les réparations nécessaires à ce bâtiment, même aux bancs & pulpitres des écoles. Ces charges étoient si onéreuses, que dans la suite le chapelain ne voulant pas les acquitter, la faculté de droit obtint de l'évêque de Paris, du chapitre de la même église, & de l'archidiacre de Josas, l'extinction de la chapelle de S. Denis, & la réunion à la faculté pour rebâtir les écoles. L'union est du 26 Novembre 1461. Les écoles furent réparées en 1464; & par une inscription peinte en l'une des vitres, on voyoit que Miles d'Iliers docteur en droit, évêque de Chartres, qui mourut en 1493, l'avoit fait faire la vingt - huitieme année de sa régence.

Les leçons se font dans les écoles de droit par des professeurs, dont le nombre est plus ou moins considérable, selon les universités. A Paris il y a six professeurs. Voyez Professeurs en Droit.

Ceux qui veulent prendre des degrés en droit, sont obligés de s'inscrire sur les registres de la faculté; & pour y être admis, il faut être agé du moins de seize ans accomplis. Voyez Inscription.

Le cours de droit qui n'étoit autrefois que de deux années, fut fixé à trois ans par une déclaration du mois d'Avril 1679; il avoit été depuis réduit à deux années. Mais par une derniere déclaration du 18 Janvier 1700, il a été remis à trois années.

Les étudians en droit doivent être assidus aux leçons, y assister en habit décent. Il leur est défendu par les statuts de porter l'épée, ni aucun habillement militaire.

Les regnicoles qui veulent être admis au degré de licence, sont obligés de rapporter des preuves de catholicité.

On soûtient aux écoles différens actes, pour parvenir à avoir des degrés; savoir, des examens & des theses. Voyez Bachelier, Docteur en Droit, Examen, Licencié, Professeur en Droit, These . Voyez l'histoire de l'université, par du Boulay, & les antiquités de Sauval. (A)

Ecoles de Théologie (Page 5:306)

Ecoles de Théologie, (Théol.) ce sont dans une université, les écoles où des professeurs particuliers enseignent la Théologie: on entend même par ce terme toutes les études de Théologie, depuis leur commencement jusqu'à leur terme, ou les théologiens - scholastiques qui enseignent tels ou tels sentimens. C'est en ce sens qu'on dit qu'on soûtient telle ou telle opinion dans les écoles. Voyez Scholastique & Théologie.

Les écoles de Théologie, dans la primitive Eglise, n'etoient autre chose que la maison de l'évêque, où l'évêque lui - même expliquoit l'Ecriture à ses prêtres & à ses clercs. Quelquefois les évêques se reposoient de ce soin sur des prêtres éclairés. On voit dès le ij. siecle Pantene, & S. Clément surnommé Alexan<-> drin, chargés de cette fonction dans l'église d'Alexandrie. De - là sont venues dans nos églises cathédrales les dignités de théologal & d'écolatre. Voyez Théologal & Ecolatre.

Depuis l'origine de l'Eglise jusqu'au xij. siecle, ces écoles ont toûjours subsisté dans les églises cathédrales ou dans les monasteres; mais les scholastiques qui parurent alors, formerent peu - à - peu les écoles de Théologie, telles que nous les voyons subsister. D'abord Pierre Lombard, puis Albert le Grand, S. Thomas, S. Bonaventure, Scot, &c. firent des leçons publiques; & par la suite les papes & les rois fonderent des chaires particulieres, & attacherent des priviléges aux fonctions de professeur en Théologie.

Dans l'université de Paris, outre les écoles des réguliers qui sont du corps de la faculté de Théologie, on compte deux écoles célebres; celle de Sorbonne, & celle de Navarre. L'une & l'autre n'avoient point autrefois de lecteurs ou professeurs en Théologie fixes & permanens: seulement ceux qui se préparoient à la licence, y lisoient ou commentoient l'Ecriture, les écrits de Pierre Lombard, qu'on nomme autrement le maître des sentences, ou les différentes parties de la somme de S. Thomas. La méthode de ce temslà consistoit en questions métaphysiques, & l'on convient que ce n'étoit pas la meilleure route qu'on pût suivre pour étudier le dogme & la morale.

Ce n'a été qu'au renouvellement des Lettres sous François I. que les écoles de Théologie ont commencé à prendre à peu - près la même forme qu'elles ont aujourd'hui; ce n'est même que sous Henri III. que la premiere chaire de Théologie de Navarre a été fondée, & occupée par le fameux René Benoît, depuis curé de S. Eustache.

La méthode actuelle des écoles de Théologie dans la faculté de Paris, est que les professeurs enseignent à différentes heures, des traités qu'ils dictent & qu'ils expliquent à leurs auditeurs, & sur lesquels ils les interrogent ou les font argumenter. On sait que depuis cinquante ans sur - tout, ils se sont beaucoup plus attachés à la positive qu'à la pure scholastique. Voy. Positive.

Ces traités roulent sur l'Ecriture, la Morale, la Controverse, & il y a des chaires affectées pour ces différens objets.

Dans quelques universités étrangeres, sur - tout en Flandres dans les facultés de Louvain & de Doüai, on suit encore l'ancienne méthode; le professeur lit un livre de l'Ecriture, ou la somme de S. Thomas, ou le maître des sentences, & fait de vive voix un commentaire sur ce texte. C'est ainsi que Jansenius, Titius & Sylvius ont enseigné la Théologie. Les commentaires du premier sur les évangiles, ceux du second sur les quatre livres du maître des sentences, [p. 307] sur les épîtres de S. Paul, & sur les endroits les plus difficiles de l'Ecriture, & ceux de Sylvius sur la somme de S. Thomas, ne sont autre chose que leurs explications recueillies qu'on a fait imprimer.

Les écoles de Théologie de la Minerve & du collége de la Sapience à Rome, celles de Salamanque & d'Alcala on Espagne, sont fameuses parmi les Catholiques. Les Protestans en ont aussi eu de célebres, telles que celles de Saumur & de Sedan. Celles de Genève, de Leyde, d'Oxford, & de Cambridge, conservent encore aujourd'hui une grande réputation.

Ecole de Medecine (Page 5:307)

Ecole de Medecine, voyez Docteur en Medecine & Faculté.

Ecole militaire (Page 5:307)

Ecole militaire. L'école royale militaire est un établissement nouveau, fondé par le Roi, en faveur des enfans de la noblesse francoise dont les peres ont consacré leurs jours & sacrifié leurs biens & leur vie à son service.

On ne doit pas regarder comme nouvelle, l'idée générale d'une institution purement militaire, où la jeunesse pût apprendre les élémens de la guerre. On a senti de tout tems qu'un art où les talens supérieurs sont si rares, avoit besoin d'une théorie aussi solide qu'étendue. On sait avec quels soins les Grecs & les Romains cultivoient l'esprit & le corps de ceux qu'ils destinoient à être les défenseurs de la patrie: on n'entrera point dans un détail que personne n'ignore; mais on ne peut s'empêcher de faire une réflexion aussi simple que vraie. C'est sans doute à l'excellente éducation qu'ils donnoient à leurs enfans, que ces peuples ont dû des héros précoces qui commandoient les armées avec le plus grand succès, à un âge où les mieux intentionnés commencent àprésent à s'instruire: tels furent Scipion, Pompée, César, & mille autres qu'il seroit aisé de citer.

Les paralleles que nous pourrions faire dans ce genre, ne nous seroient peut - être pas avantageux; & les exemples; en très - petit nombre, que nous serions en état de produire à notre avantage, ne devroient peut - être se considérer que comme un fruit de l'éducation réservée aux grands seuls, & par conséquent ne feroient point une exception à la regle.

On ne parlera pas non plus de ce qui s'est pratiqué long - tems dans la monarchie; tout le monde, pour ainsi dire, y étoit guerrier: les troubles intérieurs, les guerres fréquentes avec les nations voisines, les querelles particulieres même, obligeoient la noblesse à cultiver un art dont elle étoit si souvent forcée de faire usage. D'ailleurs la constitution de l'état militaire étoit alors si différente de ce qu'elle est à - présent, qu'on ne peut admettre aucune comparaison. Tous les seigneurs de fiefs, grands ou petits, étoient obligés de marcher à la guerre avec leurs vassaux; & le même préjugé qui leur faisoit mépriser toute autre profession que celle des armes, les engageoit à s'instruire de ce qui pouvoit les y faire distinguer. On n'oseroit pourtant pas affirmer que la noblesse alors cherchât à approfondir beaucoup les mystères d'une théorie toûjours difficile; mais c'est peut - être aussi à cette négligence, qu'on doit imputer le petit nombre de grands généraux que notre nation a produits dans les tems dont je parle.

Quoi qu'il en soit, l'état militaire étant devenu un état fixe, & l'art de la guerre s'étant fort perfectionné, principalement dans deux de ses plus importantes parties, le Génie & l'Artillerie, les opérations devenues plus compliquées, ont plus besoin d'être éclairées par une théorie solide, qui puisse servir de base à toute la pratique.

Depuis très - long - tems tous les gens éclairés ont peut - être senti la nécessité de cette théorie, quelques - uns même ont osé proposer des idées générales. Le célebre la Noue, dans ses discours politiques & militaires, fait sentir les avantages d'une éducation propre à former les guerriers: il fait plus; il indique quelques moyens analogues aux moeurs de son tems, & à ce qui se pratiquoit alors dans le peu de troupes réglées que nous avions. Ces discours furent estimés; mais l'approbation qu'on, leur donna fut bornée à cette admiration stérile, qui depuis a été le sort de quantité d'excellentes vûes enfantées avec peine, souvent loüées, & rarement suivies.

Le cardinal Mazarin est le seul qu'on connoisse, après la Noue, qui ait tenté l'exécution d'une institution militaire. Lorsqu'il fonda le collége qui porte son nom, il eut intention d'y établir une espece d'é<-> cole militaire, si l'on peut appeller ainsi quelques exercices de corps qu'il vouloit y introduire, & qui semblent se rapporter plus directement à l'art de la guerre, quoiqu'ils soient communs à tous les états. Ses idées ne furent pas accueillies favorablement par l'université de Paris, & la mort du cardinal termina la dispute. Cet établissement est devenu un simple collége, & à cet égard on ne croit pas qu'il ait eu aucune distinction, si ce n'est que la premiere chaire de Mathématiques qui ait été fondée dans l'université, l'a été au collége Mazarin.

Une idée aussi frappante ne devoit pas échapper à M. de Louvois: aussi ce ministre eut - il l'intention d'établir à l'hôtel royal des Invalides, une école propre à former de jeunes militaires. On ignore les raisons qui s'opposerent à son dessein, mais il est sûr qu'il n'eut aucune exécution.

Il étoit difficile d'abandonner entierement un projet dont l'utilité étoit si démontrée. Vers la fin du dernier siecle on proposa l'établissement des cadets gentilshommes, comme un moyen certain de donner à la jeune noblesse une éducation digne d'elle, & qui devoit contribuer nécessairement aux progrès de l'art militaire. Les différentes compagnies qui furent établies alors, après diverses révolutions furent réunies en une seule à Metz, & en 1733 le Roi jugea à - propos de la supprimer. Cette institution pouvoit sans doute avoir de grands avantages; mais on ne sauroit dissimuler aussi qu'elle avoit de grands inconvéniens. Il seroit superflu d'entrer dans ce détail, il suffit de dire que depuis ce tems l'école des cadets n'a point été rétablie.

En 1724, un citoyen connu par son zèle, par ses talens & par ses services, ne craignit pas de renouveller un projet déjà conçû plusieurs fois, & toûjours échoüé: il avoit des connoissances assez vastes pour trouver les moyens d'exécuter de grands desseins; & l'on comptoit sans doute sur son génie, lorsqu'on adopta l'idée qu'il présenta d'un collége académique, dont le but étoit non - seulement d'instruire la jeunesse dans l'art de la guerre, mais aussi de cultiver tous les talens, & de mettre à profit toutes les dispositions qu'on trouveroit, dans quelque genre que ce pût être. La Théologie, la Jurisprudence, la Politique, les Sciences, les Arts, rien n'en étoit exclu. Toutes les mesures étoient prises pour l'exécution: la place indiquée pour le bâtiment, étoit dans la plaine de Billancourt; les plans étoient arrêtés, la dotation étoit fixée, lorsque des circonstances particulieres firent évanoüir ce projet. Quelques soins qu'on se soit donné, il n'a pas été possible de recouvrer les mémoires qui avoient été faits à cette occasion; l'on y auroit trouvé sans doute des recherches dont on auroit profité, & que l'on regrette encore tous les jours.

S'il est permis cependant de faire quelques réflexions sur un dessein aussi vaste, on ne peut s'empêcher d'avoüer que le succès en étoit bien incertain: on oseroit presqu'ajoûter que le but en étoit assez inutile à bien des égards. En effet, n'y a - t - il pas assez d'écoles où l'on enseigne la Théologie & la Jurisprudence? manque - t - on de secours pour s'instruire

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