ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Les Juifs n'ont point mis cet ouvrage au rang des livres canoniques; & dans les anciens catalogues des livres sacrés reconnus par les Chrétiens, il n'est mis qu'au nombre de ceux qu'on lisoit dans l'Eglise avec édification, & distingué des livres canoniques: cependant plusieurs peres des premiers siecles l'ont cité sous le nom d'Ecriture - sainte. Saint Cyprien, S. Ambroise & S. Augustin l'ont reconnu pour canonique, & il a été déclaré tel par les conciles de Carthage, de Rome sous le pape Gelase, & de Trente. Le P. Calmet en attribue la composition au traducteur du livre de la Sagesse.

On trouve souvent dans les manuscrits & dans les imprimés le livre de l'ecclésiastique cité par cette abbréviation, eccli. pour le distinguer de l'ecclésiaste qu'on désigne par celle - ci, eccle. ou eccl. (G)

Ecclésiastique (Page 5:223)

Ecclésiastique, adj. se dit de tout ce qui appartient à l'Eglise. Voyez Eglise.

Ainsi l'histoire ecclésiastique est l'histoire de ce qui est arrivé dans l'Eglise depuis son commencement; M. Fleuri nous l'a donnée dans un - ouvrage excellent qui porte ce titre: il a joint à l'ouvrage des discours raisonnés, plus estimables & plus précieux encore que son histoire. Ce judicieux écrivain, en développant dans ces discours les moyens par lesquels Dieu a conservé son Eglise, expose en même tems les abus de toute espece qui s'y sont glissés. Il étoit avec raison dans le principe, « qu'il faut dire la vérité toute entiere; que si la religion est vraie, l'histoire de l'Eglise l'est aussi; que la vérité ne sauroit être opposée à la vérité, & que plus les maux de l'Eglise ont été grands, plus ils servent à confirmer les promesses de Dieu, qui doit la défendre jusqu'à la fin des siecles contre les puissances & les efforts de l'enfer ». (O)

Nouvelles ecclésiastiques, est le titre très - impropre d'une feuille, ou plûtôt d'un libelle périodique, sans esprit, sans vérité, sans charité, & sans aveu, qui s'imprime clandestinement depuis 1728, & qui paroît régulierement toutes les semaines. L'auteur anonyme de cet ouvrage, qui vraissemblablement pourroit se nommer sans être plus connu, instruit le pablic quatre fois par mois des avantures de quelques clercs tonsurés, de quelques soeurs converses de quelques prêtres de paroisse, de quelques moines, de quelques convulsionnaires, appellans & réappellans; de quelques petites sievres guéries par l'intercession de M. Paris; de quelques malades qui se sont crûs soulagés en avalant de la terre de son tombeau, parce que cette terre ne les a pas étouffés, comme bien d'autres. A ces objets si intéressans le même auteur a joint depuis quelque tems de grandes déclamations contre nos académies, qu'il assûre être peuplées d'incrédules, parce qu'on n'y croit pas aux miracles de saint Medard, qu'on n'y a point de convulsions, & qu'on n'y prophétise pas la venue d'Elie. Il assûre aussi que les ouvrages les plus célebres de notre siecle attaquent la religion, parce qu'on n'y parle point de la constitution unigenitus, & qu'ils sont l'apologie du matérialisme, parce qu'on n'y soûtient pas les idées innées. Quelques personnes paroissent surprises que le gouvernement qui réprime les faiseurs de libelles, & les magistrats qui sont exempts de partialité comme les lois, ne sévissent pas efficacement contre ce ramas insipide & scandaleux d'absurdités & de mensonges. Un profond mépris est sans doute la seule cause de cette indulgence: ce qui confirme cette idée, c'est que l'auteur du libelle périodique dont il s'agit est si malheureux, qu'on n'entend jamais citer aucun de ses traits; humiliation la plus grande qu'un écrivain satyrique puisse recevoir, puisqu'elle suppose en lui la plus grande ineptie dans le genre d'écrire le plus facile de tous. Voyez Convulsionnaires. (O)

Ecclésiastique (Page 5:223)

Ecclésiastique, (Jurssprud.) il se dit des personnes & des choses qui appartiennent à l'église.

Les personnes ecclésiastiques ont d'abord été appellées clercs, & on leur donne encore indifféremment ce nom, ou celui d'ecclésiastiques simplement. On comprend sous ce nom tous ceux qui sont engagés dans l'état ecclésiastique, c'est - à - dire qui sont destinés au service de l'église, à commencer depuis le souverain pontife & les autres archevêques, évêques & abbés; les prêtres, diacres, soudiacres; ceux qui ont les quatre ordres mineurs, & jusqu'aux simples clercs tonsurés.

Le nombre des clercs ou ecclésiastiques étoit autrefois réglé: il n'y avoit point d'ordination vague: chacun étoit attaché par son ordination à une église particuliere, aux biens de laquelle il participoit à proportion du service qu'il lui rendoit. Le concile de Nicée & celui d'Antioche ordonnent encore la stabilité des clercs dans le lieu de leur ordination.

Présentement ce ne sont ni les bénéfices ni les dignités & offices dans l'église, qui donnent à ceux qui en sont pourvus la qualité de personnes ecclésias<-> tiques, mais le caractere qu'ils ont reçû par le ministere de leur supérieur ecclésiastique. Pour avoir ce caractere, il suffit d'être engagé dans les ordres de l'église, ou au moins d'avoir reçû la tonsure. Le nombre des clercs n'est plus limité, & l'on en reçoit autant qu'il s'en préseute de capables, sans qu'ils ayent aucun titre, c'est - à - dire aucun bénéfice ni patrimoine, excepté pour l'ordre de prêtrise, à l'égard duquel il faut un titre clérical. Voyez Titre clérical.

Les moines & religieux étoient autrefois personnes laïques; ils ne furent appellés à la cléricature que par le pape Sirice, à cause de la disette qu'il y avoit alors de prêtres, par rapport aux persécutions que l'on faisoit souffrir aux chrétiens.

Dans le jx. siecle l'état des moinés étoit regardé comme le premier degré de la cléricature. Photius fut d'abord fait moine, ensuite lecteur.

Présentement tous les religieux & religieuses, les chanoines réguliers, les chanoinesses, les soeurs & freres convers dans les monasteres, les soeurs des communautés de filles qui ne sont que des voeux simples, même les ordres militaires qui sont réguliers ou hospitaliers, sont réputés personnes ecclesiastiques, tant qu'ils demeurent dans cet état.

On fait néanmoins une différence entre ceux qui sont engagés dans les ordres ou dans l'état ecclésiasti<-> que, d'avec ceux qui sont simplement attachés au service de l'église; les premiers sont les seuls ecclé<-> siastiques proprement dits, & auxquels la qualité d'ecclésiastiques est propre: les autres, tels que les religieuses & chanoinesses, les freres & soeurs convers, les ordres militaires réguliers & hospitaliers, ne sont pas des ecclésiastiques proprement dits, mais ils sont réputés tels; c'est pourquoi ils sont sujets à certaines regles qui leur sont communes avec les clercs ou ecclésiastiques, & participent aussi à plusieurs de leurs priviléges.

On distingue aussi deux sortes d'ecclésiastiques; les uns qu'on appelle séculiers, d'autres réguliers. Les premiers sont ceux qui sont engagés dans l'état ec<-> clésiastique, sans être astraints à aucune autre regle particuliere. Les réguliers sont ceux qui, outre l'état ecclésiastique, ont embrassé un autre état régulier, c'est - à - dire qui les astraint à une regle particuliere, comme les chanoines réguliers, tous les moines & religieux, & même ceux qui sont d'un ordre militaire régulier & hospitalier.

Les ecclésiastiques considérés collectivement, forment tous ensemble un ordre ou état que l'on appelle l'état ecclésiastique, ou de l'Eglise, ou le clergé.

Ceux qui sont attachés à une même église, for<pb-> [p. 224] ment le clergé de cette église; si ce sont des chanoines, ils forment une collégiale ou chapitre. Les ec<-> clésiastiques de toute une province ou diocèse, forment le clergé de cette province ou diocèse.

Les ecclésiastiques de France forment tous ensemble le clergé de France.

Les assemblées que les ecclésiastiques forment entr'eux pour les affaires spirituelles, reçoivent différens noms selon la nature de l'assemblée.

Quand on assemble tous les prélats de la Chrétienté, c'est un concile oecuménique.

S'il n'y a que ceux d'une même nation, le concile s'appelle national.

Si ce sont seulement ceux d'une province, alors c'est un concile provincial.

Les assemblées diocésaines composées de l'évêque, des abbés, prêtres, diacres, & autres clercs du diocèse, sont nommées synodes. Voyez ce qui a été dit à ce sujet au mot Concile.

L'assemblée des membres d'une cathédrale ou collégiale ou d'un monastere, s'appelle chapitre. Voyez Chapitre.

Les ecclésiastiques ont toûjours été soûmis aux puissances, & obéissoient aux princes même payens, en tout ce qui n'étoit pas contraire à la vraie religion: si plusieurs d'entr'eux poussés par un esprit d'ambition & de domination ont en divers tems fait des entreprises pour se rendre indépendans dans les choses temporelles, & s'élever même au - dessus des souverains; s'ils ont quelquefois abusé des armes spirituelles contre les laïcs, ce sont des faits personnels à leurs auteurs, & que l'Eglise n'a jamais approuvés.

Pour ce qui est de la puissance ecclésiastique par rapport au spirituel, on en parlera au mot Puissance.

Dans la primitive Eglise, ses ministres ne subsistoient que des offrandes & aumônes des fidéles; ils contribuoient cependant dès - lors, comme les autres sujets, aux charges de l'état. Jesus - Christ lui - même a enseigné que l'Eglise devoit payer le tribut à César; il en a donné l'exemple en faisant payer ce tribut pour lui & pour S. Pierre: la doctrine des apôtres & celle de S. Paul, sont conformes à celle de Jesus - Christ, & celle de l'Eglise a toûjours été la même sur ce point.

Depuis que l'Eglise posséda des biens fonds, ce que l'on voit qui avoit déjà lieu dès le commencement du jve siecle, & même avant Constantin le Grand, les clercs de chaque église y participoient selon leur état & leurs besoins; ceux qui avoient un patrimoine suffisant, n'étoient point nourris des revenus de l'église: tous les biens d'une église étoient en commun, l'évêque en avoit l'intendance & la disposition.

Les conciles obligeoient les clercs à travailler de leurs mains pour tirer leur subsistance de leur travail, plûtôt que de rien prendre sur un bien qui étoit consacré aux pauvres: ce n'étoit à la vérité qu'un conseil; mais il étoit pratiqué si ordinairement, qu'il y a lieu de croire que plusieurs le regardoient comme un précepte. C'en étoit un du moins pour plusieurs des clercs inférieurs, lesquels étant tous mariés, & la distribution qu'on leur faisoit ne suffisant pas pour la dépense de leur famille, étoient souvent obligés d'y suppléer par le travail de leurs mains.

Il y a encore moins de doute par rapport aux moines, dont les plus jeunes travailloient avec assiduité, comme le dit Severe Sulpice en la vie de saint Martin.

Les plus grands évêques qui avoient abandonné leur patrimoine après leur ordination, travailloient des mains à l'exemple de S. Paul, du moins pour s'occuper dans les intervalles de tems que leurs fonctions leur laissoient libres.

Vers la fin du jve siecle, on commença en Occi<cb-> dent à partager le revenu de l'Eglise en quatre parts; une pour l'évêque, une pour son clergé & pour les autres ecclésiastiques du diocèse, une pour les pauvres, l'autre pour la fabrique: les fonds étoient encore en commun; mais les inconvéniens que l'on y trouva, les firent bien - tôt partager aussi - bien que les revenus, ce qui forma les bénéfices en titre. Voyez Bénéfices & Dignités, & ci - après Eglise, Office, Personnat

Chaque église en corps ou chaque clerc en particulier depuis le partage des revenus & des fonds, contribuoient de leurs biens - aux charges publiques. Les ecclésiastiques n'eurent aucune exemption jusqu'au tems de Constantin le Grand. Cet empereur & les autres princes Chrétiens qui ont regné depuis, leur ont accordé différens priviléges, & les ont exemptés d'une partie des charges personnelles, exemptions qui ont reçu plus ou moins d'étendue, selon que le prince étoit disposé à favoriser les ecclésiastiques, & que les besoins de l'état étoient plus ou moins grands; à l'égard des charges réelles qui étoient dûes à l'empereur pour la possession des fonds, les ecclésiastiques les payoient comme les autres sujets.

Ainsi Constantin le Grand accorda aux ecclésiasti<-> ques l'exemption des corvées publiques, qui étoient regardées comme des charges personnelles.

Sous l'empereur Valens cette exemption cessa; car dans une loi adressée, en 370, à Modeste préfet du prétoire, il soûmet aux charges de ville les clercs qui y étoient sujets par leur naissance, & du nombre de ceux qu'on nommoit curiales, à moins qu'ils n'eussent été dix ans dans l'état ecclésiastique.

Du tems de Théodose, ils payoient les charges réelles; en effet, S. Ambroise évêque de Milan disoit à un officier de l'empereur: Si vous demandez des tributs, nous ne vous les resusons pas; les terres de l'Eglise payent exactement le tribut. S. Innocent pape écrivoit de même, en 404, à S. Victrice évêque de Roüen, que les terres de l'Eglise payoient le tribut.

Honorius ordonna en 412, que les terres de l'Eglise seroient sujettes aux charges ordinaires, & les affranchit seulement des charges extraordinaires.

Justinien par sa novelle 37, permet aux évêques d'Afrique de rentrer dans une partie des biens dont les Ariens les avoient dépouillés, à condition de payer les charges ordinaires: ailleurs il exempte les églises des charges extraordinaires seulement; il n'exempta des charges ordinaires qu'une partie des boutiques de Constantinople, dont le loyer étoit employé aux frais des sépultures, dans la crainte que s'il les exemptoit toutes, cela ne préjudiciât au public.

Les papes mêmes, & les fonds de l'église de Rome, ont été tributaires des empereurs romains ou grecs jusqu'à la fin du viij. siecle; & S. Gregoire recommandoit aux défenseurs de Sicile, de faire cultiver avec soin les terres de ce pays, qui appartenoient au saint siége, afin que l'on pût payer plus facilement les impositions dont elles étoient chargées. Pendant plus de 120 ans, & jusqu'à Benoit II, le pape étoit confirmé par l'empereur, & lui payoit 20 liv. d'or; les papes ne sont devenus souverains de Rome & de l'exarcat de Ravenne, que par la donation que Pepin en fit à Etienne III.

Lorsque les Romains eurent conquis les Gaules, tous les ecclésiastiques y étoient gaulois ou romains, & par conséquent sujets aux tributs comme dans le reste de l'empire.

La monarchie françoise ayant été établie sur les ruines de l'empire, on suivit en France, par rapport aux ecclésiastiques, ce qui se pratiquoit du tems des empereurs.

Entre les ecclésiastiques, plusieurs étoient francs d'origine, d'autres étoient gaulois ou romains, & entre

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