ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"322"> tres qui ont embelli cette ville. Il a peint avec succes des sujets d'histoire & de caprice. Sa touche est d'une legereté charmante, & son coloris d'une grande fraîcheur. Son fils Charles Parrocel, mort en 1752, a excellé dans le genre de son pere.

Les Boullongne, freres, (Bon & Louis) ont rendu leurs noms célebres dans l'école françoise. Bon Boullongne, né à Paris en 1649, mourut dans cette ville en 1717. Il étudia en Italie les ouvrages des plus grands artistes, & s'acquit beaucoup de facilité à saisir leur maniere. A son retour en France, Louis XIV. l'employa long - tems à décorer plusieurs de ses palais. Il étoit habile dessinateur & excellent coloriste.

Louis Boullongne, né à Paris en 1654, & mort dans la même ville en 1733, s'est distingué dans la Peinture, quoique moins éminemment que son frere.

Santerre, (Jean - Baptiste) né près de Pontoise en 1651, mort à Paris en 1717; a fait d'excellens tableaux de chevalet, d'un coloris vrai & tendre. Il a excellé à peindre des sujets d'histoire & de caprice, principalement des têtes de fantaisie, & des demi-figures. Ses morceaux de peinture les plus estimés, sont les Femmes qui lisent à la chandelle, celle qui des<-> sine à la lumiere, la Femme voilée, la Coupeuse de choux, L'Uranie, les trois Parques en trois tableaux, le Chasseur, le Ramonneur, la Dormeuse, la Géométrie, la Peinture, la Susanne, qui est son tableau pour l'académie; la Chanteuse, la Pélerine, les Curieuses, la Coquette, la Femme en colere, la Femme qui rend un billet, le Fumeur, une descente de Croix, &c.

Cet ingénieux artiste avoit un pinceau séduisant, un dessein correct, une touche fine. Il donnoit à ses têtes une expression gracieuse: ses teintes sont brillantes, & ses carnations fraîches. Ses attitudes sont encore d'une grande vérité; mais le froid de son caractere a passé quelquefois dans ses ouvrages. Il avoit un recueil de desseins de femmes nues, de la derniere beauté; il crut devoir le supprimer dans une maladie, & c'est une perte pour les beaux - Arts. On a beaucoup gravé d'après Santerre.

Largilliere, (Nicolas de) né à Paris en 1656, mort dans la même ville en 1746. C'est un de nos bons peintres en portraits, pour la ressemblance, les mains & les draperies. On a beaucoup gravé d'après ce maître, ami & rival de Rigault. M. Oudry peintre de mérite, a été un des éleves de Largilliere.

Coypel, (Antoine) né à Paris en 1661, mort dans la même ville en 1722. Il est fils de Noël Coypel, & l'a surpassé: on admire dans ses ouvrages la beauté de son génie, & l'éclat de son pinceau. M. le duc d'Orléans devenu régent du royaume, l'employa à peindre la galerie du palais royal, où il a représenté l'histoire d'Enée.

Desportes, (François) né en Champagne en 1661, mort à Paris en 1743. Il étoit habile dans le portrait & dans la perspective aërienne; mais il excelloit à peindre des grotesques, des animaux, des fleurs, des fruits, des légumes, des paysages, des chasses: son pinceau guidé par la nature, en suivit la variété. Sa touche est vraie, legere, facile, & ses couleurs locales bien entendues. Il regne dans ses tableaux, qui sont pour la plûpart distribués dans les châteaux du Roi, une harmonie, une fécondité, un bon goût auquel on ne peut refuser des éloges. Voyez le dict. des beaux - Arts.

Rigault, (Hyacinthe) né à Perpignan en 1663, mort à Paris en 1743. On le nomme le Vandyck de la France; en effet, aucun de nos peintres ne l'a surpassé pour le portrait. Il a été comblé de bienfaits & de faveurs de la Cour. Il a peint les mains à merveille, & les étoffes avec un art séduisant. Ses couleurs & ses teintes sont d'une vivacité & d'une fraîcheur admirables.

Il n'a composé que quelques tableaux d'Histoire; mais celui où il a représenté le cardinal de Bouillon ouvrant l'année sainte, est un chef - d'oeuvre égal aux beaux ouvrages de Rubens. Cependant on remarque dans les tableaux du dernier tems de Rigault, des contours secs, & un ton de couleur qui tire sur le violet. On lui reproche aussi d'avoir mis trop de fracas dans ses draperies, ce qui détourne l'attention dûe à la tête du portrait.

Troy, (Jean - François de) fils & éleve de François de Troy, naquit à Paris en 1676, & mourut à Rome en 1752. C'est un des grands peintres de l'école fran<-> çoise. Il regne dans ses ouvrages un excellent goût de dessein, un très - beau fini, un coloris suave & piquant, une belle ordonnance, & des expressions nobles & frappantes.

Raoux, (Jean) né à Montpellier en 1677, mort à Paris en 1734. Il est inégal; mais quand il a réussi dans ses morceaux de caprice, il a presqu'égalé le Rembrant. Ses Vestales sont charmantes, & son satin est admirable; mais son coloris est foible.

Vanloo, (Jean - Baptiste) né à Aix en 1684, mort dans la même ville en 1745. Cet illustre artiste est fameux dans le portrait, mais il a aussi très - bien réussi à peindre l'Histoire: nos églises sont ornées de ses belles productions.

Louis - Michel & Charles - Amédée - Philippe Vanloo, sont ses fils & ses éleves: celui - là premier peintre du roi d'Espagne, & celui - ci premier peintre du roi de Prusse, font revivre avec distinction les grands talens de leur pere & de leur maître. Enfin ce nom célebre dans la Peinture, acquiert un nouvel éclat par le mérite de M. Charles - André Vanloo le jeune, frere & éleve de Jean - Baptiste. Il est un des professeurs de l'académie de Peinture de Paris.

Watteau, (Antoine) né à Valenciennes en 1684, mort près de Paris en 1721. C'est le peintre des fetes galantes & champêtres; il a été dans le gracieux, à - peu - près ce que Téniers a été dans le grotesque. Tout devient charmant sous le pinceau de Watteau; il rendoit la nature avec une vérité frappante, & a parfaitement touché le paysage: ses desseins sont admirables. On a considérablement gravé d'apres cet aimable artiste.

Moine, (François le) né à Paris en 1688, mort dans la même ville en 1737. Son génie, & les études qu'il fit en Italie d'après les plus grands maîtres, l'ont conduit au sommet du parnasse; car les peintres montent sur le parnasse, aussi - bien que les poëtes. Il a immortalisé son pinceau par l'apothéose d'Hercule: la plûpart de ses autres ouvrages sont dans nos églises. On sait le sujet de sa triste mort; envié de ses confreres, & se croyant mal récompensé de M. le cardinal de Fleury, il tomba dans une noire mélancolie, & se tua de desespoir.

C'est sous ce grand maître qu'ont étudié MM. Natoire & Boucher; l'un compositeur plein d'esprit, dessinateur élégant; l'autre correct, facile, & toûjours gracieux.

Lancret, (Nicolas) né à Paris en 1690, est décédé dans la même ville en 1745. Eleve de Watteau, il ne l'a pas égalé; mais il a fait des choses agréables, & d'une composition riante. On a gravé d'après lui des morceaux gracieux.

Coypel, (Noël - Nicolas) né à Paris en 1692, mort dans la même ville en 1735. Il étoit frere d'Antoine Coypel; & quoiqu'il ne l'ait pas égalé, il mérite cependant un rang distingué parmi nos peintres. Son dessein est correct, son pinceau moëlleux; sa touche est legere, & ses compositions sont riches.

Coypel, (Charles) né en 1699, mort à Paris en 1752. Héritier d'un grand nom dans les Arts & dans la Peinture, il le soûtint avec dignité: ses ouvrages pittoresques sont la plûpart d'une belle composition, [p. 323] d'une touche facile, & d'un brillant coloris. Cet artiste ingénieux & très - instruit des Belles - Lettres, s'est encore fait honneur par ses discours académiques, & par des pieces de théatre connues seulement de ses amis dans Paris; & à la Cour, de monseigneur le Dauphin. Article de M. le Chevalier de Jau<-> court.

Ecole Hollandoise (Page 5:323)

Ecole Hollandoise, (Peinture.) Voici, ce me semble, le précis des meilleures observations qui ont été faites sur les ouvrages de cette école, plus recherchés aujourd'hui qu'ils ne l'étoient sous le siecle de Louis XIV. Ils tiennent du goût & des défauts des Flamands & des Allemands, au milieu desquels vivoient les peintres de la Hollande. On les distingue à une représentation de la nature, telle qu'on la voit avec ses défauts; à une parfaite intelligence du clairobscur; à un travail achevé; à une propreté charmante; à une exactitude singuliere; à un art admirable dans la représentation des paysages, des perspectives, des ciels, des animaux, des fleurs, des fruits, des insectes, des sujets de nuit, des vaisseaux, des machines, & autres objets qui ont rapport au Commerce & aux Arts; mais il ne faut pas chercher chez eux la beauté de l'ordonnance, de l'invention & de l'expression, qu'on trouve dans les ouvrages de France & d'Italie.

Nous voyons quantité de peintres hollandois doüés d'un génie rare pour la méchanique de leur art, & sur - tout d'un talent merveilleux, soit pour le paysage, soit pour imiter les effets du clair - obscur dans un petit espace renfermé. Ils ont l'obligation de ce talent à une présence d'esprit & à une patience singuliere, laquelle leur permet de s'attacher longtems sur un même ouvrage, sans être dégoûtés par ce dépit qui s'excite dans les hommes d'un tempérament plus vif, quand ils voyent leurs efforts avorter plusieurs fois de suite.

Ces peintres flegmatiques & laborieux ont donc la persévérance de chercher par un nombre infini de tentatives, souvent réitérées sans fruit, les teintes, les demi - teintes, enfin toutes les diminutions de couleurs nécessaires pour dégrader la couleur des objets, & ils sont ainsi parvenus à peindre la lumiere même. On est enchanté par la magie de leur clairobscur; les nuances ne sont pas mieux fondue, dans la nature que dans leurs tableaux. Mais ces peintres amufans ont assez mal réussi dans les autres parties de l'art, qui ne sont pas les moins importantes: sans invention dans leurs expressions, incapables pour l'ordinaire de s'élever au - dessus de la nature qu'ils ont devant les yeux, ils n'ont guere peint que des passions basses, ou bien une nature ignoble, & ils y ont excellé.

La scene de leurs tableaux est une boutique, un corps - de - garde, ou la cuisine d'un paysan; leurs héros sont des faquins, si je puis le dire avec l'abbé du Bos. Ceux des peintres hollandois dont je parle, qui ont fait des tableaux d'Histoire, ont peint des ouvrages admirables pour le clair - obscur, mais bien foibles pour le reste: les vêtemens de leurs personnages sont extravagans, & les expressions de ces personnages sont encore basses & comiques. Ces peintres peignent Ulysse sans finesse, Susanne sans pudeur, & Scipion sans aucun trait de noblesse ni de courage. Le pinceau de ces froids artistes fait perdre à toutes les têtes illustres leur caractere connu.

Nos Hollandois, au nombre desquels je n'ai garde de comprendre ici tous les péintres de leur nation, mais dans le nombre desquels je comprends la plûpart des peintres flamands, ont bien connu la valeur des couleurs locales, mais ils n'en ont pas sû tirer le même avantage que les peintres de l'école vénitienne. Le talent de colorier comme l'a fait le Titien, demande de l'invention, & il dépend plus d'une imagination fertile en expédiens pour le mélange des couleurs, que d'une persévérance opiniâtre à refaire dix fois la même chose. Ces réflexions de l'abbé du Bos sont très - justes: cependant la persévérance opiniâtre dans le travail, est une qualité qui a produit des morceaux admirables dans tous les tems & dans tous les lieux; c'est par elle que le Dominiquin & tant d'autres, malgré le mépris de leurs confreres, ont porté leurs ouvrages à la perfection que nous leur connoissons. Je passe au caractere particulier des principaux peintres de l'école hollandoise.

Lucas de Hollande, né à Leyden en 1494, mort en 1533, peut être regardé comme le fondateur de l'école hollandoise. La nature le doüa de génie & de grands talens, qu'il perfectionna par une si forte application au travail, qu'elle altéra sa santé, & le conduisit au tombeau à l'âge de trente - neuf ans. Lucas s'occupoit jour & nuit à la peinture & à la gravûre; il grava quantité d'estampes au burin, à l'eau - forte, & en bois: il peignit à l'huile, à goüache, & sur le verre.

Rival & ami d'Albert Durer, ils s'envoyoient réciproquement leurs ouvrages, & travailloient concurremment souvent sur les mêmes sujets, par pure émulation. Albert dessinoit mieux que Lucas, mais ce dernier mettoit plus d'accord dans ses ouvrages; & comme il les finissoit extrèmement, il a porté dans sa nation ce goût pour le fini, dont elle est toûjours éprise: elle lui doit encore la magie du clairobscur, qu'elle a si bien perfectionnée. Il ne faut pas chercher dans les ouvrages de Lucas un pinceau moëlleux, l'art des draperies, ni la correction du dessein; mais il a donné beaucoup d'expression à ses figures; ses attitudes sont naturelles, & il a choisi un bon ton de couleur. Ses desseins ont été autrefois fort recherchés, & le Roi a des tentures de tapisserie faites d'apres les desseins de ce maître.

Voenius, (Otto) ou plûtôt Octave Van - Veen, né à Leyden en 1556, mort à Bruxelles en 1634. Après avoir été élevé dans les Belles - Lettres, il s'attacha à la Peinture, & demeura sept ans en Italie pour s'y perfectionner: ensuite il se retira à Anvers, & orna les églises de cette ville de plusieurs magnifiques tableaux. On trouve dans ses ouvrages une grande incelligence du clair - obscur, un dessein correct, des draperies bien jettées, une belle expression dans ses figures, & beaucoup de graces dans ses airs de têtes. On estime particulierement son triomphe de Bacchus, & la cene qu'il peignit pour la cathédrale d'Anvers. On peut ajoûter à sa gloire, qu'il a eu Rubens pour disciple.

Poëlemburg, (Corneille) né à Utrecht en 1586, mort dans la même ville en 1660. Il fit à Rome de bonnes études d'après nature, & d'après les meilleurs ouvrages qui embellissent cette capitale. Le grand - duc de Florence, & le roi d'Angleterre Charles I. ont employé long - tems le pinceau de ce maître. Le goût de Poëlemburg le portoit à travailler en petit, & ses tableaux dans cette forme sont précieux.

Heem, (Jean - David de) né en 1604, mort à Anvers en 1674. Ce maître s'attacha particulierement à peindre des fleurs, des fruits, des vases, des instrumens de Musique, & des tapis de Turquie. Il rend ces divers objets d'une maniere si séduisante, que le premier mouvement est d'y porter la main; son coloris est frais, & sa touche d'une legereté singuliere: les insectes paroissent être animés dans ses tableaux.

Rembrant Van - Ryn, fils d'un Meûnier, né en 1606 dans un village sur le bras du Rhin, mort à Amsterdam en 1674. Cet homme rare, sans avoir fait aucune étude de l'antique, dont il se moquoit, avoit tant de goût & de génie pour la Peinture, qu'il

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