ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"354"> ment assujetties avec de petits clous, pour empêcher qu'elles ne se déplacent, & qu'elles ne se brisent ou ne s'écornent en démarrant.

De cette maniere les pierres gravées d'un curieux occuperont moins de place, il les pourra faire voir plus commodément & plus honorablement pour lui; & réunies toutes ensemble, elles pourront être gardées sous une seule clé: car pourquoi ne les mettroit - il pas en sûreté & sous la clé? elles font ses plaisirs, du moins pour l'art du travail, avec autant de fondement que les pierreries font les délices des femmes du monde; & il y trouve de plus des portraits, des figures qui, sans être un vain appareil de luxe, servent à entretenir & à cultiver le goût, & rappellent souvent des faits à la mémoire. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

ECRAMER (Page 5:354)

* ECRAMER, v. act. terme de Verrerie. Pour entendre ce terme, il faut savoir que dans les soudes de Varech, qui sont le fondant des matieres qui entrent dans la composition du verre à vitre, il se trouve des pierres & des cailloux; lorsque les matieres qui remplissent les pots sont affinées, ces pierres montent avec le bouillon à la surface du pot. Avant donc de commencer l'ouvrage, le maître tiseur prend avec un ferret à déboucher, de la matiere dans un pot; il l'applatit sur le marbre; il en forme une espece de rateau qu'il promene sur la surface du pot, pour en tirer les pierres qui s'y attachent; ce qu'il fait à différentes reprises, jusqu'à ce qu'il n'apperçoive plus ni pierres ni cailloux. Le ferret dont on se sert alors s'appelle aussi ferret à écramer, & l'opération écramer. C'est un serviteur qui écrame.

ECRAN (Page 5:354)

ECRAN, s. m. petit meuble fait ordinairement de carton, qui sert à garantir les yeux de la trop grande ardeur du feu. Il y en a de différente grandeur & de différente forme.

Ecran (Page 5:354)

Ecran, (Chimie.) il differe de l'ordinaire par une ouverture qu'il a dans son milieu, & en ce qu'il n'est communément destiné à garantir que la vûe de l'action du feu. Et en effet, il faudroit être bien mal informé, pour croire que des hommes qui se font honneur de passer pour être plus que négligés dans leur extérieur, enveloppés & imprégnés d'une atmosphere empoisonnée, enfumés & barbouillés de charbon, pensassent à conserver autre chose qu'un organe, qui ne leur est même cher, que parce qu'il leur est nécessaire à observer les progrès & les changemens de leurs opérations. La nécessité de l'exposer à ce sujet pendant un tems considérable à l'action d'un feu vif, a fait imaginer aux artistes de faire au milieu de leur écran, une fente large d'une ligne ou deux tout - au - plus, afin qu'il ne parvînt à leurs yeux qu'un très - petit nombre de rayons ignés, suffisant pour leurs observations, mais incapables de les ébloüir. Cette fente est transversale ou verticale, & doit avoir une embrasure considérable du côté qu'on présente au feu, afin que la vûe puisse s'étendre de haut en - bas si la fente est transversale, ou de droite à gauche si elle est verticale. Cet instrument est fait d'une planche mince, à - peu - près large d'un pié en tout sens. On conçoit assez que la figure en doit être arbitraire; peu importe qu'il soit rond ou quarré, & que les bords en soient unis ou découpés: on y attache un manche d'environ six pouces de long. On en voit un à fente perpendiculaire dans le septieme livre de la métallique d'Agricola; Evonymus & Cramer le figurent transversal: Libavius en représente de deux façons, pag. 177, de scevasticâ artis. Mais l'écran dont on vient de parler ne remplit qu'en partie les vûes qu'on se propose; les yeux sont encore exposés aux étincelles & au feu, quoique la quantité de rayons qui leur en parvient soit moins considérable. Il est donc plus à propos de les faire passer à - travers un verre bien poli, afin qu'il ne leur occasionne point de réfractions. Il est vrai que le bois en se coffinant par le feu peut le rompre, mais il faut lui substituer le carton. Le manche nécessaire en pareil cas, a une partie faite en fer - à - cheval, divisée en deux par un trait de scie, pour embrasser le carton, que l'on fixe au moyen d'un petit clou à chaque branche; & pour lors au lieu d'une fente étroite, on pratique une ouverture rectangle, longue de 4 ou 5 pouces, & large de 2 ou 3 pour loger un verre de mêmes dimensions: on a soin de noircir cet ustensile, afin que les yeux ne reçoivent point de rayons étrangers, qui les fatiguent & les détournent de l'objet principal. Quoique les Chimistes ayent occasion de se servir d'écran dans beaucoup d'opérations, néanmoins ils n'en font presque d'usage que dans les essais, auxquels il semble être plus particulierement destiné. Ce n'est pas que la plûpart des opérations ordinaires de la Chimie ne demandent des attentions & de l'assiduité; mais on n'y a pas la vûe si continuellement exposée à l'ardeur du feu, que dans les essais, sur - tout quand ceux - ci se font dans le fourneau de Coupelle, qui est le plus en usage en Docimastique. Il est aisé de concevoir qu'une moustle environnée de charbons de toutes parts, doit lancer par son ouverture des rayons de feu d'autant plus vifs, que sa construction les rend moins divergens. Voyez nos Planches de Chimie, & l'article Essai. (f)

Ecran (Page 5:354)

* Ecran, (Verrerie.) portion de cerceau, qui entoure la tête des gentilshommes qui font le verre à vitre. Elle finit par deux cornes, au - bout desquelles est attaché un linge qui pend pour parer les yeux & le visage, pendant qu'on travaille.

ECRASER (Page 5:354)

* ECRASER, v. act. (Manufacture en soie.) c'est trop frapper son étoffe. Dans une étoffe à fleurs qui a ce défaut, les fleurs qui devroient être rondes sont applaties, & ont plus de largeur que de longueur; les autres perdent de leurs dimensions naturelles, & se défigurent en proportion.

ECREMER (Page 5:354)

* ECREMER, v. act. (OEconomie rustiq.) c'est enlever la creme de dessus le lait; on l'a transporté à d'autres liquides.

ECREMOIRE (Page 5:354)

ECREMOIRE, s. f. les Artificiers appellent ainsi un morceau de corne ou de fer - blanc, de deux à trois pouces de long & de large, dont ils se servent pour rassembler les matieres broyées, ou les prendre dans les boîtes où on les conserve. Dictionn. de Trévoux.

ECRENER (Page 5:354)

ECRENER, terme de Fondeur de caracteres d'Im<-> primerie, c'est évider le dessous des lettres qui sont de nature à être évidées du côté de l'oeil, avec l'écrenoir, qui est un canif ou un autre petit instrument d'acier bien tranchant, lequel a un petit manche de bois. On évide ces sortes de lettres, de maniere que le massif des lettres voisines puisse se placer dessous. On n'écrene que les lettres longues, comme les fi & les s, ce qui fait qu'il y a davantage de lettres à écrener dans le caractere italique que dans le cavactere romain. Voyez l'art. du Fondeur de Caracteres. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

ECREVISSE (Page 5:354)

ECREVISSE, s. f. (Hist. nat.) astacus, animal crustacé. Il y en a de deux especes, elles ne portent pas le même nom en françois: l'une se trouve dans la mer, astacus marinus, gammarus; on connoît cet animal sous le nom d'hommar (voyez Hommar): l'autre vit dans les rivieres & dans toutes les eaux courantes, astacus fluviatilis, c'est l'écrevisse. Elle a le corps oblong; sa partie antérieure est plus étroite que la postérieure, & terminée par la tête qui a peu d'apparence; la bouche est garnie de dents. Cet animal a deux yeux & deux cornes fort allongées & très - minces, sur - tout à l'extrémité; elles ont grand nombre d'articulations qui les rendent flexibles. L'é<-> crevisse a deux bras & cinq jambes de chaque côté; les bras sont placés entre la tête & les premieres jam<pb-> [p. 355] bes. On leur donne le nom de bras, parce que leur conformation est différente de celle des jambes, & que l'animal ne s'en sert que pour marcher. La premiere jambe de chaque côté est composée de cinq parties distinguées par des articulations: la derniere partie a une serre composée de deux pinces; elle est fort grosse en comparaison des autres parties, qui sont d'autant plus minces, qu'elles se trouvent placées plus près du corps: on voit souvent que la grosseur de l'une des serres est bien différente de celle de l'autre. Les autres jambes sont plus courtes & plus minces; la seconde & la troisieme de chaque côté sont fourchues à l'extrémité, les autres sont terminées par une seule pointe. La queue est large, allongée, convexe par - dessus, & creusée en gouttiere par - dessous; elle est recouverte par cinq écailles en forme de tables transversales.

Les grosses jambes des écrevisses étant beaucoup plus minces près du corps qu'à l'extrémité, c'est peut - être ce qui les fait casser, même lorsque l'animal ne se donne que des mouvemens à l'ordinaire. La jambe se casse entierement dans la quatrieme partie près de la quatrieme jointure. Cette séparation ne se fait pas à l'endroit de l'articulation, quoiqu'il ne soit recouvert que par une membrane plus mince que du parchemin, mais dans l'écaille qui forme la quatrieme partie de la jambe. Cette écaille est composée de plusieurs pieces réunies par deux & quelquefois trois sutures; c'est dans ces sutures, surtout dans celles du milieu, que la jambe se casse: l'adhérence de ces sutures est si foible, qu'il ne faut pas un grand effort pour les ouvrir; aussi lorsqu'on tient une écrevisse par la pince, elle se casse la jambe en tâchant de la dégager.

Il n'y a rien de surprenant dans cette fracture, mais le phénomene qui la suit est très - merveilleux: la portion de la jambe qui a été séparée du reste se reproduit de nouveau, & devient avec le tems parfaitement semblable à l'ancienne; soit que la fracture ait été faite par un mouvement de l'animal, soit qu'on lui ait coupé ou cassé la jambe de dessein prémédité, à l'endroit où elle se casse ordinairement ou dans un autre endroit, il renait toûjours une portion semblable à celle qui a été enlevée. Mais lorsqu'on ne la casse qu'à la premiere, à la seconde, ou même à la troisieme articulation, la reproduction se fait beaucoup plus lentement que dans le cas où la jambe a été cassée dans la quatrieme partie près de la quatrieme articulation; & il arrive pour l'ordinaire, que la jambe se casse une seconde fois dans cet endroit avant que la reproduction se fasse.

Les jours les plus chauds sont les plus propres à cette reproduction, par conséquent les progrès sont proportionnés à la température de la saison. Lorsqu'on casse la jambe d'une écrevisse dans les mois de Juin ou de Juillet, deux jours après on voit une espece de membrane plane & rougeâtre sur les chairs qui sont à l'endroit de la fracture; au septieme jour la membrane est convexe, & ensuite elle s'allonge dans le milieu. Cette membrane enveloppe, pour ainsi dire, le germe de la nouvelle portion de jambe, qui ne paroît au - dehors que comme une excroissance conique, dont la longueur est quelquefois de trois lignes à dix jours; alors la membrane devient blanche: au bout de douze ou quinze jours l'excroissance se recourbe vers la tête de l'animal, ensuite sa courbure augmente, & elle commence à prendre la figure d'une jambe d'écrevisse. A un mois ou cinq semaines, si c'est en été, ou après huit ou neuf mois si c'est dans une autre saison, sa longueur est de six ou sept lignes: on y distingue quelques jointures, sur - tout la premiere, & on voit une ligne qui marque la séparation des deux pinces. Alors la membrane se déchire, & la jambe paroît à découvert; elle est encore molle, mais en peu de jours elle se recouvre d'une écaille aussi dure que celle de la jambe de l'autre côté, & elle n'en differe que par la longueur & la grosseur. Cette portion de jambe nouvellement reproduite, n'a qu'environ la moitié de la longueur de celle qui a été enlevée; elle est fort déliée: cependant elle est capable de toutes ses fonctions, & il y a lieu de croire qu'elle grossit dans la suite & dans le tems où l'autre jambe ne prend plus d'accroissement. De cette façon elles peuvent se trouver aussi grosses & aussi longues l'une que l'autre, & on peut expliquer la différence de grosseur qui se trouve entre les jambes de plusieurs écrevisses. Les cornes, les bras, les petites jambes, & plusieurs autres parties de l'écrevisse se reproduisent à - peu - près comme les grosses jambes; mais on a tenté inutilement de faire reparoître une nouvelle queue, & on ne sait pas combien de fois de suite la reproduction d'une même partie peut se faire sur le même animal.

La mue des écrevisses n'est pas moins digne de l'attention des Naturalistes, que la reproduction de ses membres. Par cette mue, ces animaux se dépouillent chaque année, non - seulement de leur écaille, mais aussi de toutes leurs parties cartilagineuses & osseuses: ils sortent de leur écaille, & la laissent entierement vuide. La mue ne se fait jamais avant le mois de Mai, ni après le mois de Septembre. Les écrevisses cessent de prendre de la nourriture solide quelques jours avant leur dépouillement; alors si on appuie le doigt sur l'écaille, elle plie, ce qui prouve qu'elle n'est plus soûtenue par les chairs. Quelque tems avant l'instant de la mue, l'écrevisse frotte ses jambes les unes contre les autres, se renverse sur le dos, replie & étend sa queue à différentes fois, agite ses cornes, & fait d'autres mouvemens sans doute afin de se détacher de l'écaille qu'elle va quitter. Pour en sortir, elle gonfle son corps; & il se fait entre la premiere des tables de la queue & la grande écaille qui s'étend depuis la queue jusqu'à la tête, une ouverture qui met à découvert le corps de l'écrevisse; il est d'un brun foncé, tandis que la vieille écaille est d'un brun verdâtre. Après cette rupture l'animal reste quelque tems en repos; ensuite il fait différens mouvemens, & gonfle les parties qui sont sous la grande écaille; la partie postérieure de cette écaille est bien - tôt soûlevée, & l'antérieure ne reste attachée qu'à l'endroit de la bouche; alors il ne faut plus qu'un demi - quart - d'heure ou un quart - d'heure pour que l'écrevisse soit entierement dépouillée. Elle tire sa tête en - arriere, dégage ses yeux, ses cornes, ses bras, & successivement toutes ses jambes. Les deux premieres paroissent les plus difficiles à dégainer, parce que la derniere des cinq parties dont elles sont composées, est beaucoup plus grosse que l'avant - derniere; mais on conçoit aisément cette opération, quand on sait que chacun des tuyaux écailleux qui forment chaque partie, est de deux pieces longitudinales, qui s'écartent l'une de l'autre dans le tems de la mue. Enfin, l'écrevisse se retire de dessous la grande écaille, & aussi - tôt elle se donne brusquement un mouvement en - avant, étend la queue, & la dépouille de ses écailles. C'est ainsi que finit l'opération de la mue, qui est si violente, que plusieurs écrevisses en meurent, sur - tout les plus jeunes; celles qui y résistent sont très - foibles. Après la mue leurs jambes sont molles, & l'animal n'est recouvert que d'une membrane; mais en deux ou trois jours, & quelquefois en 24 heures, cette membrane devient une nouvelle écaille aussi dure que l'ancienne. Cet accroissement est très - prompt: les observations suivantes ont donné lieu de croire que la matiere, qui est nécessaire pour consolider la nouvelle écaille, vient des pierres que l'on appelle communément yeux d'écrevisse à cause de leur figure ron<pb->

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