ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"358"> Thebes, à condition qu'on gravât à sa gloire cette ins<-> cription: Alexander diruit, sed meretrix Phryne secit; Alexandre a démoli les murs de Thèbes, & la courtisane Phryné les a rebâtis. Voilà où le mot inscrip<-> tion est à sa place: mais ce n'est pas bien parler que d'avoir employé ce terme dans une des bonnes traductions du nouveau Testament où l'on s'exprime ainsi: Ils marquerent le sujet de la condamnation de J. C. dans cette inscription qu'ils mirent au - dessus de sa tête: Celui - ci est le roi des Juifs. Il falloit se servir dans cet endroit du mot écriteau au lieu d'inscription. La raison du terme préferé par les traducteurs, vient peut - être de ce qu'ils ont consideré l'objet plus que la nature de la chose. Ce n'étoit réellement qu'un écriteau; les Juifs traiterent en cette occasion l'innocence même comme le crime. Article de M. le Che<-> valier de Jaucourt.

ECRITOIRE (Page 5:358)

ECRITOIRE, s. f. (Ecrivain.) c'est le réservoir de tous les instrumens propres à l'écrivain. Il y en a de bien des sortes: les unes ne reçoivent que le canif & les plumes; les autres ont de plus un sablier; une troisieme espece contient le pain à cacheter: ces trois premieres peuvent être portatives. Il y en a une quatrieme espece qui n'est point portative; c'est à - peu - près un nécessaire distribué en cassetins, où se trouvent plume, canif, sable, cire d'Espagne, cachet, crayon, regle, sandarach. Voyez la premiere Planche de l'Ecrivain.

Ecritoire (Page 5:358)

Ecritoire, (Jurisprud.) Bureau de l'écritoire, gressiers de l'écritoire. Voyez Greffiers de l'Ecritoirf. (A)

ECRITURE (Page 5:358)

ECRITURE, sub. f. (Hist. anc. Gramm. & Arts.) Nous la définirons avec Brebeuf:

Cet art ingénieux De peindre la parole & de parler aux yeux, Et par des traits divers de figures tracées, Donner de la couleur & du corps aux pensées.

La méthode de donner de la couleur, du corps, ou pour parler plus simplement, une sorte d'existence aux pensées, dit Zilia (cette Péruvienne pleine d'esprit, si connue par ses ouvrages), se fait en traçant avec une plume, de petites figures que l'on appelle lettres, sur une matiere blanche & mince que l'on nomme papier. Ces figures ont des noms; & ces noms mêlés ensemble, représentent les sons des paroles.

Développons, avec M. Warburthon, l'origine de cet art admirable, ses différentes sortes, & ses changemens progressifs jusqu'à l'invention d'un alphabet. C'est un beau sujet philosophique, dont cependant les bornes de ce livre ne me permettent de prendre que la fleur.

Nous avons deux manieres de communiquer nos idées: la premiere, à l'aide des sons: la seconde, par le moyen des figures. En effet l'occasion de perpétuer nos pensées & de les faire connoître aux personnes éloignées, se présente souvent; & comme les sons ne s'étendent pas au - delà du moment & du lieu où ils sont proférés, on a inventé les figures & les caracteres, après avoir imaginé les sons, afin que nos idées pussent participer à l'étendue & à la durée.

Cette maniere de communiquer nos idées par des marques & par des figures, a consisté d'abord à dessiner tout naturellement les images des choses; ainsi pour exprimer l'idée d'un homme ou d'un cheval, on a représenté la forme de l'un ou de l'autre. Le premier essai de l'écriture a été, comme on voit, une simple peinture; on a su peindre avant que de savoir écrire.

Nous en trouvons chez les Mexiquains une preuve remarquable. Ils n'employoient pas d'autre méthode que cette écriture en peinture, pour conserver leurs lois & leurs histoires. Voyez le voyage autour du monde, de Gemelli Carreri; l'histoire naturelle & mo<cb-> rale des Indes, du P. Acosta, les voyages de Thevenot, & d'autres ouvrages.

Il reste encore aujourd'hui un modele très - curieux de cette écriture en peinture des Indiens, composé par un Mexiquain & par lui expliqué dans sa langue, après que les Espagnols lui eurent appris les lettres. Cette explication a été ensuite traduite en espagnol, & de cette langue en anglois. Purchas a fait graver l'ouvrage, qui est une histoire de l'empire du Mexique, & y a joint l'explication. Je crois que l'exemplaire original est à la bibliotheque du roi.

Voilà la premiere méthode, & en même tems la plus simple, qui s'est offerte à tous les hommes pour perpétuer leurs idées.

Mais les inconvéniens qui résultoient de l'énorme grosseur des volumes dans de pareils ouvrages, porterent bien - tôt les nations plus ingénieuses & plus civilisées à imaginer des méthodes plus courtes. La plus célebre de toutes est celle que les Egyptiens ont inventée, à laquelle on a donné le nom d'hiéroglyphi<-> que. Par son moyen, l'écriture qui n'étoit qu'une simple peinture chez les Mexiquains, devint en Egypte peinture & caractere; ce qui constitue proprement l'hiéroglyphe. Voyez ce mot & l'article suivant Ecriture des Egyptiens, qui est entierement lié à celui - ci.

Tel fut le premier degré de perfection qu'acquit cette méthode grossiere de conserver les idées des hommes. On s'en est servi de trois manieres, qui à consulter la nature de la chose, prouvent qu'elles n'ont été trouvées que par degrés, & dans trois tems différens.

La premiere maniere consistoit à employer la principale circonstance d'un sujet, pour tenir lieu du tout. Les Egyptiens vouloient - ils représenter deux armées rangées en bataille: les hiéroglyphes d'Horapollo, cet admirable fragment de l'antiquité, nous apprennent qu'ils peignoient deux mains, dont l'une tenoit un bouclier, & l'autre un arc.

La seconde maniere imaginée avec plus d'art, consistoit à substituer l'instrument réel ou métaphorique de la chose, à la chose même. Un oeil & un sceptre représentoient un monarque. Une épée peignoit le cruel tyran Ochus; & un vaisseau avec un pilote, désignoit le gouvernement de l'univers.

Enfin on sit plus: pour représenter une chose, on se servit d'une autre où l'on voyoit quelque ressemblance ou quelque analogie; & ce fut la troisieme maniere d'employer cette écriture. Ainsi l'univers étoit représenté par un serpent roulé en forme de cercle, & la bigarrure de ses taches désignoit les étoiles.

Le premier objet de ceux qui imaginerent la peinture hiéroglyphique, fut de conserver la mémoire des évenemens, & de faire connoître les lois, les réglemens, & tout ce qui a rapport aux matieres civiles. Par cette raison, on imagina des symboles relatifs aux besoins & aux productions particulieres de l'Egypte. Par exemple, le grand intérêt des Egyptiens étoit de connoître le retour ou la durée du vent étésien, qui amonceloit les vapeurs en Ethiopie, & causoit l'inondation en soufflant sur la fin du printems du nord au midi. Ils avoient ensuite intérêt de connoître le retour du vent de midi, qui aidoit l'écoulement des eaux vers la Méditerranée. Mais comment peindre le vent? Ils choisirent pour cela la figure d'un oiseau; l'épervier qui étend ses aîles en regardant le midi, pour renouveller ses plumes au retour des chaleurs, fut le symbole du vent étésien, qui souffle du nord au sud; & la huye qui vient d'Ethiopie, pour trouver des vers dans le limon, à la suite de l'écoulement du Nil, sut le symbole du retour des vents de midi, propres à faire écouler les eaux. Ce seul exemple peut donner une idée de l'écriture symbolique des Egyptiens. [p. 359]

Cette écriture symbolique, premier fruit de l'Astronomie, fut employée à instruire le peuple de toutes les vérités, de tous les avis, & de tous les travaux nécessaires. On eut donc soin dans les commencemens de n'employer que les figures, dont l'analogie étoit le plus à portée de tout le monde; mais cette méthode fit donner dans le rafinement, à mesure que les Philosophes s'appliquerent aux matieres de spéculation. Aussi - tôt qu'ils crurent avoir découvert dans les choses des qualités plus abstruses, quelques-uns, soit par singularité, soit pour cacher leurs connoissances au vulgaire, se plurent à choisir pour caracteres des figures dont le rapport aux choses qu'ils vouloient exprimer, n'étoit point connu. Pendant quelque tems ils se bornerent aux figures dont la nature offre des modeles; mais dans la suite, elles ne leur parurent ni suffisantes, ni assez commodes pour le grand nombre d'idées que leur imagination leur fournissoit. Ils formerent donc leurs hiéroglyphes de l'assemblage mystérieux de choses différentes, ou de parties de divers animaux; ce qui rendit ces figures tout - à - fait énigmatiques.

Enfin l'usage d'exprimer les pensées par des figures analogues, & le dessein d'en faire quelquefois un secret & un mystere, engagea à représenter les modes mêmes des substances par des images sensibles. On exprima la franchise par un lievre, l'impureté par un bouc sauvage, l'impudence par une mouche, la science par une fourmi; en un mot, on imagina des marques symboliques pour toutes les choses qui n'ont point de forme. On se contenta dans ces occasions d'un rapport quelconque: c'est la maniere dont on s'étoit déjà conduit, quand on donna des noms aux idées qui s'éloignent des sens.

Jusque - là l'animal ou la chose qui servoit à représenter, avoit été dessinée au naturel; mais lorsque l'étude de la Philosophie, qui avoit occasionné l'écriture symbolique, eut porté les savans d'Egypte à écrire sur beaucoup de sujets, ce dessein ayant trop multiplié les volumes, parut ennuyeux. On se servit donc par degré d'un autre caractere, que nous pouvons appeller l'écriture courante des hiéroglyphes; il ressembloit aux caracteres chinois; & après avoir été formé du seul contour de la figure, il devint à la longue une sorte de marque.

L'effet naturel que produisit cette écriture courante, fut de diminuer beaucoup de l'attention qu'on donnoit au symbole, & de la fixer à la chose signifiée; par ce moyen l'étude de l'écriture symbolique se trouva fort abregée, puisqu'il n'y avoit alors presque aurre chose à faire qu'à se rappeller le pouvoir de la marque symbolique: au lieu qu'auparavant il falloit être instruit des propriétés de la chose ou de l'animal qui étoit employé comme symbole; en un mot, cela réduisit cette sorte d'écriture à l'état où est présentement celle des Chinois. Voy. plas bas Ecriture Chinoise.

Ce caractere courant est proprement celui que les anciens ont appellé hiérographique, & que l'on a employé par succession de tems dans les ouvrages qui traitoient des mêmes sujets que les anciens hiéroglyphes. On trouve des exemples de ces caracteres hiérographiques dans quelques anciens monumens; on en voit presque à tous les compartimens de la table isiaque, dans les intervalles qui se rencontrent entre les plus grandes figures humaines.

L'écriture étoit dans cet état, & n'avoit pas le moindre rapport avec l'écriture actuelle. Les caracteres dont on s'étoit servi, représentoient des objets; celle dont nous nous servons, représente des sons: c'est un art nouveau. Un génie heureux, on prétend que ce fut le secrétaire d'un des premiers rois de l'Egypte, appellé Thoït, Thoot, ou Thot, sentit que le discours, quelque varié & quelque étendu qu'il puisse être pour les idées, n'est pourtant composé que d'un assez petit nombre de sons, & qu'il ne s'agissoit que de leur assigner à chacun un caractere représentatif. Il abandonna donc l'écriture représentative des êtres, qui ne pouvoit s'étendre à l'infini, pour s'en tenir à une combinaison, qui quoique très bornée (celle des sons), produit cependant le même effet.

Si on y refléchit (dit M. Duclos, le premier qui ait fait ces observations qui ne sont pas moins justes que délicates), on verra que cet art ayant été une fois conçu, dut être formé presqu'en même tems; & c'est ce qui releve la gloire de l'inventeur. En effet, après avoir eu le génie d'appercevoir que les sons d'une langue pouvoient se décomposer & se distinguer, l'énumération dut en être bien - tôt faite; il étoit bien plus facile de compter tous les sons d'une langue, que de découvrir qu'ils pouvoient se compter. L'un est un coup de génie; l'autre un simple effet de l'attention. Peut - être n'y a - t - il jamais eu d'alphabet complet, que celui de l'inventeur de l'écriture. Il est bien vraissemblable que s'il n'y eut pas alors autant de caracteres qu'il nous en faudroit aujourd'hui, c'est que la langue de l'inventeur n'en exigeoit pas davantage. L'orthographe n'a été parfaite qu'à la naissance de l'écriture.

Quoi qu'il en soit, toutes les especes d'écritures hiéroglyphiques, quand il falloit s'en servir dans les affaires publiques, pour envoyer les ordres du roi aux généraux d'armée & aux gouverneurs des provinces éloignées, étoient sujettes à l'inconvénient inévitable d'être imparfaitement & obscurément entendues. Thoot, en faisant servir les lettres à exprimer des mots, & non des choses, evita tous les inconvéniens si préjudiciables dans ces occasions, & l'écrivain rendit ses instructions avec la plus grande clarté & la plus grande précision. Cette méthode eut encore cet avantage, que comme le gouvernement chercha sans doute à tenir l'invention secrete, les lettres d'état furent pendant du tems portées avec toute la sûreté de nos chiffres modernes. C'est ainsi que l'écriture en lettres, appropriée d'abord à un pareil usage, prit le nom d'épistolique: du moins je n'imagine pas, avec M. Warburthon, qu'on puisse donner une meilleure raison de cette dénomination.

Le lecteur apperçoit à présent que l'opinion commune, qui veut que ce soit la premiere écriture hiéroglyphique, & non pas la premiere écriture en lettres, qui ait été inventée pour le secret, est précisément opposée à la vérité; ce qui n'empêche pas que dans la suite elles n'ayent changé naturellement leur usage. Les lettres sont devenues l'écriture commune, & les hiéroglyphiques devinrent une écriture secrete & mystérieuse.

En effet, une écriture qui en représentant les sons de la voix peut exprimer toutes les pensées & les objets que nous avons coûtume de désigner par ces sons, parut si simple & si féconde qu'elle fit une fortune rapide. Elle se répandit par - tout; elle devint l'écriture courante, & fit négliger la symbolique, dont on perdit peu - à - peu l'usage dans la société, de maniere qu'on en oublia la signification.

Cependant, malgré tous les avantages des lettres, les Egyptiens long - tems après qu'elles eurent été trouvées, conserverent encore l'usage des hiéroglyphes: c'est que toute la science de ce peuple se trouvoit confiée à cette sorte d'écriture. La vénération qu'on avoit pour les hommes, passa aux caracteres dont les savans perpétuerent l'usage; mais ceux qui ignoroient les Sciences, ne furent pas tentés de se servir de cette écriture. Tout ce que put sur eux l'autorité des savans, fut de leur faire regarder ces caracteres avec respect, & comme des choses propres à embellir les monumens publics, où l'on con<pb->

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