ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"356"> de (voyez Yeux d'écre visse). Il y a deux de ces pierres dans chaque écrevisse; elles ne sont point dans le cerveau, mais dans l'estomac, qui est placé au - dessous; on ne les y trouve pas en tout tems; leurs différens degrés d'accroissement sont sensibles, lorsqu'on ouvre des écrevisses en différens états; ces pierres grossissent jusqu'au tems de la mue, & subsistent pendant la mue; mais le jour qui la suit elles diminuent de grosseur, & ensuite disparoissent lorsque la nouvelle écaille a pris son accroissement, & dans la suite cette écaille ne devient ni plus dure ni plus épaisse, ni peut - être plus grande. De sorte que le corps de l'écrevisse qui augmente de volume chaque année étant gêné dans son écaille au - bout de l'an, est contrainte d'en sortir; aussi la nouvelle écaille se trouve toûjours plus grande que l'ancienne; mais cette différence n'est pas considérable, sur - tout au rapport de certains pêcheurs, qui ont assûré qu'une écrevisse de six à sept ans n'est encore qu'une écrevisse de grosseur médiocre.

Ces animaux sont très - voraces; ils se nourrissent de chairs pourries des poissons & d'insectes aquatiques, & même ils se mangent les uns les autres après la mue, lorsque la nouvelle écaille n'est pas encore formée; mais pendant sept ou huit mois de l'année, depuis le mois de Septembre jusqu'au mois de Mai, ils mangent peu, & peut - être ne prennent - ils aucune nourriture. Pendant l'hyver ils restent dans des trous plusieurs ensemble, & en sortent rarement avant le printems. Rondelet, histoire des poissons de riviere, chap. xxxij. Mém. de l'acad. roy. des Scienc. années 1709, 1712, & 1718.

Willis, tract. de anim. brut. cap. viij. observe que les écrevisses, les crabes, les hommars, les squilles, &c. qui se portent en - arriere lorsqu'ils nagent ou qu'ils marchent, au lieu de se porter en - avant comme les autres animaux, sont aussi conformés différemment de ceux - ci, en ce que les écailles qui leur tiennent lieu d'os, sont en - dehors au lieu d'être en - dedans, & que le foie, l'estomac, &c. sont placés au - dessus du coeur, &c. Les écrevisses ont les parties de la génération doubles, tant les mâles que les femelles, celles - ci portent leurs oeufs amoncelés sous la queue. L'écrevisse femelle a deux ovaires sous la grande écaille qui couvre le corps & la tête; chaque ovaire est terminé par un petit canal qui entre dans la premiere partie de la troisieme jambe, & il y a dans cette premiere partie une ouverture à - peu - près ronde par laquelle sortent les oeufs. Cette ouverture se trouve sur la face inférieure de l'écaille, & est recouverte par une membrane qui s'ouvre du côté du ventre de l'animal. La ponte se fait en Novembre & Décembre, & on trouve aussi les oeufs attachés à la queue dans les mois de Janvier & de Février, & quelquefois en Mars. Voyez anat. cancri fluvial. D. Luc. Aut. Portii misc. acad. cur. nat. dec. 1. an. 5. obs. 19. Voyez Crustacées. (I)

Ecrevisse (Page 5:356)

* Ecrevisse, (Pêche de l') On pêche l'écrevisse de plusieurs manieres; une des plus simples, c'est d'avoir des baguettes fendues, de mettre dans la fente de l'apas, comme de la tripaille, des grenouilles, &c. de les disperser le long du ruisseau où l'on sait qu'il y a des écrevisses, de les y laisser reposer assez long - tems pour que les écrevisses soient attachées à l'apas, d'avoir un panier ou une petite truble, d'aller lever les baguettes legerement, de glisser sous l'extrémité opposée la truble & le panier, & d'enlever le tout ensemble hors de l'eau; à peine l'écrevisse se verra - t - elle hors de l'eau, qu'elle se détachera de l'apas, mais elle sera reçue dans le panier. D'autres les prennent à la main, ils entrent dans l'eau, ils s'y couchent & étendent leurs bras en tous sens vers les trous où ils supposent les écrevisses cachées. Il y en a qui mettent le ruisseau à sec; les écrevisses qui man<cb-> quent d'eau sont forcées de sortir de leurs trous & de se faire prendre. Un piége qui n'est pas moins sûr, c'est celui qu'on tend à leur voracité; on laisse pourrir un chat mort, un chien, un vieux lievre, ou l'on prend un morceau de cheval mort, on le jette dans l'eau, on l'entoure d'épines, on l'y laisse longtems; il attire toutes les écrevisses que l'on prend en traînant à soi la charogne & les épines avec un crochet. Comme elles aiment beaucoup le sel, des sacs qui en auroient été remplis feroient le même effet que la charogne.

Ecrevisse de riviere (Page 5:356)

Ecrevisse de riviere, (Matiere médicale, Phar<-> macie & diete.) L'écrevisse est généralement regardée comme un aliment médicamenteux, ou comme un médicament alimenteux, qui purisie le sang, qui le foüette, qui le divise, qui dispose les humeurs aux excrétions, qui ranime les oscillations des vaisseaux & le ton des solides en général, en un mot, comme un remede incisif & tonique: on l'ordonne à ce titre dans les maladies de la peau ab humorum lentâ mu<-> cagine, c'est - à - dire (pour faire signifier quelque chose à ces mots qui sont de Boerhaave) dans les maladies de la peau dont le caractere n'est point inflammatoire ou du moins qui ne sont point aiguës comme le sont les phlegmons considérables, les érésypeles étendus, &c. Voyez maladies de la peau au mot Peau. On les employe encore dans les obstructions, la cachexie, la leucophlegmatie, les bouffissures, &c. On prépare dans tous ces cas des bouillons dans lesquels on fait entrer cinq ou six écrevisses; ces bouillons d'écrevisse font avec les bouillons de vipere, le pendant des bouillons de grenouille, des bouillons de tortue & du lait, & le complément des secours vraissemblablement aussi inutiles que généralement employés contre les maladies chroniques. Voyez Medicament altérant, au mot Medicament, & le mot Nourrissant.

Mais pour nous restraindre ici à l'usage des écre<-> visses en particulier, n'est - il pas singulier, pour ne rien dire de plus, qu'on prétende apporter un changement utile dans la constitution actuelle d'un malade, en lui faisant prendre la décoction ou bouillon de cinq ou six écrevisses, tandis qu'il n'est peut - être pas une seule personne pour qui une ou plusieurs douzaines d'écrevisses ne solent un aliment indifférent pour les secondes voies dont il s'agit seulement ici; tandis que le malade même à qui l'on prescrit ce bouillon a peut - être mangé cent fois en sa vie des écrevisses à douzaines dans le même repas sans en éprouver ni bien ni dommage, & qu'il pourroit les manger sans avantage & sans inconvénient.

Au reste ce n'est pas seulement sur cette considération toute concluante qu'elle est, qu'on peut établir l'inutilité médicinale des écrevisses; on ose avancer, & ceci est plus direct, que les bouillons d'écre<-> visse n'ont jamais guéri personne, quoiqu'il puisse bien être souvent arrivé que des malades ont été guéris pendant ou après l'usage des bouillons d'écrevisse; car guérir par un remede ou guérir en prenant un remede, n'est pas la même chose assûrément: le régi<-> me & l'expectation ou les droits de la nature, ont dans tous ces traitemens par le secours des altérans, une influence qu'on ne doit pas perdre de vûe. Voyez Expectation & Régime.

Quoi qu'il en soit, voici comme on s'y prend pour préparer les bouillons d'écrevisse: prenez de racines, bois, écorces, semences, herbes & fleurs prétendues atténuantes, apéritives, incisives (Voyez Incisif), celles que vous voudrez à la dose ordinaire de chacune (Voyez leurs art. particul.); faites bouillir avec suffisante quantité d'eau commune ces substances végétales, en les introduisant successivement dans l'eau selon l'art; sur la fin de l'ébullition, jettez dans votre vaisseau cinq, six ou huit écrevisses de [p. 357] riviere, que vous aurez auparavant écrasées dans un mortier de marbre; donnez encore quelques bouillons, passez & exprimez, & votre bouillon est fait.

Il faut observer que jamais on ne prescrit les écre<-> visses seules, mais toujours avec plusieurs plantes altérantes, & quelquefois avec les viperes, ce qui est une nouvelle raison pour qu'on ignore au moins l'efficacité des écrevisses en particulier, quand même ce bouillon composé auroit quelque effet réel. Voyez Composition.

Nous n'avons aucune bonne observation sur l'usage diététique des écrevisses; il m'a paru cependant qu'elles étoient d'assez facile digestion, c'est - à - dire, que le plus grand nombre d'estomacs s'en accommodoient assez. J'en ai vû manger des quantités considérables à des personnes qui n'étoient pas accoutumées à cet aliment, & je ne les ai point vûes s'en trouver mal. l'ose assûrer sur - tout que je n'ai jamais apperçû leur effet échauffant, quoique le sel & le poivre dont on releve leur goût qui est fort plat sans cet assaisonnement, soient fort propres à procurer cet effet, & qu'il fallût même le leur attribuer absolument chez les personnes qui se trouveroient échauffées par l'usage des écrevisses salées & épicées.

Quant au jus d'écrevisse qu'on fait entrer dans des bisques, des coulis &c, il ne fait qu'augmenter la quantité des parties alimenteuses de ces mets; c'est proprement de l'aliment vrai ajoûté à celui que fournissent les viandes dans l'assaisonnement desquelles on le fait entrer. Nous ne connoissons jusqu'à présent au jus d'écrevisse que sa qualité générique d'aliment. (b)

Ecrevisse (Page 5:357)

Ecrevisse, (yeux d') (Mat. med.) Voyez ci - dessus au mot Ecrevisse, ce qu'on appelle ainsi. Nous ne connoissons aux yeux d'écrevisse que les propriétés communes à tous les absorbans ou alkalis terreux. Voyez médicament terreux, sous le mot Terreux.

On ordonne toujours les yeux d'écrevisse préparés: leur préparation consiste à les mettre en poudre dans un mortier de fer, à les porphyriser ensuite & à les former en petits trochisques pour les garder.

On prépare avec les yeux d'écrevisse & l'esprit de vinaigre un sel & un magistere absolument analogues au sel & au magistere de corail. Voyez Corail.

Si on unit les yeux d'écrevisse au suc de citron, on a la composition comme dans les boutiques d'Allemagne sous le nom d'oculi cancrorum citrat; composition fort peu usirée en France & qui est fort analogue au sel d'yeux d'écrevisse & au sel de corail dont nous venons de parler.

On prépare des tablettes avec les yeux d'écrevisse de la maniere suivante: prenez des yeux d'écrevisse preparés, une once; de suc blanc en poudre fine, quatre onces: mêlez les avec soin en les agitant ensemble dans un mortier de marbre, & faites - en une masse avec suffisante quantité de gomme tragacanth tirée avec l'eau de fleurs d'orange: formez de cette masse des tablettes ou pastilles selon l'art.

Les yeux d'écrevisse entrent dans les compositions suivantes qui se trouvent dans la pharmacopée de Paris; la poudre è chelis cancrorum, la poudre absorbante, la poudre d'arum composée, les tablettes absorbantes & fortifiantes, la confection d'hiacynthe. (b)

Ecrevisse (Page 5:357)

Ecrevisse, (Mat. med.) Cancri marini maximi apicibus chelarum nigricantibus, bouts noirs des grosses pattes d'écrevisses de mer; les apices chelarum ni<-> gricantes sont ce qui a donné leur nom à une poudre absorbante & prétendue alexitere & cordiale connue dans les pharmacopées sous le nom de pulvis è chelis cancrorum dont voici la dispensation, prise de la pharmacopée de Paris. Prenez, apicum nigrorum chelarum cancrorum ou des bouts noirs des grosses pattes d'écrevisse, trois onces; d'yeux d'écrevisse de riviere préparés, de corail rouge préparé, de succin blanc préparé, de corne - de - cerf préparée philosophiquement, de chacun une once; de perles préparées, de besoard oriental en poudre, de chacun demi-once; de gelée de viperes une suffisante quantité: mêlez toutes ces drogues pour en faire une masse que vous diviserez en petites boules qu'il faut sécher avec précaution.

Ecrevisse (Page 5:357)

Ecrevisse, s. f. (Astronom.) nom que l'on donne quelquefois à la constellation du Cancer. Voyez Cancer.

ECRILLE (Page 5:357)

* ECRILLE, s. m. (Eton. rustiq.) clayonnage dont on ferme les décharges des étangs, pour empêcher le poisson d'en sortir.

ECRIRE (Page 5:357)

ECRIRE, v. act. peindre ou tracer avec la plume sur le papier & avec de l'encre, des caracteres propres à faire connoître sa pensée, ou à conserver la mémoire de ce qu'on veut ne pas oublier. Voyez Ecriture. Il signifie aussi faire savoir sa volonté à quelqu'un par un billet ou par une lettre.

On se sert du terme écrire parmi les marchands, négocians & banquiers en tous ces sens.

Ecrire sur le journal, sur le grand livre, &c. c'est porter sur ces registres en recette ou dépense les differentes parties de débit & de crédit qui se font journellement dans le négoce, & qu'on a écrites auparavant sur le brouillon. Voyez Brouillon & Livres.

Ecrire sur son agenda, c'est mettre en forme de mémoire sur une espece de petit registre ou sur des tablettes que les négocians exacts ont toûjours sur eux, les choses les plus importantes qu'ils ont à faire chaque jour, & qu'ils pourroient oublier dans le grand nombre d'affaires qui les occupent. Voyez Acenda.

Ecrire une partie en banque, c'est en terme de virement de parties, écrire sur le registre de la banque le nom du marchand, négociant, banquier ou autres à qui il a été cedé quelque partie ou somme de banque pour achat de marchandise en gros, payement de lettres de change ou autrement. Voyez Banque & Virement de Partie.

Ecrire, se dit encore des depêches & lettres missives que les personnes d'un négoce tant - soit - peu considérable sont obliges d'écrire à leurs correspondans, associés & autres. Dictionn. de Commerce, de Trev. &. Chambers. (G)

ECRIT (Page 5:357)

ECRIT, s. m. dans le commerce, acte ordinairement sous seing privé que les marchands passent entr'eux pour convenir de quelque chose ou pour en assûrer l'exécution & en regler les conditions. Dict. de Com. de Trev. & Chambers. (G)

ECRITAUX ou ECLITAUX (Page 5:357)

ECRITAUX ou ECLITAUX, terme de riviere, c'est ainsi qu'on appelle des pieces servant à retenir les boulons d'un bateau foncet.

ECRITEAU, EPIGRAPHE, INSCRIPTION (Page 5:357)

ECRITEAU, EPIGRAPHE, INSCRIPTION, (Gramm.) Il y a de la différence entre ces trois mots. L'écriteau n'est qu'un morceau de papier ou de carton sur lequel on écrit quelque chose en grosses lettres, pour donner un avis au public. L'inscription se grave sur la pierre, sur le marbre, sur des colonnes, sur un mausolée, sur une médaille, ou sur quelqu'autre monument public, pour conserver la mémoire d'une chose ou d'une personne. L'épigraphe est une courte inscription gravée d'ordinaire en onglet sur les bâtimens particuliers, ou au bas des estampes. Voyez Epicraphe.

Les écriteaux sont faits pour étiqueter lés boîtes des épiciers, ou pour servir d'enseigne aux maîtres d'écriture; les inscriptions pour transmettre l'histoire à la postérité, & les épigraphes pour l'intelligence d'une estampe ou l'ornement d'un livre.

Les tableaux d'histoire auroient souvent besoin d'une épigraphe. La célebre Phryné qui sçut avec tant d'art découvrir & obtenir de Protogène son Sa<-> tyre & son Cupidon, offrit de relever les murailles de

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