ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"336"> afin qu'il puisse librement tourner son cheval à droite & à gauche, le laisser aller en - avant, l'arrêter, & même le reculer: on observe sans cesse en même tems les défauts de sa position, & on les lui indique scrupuleusement, dans la crainte qu'il ne contracte de mauvaises habitudes, qu'il est très - difficile de corriger dans la suite. Plusieurs écuyers ne font aucune distinction des éleves qui leur sont soûmis; ils different néanmoins beaucoup, si l'on considere le plus ou le moins de facilité de leur esprit, & la disposition plus ou moins favorable de leur corps: ainsi tel d'entr'eux dont la conception est heureuse, ne sera point troublé par un énorme détail de fautes qu'on lui reproche, tandis qu'un autre cessera de nous entendre, si nous le reprenons de deux défauts à la fois. Tel fera de vains efforts pour se plier de maniere à rencontrer l'attitude qu'on exige de lui, & dont une construction plus ou moins difforme, ou une inaptitude naturelle l'éloigne. C'est donc au maitre à se mettre à la portée des éleves, à juger de ce qu'il est d'abord essentiel de ne pas faire, & à leur faciliter, par l'exacte connoissance qu'il doit avoir de la relation & de la sympathie du jeu des parties dont leur corps est formé, les moyens d'exécuter & d'obéir. Un autre abus est de les obliger trop promptement à trotter; parce que dès - lors ils ne sont attentifs qu'à leur tenue, & qu'ils ne pensent plus ni à l'exactitude de la position, ni aux mouvemens d'une main à laquelle ils s'attachent. En second lieu, on n'est point scrupuleux sur le plus ou le moins de dureté ou de vîtesse du mouvement des chevaux; il est cependant très - constant que l'on devroit observer des degrés à cet égard: l'animal, dont les ressorts sont lians, & dont l'action n'est point pressée, offre toûjours moins de difficultés à l'éleve, qui peut se rendre raison à lui - même de ce qu'il est capable de faire & d'entreprendre. Ne souffre - t - il en effet aucun dérangement à raison d'une telle célérité? il peut toûjours augmenter de plus en plus la vîtesse: conserve - t - il sa fermeté dans le trot le plus étendu? on doit lui donner un cheval qui dans cette allure ait moins d'union & plus de reins, & ainsi de suite jusqu'à ce qu'il ait acquis par cet exercice continué, ce que nous nommons proprement le fond de la selle. J'ajoûterai que les leçons au trot doivent toûjours être entremêlées des leçons au pas. Celles - ci sont les seules où nous puissions exactement suivre nos éleves, les rectifier, leur proposer une multitude de lignes différentes à décrire, & les occuper par conséquent sans cesse, en mettant continuellement leur main à l'épreuve, & en faisant accompagner les aides qui en partent, de celles de l'une & de l'autre jambe séparément ou ensemble. La pratique de ces opérations étant acquise par ce moyen, ces mêmes leçons se répetent au trot; du trot on passe aux chevaux dressés au galop, & dé ceux - ci aux sauteurs dans les piliers, & à ceux qui travaillent en liberté au son de la voix, ou à l'aide de l'écuyer. C'est ainsi que se termine la marche de la basse école; marche dont on ne peut s'écarter sans craindre de précipiter les éleves dans une roideur, une contention, une incapacité à laquelle ils devroient préférer leur premiere ignorance.

Guidés & conduits suivant cette méthode, non seulement ils ont reconnu cet équilibre nécessaire, mesuré & certain d'où dépend la finesse, la précision, & la sûreté de l'exécution; mais ils ont appris en général les effets de la main & des jambes, & leurs membres sont, pour ainsi dire, dénoüés, puisqu'on a fait fréquemment mouvoir en eux toutes les parties dont l'action doit influer sur l'animal.

A toutes ces leçons succedent celles d'où dépend la science de faire manier des chevaux de passage. Ici tous les principes déjà donnés, reçoivent un nou<cb-> veau jour, & tout concourt à en démontrer la certitude: de plus il en dérive d'autres, & le disciple commence à s'appercevoir de la chaîne & de la liaison des regles. Comme il ne s'agit plus de la position & de la tenue, on peut lui développer les raisons de tout ce qu'il fait, & ces raisons lui feront entrevoir une multitude de choses à apprendre & à exécuter. On exige plus de finesse & plus d'harmonie dans ses mouvemens, plus de réciprocité dans le sentiment de sa main & dans celui de la bouche du cheval, plus d'union dans ses aides, un plus grand ensemble, plus d'obéissance, plus de précision de la part de l'animal. Les demi - arrêts multipliés, les changemens de main, les voltes, les demi - voltes de deux pistes, les angles de manége scrupuleusement observés, l'action de la croupe ou de la tête au mur, la plus grande justesse du partir, du parer, & du reculer, le pli dans lequel on assujettit le cheval, &c. sont un acheminement à de nouvelles lumieres qui doivent frapper l'académiste, lorsqu'après s'être convaincu de la vérité de toutes les maximes dont on a dû lui faire sentir toutes les conséquences, soit au passage sur des chevaux successivement plus fins, plus difficiles, & dressés différemment, soit au trot, soit au galop, il est en état de passer à la haute école.

Alors il n'est pas simplement question de ce que l'on entend communément par l'accord de la main & des jambes, il faut aller plus loin à cet égard, c'est - à - dire faire rechercher à l'éleve la proportion de la force mutuelle & variée des renes; l'obliger à n'agir que par elles; lui faire comprendre les effets combinés d'une seule rene mûe en deux sens, les effets combinés des deux renes ensemble mûes en même sens, ou en sens contraire; & le convaincre de l'insuffisance réelle de l'action des jambes, qui ne peut être regardée comme une aide principale, à moins qu'il ne s'agisse de portér & de chasser le derriere en avant, mais qui dans tout autre cas n'est qu'une aide subsidiaire à la main. La connoissance de ces différentes proportions & de tous ces effets, ne suffit pas encore. La machine sur laquelle nous opérons, n'est pas un être inanimé; elle a été construite par la nature, avec la faculté de se mouvoir; & cette mere commune a disposé ses parties de maniere que l'ordre de ses mouvemens, constant, invariable, ne peut être interverti sans danger ou sans forcer l'animal à la desobéissance. Il est donc important d'instruire notre disciple de la succession harmonique de ces mêmes mouvemens, de leurs divisions en plusieurs tems, & de lui indiquer tous les instans possibles, instans qu'il doit nécessairement saisir dès qu'il voudra juger clairement de l'évidenee des effets sur lesquels il a été éclairé, conduire véritablement le cheval de tête, diriger toutes ses actions, & non les déterminer seulement, & rapporter enfin à lui - même toutes celles auxquelles il le contraint & le livre. Voyez Manége.

Ce n'est qu'avec de tels secours que nous pouvons abréger les routes de la science, & dévoiler les mysteres les plus secrets de l'art. Pour en parcourir tous les détours, nous suivrons la même voie dans les leçons sur tous les airs relevés; nous ferons ensuite l'application de tous les principes donnés sur des chevaux neufs, que nos disciples entreprendront sous nos yeux; & il n'est pas douteux que dès - lors ils sortiront de nos écoles avec moins de présomption, plus de capacité, & qu'ils pourront même nous laisser très - loin derriere eux, s'ils perséverent dans la carriere que nous leur aurons ouverte, & dans laquelle on ne doit avoir d'autre guide que la patience la plus constante & le raisonnement le plus profond. (e)

Ecole (Page 5:336)

Ecole, terme de Jeu: on fait une école au trictrac, quand on ne marque pas exactement ce que l'on ga<pb-> [p. 337] gne; je dis exactement, parce qu'il faut marquer ce que l'on gagne, qu'il ne faut marquer ni plus ni moins, & qu'il faut le marquer à tems. Si vous ne marquez pas ce que vous gagnez, ou que vous ne le marquiez pas à tems, votre adversaire le marque pour vous; si vous marquez trop, il vous démarque le trop, & le marque pour lui; si vous ne marquez pas assez, il marque pour lui ce que vous oubliez. On n'envoye point à l'école de l'ecole. Voyez Trictrac.

ECOLETER (Page 5:337)

ECOLETER, v. act. (Orfévre.) opération de la retrainte; c'est élargir au marteau sur la bigorne, toute piece d'orfévrerie dont le haut est à forme & profil de vase, comme gobelet, pot à l'eau, calice, burette, &c. Pour cet effet on a soin en retraignant la piece, & en la montant droite, de reserver la force en haut; ensuite quand on a enslé le bas, & formé l'étranglement que l'on appelle colet, on part de ce colet pour élargir le haut, & lui donner le profil évasé.

ECOLIER, DISCIPLE, ELEVE (Page 5:337)

ECOLIER, DISCIPLE, ELEVE, syn. (Gram.) ces trois mots s'appliquent en général à celui qui prend des leçons de quelqu'un. Voici les nuances qui les distinguent. Eleve est celui qui prend des leçons de la bouche même du maître; disciple est celui qui en prend des leçons en lisant ses ouvrages, ou qui s'attache à ses sentimens; écolier ne se dit, lorsqu'il est seul, que des enfans qui étudient dans les colléges, un écolier; il se dit aussi de ceux qui étudient sous un maître un art qui n'est pas mis au nombre des Arts libéraux, comme la Danse, l'Escrime, &c. mars alors il doit être joint avec quelque autre mot qui désigne l'art ou le maître. Un maître d'armes a des écoliers; un peintre a des éleves; Newton & Descartes ont eu des disciples, même après leur mort. Eleve est du style noble; disciple l'est moins, surtout en Poésie; écolier ne l'est jamais. (O)

Ecoliers (Page 5:337)

Ecoliers, (Jurispr.) les réglemens leur défendent de porter des cannes, ni des épées.

Un écolier, quoique mineur, peut s'obliger pour sa pension, son entretien, & autres dépenses ordinaires aux étudians.

Comme les écoliers sont dans une espece de dependance de leurs régens, précepteurs, & autres préposés pour les instruire & les gouverner; les donations qu'ils font à leur profit, soit entre - vifs, ou par testamens, sont nulles.

Ce que les parens ont dépensé pour les études de leurs enfans, & même pour leur faire obtenir des degrés, n'est point sujet à rapport dans leur succession; à l'exception des frais du doctorat en Medecine, parce que ces frais sont considérables, & servent à procurer un établissement utile. Voyez ci - apr. Etudians en Droit. (A)

Ecoliers jurés de l'Université (Page 5:337)

Ecoliers jurés de l'Université, sont ceux qui, après y avoir étudié six mois, ont obtenu des attestations de leur tems d'étude, & joüissent du privilége de scholarité. Voyez Scholarité. (A)

ECONOMIE ou OECONOMIE (Page 5:337)

ECONOMIE ou OECONOMIE, (Morale & Po<-> litique.) ce mot vient de OIKOS2, maison, & de NO/MOS2, loi, & ne signifie originairement que le sage & légitime gouvernement de la maison, pour le bien commun de toute la famille. Le sens de ce terme a été dans la suite étendu au gouvernement de la grande famille, qui est l'état. Pour distinguer ces deux acceptions, on l'appelle dans ce dernier cas, écono<-> mie générale, ou politique; & dans l'autre, économie domestique, ou particuliere. Ce n'est que de la premiere qu'il est question dans cet article. Sur l'écono<-> mie domestique, voyez Pere de Famille.

Quand il y auroit entre l'état & la famille autant de rapport que plusieurs auteurs le prétendent, il ne s'ensuivroit pas pour cela que les regles de conduite propres à l'une de ces deux sociétés, fussent conve<cb-> nables à l'autre: elles different trop en grandeur pour pouvoir être administrées de la même maniere, & il y aura toûjours une extrème différence entre le gouvernement domestique, où le pere peut tout voir par lui - même, & le gouvernement civil, où le chef ne voit presque rien que par les yeux d'autrui. Pour que les choses devinssent égales à cet égard, il faudroit que les talens, la force, & toutes les facultés du pere, augmentassent en raison de la grandeur de la famille, & que l'ame d'un puissant monarque fût à colle d'un homme ordinaire, comme l'étendue de son empire est à l'héritage d'un particulier.

Mais comment le gouvernement de l'état pourroit - il être semblable à celui de la famille dont le fondement est si différent? Le pere étant physiquement plus fort que ses enfans, aussi long - tems que son secours leur est nécessaire, le pouvoir paternel passe avec raison pour être établi par la nature. Dans la grande famille dont tous les membres sont naturellement égaux, l'autorité politique purement arbitraire quant à son institution, ne peut être fondée que sur des conventions, ni le magistrat commander aux autres qu'en vertu des lois. Les devoirs du pere lui sont dictés par des sentimens naturels, & d'un ton qui lui permet rarement de desobéir. Les chefs n'ont point de semblable regle, & ne sont réellement tenus envers le peuple qu'à ce qu'ils lui ont promis de faire, & dont il est en droit d'exiger l'exécution. Une autre différence plus importante encore, c'est que les enfans n'ayant rien que ce qu'ils reçoivent du pere, il est évident que tous les droits de propriété lui appartiennent, ou émanent de lui; c'est tout le contraire dans la grande famille, où l'administration générale n'est établie que pour assûrer la propriété particuliere qui lui est antérieure. Le principal objet des travaux de toute la maison, est de conserver & d'accroître le patrimoine du pere, afin qu'il puisse un jour le partager entre ses enfans sans les appauvrir; au lieu que la richesse du fisc n'est qu'un moyen, souvent fort mal entendu, pour maintenir les particuliers dans la paix & dans l'abondance. En un mot la petite famille est destinée à s'éteindre, & à se resoudre un jour en plusieurs autres familles semblables; mais la grande étant faite pour durer toûjours dans le même état, il faut que la premiere s'augmente pour se multiplier: & non - seulement il suffit que l'autre se conserve, mais on peut prouver aisément que toute augmentation lui est plus préjudiciable qu'utile.

Par plusieurs raisons tirées de la nature de la chose, le pere doit commander dans la famille. Premierement, l'autorité ne doit pas être égale entre le pere & la mere; mais il faut que le gouvernement soit un, & que dans les partages d'avis il y ait une voix prépondérante qui décide. 2°. Quelque legeres qu'on veuille supposer les incommodités particulieres à la femme; comme elles font toûjours pour elle un intervalle d'inaction, c'est une raison suffisante pour l'exclure de cette primauté: car quand la balance est parfaitement égale, uné paille suffit pour la faire pancher. De plus, le mari doit avoir inspection sur la conduite de sa femme; parce qu'il lui importe de s'assûrer que les enfans, qu'il est forcé de reconnoître & de nourrir, n'appartiennent pas à d'autres qu'à lui. La femme qui n'a rien de semblable à craindre, n'a pas le même droit sur le mari. 3°. Les enfans doivent obéir au pere, d'abord par nécessité, ensuite par reconnoissance; après avoir reçû de lui leurs besoins durant la moitié de leur vie, ils doivent consacrer l'autre à pourvoir aux siens. 4°. A l'égard des domestiques, ils lui doivent aussi leurs services en échange de l'entretien qu'il leur donne; sauf à rompre le marché dès qu'il cesse de leur convenir. Je ne parle point de l'esclavage; parce qu'il

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