ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"324"> est compté parmi les plus célebres artistes. Il mettoit ordinairement des fonds noirs dans ses tableaux, pour ne point tomber dans des défauts de perspective, dont il ne voulut jamais se donner la peine d'apprendre les principes; cependant on ne peut se lasser d'admirer l'effet merveilleux que ses tableaux font de loin, son intelligence du clair - obscur, l'harmonie de ses couleurs, le relief de ses figures, la force de ses expressions, la fraîcheur de ses carnations, enfin le caractere de vie & de vérité qu'il donnoit aux parties du visage: ses gravûres formées de coups écartés, irréguliers & égratignés, font un effet très piquant.

Van - Ostade, (Adrien) né à Lubec en 1610, mort à Amsterdam en 1685. On l'appelle communément le bon Ostade, pour le distinguer de son frere. Les tableaux d'Ostade présentent ordinairement des intérieurs de cabarets, de tavernes, d'hôtelleries, d'habitations rustiques, & d'écuries. Cet habile artiste avoit une parfaite intelligence du clair - obsur, sa touche est legere & spirituelle: il a rendu la nature avec une vérité piquante; mais son goût de dessein est lourd, & ses figures sont trop courtes. Il a fait une belle suite de desseins coloriés, qui est actuellement dans le cabinet des curieux hollandois. On a aussi gravé d'après Van - Ostade.

Dow, (Gérard) né à Leyden en 1613. Rembrant lui montra la Peinture, quoique Gérard ait pris une maniere d'opérer opposée à celle de son maître; mais il lui devoit l'intelligence de ce beau coloris qu'on admire dans ses tableaux. On admire encore le travail étonnant, le goût singulier pour la propreté, le fini, la vérité, l'expression, & la parfaite connoissance que ce célebre artiste avoit du clair - obscur. Ses ouvrages augmentent tous les jours de prix.

Laar, (Pierre de) né à Laar en 1613, village près de Naarden, mort à Harlem en 1675. Pierre de Laar est encore plus connu sous le nom de Bamboche, qui lui fut donné à cause de la singuliere conformation de sa figure. Bamboche étoit né peintre dans son genre; il n'a traité que de petits sujets, des foires, des jeux d'enfans, des chasses, des paysages, des scenes gaies & champêtres, des tabagies & autres sujets plaisans, qui, depuis lui, ont été nommées des bambochades. En effet, personne n'a touché ce genre de peinture avec plus de force, d'esprit & de vérité, que l'a fait cet artiste.

Metzu, (Gabriel.) né à Leyden en 1615, mort à Amsterdam en 1658. Ce maître a fait peu de tableaux; mais ceux qu'on voit de lui sont très - précieux, par l'art avec lequel il a sû rendre les beautés de la nature: la finesse & la legereté de la touche, la fraîcheur du coloris, l'intelligence du clair - obscur & l'exactitude du dessein, se font également sentir dans ses ouvrages. Ce maître ne peignoit qu'en petit, & la plûpart de ses sujets sont de caprice. On vante son tableau qui représente une visite de couches, comme aussi celui de la demoiselle qui se lave les mains au - dessus d'un bassin que tient sa servante, tandis qu'un jeune homme qui entre alors, lui fait la révérence. Le Roi a un seul tableau de Metzu; il représente une femme tenant un verre à la main, & un cavalier qui la salue. On a gravé d'après ce charmant artiste.

Wouwermans, (Philippe) né à Harlem en 1620, mort dans la même ville en 1668. C'est un des maîtres hollandois dont la maniere a été le plus universellement goûtée, & c'est en particulier un paysagiste admirable. Voyez le dictionn. des Beaux - Arts, & Houbraken dans sa vie des Peintres hollandois.

Berghem, (Nicolas) né à Amsterdam en 1624, mort à Harlem en 1683. C'est un des plus grands paysagistes de la Hollande. Ses ouvrages brillent par la richesse & la variété de ses compositions, par la vérité & le charme de son coloris, par la liberté & l'élégance de sa touche, par des effets piquans de lumieres, par son habileté à peindre les ciels, enfin par l'art & l'esprit avec lesquels il a dessiné les animaux.

Miéris, dit le vieux, (François) né à Leyden en 1635, mort dans la même ville en 1681, à la fleur de son âge. Il eut pour maître Gérard Dow; plusieurs connoisseurs prétendent qu'il l'a égalé pour le précieux fini, & l'a surpassé par le goût & la correction du dessein, par l'élégance de ses compositions, & enfin par la suavité des couleurs. Quoi qu'il en soit, ses tableaux sont très - rares, & d'un grand prix; il les vendoit lui - même une somme considérable. Ce charmant artiste excelloit à représenter des étoffes, & se servoit, à l'exemple de Gérard Dow, d'un miroir convexe pour arrondir les objets.

Van - del - Velde, (Adrien) né à Amsterdam en 1639, mort en 1672. On estime ses paysages & ses tableaux d'animaux. Il a excellé dans le petit, mais ses ouvrages demandent du choix: ceux de son bon tems charment par la fraîcheur du coloris, & le moëlleux du pinceau; sa couleur est en même tems fondue & vigoureuse, ses petites figures sont naives & bien dessinées: enfin ce maître fait les délices des curieux qui sont partisans des morceaux peints avec amour.

Il y a eu plusieurs autres Van - del - Velde peintres hollandois, dont il seroit trop long de parler ici; il me suffira de dire qu'ils se sont tous distingués à toucher le paysage, les animaux, les marines, & les combats de mer. Voyez Marine, Paysage, &c.

Scalken, (Godefroi) né à Dordrecht en 1643, mort à la Haye en 1706. Eleve de Gérard Dow, il excelloit à faire des portraits en petit, & des sujets de caprice: ses tableaux sont ordinairement éclaires par la lueur d'un flambeau ou d'une lampe. Les reflets de lumiere qu'il a savamment distribués, un clair - obscur admirable, des teintes parfaitement fondues, & des expressions rendues avec art, donnent beaucoup de prix à ses ouvrages.

Van - der - Werff, (Adrien) né à Roterdam en 1659, mort dans la même ville en 1727. Ses ouvrages sont très - chers, par leur rareté & leur fini. Il a travaillé dans le goût & avec le même soin que Miéris. Son dessein est assez correct, sa touche est ferme, ses figures ont beaucoup de relief; mais ses carnations sont fades, & approchent de l'yvoire: ses compositions manquent aussi de ce feu préférable au beau fini. Il a traité quelques sujets d'Histoire. L'électeur Palatin qui goûtoit sa maniere, le combla de biens & d'honneurs. Ses principaux ouvrages sont à Dusseldorp dans la collection de cet électeur; on y voit entr'autres les quinze tableaux qu'a faits Van - der - Werff sur les mystères de la Religion, & qui sont les chefs - d'oeuvres de cet artiste.

Van - Huysum, (Jean) né à Amsterdam en 1682, mort dans la même ville en 1749, le peintre de Flore & de Pomone. Il n'a point eu de maître dans l'art de représenter des fleurs & des fruits. Le veloute des fruits, l'éclat des fleurs, la fraîcheur & le transparent de la rosée, le mouvement qu'il savoit donner aux insectes, tout enchante dans les tableaux de ce peintre unique en son genre; mais il n'y a que des princes ou de riches particuliers qui puissent les acquérir. Nous possédons depuis quelque tems en France, deux des plus beaux tableaux de ce célebre artiste; M. de Voyer d'Argenson qui desiroit les avoir, les couvrit d'or pour se les procurer. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Ecole Lombarde (Page 5:324)

Ecole Lombarde, (Peint.) Le grand goût de dessein formé sur l'antique & sur le beau naturel, des contours coulans, une riche ordonnance, une belle expression, des couleurs admirablement fon<pb-> [p. 325] dues, un pinceau leger & moëlleux, enfin une touche savante, noble & gracieuse, caractérisent les célebres artistes de cette ecole. Soit que l'on ne regarde pour lombards que les ouvrages qui ont précédé la galerie Farnese, soit que l'on comprenne avec nous dans l'école lombarde celle de Bologne, qui fut établie par les Carraches, il sera toûjours vrai de dire que les grands maîtres qui se succéderent ici consécutivement, se sont également immortalisés par des routes différentes, & toûjours si belles, qu'on seroit fâché de ne les pas connoître.

Mais la maniere du Correge, fondateur de l'école lombarde proprement dite, est le produit d'un heureux génie qui reçut son pinceau de la main des graces; cependant on ne sauroit s'empêcher d'admirer les grands artistes qui parurent après lui: le Parmesan, dont les figures charmantes attachent les regards, & dont les draperies semblent être agitées par le vent; les Carraches, gracieux ou corrects, & séveres dans le dessein mélé du beau naturel & de l'antique; le Caravage, qui prenant une route opposée, tirée de son caractere, peint la nature avec tous ses défauts, & cependant avec tant de force & de vérité, qu'il laisse le spectateur dans l'étonnement; le Guide, qui se fit une maniere originale si goûtée de tout le monde; l'Albane, qui nous enchante par ses idées poétiques, & par son pinceau riant & gracieux; Lanfranc, né pour l'exécution des plus grandes entreprises; le Dominiquin, qui a fourni par ses travaux une source inépuisable de belles choses; enfin le Guerchin, qui, même sans la correction du dessein, sans aucun agrément, plaît encore par son style dur & terrible. Voilà les hommes qu'a p'oduits l'école lombarde pendant sa courte durée, c'est - à - dire dans l'espace d'un siecle; & dans cet intervalle il ne vint point de taillis ni à côté, ni au milieu de ces grands chênes.

Correge, (Antoine Allégri, dit le) né, selon Vasari, à Corrégio dans le Modénois, l'an 1475; &, selon d'autres, plus vraissemblablement en 1494, mourut dans la même ville en 1534. Ce puissant génie, ignorant ses grands talens, mettoit un prix très modique à ses ouvrages, & les travailloit d'ailleurs avec beaucoup de soin; ce qui joint au plaisir qu'il prenoit d'assister les malheureux, le sit vivre lui - même dans la misere. Etant un jour allé à Parme recevoir le prix d'un de ses tableaux, qui se montoit à 200 livres, on le paya en monnoie de cuivre: l'empressement de porter cette somme à sa pauvre famille, l'empêcha de faire attention à la pesanteur du fardeau, à la chaleur de la saison, au chemin qu'il avoit à faire à pié; il s'échauffa, & gagna une pleurésie dont il mourut à la fleur de son âge.

Il ne paroît pas que le Correge ait rien emprunté de personne; tout est nouveau dans ses ouvrages, ses compositions, son dessein, sa couleur, son pinceau: & quelle admirable nouveauté! ses pensées sont très - élevées, sa couleur enchante, & son pinceau paroît manié par la main d'un ange. Il est vrai que ses contours ne sont pas corrects, mais ils sont d'un grand goût; ses airs de têtes sont gracieux & d'un choix singulier, principalement ceux des femmes & des petits enfans. Si l'on joint à tout cela l'union qui paroît dans le travail du Correge, & le talent qu'il avoit de remuer les coeurs par la finesse de ses expressions, on n'aura pas de peine à croire que ces belles parties lui venoient plûtôt de la nature que d'aucune autre source.

Le Correge n'étant pas encore sorti de son bourg, quoiqu'il fût déjà un peintre du premier ordre, fut si rempli de ce qu'il entendoit dire de Raphaël, que les princes combloient à l'envi de présens & d'honneurs, qu'il s'imagina que cet artiste qui faisoit un si grand bruit, devoit être d'un mérite bien supé<cb-> rieur au sien, qui ne l'avoit pas encore tiré de la médiocrité. En homme sans expérience du monde, il jugeoit de la supériorité du mérite de Raphaël sur le sien, par la différence de leurs fortunes. Enfin le Correge parvint à voir un tableau de ce peintre si célebre; après l'avoir examiné avec attention, après avoir pensé ce qu'il auroit fait, s'il avoit eu à traiter le même sujet que Raphaël avoit traité, il s'écria: Je suis un peintre aussi - bien que lui, & il l'étoit en effet. Il ne se vantoit pas, puisqu'il a produit des ouvrages sublimes, & pour les pensées, & pour l'exécution. Il osa le premier mettre des figures véritablement en l'air, & qui plafonnent, comme disent les Peintres. Pour ses tableaux de chevalet, ils sont d'un prix immense.

Parmesan, (François Mazzuoli, dit le) né à Parme en 1504, & mort dans la même ville en 1540. Il exécuta, n'ayant que seize ans, des tableaux qui auroient pû faire honneur à un bon maître. A l'âge de vingt ans, l'envie de se perfectionner, & d'étudier avec tout le soin possible les ouvrages de Michel - Ange & de Raphaël, le conduisit à Rome. On rapporte que pendant le sac de cette ville en 1527, il travailloit avec tant d'attache & de sécurité, que les soldats espagnols qui entrerent chez lui en furent frappés; les premiers se contenterent de quelques desseins, les suivans enleverent tout ce qu'il possédoit. Protogene se trouva à Rhodes dans des circonstances pareilles, mais il fut plus heureux. Voyez Protogene, au mot Peintres anciens.

Le Parmesan contraint de céder à la force, & privé de ses richesses pittoresques, vint à Bologne, où il partageoit son goût entre la Gravûre & la Peinture, quand son graveur lui vola ses planches & ses desseins. Cette nouvelle perte mit le Parmesan au desespoir, quoiqu'il eût assez promptement le benheur de recouvrer une partie du vol. Il quitta Bologne & se rendit à Parme, où trouvant des seconrs & de la consolation, il fit dans cette ville de grands & de beaux ouvrages; mais enfin s'avisant de donner dans les pretendus secrets de l'Alchimie, il perdit à les chercher, son tems, son argent, sa santé, & mourut misérable à l'âge de trente - six ans.

La vivacité de l'esprit, la facilité du pinceau, la fécondité du génie, toûjours tourné du côté de l'agrément & de la gentillesse; le talent de donner beaucoup de graces à ses attitudes aussi - bien qu'à ses têtes; un beau choix des mêmes airs & des mêmes proportions, qu'on aime quoiqu'il soit souvent réitéré; des draperies legeres & bien contrastées, sont les parties qui caractérisent les ouvrages de cet aimable maître.

Ses desseins pour la plûpart à la plume, & surtout en petit, sont précieux: on y remarque quelques incorrections & quelques affectations, sur - tout à faire des doigts extrèmement longs; mais on ne voit guere ailleurs une touche plus legere & plus spirituelle. Enfin dans les tours de ses figures il regne une flexibilité qui fait valoir ses desseins, lors même qu'ils pechent par la justesse des proportions.

Les Carraches, qui ont acquis tant de gloire & de réputation, étoient Louis, Augustin, & Annibal Carrache, tous trois de Bologne.

Carrache, (Louis) né à Bologne en 1555, décéda dans la même ville en 1619. Louis Carrache étoit un de ces genies tardifs, lents à se développer, mais qui venant à leur point de maturité, brillent tout - à - coup, & laissent le spectateur dans un étonnement mêlé de plaisir. La vûe des merveilles de l'art jointe à un travail soûtenu, l'égalerent aux plus grands peintres d'Italie. Au goût maniéré qui regnoit de son tems à Rome, Louis Carrache opposa l'imitation de la nature & les beautés de l'antique. Dans cette vûe il établit à Bologne une académie de Pein<pb->

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