ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"376">

Raoul de Presles en parlant au roi Charles V. qui commença à regner en 1364, lui dit: « Vous avez telle vertu & puissance qui vous est donnée de Dieu, que vous garissez d'une très - horrible maladie qui s'appelle les écroüelles».

Etienne de Conti religieux de Corbie, du xv. siecle, décrit dans son Histoire de France (n°. 520 des manuserits de la bibliotheque de S. Germain des Prés), les cérémonies que Charles VI. qui regnoit depuis l'an 1380, observoit en touchant les écroüelles. Après que le roi avoit entendu la messe, on apportoit un vase plein d'eau; & Sa Majesté ayant fait ses prieres devant l'autel, touchoit le mal de la main droite, le lavoit dans cette eau, & le malade en portoit pendant neuf jours de jeûne: en un mot, suivant toutes les annales des moines, les rois de France ont eu la prérogative de toucher les écroüelles depuis Philippe I.

Les anciens historiens anglois attribuent de leur côté cette prérogative, & même exclusivement, à leurs rois; ils prétendent qu'Edoüard - le - Confesseur, qui monta sur le throne en 1043, le reçut du ciel à cause de ses vertus & de sa sainteté, avec la gloire de la transmettre à tous ses successeurs. Voilà pourquoi, ajoûte - t - on, les écroüelles s'appellent de tems immémorial la maladie du Roi, la maladie qu'il appartient au Roi seul de guérir par l'attouchement; king's - evil. Aussi étoit - ce un spectacle assez singulier de voir le roi Jacques III. fugitif en France, s'occupant uniquement à toucher les écroüelleux dans nos hôpitaux.

Mais que les Anglois nous permettent de leur faire quelques difficultés contre de pareilles prétentions: 1°. comme ce privilége fut accordé à Edoüard - le - Confesseur, suivant les historiens, en qualité de saint, & non pas en qualité de roi, on n'a point sujet de croire que les successeurs de ce prince qui n'ont pas été des saints, ayent été favorisés de ce don céleste.

2°. Qu'on nous apprenne quand & comment ce privilége est renouvellé aux rois qui montent sur le throne; si c'est par la naissance qu'ils l'obtiennent, ou en vertu de leur piété, ou en conséquence de leur couronne, comme les rois de France.

3°. Il n'y a point de raison qui montre pourquoi les rois d'Angleterre auroient ce privilége exclusivement aux autres princes chrétiens.

4°. Si le ciel avoit accordé un pareil pouvoir aux rois de la Grande - Bretagne, il seroit naturel qu'ils l'eussent dans un degré visible à tout le monde, & que du moins quelquefois la guérison suivît immédiatement l'attouchement.

5°. Enfin ils seroient inexcusables de ne pas user de leurs prérogatives pour guérir tous les écroüelleux qu'on pourroit rassembler, car c'est malheureusement une maladie fort commune: cela est si vrai, qu'en France même, au rapport de l'historiographe de la ville de Paris, Jacques Moyen ou Moyon, Espagnol, né à Cordoue, faiseur d'aiguilles, & établi dans cette capitale, demanda en 1576 à Henri III. la permission de bâtir dans un fauxbourg de la ville, un hôpital pour les écroüelleux, qui, dans le dessein de se faire toucher par le Roi, arrivoient en foule des provinces & des pays étrangers à Paris, où ils n'avoient aucune retraite... Mais les desordres des guerres civiles firent échoüer ce beau projet.

Nous lisons dans l'histoire que Pyrrhus avoit la vertu de guérir les rateleux, c'est - à - dire les personnes attaquées du mal de rate, en pressant seulement de son pié droit ce viscere des malades couchés sur le dos; & qu'il n'y avoit point d'homme si pauvre ni si abject, auquel il ne fît ce remede toutes les fois qu'il en étoit prié, C'est donc une vieille mala<cb-> die des hommes, & une très - ridicule maladie des Anglois, de croire que leurs rois ont la vertu exclusive de guérir certains malades en les touchant, puisqu'en voici un exemple qui remonte à environ deux mille ans. Mais après nos réflexions, & la vûe de ce qui se passe aujourd'hui à Londres, il seroit ridicule de vouloir soûtenir la vérité de cette prétendue vertu de Pyrrhus; aussi les Cotta du tems de Ciceron s'en mocquoient hautement, & vraissemblablement les Cotta de la Grande - Bretagne ne sont pas plus crédules. Art. de M. le Chevalier de Jau<-> court.

ECROUIR (Page 5:376)

ECROUIR, v. act. (Arts méchaniq. & Ouvriers en métaux.) c'est proprement durcir au marteau la matiere jusqu'à ce qu'elle ait perdu sa ductilité; alors il faut la lui rendre en la rougissant au feu; car si lorsqu'elle est écroüie, on forçoit le forgé, on s'exposeroit à la faire casser: d'où l'on voit que les deux termes dur & cassant sont fort bien rendus par celui d'é<-> croüi.

ECRU (Page 5:376)

* ECRU, adj. (Manufacture en fil & en soie.) On donne cette épithete au fil & à la soie qui n'ont point été décrusés ni mis à l'eau bouillante. Voyez l'article Décrusé. On appelle aussi quelquefois toiles écrues, celles qui n'ont point été mouillées. Il est défendu de mêler la soie cuite avec l'écrue. Les belles étoffes se font de la premiere, & les petites étoffes de la seconde. Comme les toiles écrues se retirent, il n'en faut rien doubler de ce qui ne peut souffrir le retrécissement, comme les tapisseries.

ECTHESE (Page 5:376)

ECTHESE, s. f. dans l'Histoire ecclésiastique, est le nom d'un édit fameux rendu par l'empereur Héraclius l'an de Jesus - Christ 639.

Ce mot est grec, & signifie à la lettre exposition.

L'ecthèse d'Héraclius étoit en effet une confession ou exposition de foi en forme de loi portée par cet empereur, pour calmer les disputes qui s'étoient élevées dans l'Eglise, pour savoir s'il y avoit en Jesus - Christ deux volontés, comme le soûtenoient les Catholiques, ou s'il n'y en avoit qu'une, selon l'opinion des Monothélites. Ce prince la publia à l'instigation d'Athanase chef des Jacobites, de Cyrus patriarche d'Alexandrie, & de Sergius patriarche de Constantinople, tous partisans déclarés ou fauteurs secrets du Monothélisme. Des que cette piece parut, elle excita dans l'église, tant d'Orient que d'Occident, un soûlevement si général, que l'empereur la desavoüa, & l'attribua à Sergius qui en étoit véritablement l'auteur, & qui avoit surpris la religion de ce prince. Constant son successeur la supprima, mais seulement en apparence, lui en ayant substitué une autre sous le nom de type, qui n'étoit pas moins favorable aux Monothélites. L'ecthèse fut condamnée dans le concile de Latran tenu en 649, & l'on anathématisa quiconque la recevroit aussi - bien que le type. Voyez Type & Monothélites. (G)

ECTROPIUM (Page 5:376)

ECTROPIUM, autrement ERAILLEMENT des paupieres, (Medecine, Chirurg.) affection des paupieres dans laquelle elles sont retirées ou rebroussées, de maniere que la surface intérieure & rouge de la peau qui les tapisse, est apparente, saillante, & ne couvre pas suffisamment l'oeil. Cette indisposition est donc une inversion véritable ou rebroussement des paupieres, comme l'indique le terme composé de EX & TREPW, je tourne.

Lorsque c'est la paupiere supérieure qui est renversée, les Grecs appellent ce mal lagophthalmie ou oeil de liévre (Voyez Lagophthalmie); & selon ces auteurs, l'ectropium désigne la même affection; mais seulement à la paupiere inférieure.

En me conformant à leur distinction, je définirai l'ectropium l'éraillement de la paupiere inférieure, dans lequel elle se renverse & se retire en - dehors, ensorte qu'elle ne peut remonter pour couvrir le [p. 377] blanc de l'oeil. Il n'y a quelquefois qu'une simple rétraction de la paupiere sans aucun renversement.

Cette affection est produite par diverses causes que nous tâcherons d'indiquer avec exactitude: 1° par le relâchement de la partie intérieure de la paupiere, à la suite d'un trop long usage de remedes émolliens, & quelquefois par la seule foiblesse du muscle orbiculaire dans l'âge avancé; 2° par une grande inflammation seule ou suivie de quelque excroissance de chair au - dedans de la paupiere; 3° par la paralysie de cette partie; 4° par les cicatrices qui résultent de plaies, d'ulceres, de brûlures de cette partie, ce qui est fort ordinaire.

Disons encore que cet accident peut provenir de l'usage des remedes ophthalmiques violemment astringens, qui ont resserré & raccourci la peau; de l'extirpation d'un tubercule, de la cautérisation des paupieres, enfin de l'accroissement contre - nature des parties charnues de la paupiere même.

Lorsque cette maladie procede d'un relâchement de la partie intérieure de la paupiere, à l'occasion d'un long usage de remedes émolliens, on tentera de corriger ce vice par les remedes fortifians, astringens & desséchans; c'est aussi des liqueurs, des esprits, des baumes, & des onguens corroborans, qu'il faut attendre le plus de succès, lorsque la foiblesse ou le relâchement du muscle orbiculaire occasionne le rebroussement de la paupiere inférieure dans la vieillesse.

Quand ce mal provient d'une inflammation violente, suivie d'excroissances fongueuses & superflues au - dedans de la paupiere, on calmera d'abord l'inflammation par des remedes bien choisis; ensuite si l'excroissance est petite, on tâchera de la consumer & de la dessécher par de doux cathérétiques: de cette maniere la difformité disparoîtra, & la paupiere se remettra dans son état naturel.

Si l'excroissance est grosse, vieille, dure (sans être néanmoins cancéreuse), on tentera de l'emporter, en prenant soigneusement garde d'offenser le corps de la paupiere. Pour cet effet on peut passer une aiguille enfilée au - travers de la base du tubercule. & former avec les deux bouts du fil une anse avec laquelle on élevera le tubercule, pendant qu'on le coupera petit - à - petit, ou avec le bistouri courbe, ou la lancette, ou la pointe des ciseaux. S'il reste quelque petite racine, on la consumera en la touchant légerement avec un caustique; enfin on appliquera, pour dessécher, l'onguent de tuthie, ou quelques collyres dessiccatifs.

Si cependant le mal est invétéré, on n'a guere lieu de compter sur le succès d'aucun remede; car alors les paupieres se font peu - à - peu à la distorsion, oublient, s'il m'est permis de m'exprimer ainsi, leur conformation naturelle, & ne peuvent plus y être ramenées. Enfin lorsque la distorsion est excessive, quoique récente, il ne faut point songer à l'opération.

Si le rebroussement est une suite de l'encanthis, de l'hypersarcose, du sarcome, il faut se contenter de traiter ces dernieres maladies, ainsi que nous l'indiquerons à leurs articles.

L'éraillement causé par des cicatrices à la suite de plaies, d'ulceres, de brûlures de cette partie, me paroît n'admettre aucun remede. Je n'ignore pas cependant les diverses méthodes d'opérer que les modernes conseillent, & par lesquelles ils prétendent guérir de tels éraillemens, en rétablissant la paupiere dans sa grandeur naturelle; mais outre que toutes les opérations sur cette partie sont difficiles à exécuter pour le chirurgien, douloureuses & cruelles pour le patient, il arrive presque toûjours que, loin d'être avantageuses, elles ne font qu'augmenter la maladie.

L'éraillement de naissance, & l'éraillement causé par une paralysie de la paupiere, sont absolument incurables.

On voit encore une espece d'ectropium ou d'éraillement commun aux deux paupieres, par la solution de continuité de la peau ou des cartilages qui les bordent; laquelle solution de continuité est ou un vice de la premiere conformation, ou la suite de la brûlure des cartilages, de leur coupure, & de l'opération de la fistule lacrymale.

Dans l'ectropium qui succede à la brûlure, la paupiere forme souvent une sorte de bec d'aiguiere; dans celui - ci, qui est occasionné par la coupure du cartilage & de la peau qui le recouvre, la paupiere représente communément une espece de bec - de - liévre; l'éraillement qui suit quelquefois l'opération de la fistule lacrymale, consiste dans la desunion des cartilages du côté du nez, ce qui donne lieu à l'extrémité du cartilage inférieur de s'enfoncer dans l'endroit opéré. En un mot, comme dans tous ces cas cette maladie a quelque rapport au bec - de - liévre, ou aux fentes, ou aux mutilations des oreilles & des aîles du nez, les Grecs appellent cette difformité XWLOSO/MA, & les François mutilation.

Quelque nom qu'on donne à cetaccident, de quelque cause qu'il procede, soit de naissance, soit d'une brûlure, ou d'une blessure qui a coupé le cartilage & la peau; pour peu que ce défaut soit considérable, tout le monde convient qu'on ne sauroit tenter de le guérir, sans rendre l'oeil encore plus difforme. On le comprendra sans peine par l'éraillement qui succede à l'cpération de la fistule lacrymale; car alors il arrive que la cicatrice étant trop profonde, elle tire à soi le cartilage inférieur, & s'oppose à la réunion avec le superieur.

Plusieurs auteurs croyent que quand la mutilation est une simple fente dans laquelle il n'y a rien d'emporte, on la peut guérir par une opération semblable à celle que l'on fait pour les becs - de - liévre; Heister paroît être de cette opinion; cependant quelque confiance que méritent ses lumieres, il est difficile de ne pas regarder toute mutilation comme incurable; parce que la paupiere a trop peu d'épaisseur, pour pouvoir être retaillée, unie, consolidée, & remise dans l'état qu'elle doit avoir naturellement. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

ECTYPE (Page 5:377)

ECTYPE, s. m. terme de Médailliste, c'est l'empreinte d'un cachet, d'un anneau ou d'une médaille, ou une copie figurée de quelqu'inscription ou autre monument antique. Voyez Type.

Ce mot est aujourd'hui peu usité dans ce sens, du moins dans notre langue françoise; celui d'empreinte est plus en usage. (G)

Ectype craticulaire (Page 5:377)

Ectype craticulaire. Voyez Craticulaire & Anamorphose.

ECU (Page 5:377)

ECU de Sobieski, (Astronom.) constellation placée dans l'hémisphere austral assez proche de l'équateur, entre Antinoüs, le Sagittaire & le Serpentaire. On peut la voir dans les deux planispheres de M. le Monnier. Inst. astron. pag. 63. (O)

Ecu (Page 5:377)

Ecu, s. m. (Art. milit. & hist. anc.) bouclier plus grand que les boucliers ordinaires & plus long que large, de sorte qu'il couvroit un homme presque tout entier. Il falloit qu'il fût bien grand chez les Lacédemoniens, puisqu'on pouvoit rapporter dessus ceux qui avoient été tués. De - là venoit cet ordre que donna une femme de Lacédemone à son fils qui partoit pour la guerre: ou rapportez ce bouclier, ou revenez dessus. Ce bouclier différoit de celui qui étoit appellé clypeus, en ce que ce dernier étoit rond & plus court, & que l'autre ou l'écu formoit une espece de quarré long. Voyez Bouclier & Armes. (Q)

Ecu (Page 5:377)

Ecu, terme de Blason, qui se dit du champ où l'on pose les pieces & les meubles des armoiries. Il

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.