ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"267"> lieu que tant que vivront ceux au profit de qui la renonciation est faite: de sorte que les freres & soeurs de la fille qui a renoncé, venant à décéder sans enfans, elle leur succede comme à une succession collatérale. Mornac, sur la loi 3. au digest. pro socio, l'a ainsi expliqué. Voyez Boucheul en son traité des con<-> ventions de succéder, ch. xxx. n. 51. & saiv. (A)

ECHYMOSE (Page 5:267)

ECHYMOSE, s. f. terme de Chirurgie, tumeur superficielle, molle, qui rend la peau livide ou bleue, & qui est produite par du sang épanché dans les cellules du tissu graisseux: les modernes donnent le nom d'infiltration à cette sorte d'épanchement. Voyez Infiltration.

Les causes des échymoses sont les chûtes, les coups, les tiraillemens, les extensions violentes, les fortes compressions, les ligatures trop long - tems serrées, &c. Ces différentes causes extérieures occasionnent la rupture des vaisseaux du tissu graisseux, & produisent l'échymose par l'extravasation du sang, même sans déchirure extérieure. L'échymose est un accident de la contusion, voyez Contusion. Il peut se faire une échymose considérable à la suite d'une contusion legere; il suffit pour cela qu'une veine rompue fournisse assez de sang pour remplir au loin les cellules du tissu adipeux. L'échymose ne paroît ordinairement que plusieurs heures après l'action de la cause qui l'occasionne.

Si l'on est appellé avant qu'il y ait eu beaucoup de sang extravasé, ou si celui - ci conserve encore sa fluidité, de maniere qu'il puisse refluer aisément dans ses vaisseaux, on doit, pour prévenir une plus grande extravasation, appliquer des topiques astringens & repercussifs, tels que le bol d'Arménie avec de l'oxicrat, ou de l'alun dissous dans le blanc d'oeuf, ou de l'eau saoulée de sel marin. J'ai souvent éprouvé avec le plus grand succès, l'application de la raclure de racine de couleuvrée fraîche, dans ces échy<-> moses des paupieres & de la conjonctive, connues du peuple sous le nom d'oeil poché.

Pour peu que les extravasations soient considérables, on doit commencer la cure par la saignée. Si l'on n'est appellé que quelques jours après l'accident, il faut employer des discussifs avec les astringens; ceux - ci fortifieront le ton des parties, & les premiers diviseront les humeurs grumelées, & les disposeront à la résolution. On remplira ces deux indications, en fomentant la partie avec une décoction de sommités de petite centaurée & d'absinthe, de fleurs de sureau, de camomille & de mélilot, cuites dans des parties égales de vin & d'eau. On peut appliquer en sachets les plantes qui ont servi à la décoction. La résolution des échymoses est annoncée par le changement de couleur; la partie qui étoit noire, devient d'un rouge - brun; le rouge s'éclaircit insensiblement, & la partie paroît ensuite d'un jaunefoncé qui prend successivement diverses nuances plus claires, jusqu'à ce que la peau soit dans son état naturel.

Il arrive quelquefois que la violence de la chûte ou du coup suffoque la chaleur de la partie blessée, en y éteignant le principe de la vie: alors les topiques froids & repercussifs seroient très - nuisibles dans les commencemens, ils produiroient la mortification. Dans ce cas on a recours aux scarifications, qu'on fait plus ou moins profondes, selon le besoin; c'est l'étendue de l'extravasation du sang en profondeur, & la considération de la nature de la partie lésée, qui doivent régler sur cet objet la conduite d'un chirurgien éclairé. Si la quantité du sang extravasé est considérable, & qu'il soit impossible de le rappeller dans les voies de la circulation, on doit ouvrir la tumeur, pour donner issue au sang épanché; c'est le seul moyen d'en prévenir la putréfaction, & peut - être la gangrene de la partie. Mais cette ouverture ne doit point se faire imprudemment ni trop à la hâte: quoique la partie paroisse noire, on ne doit pas toûjours craindre la mortification, ni croire l'impossibilité de la résolution, puisqu'il est naturel, dans ces cas, que la peau soit d'abord noire ou bleuâtre à la vûe. Il faut considérer attentivement si cette noirceur se dissipe pour un moment par l'impression du doigt, si elle est sans dureté, sans douleur & sans tumefaction considérables, & s'il reste encore une douce chaleur dans les parties affectées. Ces signes feront distinguer l'échymose de la gangrene; & de cette connoissance on tirera des inductions pour la certitude du prognostic, & pour asseoir les indications curatives. Fabrice de Hilden ayant été appellé le quatrieme jour pour voir un homme qui par une chûte de cheval s'étoit fait une contusion considérable au scrotum & à la verge, trouva ces parties un peu enflées, & noires comme du charbon, sans cependant beaucoup de douleur, ni aucune dureté. Il fit d'abord une embrocation avec l'huile - rosat; il saigna le malade, & appliqua le cataplasme suivant. Prenez des farines d'orge & de féves, de chacune deux onces; des roses rouges en poudre, une once: faites - les cuire dans le vin rouge avec un peu de vinaigre, jusqu'à la forme de cataplasme, auquel on ajoûtera un peu d'huile - rosat & un oeuf. On se servit de ce topique pendant quatre ou cinq jours, ensuite on fit des fomentations avec une décoction de racines de guimauve, de sommités d'absinthe, d'origan, d'aigremoine, de fleurs de roses, de sureau, de mélilot & de camomille, de semences d'anis, de cumin & de fénugrec, dans parties égales de vin & d'eau. On en bassinoit chaudement les parties affectées, trois ou quatre fois par jour, après quoi on les oignoit avec le liniment qui suit. ... Prenez des huiles d'anet, de camomille & de vers, de chacune une once: du sel en poudre très - fine, deux gros: mêlez. Avec ces secours les parties contuses se rétablirent dans leur premier état, malgré la noirceur dont elles étoient couvertes.

L'esprit - de - vin, ou l'eau - de - vie simple ou camphrée qu'on applique sans inconvénient sur des échy<-> moses legeres, sont capables d'irriter beaucoup celles qui seroient menacées d'une inflammation prochaine: le docteur Turner en a vû souvent les mauvais effets. Il rapporte à ce sujet l'histoire d'un homme de sa connoissance, grand amateur de la Chimie, & partisan très - zélé de l'esprit - de - vin. Cet homme s'étant meurtri les deux jambes en sortant d'un bateau, confia une de ses jambes à Turner, & livra l'autre à un chimiste, qui devoit prouver la grande efficacité de l'esprit - de - vin dans la cure des contusions avec extravasation de sang. La violence des accidens qui survinrent, fit rejetter ce traitement au bout de quelques jours; & l'autre jambe, qui fut pansée avec un liniment composé de bol d'Arménie, avec l'huilerosat & le vinaigre, étoit presque guérie.

Il y a des personnes si délicates, qu'on ne peut les toucher un peu fort sans leur causer une échymose; on le remarque en saignant les personnes grasses. Peut - être la compression ne fait - elle dans ce cas que débiliter le ressort des vaisseaux, & y procurer un engorgement variqueux, sans extravasation.

On voit sur les bras & les jambes des scorbutiques, des grandes taches livides, qui sont des échy<-> moses de cause interne. Voyez Scorbut.

Il se fait sous les ongles, à l'occasion de quelque violence extérieure, un épanchement de sang qu'on peut mettre au rang des échymoses. Les topiques ne sont d'aucune utilité pour la résolution de ce sang; le plus sûr est de lui procurer une issue en ouvrant l'ongle: pour cet effet on le ratisse avec un verre jusqu'à ce qu'il soit tellement émincé, qu'il cede sous le doigt: on en fait alors l'ouverture avec la pointe [p. 268] d'un canif ou d'un petit bistouri: le sang sort par cette ouverture: sans cette précaution il auroit pû se putréfier, & causer la chûte de l'ongle. Cette petite opération n'exige aucun pansement; il suffit au plus d'envelopper l'extrémité du doigt avec une bandelette de linge fin pendant quelques jours. (Y)

ECLAIR (Page 5:268)

ECLAIR, s. m. (Phys.) on donne ce nom à une grande flamme fort brillante qui s'élance tout - à - coup dans l'air, & qui se répand de toutes parts, mais cesse sur le champ.

Il fait des éclairs lorsque le tems est beau & serein, & de même que lorsque l'air est couvert de nua ges; mais on en voit rarement, sans avoir eu aupa ravant un ou plusieurs jours chauds: ils paroissent souvent sans qu'il y ait de tonnerre.

La matiere de l'éclair est composée de tout ce qu'il y a d'oléagineux & de sulphureux dans les vapeurs qui s'élevent de la terre. La flamme est d'autant plus grande, que la quantité de matiere réunie est plus considérable. Cette matiere prend feu par le mélange des vapeurs, & c'est dans ce cas - là qu'elle peut causer quelque dommage.

Quand la flamme parcourt d'un bout à l'autre avec beaucoup de vîtesse toute la traînée de la foudre, elle pousse ou emporte avec elle certaines parties qui ne sauroient s'enflammer avec la même vîtesse: lorsqu'elle les a rassemblées, qu'elle les a en même - tems fort échauffées, ensorte qu'elles puissent s'enflammer avec l'autre matiere, tout éclate & se disperse avec une violence étonnante, & on entend alors ce bruit qui retentit dans l'air, & auquel nous donnons le nom de tonnerre, & dont l'éclair est l'avant - coureur.

On voit souvent paroître dans l'air, avant qu'il fasse des éclairs & du tonnerre, des nuées épaisses & sombres, qui paroissent s'entre - choquer & se croiser en suivant toutes sortes de directions; par où l'on peut juger sans peine du tems qu'on doit avoir bientôt après. La matiere de la foudre vient - elle après cela à prendre feu, ces nuées se condensent encore beaucoup plus qu'auparavant, & dans l'instant elles se convertissent en gouttes d'eau qui tombent en maniere de grosse pluie. Il est rare qu'un orage accompagné d'éclairs & de tonnerre, continue quelque tems sans qu'il survienne une grosse pluie. Lorsque ces sortes d'ondées viennent à tomber, elles emportent ordinairement avec elles beaucoup de cette matiere qui produit la foudre; ce qui fait que l'orage cesse beaucoup plûtôt lorsqu'il pleut, que lorsqu'il fait un tems sec.

La nuée est aussi quelquefois si épaisse, qu'elle empêche de voir la lumiere de l'éclair; desorte qu'on entend alors le tonnerre gronder, sans que l'éclair ait paru auparavant. Mussch. essai de Phys. §. 1702 & suiv. Voyez Foudre, Tonnerre.

Par l'intervalle de tems qui se trouve entre l'éclair & le coup de tonnerre, on peut juger, quoiqu'à la vérité assez grossierement, à quelle distance est le tonnerre: voici comment. On examinera sur une pendule à secondes, l'intervalle qui se trouve entre l'é<-> clair & le coup; & pour déterminer la distance où est le tonnerre, on prendra autant de fois 173 toises, qu'il y a de secondes écoulées entre le coup & l'éclair. Ce calcul est fondé sur ce que la lumiere de l'éclair vient à nos yeux presque dans un instant, au lieu que le bruit du coup employe un tems très - sensible pour arriver à notre oreille, le son ne parcourant qu'environ 173 toises par seconde. Au reste il est visible que ce moyen de déterminer la distance du tonnerre, ne peut être qu'assez grossier, comme nous l'avons dit; car outre qu'une petite erreur dans l'observation du tems, en produit une de plusieurs toises, ce calcul suppose que le bruit du tonnerre vienne toûjours directement à nous, & non par réflexion, ce qui est rare. (O)

Eclair (Page 5:268)

Eclair, (Chymie métall.) lumiere ou fulguration vive & ébloüissante que donne l'argent en bain, dans l'instant où il perd son état de fluidité. Pour donner une juste idée de ce phénomene, on ne peut mieux le comparer qu'aux derniers traits de feu dardés par une lumiere ou un charbon prêt à s'éteindre. Il est à présumer qu'il est dû à des particules ignées pures, s'échappant avec rapidité hors du corps embrasé, soit par leur élasticité, soit par le rapprochement des parties de ce même corps; & passant à - travers des pores, dans lesquels elles souffrent plusieurs réfractions, ainsi qu'on peut s'en convaincre dans un fourneau dont le feu est animé par le jeu de l'air. Si l'on y examine un espace étroit formé par l'écartement de trois ou quatre charbons, ou même l'extérieur de certains charbons en particulier, on y voit la même chose de la part des rayons de feu lancés à - travers la couche legere de cendres qui revêtent leur surface. On conçoit aisément que l'éclair est plus sensible dans un gros bouton que dans un petit, & quand l'argent est pur, que quand il contient encore quelques portions de cuivre ou de plomb. Le cuivre fait aussi son éclair, mais d'une autre façon que l'argent. On appelle ainsi les belles couleurs d'iris qui circulent rapidement à sa surface, quand il est rassiné & sur le point de se congeler. Quant aux circonstances qui précedent, accompagnent & suivent l'é<-> clair, voyez les articles Essai, Affinage & Raffinage de l'argent. (f)

Eclair (Page 5:268)

Eclair ou Jet de flamme, ospece d'Artifice dont voici la composition.

Toutes les liqueurs spiritueuses & sulphureuses, comme l'eau - de - vie, l'esprit - de - vin, & plusieurs autres, étant jettées sur le feu d'une chandelle, ou encore mieux d'une lance à feu, s'allument en l'air si subitement, que la flamme s'étend dans tout l'espace où elle se trouve dans l'instant qu'une de ses parties touche le feu, & se consume avant qu'elle ait eu le tems de retomber, ce qui produit l'effet d'un éclair; ainsi pour en faire paroître un sur un théatre d'artifice, il n'y a qu'à en pousser une bousfée avec une seringue par - dessus des lances à feu.

Il est une sorte d'eau plus propre à cet effet, qu'on appelle pour cette raison eau ardente, dont voici la composition.

On met dans une cornue ou dans un vase bien lutté, deux pintes de bon vinaigre, avec une bonne poignée de tartre de Montpellier, & autant de sel commun, & l'on fait distiller ce mêlange pour en tirer l'eau ardente. Quelques - uns y ajoûtent du sal petre, sans cependant qu'on s'apperçoive d'un plus grand effet; mais on peut en diversifier la flamme, en mêlant dans la composition, de l'ambre & de la colophone.

On prend de cette eau dans une seringue, & on la jette de loin sur des lumieres de feu, de quelqu'espece qu'elles soient; elle s'enflamme en l'air, & dis paroît dans un instant, comme un éclair.

ECLAIRCIE (Page 5:268)

ECLAIRCIE, s. f. (Marine.) on donne ce nom à ces intervalles de lumiere, ou même à ces espaces du ciel qui se découvrent & qui passent avec vîtesse, dans des tems de brume & de nuages. (Z)

ECLAIRCIR, EXPLIQUER, DEVELOPPER (Page 5:268)

ECLAIRCIR, EXPLIQUER, DEVELOPPER une matiere, un livre, une proposition, &c. synon. (Gram.) On éclaircit ce qui étoit obscur, parce que les idées y étoient mal présentées: on explique ce qui étoit difficile à entendre, parce que les idées n'étoient pas assez immédiatement déduites les unes des autres: on développe ce qui renferme plusieurs idées réellement exprimées, mais d'une maniere si serrée, qu'elles ne peuvent être saisies d'un coup d'oeil. (O)

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