ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"372"> qu'en rigueur il n'y a qu'un délié, & qu'il y a une infinité de pleins.

5°. Distinguer les situations de la plume. Il n'est pas possible que ces situations ne varient à l'infini: mais l'art les réduit à trois principales; & la plume est ou de face, ou oblique, ou de travers. La plume est de face, lorsqu'en allongeant & pliant les doigts verticalement, elle produit un plein perpendiculaire qui a toute la largeur du bec; il est évident qu'alors mue horisontalement, son tranchant tracera un délié. La plume est oblique dans toutes les situations où le jambage qu'elle produit est moindre que celui qu'elle donne de face, & plus fort que le délié; il est évident qu'alors il faut la mouvoir obliquement, pour lui faire tracer un délié. La plume est de travers, dans la situation diamétralement contraire à la situation de face; c'est - à - dire qu'alors mue horisontalement, elle produit un trait qui a toute la largeur du bec; & que mue perpendiculairement, elle trace un délié.

6°. Appliquer convenablement ces situations de plume. On n'a la plume de face, que pour quelques lettres majeures ou terminées par un délié; quelques lettres mineures, telles que l'S & le T. Il en est de mème de la situation de travers. D'où l'on voit que la situation oblique qui est toùjours moyenne entre les deux autres, qu'on peut regarder comme ses limites, est la génératrice de toutes les écritures.

7°. Ecrire. Pour cet effet, il faut s'exercer longtems à pratiquer les préceptes en grand, avant que de passer au petit; commencer par les traits les plus simples & les plus élémentaires, & s'y arrêter jusqu'à ce qu'on les exécute tres - parfaitement; former des déliés & des pleins, ou jambages; tracer un délié horisontal de gauche à droite, & le terminer par un jambage perpendiculaire; tracer un delié horisontal de droite à gauche, & lui associer un jambage perpendiculaire; former des lignes entieres de déliés & de jambages, tracés alternativement & de suite; former des espaces quarrés de deux pleins paralleles, & de deux déliés paralleles; passer ensuite aux rondeurs, ou apprendre à placer les deliés & les pleins; exécuter des lettres; s'instruire de leur forme générale, de la proportion de leurs différentes parties, de leurs déliés, de leurs pleins, &c. assembler les lettres, former des mots, tracer des lignes.

On rapporte la formation de toutes les lettres, à celle de l'I & de l'O. Voyez les articles des lettres I & O. On appelle ces deux voyelles lettres radicales. Voyez l'article Lettres.

On distingue plusieurs sortes d'écritures, qu'on appelle ou ronde, ou batarde, ou coulée, &c. Voyez ces articles. Voyez aussi nos Planches d'Ecritures, où vous trouverez des alphabets & des exemples de toutes les écritures maintenant en usage parmi nous.

Nous terminerons cet article par un moyen de vivifier l'écriture effacée, lorsque cela est possible. Prenez un demi - poisson d'esprit - de - vin; cinq petites noix de galle (plus ces noix seront petites, meilleures elles seront); concassez - les, réduisez - les en une poudre menue; mettez cette poudre dans l'espritde - vin. Prenez votre parchemin, ou papier; exposez - le deux minutes à la vapeur de l'esprit - de - vin échauffé. Ayez un petit pinceau, ou du coton; trempez - le dans le mêlange de noix de galle & d'espritde - vin, & passez - le sur l'écriture. L'écriture effacée reparoîtra, s'il est possible qu'elle reparoisse.

ECRIVAIN, AUTEUR (Page 5:372)

ECRIVAIN, AUTEUR, synon. (Gramm.) Ces deux mots s'appliquent aux gens de lettres, qui donnent au public des ouvrages de leur composition. Le premier ne se dit que de ceux qui ont donné des ouvrages de belles lettres, ou du moins il ne se dit que par rapport au style: le second s'applique à tout genre d'écrire indifféremment; il a plus de rapport au fond de l'ouvrage qu'à la forme; de plus, il peut se joindre par la particule de aux noms des ouvrages. Racine, M. de Voltaire, sont d'excellens écrivains, Corneille est un excellent auteur; Descartes & Newton sont des auteurs célebres; l'auteur de la Recherche de la vérité, est un écrivain du premier ordre.

Je ne puis m'empêcher de remarquer à cette occasion un abus de notre langue. Le mot écrire ne s'employe presque plus dans un grand nombre d'occasions, que pour designer le style; le sens propre de ce mot est alors proscrit.

On dit qu'une lettre est bien écrite, pour dire qu'elle est d'un tres - bon style; si on veut dire que le caractere de l'écriture est net & agréable à la vûe, on dit qu'elle est bien peinte. Cet usage paroît ridicule, mais il a prévalu. Cependant il faut avoüer, que du moins dans le cas dont nous venons de parler, on a un mot (tres impropre à la vérité) pour exprimer le sens propre. Mais il est d'autres cas où il n'y a plus de mot pour exprimer le sens propre, & où le sens figuré seul est employé; par exemple dans les mots bassesse, aveuglement, &c. J'avertis de cet abus, afin que les gens de lettres tâchent d'y remédier, ou du moins afin qu'il ne se multiplie pas. (O)

Ecrivain (Page 5:372)

Ecrivain. s. m. (Arts.) espece de peintre, qui avec la plume & l'encre, peut tracer sur le papier toutes sortes de beaux traits & de caracteres.

Comme l'Encyclopédie doit tout aux talens, & que l'histoire parle de gens singulierement habiles dans l'art d'écrire, il est juste de ne pas supprimer les noms de quelques - uns de ceux qui se sont distingués dans cet art admirable, & qui sont parvenus à notre connoissance.

On rapporte que Rocco (Girolomo) vénitien, qui vivoit au commencement du xvij. siecle, étoit un homme supérieur en ce genre; il dédia un livre manuscrit, gravé sur l'airain, au duc de Savoie l'an 1603, orné d'un si grand nombre de caracteres, & tirades de sa main si excellemment faites, dit Jean Marcel, que le prince admirant l'industrie de cet homme, lui mit sur le champ au col une chaîne d'or du prix de 125 écus. Nous avons eu, ajoûte le même auteur, beaucoup de braves écrivains qui ont fait a la plume des livres étonnans de toutes sortes de caracteres, comme en France le Gagneur, Lucas Josserand; en Italie D. Augustin de Sienne, M. Martin de Romagne, Camille Buonadio de Plaisance, Créci Milanois, le Curion Romain, le Palatin, le Verune, le sieur M. Antoine Génois. Il y avoit un peintre Anglois nommé OEillard, lequel faisoit avec un pinceau de pareils ouvrages que les autres à la plume, & même pour les caracteres extrêmement fins & déliés, ce qui est encore plus difficile, car le pinceau ne se soûtient pas comme une plume à écrire. Mais Sinibaldo Seorza, né à Gènes en 1591, & mort à l'âge de 41 ans, mérite un éloge particulier pour l'adresse de sa main; entr'autres preuves de ses talens, il copioit à la plume les estampes d'Albert Durer, d'une maniere à tromper les connoisseurs d'Italie, qui les croyoient gravées, ou qui les prenoient pour les originaux même.

Enfin, il est certain que quelque belle que soit l'impression, les traits d'une main exercée sont encore au - dessus. Nous avons des manuscrits qu'on ne se lasse point de considérer par cette raison. La fonderie ne peut rien exécuter de plus menu que le caractere qu'on nomme la Perle, mais l'adresse de la main surpasse la fonderie. Il y a dans tous les pays des personnes qui savent peindre des caracteres encore plus fins, aussi nets, aussi égaux, & aussi bien formés. Dans le xvj. siecle, un religieux Italien, surnommé Frere Alumno, renferma tout le symbole des apôtres avec le commencement de l'Evangile [p. 373] S. Jean que l'on appelle l'In principio, dans un espace grand comme un denier; cet ouvrage fut vû de l'empereur Charles V. & du pape Clément VII. qui ne purent s'empêcher de l'admirer. Spannuchio, genrilhomme Siennois qui vivoit sur la fin du xvij. siecle, tenta la même entreprise, & l'exécuta, dit - on, tout aussi parfaitement. J'ai d'autant plus lieu de le croire, qu'un gendarme (le sieur Vincent), qui me fait l'amitié de transcrire quelquefois des articles pour cet ouvrage, met le Pater en françois, sur un papier de la forme & de la grandeur de l'ongle, & cette écriture vùe à la loupe, presente une netteté charmante de lettres égales, distinctes, bien liées, avec les intervalles entre chaque mot, les accens, les points & les virgules. En un mot l'art d'écrire à la plume produit de tems en tems, comme l'art de faire des caracteres d'Imprimerie, ses Colinés, ses Garamond, ses Granjean, ses de Bé, ses Sanlecque, ses Luz, & ses Fournier; mais ceux qui possedent ces talens, sont ignorés, & se gâtent même promptement la main par l'inutilité qu'il y auroit pour eux de la perfectionner. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Ecrivain (Page 5:373)

Ecrivain, est aussi celui qui écrit pour le public, qui dresse des mémoires, fait les copies & doubles des comptes, & autres semblables écritures pour les marchands, négocians & banquiers qui n'ont pas de commis, ou dont les commis sont trop occupés pour pouvoir copier & mettre au net les comptes ou mémoires qu'ils ont dressés.

Il y a à Paris quantité de ces écrivains, dont les plus considerables travaillent en chambre & les autres dans de petites boutiques, répandues en plusieurs quartiers, principalement dans la cour du palais & sous les charniers du cimetiere des SS. Innocens. Diction. de Comm. de Trev. & Chambers. (G)

ECROTAGE (Page 5:373)

ECROTAGE. s. m. (Fontaines salantes.) Il se dit de l'action d'enlever la superticie de la terre des ouvroirs, ou de cette terre même lorsqu'elle est enlevée, & de celle qui borde les terres; qu'on passe à la fonte sous le titre de deblais. Voyez Saline.

ECROU (Page 5:373)

ECROU, s. m. (Art. méch.) C'est un trou pratique dans quelque matiere solide, dont la surface est creusée par un trait spiral, qui commence à un des bords de ce trou, & se termine à l'autre bord; ce trait spiral creux est destiné à recevoir les pas en relief d'une vis; ainsi il faut que le trait spiral & les pas de la vis soient correspondans. Voyez à Filiere, la maniere d'établir cette correspondance; voyez aussi à Etau & d'autres machines. On appelle cette vis intérieure, cochlea mas, ou simplement vis. Quand l'écrou est immobile, c'est lui qui soûtient ou est censé soûtenir la résistance; c'est au contraire la vis, quand l'écrou est mobile, mais le calcul de cette machine est le même dans l'un & l'autre cas. Voyez l'art. Vis. L'écrou est une partie importante de la plûpart des machines. Celui d'une presse d'Imprimerie est un bloc de cuivre quarré en tout sens, mais creusé dans une de ses faces, relativement à la grosseur, à la figure, & au nombre de filets de la vis à laquelle il est destiné. Un écrou doit être fondu sur sa vis, afin que les filets de la vis, qui sont en relief, impriment dans l'intérieur de l'écrou, un même nombre de filets creux qui emboîtent exactement ceux de la vis, dans leur dimension, leur proportion & leur figure. L'écrou est enchâssé dans le milieu du sommier, & y est maintenu par le moyen de deux vis qui traversent le sommier, à l'extrémité desquelles est une pate qui porte sur le bord de l'écrou. Il est ouvert en sa partie supérieure, & cette ouverture répond à un trou qui est au sommier; c'est par ce trou qu'on verse de tems en tems un peu d'huile d'olive, qui se répand dans l'intérieur de l'écrou, pour faciliter le jeu de la vis. Voyez Sommier.

Il y a des écrous plats, & il y en a à oreilles; les écrous à oreilles ont deux éminences à leur surface; ces éminences leur servent de poignée; en prenant ces éminences entre les doigts, on serre ou l'on desserre l'écrou. Les écrous varient à l'infini pour leurs grandeurs & leurs formes: mais le caractere général, c'est d'avoir en - dedans un trait creux correspondant au pas en relief d'une vis, & destiné à la recevoir.

Ecrou (Page 5:373)

Ecrou. (Hydrauliq.) Voyez Bride.

ECROUE (Page 5:373)

ECROUE, s. m. (Jurisprud.) En matiere criminelle, est la mention que le greffier des prisons fait sur son registre du nom, surnom & qualité de la personne qui a été amenée dans la prison, & des causes pour lesquelles elle a été arrêtée, & la charge que l'huissier porteur donne aux greffier & geolier de ladite personne. Ecroüer quelqu'un, c'est le constituer prisonnier & en faire mention sur le registre des prisons.

Bruneau dans ses observations & maximes sur les matieres criminelles, dit que ce mot écroüe vient du latin scrobs, qui signifie fosse; & en effet on disoit anciennement fosse pour prison, parce que la plûpart des prisons étoient plus basses que le rez - dechaussée. On appelle encore basse - fosse les cachots qui sont sous terre. Il ne seroit pas fort extraordinaire que de scrobs on eût fait écroës, & enfuite écroues.

D'autres, comme Cujas sur la loi 1. cod. de excusat. artific. Guenois, tit. des prisons, & Bornier sur l'art. 9. du tit. xij. de l'Ordonnance criminelle, tirent l'étymologie de ce mot du grec E)KKROUEIN qu'ils traduisent par contrudere vel dejicere in carcerent: je ne vois pas néanmoins que ce mot signifie autre chose que pulsare; ainsi écroüe signifieroit contrainte, l'acte par lequel on conduit la personne en prison.

D'autres encore prétendent qu'écroüe vient d'écrit ou écrire, & en effet le terme d'écroue est employé pour écriture en plusieurs occasions: par exemple, dans l'édit d'établissement de l'échiquier de Normandie, les écritures qui contiennent les faits & raisons des parties, sont appellées écroues; il est dit aussi que les sergens ne doivent bailler leurs exploits par écroues, c'est - à - dire, par écrit.

Mais l'étymologie de Cujas paroît beaucoup plus naturelle.

Dans l'ancien style, écroue signifie aussi déclara<-> tion, rôle ou état. La coûtume de Normandie, art. 192. celle de S. Paul - sous - Artois, sur l'art. 27. de cette coûtume, se servent des termes d'escroës (ou écroue) & déclaration comme synonymes en matiere de censive. Les rôles ou états de la maison du roi s'appellent écroue, & en latin commentarius, ce qui revient assez au rôle des prisons, dont le greffier est nommé commentariensis, quia in commentaria custo<-> dias refert; & Cujas, en parlant de ces rôles des prisons, qu'il désigne par le terme de commentaria, dit que c'est ce qu'on appelle en françois écrou.

Je crois que l'écroue ou écrou, comme quelques-uns l'écrivent, mais irrégulierement, étoit dans l'origine le rôle ou le registre de la prison, l'état des prisonniers; & que dans la suite on a pris la partie pour le tout, en appliquant le terme d'écroue à chaque article de prisonnier, qui est mentionné sur le registre: de sorte que ce qu'on appelle écroue, par rapport au prisonnier, ne devroit être qualifié que comme un article ou extrait de l'écroue ou registre des prisons; mais l'usage a prévalu au contraire.

Bruneau suppose que le terme d'écroue signifie aussi l'acts d'élargissement & décharge. M. de Lauriere en son glossaire, au mot écrone, est de même sentiment; il prétend que le mot E)KKREIN signifie ex<-> trudere, dimovere, eximere, liberare, potius quam con<-> trudere aut conjicere in carcerem, soit que le sergentexploitant se décharge du prisonnier en la geole, ou

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