ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Eclaircir (Page 5:269)

Eclaircir, en terme de Cloutier d'épingles, c'est polir les clous d'épingle, en les remuant dans un sac avec de la motte de tannerie, du son, &c. Voyez l'article Cloutier.

Eclaircir un cuir (Page 5:269)

Eclaircir un cuir, terme de Corroyeur, c'est lui donner le lustre avec l'épine - vinette. Voy. Corroyer.

Eclaircir (Page 5:269)

Eclaircir, (Jardinage.) c'est rendre un bois, une allée moins obscure, en l'élaguant & lui donnant de l'air.

On dit encore éclaircir un jeune bois, une pépiniere, une planche de laitues, & autres graines qui ont été semées trop dru, quand on en leve une partie pour faire mieux profiter ce qui reste. (K)

Eclaircir (Page 5:269)

Eclaircir, v. act. (Teinture.) c'est diminuer le brun ou le foncé de la couleur d'une étoffe. Voyez l'article Teinture.

ECLAIRCISSEMENT (Page 5:269)

ECLAIRCISSEMENT, s. m. (Belles - Lettres.) terme qui signifie proprement l'action de rendre une chose plus claire; il ne s'employe plus que dans le sens figuré, pour l'explication d'une chose obscure ou difficile. Ce n'est pas le seul mot de notre langue qui a perdu sa signification au sens propre. Voyez Ecrivain, &c. (O)

ECLAIRE (Page 5:269)

ECLAIRE, s. f. (Hist. nat. botan.) chelidonium, genre de plante à fleurs composées de quatre pétales disposés en forme de croix; il sort du calice un pistil qui devient dans la suite un fruit ou une silique, qui n'a qu'une capsule dont les panneaux tiennent à un chassis, & qui renferme des semences arrondies pour l'ordinaire. Tournefort, instit. rei herbar. Voyez Plante. (I)

Eclaire (Page 5:269)

Eclaire, (Pharm. Matiere médic.) ou grande Chelidoine, chelidonium majus. L'éclaire prise intérieurement, leve les obstructions, excite les urines & les sueurs, guérit la cachexie & l'hydropisie; est fébrifuge, & particulierement destinée à la jaunisse, & cela originairement sans doute à cause de son suc jaune (voyez Signature.) On prescrit la poudre de la racine seche, jusqu'à un demi - gros ou un gros, & une once de la racine fraiche infusée dans deux livres de vin, ou boüillie dans trois livres d'eau, & donnée à la dose de six onces. On mêle trois ou quatre gouttes du suc jaune de cette plante dans un verre de vin, ou dans quelque liqueur convenable.

Quelques - uns disent que la racine de cette plante étoit le remede spécifique de Vanhelmont contre l'hydropisie ascite.

Cette plante appliquée extérieurement, déterge & mondifie les ulceres & les plaies, sur - tout celles qui sont vieilles; on employe dans ces cas, soit ses feuilles pilées, soit sa poudre, soit son suc jaune.

Si on applique la même plante écrasée sur la dartre milliaire, elle l'arrête efficacement, & la guérit. Geoffroy, Mat. médic.

Mais c'est sur - tout pour les maladies des yeux qu'on a vanté cette plante. Le suc jaune qui découle de la tige que l'on a rompue, introduit dans l'oeil, est recommandé par quelques auteurs pour en déterger les ulceres, & pour en guérir les taies; mais comme il est fort âcre, on le mêle avec quelque liqueur convenable. L'eau distillée de la plante, passe aussi pour un merveilleux remede ophthalmique.

On tient dans les boutiques l'eau distillée de la plante, son extrait & sa racine séchée. Son eau est de la classe de ces eaux inutiles qui n'emportent de la plante qu'une odeur herbacée; c'est pourquoi on ne doit point du - tout ajoûter foi à ce qu'on dit de ses vertus.

Quelques auteurs disent qu'il ne faut pas donner cette plante en trop grande dose; & Emanuel Kaenig assûre que si l'on fait prendre l'infusion de deux onces de sa racine, elle produit des symptomes horribles. Lobel croit qu'il faut rarement s'en servir pour l'usa<cb-> ge intérieur, & Rai croit qu'il ne faut employer son suc, qui est très - âcre pour les maladies des yeux, qu'en y mêlant des remedes qui peuvent réprimer son acrimonie.

C'est de cette plante que l'on croyoit (selon Dioscoride) que les hirondelles se servoient pour rendre la vûe à leurs petits à qui on avoit crevé les yeux; mais Celse a rejetté cette prétendue vertu, qu'il a traitée de fabuleuse.

Les feuilles d'éclaire entrent dans l'onguent mondicatif d'ache, dans l'eau vulnéraire: sa racine, ses feuilles & son suc entrent dans l'emplâtre diabotu<-> num. (b)

ECLAIRÉ, CLAIRVOYANT (Page 5:269)

* ECLAIRÉ, CLAIRVOYANT, adj. (Gramm.) termes relatifs aux lumieres de l'esprit. Eclairé se dit des lumieres acquises; clairvoyant, des lumieres naturelles: ces deux qualités sont entr'elles, comme la science & la pénétration. Il y a des occasions où toute la pénétration possible ne suggere point le parti qu'il convient de prendre; alors ce n'est pas assez que d'être clairvoyant, il faut être éclairé; & réciproquement, il y a des circonstances où toute la science possible laisse dans l'incertitude: alors ce n'est pas assez que d'être éclairé, il faut être clairvoyant. Il faut être éclairé dans les matieres de faits passés, de lois prescrites, & autres semblables, qui ne sont point abandonnées à notre conjecture; il faut être clairvoyant dans tous les cas où il s'agit de probabilités, & où la conjecture a lieu. L'homme éclairé sait ce qui s'est fait; l'homme clairvoyant devine ce qui se fera: l'un a beaucoup lû dans les livres: l'autre sait lire dans les têtes. L'homme éclairé se décide par des autorités; l'homme clairvoyant, par des raisons. Il y a cette difference entre l'homme instruit & l'homme éclairé, que l'homme instruit connoît les choses, & que l'homme éclairé en sait encore faire une application convenable; mais ils ont de commun, que les connoissances acquises sont toûjours la base de leur mérite; sans l'éducation, ils auroient été des hommes fort ordinaires: ce qu'on ne peut pas dire de l'homme clairvoyant. Il y a mille hommes instruits pour un homme éclairé; cent hommes éclairés pour un homme clairvoyant; & cent hommes clairvoyans pour un homme de génie. L'homme de génie crée les choses; l'homme clairvoyant en déduit des principes; l'homme éclairé en fait l'application; l'homme instruit n'ignore ni les choses créées, ni les lois qu'on en a déduites, ni les applications qu'on en a faites: il sait tout, mais il ne produit rien.

ECLAIRER (Page 5:269)

ECLAIRER, v. n. (Chimie métall.) ou faire l'é<-> clair, se dit de l'état où un bouton de fin donne la lumiere étincelante qui succede au rouge - blanc qu'il avoit auparavant, & qui annonce le commencement de sa congellation. On dit, par exemple, le culot ne tardera pas à éclairer; on dit aussi dans le même sens, l'essai passe. Voyez Essai. (f)

ECLAT, LUEUR, CLARTÉ, SPLENDEUR (Page 5:269)

ECLAT, LUEUR, CLARTÉ, SPLENDEUR, synon. (Gram.) Eclat est une lumiere vive & passagere; lueur, une lumiere foible & durable; clar<-> , une lumiere durable & vive: ces trois mots se prennent au figuré & au propre; splendeur ne se dit qu'au figuré: la splendeur d'un empire. (O)

Eclat, Eclatant (Page 5:269)

Eclat, Eclatant, (Peinture.) on dit qu'un tableau a de l'éclat, lorsqu'il est clair presque partout, & que quoiqu'il y ait très - peu d'ombres pour faire valoir les clairs, il est cependant extrèmement brillant. (R)

ECLATANT (Page 5:269)

ECLATANT, adj. pris subst. (Bijoutier.) composition blanche dont l'éclat approche de celui du diamant, mais qui n'en a pas la solidité à beaucoup près: car c'est de toutes les pierres de composition la plus tendre.

ECLATANTE (Page 5:269)

ECLATANTE, adj. f. pris sub. les Artificiers appellent ainsi une espece de fusée, chargée de com<pb-> [p. 270] position de seu brillant, qui lui donne plus d'éclat que le seul charbon.

ECLATÉ (Page 5:270)

ECLATÉ, adj. en termes de Blason, se dit des lances & des chevrons rompus.

ECLATER (Page 5:270)

ECLATER, v. n. (Metteur - en - oeuvre.) c'est enlever l'émail de dessus une piece d'or émaillée: lorsqu'on veut le faire sans déteriorer l'ouvrage & gâter le flinqué, on prend un mêlange de tartre, de sel, & de vinaigre; on en forme une pâte, dont on enduit de toutes parts & à plusieurs couches épaisses la piece émaillée; on expose ensuite la piece à un feu couvert; & lorsque le tout est bien rouge, on le plonge avec vivacité dans un vase plein de vinaigre; l'amalgame se refroidit, se détache avec grand bruit, & emporte avec lui l'émail de dessus la piece d'or, qui ne recoit aucun dommage, & conserve son flinqué brillant.

Eclater (Page 5:270)

Eclater, (Jard.) se dit d'une branche que le vent a cassee, & qui a fait un éclat dans la tige. (K)

ECLECHES (Page 5:270)

ECLECHES, s. f. pl. (Jurispr.) démembremens de fief. Voyez l'article 57 de la coûtume de Boulogne; voyez Démembrement, Eclipser, & Fief. (A)

ECLECTIQUE (Page 5:270)

ECLECTIQUE, adj. (Med.) est le nom d'une secte de Medecins, dont Archigenes d'Apamée en Syrie, qui vivoit sous Trajan, étoit le chef.

Cinquante ou soixante ans avant lui, il y avoit eu un philosophe d'Alexandrie nommé Potamon (selon Diogene Laërce & Vossius), qui étoit auteur d'une secte de philosophes qu'on appelloit Eclectique, c'est à - dire choisissante, dans laquelle on faisoit profession de choisir ce que chacune des autres avoit de meilleur: ce que Potamon avoit pratiqué à l'égard de la Philosophie, Archigenes le fit dans la suite à l'égard de la Medecine; on ne découvre point, par ce que dit Galien d'Archigenes & de sa secte, en quoi consistoit ce qu'ils pouvoient avoir recueilli des autres systèmes. On trouve dans Aëtius divers extraits des ouvrages du même Archigenes, qui font voir qu'il possédoit bien la pratique; mais il n'y a rien aussi qui concerne le fond de son système, par rapport à la secte Eclectique. Ce medecin étoit contemporain de Juvénal, qui en parle de maniere à faire voir qu'il étoit dans un grand emploi. Extrait de le Clerc, hist. de la Medecine.

On ne pouvoit que réussir dans cette secte, parce que dans toute chose le parti le plus judicieux est d'être éclectique: c'est dequoi sont convaincus aujourd'hui les medecins les plus raisonnables, qui travaillent à rendre, autant qu'il est possible, la Medecine libre de toute secte, de toute hypothese; en rejettant tout ce qui est avancé sans démonstration, & en ne proposant que ce que personne ne peut refuser d'admettre, d'après ce que les anciens & les modernes ont établi solidement & sans aucun doute, & ce que leur propre expérience leur fait trouver tel. Voyez Démonstration. Voyez aussi l'article suivant. (d)

ECLECTISME (Page 5:270)

* ECLECTISME, s. m. (Hist. de la Philosophie anc. & mod.) L'éclectique est un philosophe qui foulant aux piés le préjugé, la tradition, l'ancienneté, le consentement universel, l'autorité, en un mot tout ce qui subjuge la foule des esprits, ose penser de lui - même, remonter aux principes généraux les plus clairs, les examiner, les discuter, n'admettre rien que sur le témoignage de son expérience & de sa raison; & de toutes les philosophies, qu'il a analysées sans égard & sans partialité, s'en faire une particuliere & domestique qui lui appartienne: je dis une philosophie particuliere & domestique, parce que l'ambition de l'éclectique est moins d'être le précepteur du genre humain, que son disciple; de réformer les autres, que de se réformer lui - même; de connoître la vérité, que de l'enseigner. Ce n'est point un homme qui plante ou qui seme; c'est un homme qui recueille & qui crible. Il joüiroit tranquillement de la récolte qu'il auroit faite, il vivroit heureux, & mourroit ignoré, si l'enthousiasme, la vanité, ou peut - être un sentiment plus noble, ne le faisoit sortir de son caractere.

Le sectaire est un homme qui a embrassé la doctrine d'un philosophe; l'éclectique, au contraire, est un homme qui ne reconnoît point de maître: ainsi quand on dit des Eclectiques que ce fut une secte de philosophes, on assemble deux idées contradictoires, à moins qu'on ne veuille entendre aussi par le terme de secte, la collection d'un certain nombre d'hommes qui n'ont qu'un seul principe commun, celui de ne soûmettre leurs lumieres à personne, de voir par leurs propres yeux, & de douter plûtôt d'une chose vraie que de s'exposer, faute d'examen, à admettre une chose fausse.

Les Eclectiques & les Sceptiques ont eu cette conformité, qu'ils n'étoient d'accord avec personne; ceux - ci, parce qu'ils ne convenoient de rien; les autres, parce qu'ils ne convenoient que de quel ques points. Si les Eclectiques trouvoient dans le Scepticisme des vérités qu'il falloit reconnoître, ce qui leur étoit contesté même par les Sceptiques, d'un autre côté les Sceptiques n'étoient point divisés entre eux: au lieu qu'un éclectique adoptant assez communément d'un philosophe ce qu'un autre éclectique en rejettoit, il en étoit de sa secte comme de ces sectes de religion, où il n'y a pas deux individus qui ayent rigoureusement la même façon de penser.

Les Sceptiques & les Eclectiques auroient pû prendre pour devise commune, nullius addictus ju<-> rare in verba magistri; mais les Eclectiques qui n'étant pas si difficiles que les Sceptiques, faisoient leur profit de beaucoup d'idées, que ceux - ci dédaignoient, y auroient ajoûté cet autre mot, par lequel ils auroient rendu justice à leurs adversaires, sans sacrifier une liberté de penser dont ils étoient si jaloux: nullum philosophum tam fuisse inanem qui non viderit ex vero aliquid. Si l'on réfléchit un peu sur ces deux especes de philosophes, on verra combien il étoit naturel de les comparer, on verra que le Scepticisme étant la pierre de touche de l'Eclec<-> tisme, l'éclectique devroit toûjours marcher à côté du sceptique pour recueillir tout ce que son compagnon ne réduiroit point en une poussiere inutile, par la sévérité de ses essais.

Il s'ensuit de ce qui précede, que l'Eclectisme pris à la rigueur n'a point été une philosophie nouvelle, puisqu'il n'y a point de chef de secte qui n'ait été plus ou moins éclectique; & conséquemment que les Eclectiques sont parmi les philosophes ce que sont les souverains sur la surface de la terre, les seuls qui soient restés dans l'état de nature où tout étoit à tous. Pour former son système, Pithagore mit à contribution les théologiens de l'Egypte, les gymnosophistes de l'Inde, les artistes de la Phénicie, & les philosophes de la Grece. Platon s'enrichit des dépouilles de Socrate, d'Héraclite, & d'Anaxagore; Zénon pilla le Pythagorisme, le Platonisme, l'Héraclitisme, le Cynisme: tous entreprirent de longs voyages. Or quel étoit le but de ces voyages, sinon d'interroger les différens peuples, de ramasser les vérités éparses sur la surface de la terre, & de revenir dans sa patrie remplis de la sagesse de toutes les nations? Mais comme il est presque impossible à un homme qui, parcourant beaucoup de pays, a rencontré beaucoup de religions, de ne pas chanceler dans la sienne, il est très - difficile à un homme de jugement, qui fréquente plusieurs écoles de philosophie, de s'attacher exclusivement à quelque parti,

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