ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
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"374"> que le geolier en soit déchargé par le juge ou par le créancier, pour la délivrance du prisonnier.

En effet, dans l'ordonnance de Charles VI. de l'an 1413, art. 20, les termes d'écroues & décharges paroissent synonymes.

Cela paroît encore mieux marqué dans l'ordonnance de Louis XII. du mois de Mars 1498, qui distingue la mention de l'emprisonnement d'avec l'écroue, qui est dit pour élargissement.

L'art. 103 de cette ordonnance porte que le geolier ou garde des chartres & prisons fera un grand registre, dont chaque feuillet sera ployé par le milieu; que d'un côté seront écrits, & de jour en jour, les noms & surnoms, états & demeurances des prisonniers qui seront amenés en la chartre; par qui ils seront amenés; pourquoi, à la requête de qui, & de quelle ordonnance: & si c'est pour dette, & qu'il y ait obligation sous scel royal, la date de l'obligation; & que le domicile du créancier y sera aussi enregistré.

L'ordonnance du même prince, en 1507, article 182. celle de François I. en 1535, ch. xiij. art. 19. & celle d'Henri II. en 1549, article 3. s'expliquent àpeu - près de même. La derniere dit que le geolier, suivant les anciennes ordonnances, sera tenu de faire un rôle au vrai de tous les prisonniers amenés en la conciergerie.

L'art. 104 de l'ordonnance de 1498, ajoûte que de l'autre côté de la marge du feuillet sera enregistré l'écrou, élargissement ou décharge des prisonniers, telle qu'elle lui sera envoyée & donnée par le greffier, sur le registre dudit emprisonnement; sans qu'il puisse mettre hors ou délivrer quelque prisonnier, soit à tort ou droit, sans avoir ledit écroue.

La même chose est répetée dans les ordonnances de Louis XII. en 1507; de François I. en 1535, ch. xiij. art. 20. & ch. xxj. art. 12.

Enfin l'art. 105. de l'ordonnance de 1498, porte que le greffier aura un registre, où il écrira la délivrance, élargissement, & toutes autres expéditions de chaque prisonnier, en bref, mettant le jour de son emprisonnement, par qui, & comment il sera expédié; qu'incontinent l'expédition faite, le greffier donnera ou enverra au geolier un écroue ou brevet, contenant le jour & forme de l'expédition; & que le greffier aura pour chacun écroue & expédition, 15 deniers tournois, & non plus; ou moins, selon les coûtumes des lieux, &c.

Les ordonnances de Louis XII. en 1507, article 156. de François I. en 1535, ch. xiij. art. 21. portent la même chose.

Enfin l'article 128. de l'ordonnance de 1498, qui défend à tous juges de prendre plus de 5 s. tournois pour les élargissemens des prisonniers, ne se sert point du terme d'écroue; ce qui confirme que ce terme ne signifioit point alors emprisonnement, mais au contraire décharge, comme on disoit alors donner écroue à un receveur, c'est à - dire lui donner quittance & décharge de sa recette.

La discussion dans laquelle nous sommes entrés sur l'étymologie de ce mot, ne doit pas être regardée comme une simple curiosité; elle est nécessaire pour l'intelligence des anciennes ordonnances, dans lesquelles le terme d'écroue, en matiere criminelle, paroît avoir eu successivement trois significations différentes. Il signifioit d'abord, comme on l'a vû, la contrainte qui s'exerce contre celui que l'on pousse en prison; ce qui a fait croire mal - à - propos à quelques - uns, que ce mot signifioit décharge, sous prétexte que l'huissier qui fait l'emprisonnement, se décharge de celui qu'il a arrêté, en le remettant au geolier, qui s'en charge. On voit qu'ensuite ce même terme signifioit l'élargissement du prisonnier: & enfin on est revenu au premier & véritable sens que ce terme avoit, suivant son étymologie, c'est - à - dire que l'écroue est la mention qui est faite de la contrainte par corps & emprisonnement sur le registre des prisons.

Suivant l'ordonnance criminelle de 1670, tit. ij. art. 6. les archers des prevôts des maréchaux peuvent écroüer les prisoniers arrêtés en vertu de leurs decrets.

L'article 7. du même titre porte qu'ils seront tenus de laisser au prisonnier qu'ils auront arrêté, copie du procès - verbal de capture & de l'écroue, sous les peines portées par l'art. 1. Cette disposition doit être observée par tous huissiers & sergens, & autres ayant pouvoir d'arrêter & constituer prisonnier.

L'article 9 du titre x des decrets, ordonne qu'après qu'un accusé pris en flagrant délit ou à la clameur publique, aura été conduit prisonnier, le juge ordonnera qu'il sera arrêté & écroüé, & que l'écroue lui sera signifié parlant à sa personne.

Il faut néanmoins observer que l'on dépose quelquefois dans les prisons, pour une nuit ou autre bref délai, ceux qui sont arrêtés à la clameur publique, jusqu'à ce qu'ils ayent été interrogés: en ce cas ils ne sont point écroüés; & s'il n'y a pas lieu à les décreter de prise de corps, ils doivent être élargis dans les vingt - quatre heures.

Les procureurs du roi dans les justices ordinaires, doivent, suivant l'art. 10 du même titre, envoyer aux procureurs généraux, chacun dans leur ressort, aux mois de Janvier & de Juillet de chaque année, un état signé par les lieutenans criminels & par eux, des écroues & recommandations faites pendant les six mois précédens dans les prisons de leurs siéges, & qui n'auront point été suivies de jugement définitif, contenant la date des decrets, écroues & recommandations, &c. à l'effet de quoi tous actes & écroues seront par les greffiers & geoliers délivrés gratuitement, & l'état porté par les messagers sans frais, à peine d'interdiction contre les greffiers & geoliers, & de 100 liv. d'amende envers le roi, & de pareille amende contre les messagers. La même chose doit être observée par les procureurs des justices seigneurîales, à l'égard des procureurs du roi des siéges où elles relevent.

Ces dispositions sont encore expliquées par les arrêts de réglement du parlement de Paris, des 18 Juin & premier Septembre 1717.

L'ordonnance de 1670, tit. xiij. art. 6. ordonne que les greffiers des geoles, où il y en a, sinon les géoliers - concierges; seront tenus d'avoir un registre relié, cotté & paraphé par le juge dans tous ses feuillets, qui seront séparés en deux colonnes pour les écroues & recommandations, & pour les élargissemens & décharges. Le terme d'écroue signifie en cet endroit emprisonnement.

L'art. 9 défend aux greffiers & geoliers, à peine des galeres, de délivrer des écroues à des personnes qui ne seront point actuellement prisonnieres; ni de faire des écroues ou décharges sur feuilles volantes, cahiers, ni autrement que sur le registre cotté & paraphé par le juge. Le mot ou dont se sert cet article en parlant des écroues ou décharges, n'est pas conjonctif, mais alternatif; ainsi ces mots ne sont pas synonymes.

L'art. 10 défend aussi aux greffiers & geoliers de prendre aucuns droits pour emprisonnement, recommandation & décharge; mais qu'ils pourront seulement, pour les extraits qu'ils délivreront, recevoir ceux qui seront taxés par le juge, &c.

Ce dernier article parle d'emprisonnement, sans employer le terme d'écroue; & en effet l'écroue n'est pas l'emprisonnement même, mais la mention qui est faite de l'emprisonnement sur le registre de la geole. [p. 375]

L'art. 13 veut que les écroues & recommandations fassent mention des arrêts, jugemens & autres actes en vertu desquels ils seront faits; du nom, surnom & qualité du prisonnier; de ceux de la partie qui les fera faire, comme aussi du domicile qui sera par lui élû au lieu où la prison est située, sous peine de nullité; & il est dit qu'il ne pourra être fait qu'un écroue, encore qu'il y eût plusieurs causes de l'emprisonnement.

Enfin l'art. 15 ordonne au geolier ou greffier de la geole, de porter incessamment, & dans les vingt - quatre heures au plûtard, au procureur du roi ou à celui du seigneur (si c'est dans une justice seigneuriale), copie des écroues & recommandations qui seront faits pour crime.

Quand le juge déclare un emprisonnement nul, tortionnaire & déraisonnable, il ordonne que l'é<-> croue sera rayé & biffé. Voyez ci - après Emprisonnement, Prison, Prisonnier, Recommandation . (A)

Ecroue (Page 5:375)

Ecroue, (Jurisprud.) en matiere civile, signifie tantôt rôle ou état, tantôt aveu & déclaration, & quelquefois quittance & décharge. Voyez ce qui est dit dans l'article précédent. (A)

ECROUELLES (Page 5:375)

ECROUELLES, s. f. terme de Chirurgie, tumeurs dures & indolentes qui se terminent asiez ordinairement par la suppuration. Le mot d'écroüelles vient du latin scrophuloe, formé de scropha, truie. Les Grecs l'appellent XOITADEZ, de XOIROZ, pourceau, parce que ces animaux sont sujets à de pareilles tumeurs sous la gorge. On appelle aussi cette maladie sirumoe, à struendo, amaster en tas, à cause que les écrouelles sont le plus souvent composées de plusieurs tumeurs ramassées ou entassées les unes auprès des autres.

Les écroüelles viennent de l'épaississement de la lymphe par de mauvais alimens, comme viandes salées, fruits verds, lait grossier, eaux bourbeuses, &c. Les enfans y sont fort sujets, parce qu'ils vivent de lait qui par sa partie caseuse fournit la matiere de ces sortes de tumeurs. La cause formelle des écroüelles est en effet une congestion de lymphe gelatineuse, épaissie & déposée dans les vaisseaux de certaines glandes, & dans les cellules du tissu folleculeux, qui les avoisinent. Les glandes du mésentere sont ordinairement engorgées & dures dans les enfans scrophuleux, & cela les fait mourit de consomption précédée d'un dévoyement chyleux, parce que le chyle ne peut plus passer par les vaisseaux lactées, que compriment les glandes tuméfiées. Les écroüelles naissent communément sous les oreilles & sous la mâchoire inferieure, aux aisselles, aux aînes, autour des articulations, &c. Quoique ces tumeurs soient dures comme les skirrhes, elles suppurent assez volontiers, & elles ne dégénerent point en cancer, comme les skirrhes qui s'ulcerent; ce qui prouve bien que la matiere des écroüelles est d'une autre nature que celle qui forme les skirrhes. Les tumeurs de ce dernier genre sont produites par la lymphe albumineuse, qui est susceptible d'un mouvement spontané, par lequel elle devient alkaline & très corrosive. On voit quelquefois des tumeurs scrophuleuses, malignes & ulcerées, qui participent un peu de la nature du cancer: Celse a connu cette espece, il la nomme struma cancrodes.

La cure des écroüelles s'accomplit par des remedes généraux & particuliers: la saignée n'est utile que comme remede préparatoire; la purgation, les bains, les bouillons de veau & de poulet avec les plantes altérantes, telles que le cresson, la fumeterre, &c. le petit - lait, les eaux minérales, enfin tous les humectans & délayans dont on accompagne l'usage de celui des bols fondans & apéritifs avec les cloportes, l'oethiops minéral; les purgatifs fondans, comme l'aquila alba. Les pilules de savon ont beaucoup de suceès, & sont des moyens presque sûrs dans les écroüelles naissantes, sur - tout lorsque ces secours sont administrés dans une saison favorable, qu'on les continue assez long - tems, & qu'il n'y a aucune mauvaise complication.

Lorsque les tumeurs sont considérables, il est difficile d'en obtenir la résolution, sur - tout si la matiere est fort épaisse, parce qu'elle n'est pas soûmise à l'action des vaisseaux; & elles s'ulcerent assez communément, malgré l'application des emplâtres émolliens & résolutifs, qu'on employe dans toute autre intention que de faire suppurer. Le fond des ulceres serophuleux est dur & calleux; & les chairs qui végetent de leur surface, sont molles, blanches, & jettent un pus épais & visqueux. On se sert de remedes esharrotiques pour détruire les callosités & consumer les chairs, qui pullulent souvent avec plus de force après l'usage de ces remedes. J'ai observé qu'on abusoit souvent des caustiques dans le traitement de cette maladie. Il n'est pas nécessaire de poursuivre opiniâtrément l'éradication complete de ces tumeurs avec des caustiques dont l'application réitérée est un tourment pour les malades. Dès que la tumeur est ulcérée jusque dans son centre, les discussifs & les fondans extérieurs en procurent l'affaissement en proportion du dégorgement qu'ils déterminent & qu'ils accélerent. Parmi ces remedes on peut loüer la fumigation de vinaigre jetté sur des cailloux ardens ou sur une brique rougie au feu; les gommes ammoniaques de galbanum, de sagapenum, dissoutes dans le vinaigre & appliquées sur la tumeur; l'emplâtre de ciguë dissoute dans l'huile de cappres, &c. Les ulceres compliqués de carie des os, doivent être traités relativement à cette complication. V. Carie & Exfoliation. En général, il faut beaucoup attendre de la nature & du tems. Il y a dans les hôpitaux, non pas dans ceux où l'on ne reçoit que des malades dont on souhaite être promptement débarrassé, pour qu'ils fassent place à d'autres, mais dans ces asyles où la pauvreté & la misere trouvent un domicile constant avec tous les besoins de la vie, il y a des salles uniquement destinées pour les personnes écroüelleuses. J'y ai suivi la marche de la nature. On ne fait presque point de remedes à la plûpart de ces personnes; on les saigne & on les purge deux fois l'année. On panse simplement les tumeurs ulcêrées avec un onguent suppuratif; elles se consomment peu - à - peu, & les malades guérissent à la longue. Les écroüelles ne sont donc point incurables; & si l'on voit tant de guérisons par les seules forces de la nature, combien n'a - t - on pas lieu d'en attendre lorsque les secours de l'art bien dirigés, aideront les efforts de la nature souvent trop foibles. Si les malades & les chirurgiens étoient aussi patiens que cette maladie est opiniâtre, on en viendroit à bout. J'ai pansé avec obstination des ulceres scrophuleux, compliqués de carie dans les articulations des grands os, que j'ai enfin guéris après deux ans de soins assidus. La longueur d'un pareil traitement est fort rebutante, il faut que notre patience en inspire aux malades; car s'ils ne se prêtent point, on juge incurables des maux qui ne le sont point: l'efficacité des premiers secours opere encore pendant & après l'application du remede d'un charlatan auquel on se livre ensuite par caprice ou par ennui, & qui retire fort souvent tout l'honneur de la cure. Les gens les plus raisonnables jugent en faveur du succès, & ils ne veulent l'attribuer qu'au dernier moyen. (Y)

Ecrouelles (Page 5:375)

Ecrouelles, (Histoire.) Le Roi de France joüit du privilége de toucher les écroüelles. Le vénérable Guibert abbé de Nogent, a écrit que Philippe I. qui monta sur le throne en 1060, usoit du droit de toucher les écroüelles, mais que quelque crime le lui fit perdre.

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