ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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Puisqu'il y a, suivant les expériences de l'illustre Boyle, des ébullitions, même assez violentes, sans aucune chaleur, dont quelques - unes bien loin de s'échauffer, se refroidissent considérablement pendant l'ébullition, comme il arrive dans le mêlange d'huile de vitriol & du sel armoniac, & que d'un autre côté il se trouve des effervescences très - considérables sans aucune ébullition, comme dans le mêlange de l'huile de vitriol & de l'eau commune; il résulte que les ébullitions & les effervescences sont distinctes, & ne sont pas non plus des fermentations; parce que le caractere de la fermentation consiste dans une séparation naturelle de la matiere sulphureuse d'avec la saline, ou dans une conjonction naturelle de ces deux matieres, laquelle est souvent accompagnée d'effervescence: ce qui s'observe particulierement lorsque la matiere sulphureuse, aussi - bien que la saline, sont dans un haut degré de raréfaction.

Cependant la raison pourquoi on a confondu ces trois actions sous le nom de fermentation, est que les fermentations s'échauffent ordinairement, en quoi elles ressemblent aux effervescences, & qu'elles sont presque toûjours accompagnées de quelque gonflement, en quoi elles ressemblent aux ébullitions. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

Ebullition (Page 5:217)

Ebullition, s. f. (Physique.) est l'état de l'eau ou de toute autre fluide que la chaleur fait bouillir. Voyez Bouillir & Effervescence.

Si l'eau bout dans un pot ouvert, elle a la plus grande chaleur qu'elle puisse recevoir, lorsqu'elle est comprimée par le poids de l'atmosphere. La chaleur de l'eau est indépendante de la violence de l'é<-> bullition & de sa durée; l'eau moins comprimée par l'atmosphere bout plûtôt, & elle bout fort vîte dans le vuide. L'eau qui bout dans un pot ouvert reçoit ordinairement une chaleur de deux cents douze degrés au thermometre de Fahrenheit. Plus l'air est pesant, plus il faut que l'eau soit chaude pour bouillir. Le dessous d'un chauderon où l'eau bout est beaucoup moins chaud, qu'il ne l'est au moment où l'eau cesse de bouillir.

A l'egard de la cause de l'ébullition, nous avons rapporté historiquement au mot Bouillir celle que les physiciens en donnent ordinairement, & qu'ils attribuent à l'air qui se dégage des particules de l'eau; mais d'autres physiciens rejettent cette causc, & croyent que l'ébullition vient des particules de l'eau même, qui sont changées par l'action du feu en vapeur très - dilatée, & qui s'élevent du fond du vase à la surface. Voici en substance les raisons de leur opinion. 1°. L'ébullition se fait dans la machine du vuide, lorsqu'on y fait chauffer de l'eau auparavant purgée d'air. Ce n'est donc point l'air qui la produit; c'est dans ce cas la chaleur qui raréfie l'eau: ce sont les termes de M. Musschenbrock, §. 879 de ses essais de Phys. 2°. L'eau ne cesse point de bouillir qu'elle ne soit évaporée; or comment peut - on concevoir que l'air renfermé dans l'eau, & qui en fait au plus la trentieme partie, puisse suffire à toute cette ébulli<-> tion? 3°. Quoique les liqueurs ne contiennent pas toutes la même quantité d'air, toutes paroissent bouillir également. 4°. Plus l'eau est libre de s'évaporer, c'est - à - dire plus le vase dans lequel on la met est ouvert, moins elle soûtient de degrés de chaleur sans bouillir. 5°. Plus une liqueur est subtile, & par conséquent facile à réduire en vapeur, moins il faut de chaleur pour la faire bouillir. Ainsi l'esprit - de - vin bout à une moindre chaleur que l'eau, & l'eau à une moindre chaleur que le mercure. Voy. tout cela plus en détail dans les mém. & l'hist. de l'a<-> cadém. 1748. Voyez aussi Digesteur & Vapeur. La plus forte preuve (ajoûte - t - on) qu'on allegue en faveur de l'opinion commune sur la cause de l'é<-> bullition, est le phénomene de l'éolipyle; mais les partisans de l'opinion dont nous rendons compte ici, prétendent dans leur système expliquer ce phénomene, du moins aussi - bien. Voyez Eolipyle. Encore une fois nous ne sommes ici qu'historiens, ainsi que dans la plûpart des explications physiques que nous avons rapportées ou que nous rapporterons par la suite dans ce Dictionnaire. (O)

Ebullition (Page 5:217)

Ebullition, (Medecine.) petites tumeurs qui se forment & s'élevent sur la surface du corps en très peu de tems; on les attribue ordinairement à l'effervescence du sang: c'est ce qui fait appeller cette éruption cutanée, ébullition - de sang. Elles sont de différente espece, & demandent par conséquent différens traitemens. Voyez Efflorescence, Eruption, Exantheme . (d)

Ebullition (Page 5:217)

Ebullition, (Manége & Maréchallerie.) maladie legere que l'on nomme encore dans l'homme échau<-> boulures, pustules sudorales.

Elle se manifeste dans les chevaux par des élevures peu considérables, & qui sont simplement accompagnées de démangeaison. Ces élevures sont ou plus ou moins multipliées, & semées dans une plus ou moins grande étendue de la surface du corps. Quelquefois aussi elles arrivont seulement à de certaines parties, telles que l'endolure, les épaules, les bras, les côtes, & les environs de l'épine.

Il est aisé de les distinguer des boutons qui désignent & qui caractérisent le farcin, par la promptitude avec laquelle elles sont formées, & par la facilité avec laquelle on y remédie: 2°. elles ne sont jamais aussi volumineuses: 3°. elles n'en ont ni la dureté ni l'adhérence: 4°. elles sont circonscrites, n'ont point entr'elles de communication, & ne paroissent point en fusées: 5°. elles ne s'ouvrent & ne dégénerent jamais en pustules: 6°. enfin elles n'ont rien de contagieux.

Cette maladie suppose presque toûjours une lymphe saline & grossiere, dont les parties les plus aqueules s'échappent sans aucun obstacle par la voie de la transpiration & de la sueur, tandis que la portion la moins subtile & la moins ténue ne peut se faire jour & se frayer une issue, lorsqu'elle est parvenue à l'extrémité des vaisseaux qui se terminent au tégument. Ces dernieres particules poussées sans cesse vers la superficie par celles qui y abordent & qui les suivent, sont contraintes d'y séjourner. De leur arrêt dans les tuyaux capillaires qu'elles engorgent & qu'elles obstruent, résultent les tumeurs nombreuses qui sont dispersées à l'extérieur, & un plus grand degré d'acrimonie annoncé par la démangeaison inséparable de cette éruption, & qui ne doit être attribuée qu'à l'irritation des fibres nerveuses.

Un exercice outré, un régime échauffant, suscitent la rarescence du sang & des humeurs: trop de repos en provoque l'épaississement, la transpiration interceptée par une crasse abondante qui bouche les pores, donne lieu au séjour de la matiere perspirable, & même au reflux dans la masse, qui peut en être plus ou moins pervertie; & toutes ces causes différentes sont souvent le principe & la source des ébullitions.

On y remédie par la saignée, par une diete humectante & rafraîchissante, par des lavemens, par des bains; il ne s'agit que de calmer l'agitation desordonnée des humeurs, de diminuer leur mouvement intestin, de corriger l'acrimonie des sucs lymphatiques, de les délayer; & bien - tôt les fluides qui occasionnoient les engorgemens reprenant leur cours, ou s'évacuant en partie par la transpiration, toutes les humeurs dont il s'agit s'évanoüiront. (e)

EC

ECACHER (Page 5:217)

* ECACHER, v. act. Ce verbe marque une ma<pb-> [p. 218] niere de froisser, de briser par une pression violente.

Ecacher (Page 5:218)

Ecacher, en terme de Cirier, c'est pêtrir la cire, & la manier assez pour n'y point laisser de parties plus dures les unes que les autres, ce qui feroit rompre l'ouvrage. On n'écache que la cire qu'on veut travailler à la main; voyez Travailler à la main On ne se sert quelquefois non plus que des mains, mais il y a des Ciriers qui écachent sur une espece de table qu'ils appellent brès.

Ecacher (Page 5:218)

Ecacher, terme de Taillandier, il se dit des faucilles, croissans, &c. Lorsque ces ouvrages sont forgés, au lieu de les blanchir à la lime, ils les dressent ou écachent sur la meule.

Ecacher (Page 5:218)

Ecacher, (Tireur d'or.) c'est une des opérations du fileur d'or; elle consiste à applatir le fil, en le faisant passer entre deux meules de son moulin. Voyez l'article Or.

ECAFFER (Page 5:218)

ECAFFER, v. act. chez les Vanniers, c'est aiguiser un pé par le bout, ensorte qu'il soit assez plat pour embrasser & faire plusieurs tours sur le moule de l'ouvrage.

ECAGNE (Page 5:218)

ECAGNE, s. f. (Rub.) se dit d'une des portions d'un écheveau lorsqu'il se trouve trop gros & la soie ou le sil trop fins pour supporter le dévidage en toute sa grosseur; quand on met l'écheveau en écagnes, il faut prendre garde de ne faire que le moins de bouts qu'il est possible. L'écheveau se place pour cette opération sur les tournettes, & à force de chercher du jour pour parvenir à sa séparation, on en vient à bout; le tems que l'ouvrier semble perdre pour faire cette division, est bien racheté par la diligence & la facilité avec lesquelles il dévide ensuite ces petites portions d'un gros écheveau.

ECAILLAGE (Page 5:218)

* ECAILLAGE, s. m. (Saline.) c'est une opération, qui, dans les fontaines salantes, suit celle qu'on appelle le soquement. Pour écailler, on commence par échausser la poele à sec, afin qu'elle résiste à la violence des coups qu'il faut lui donner pour briser & détacher les écailles qui y sont adhérentes, & qui ont quelquefois jusqu'à deux pouces d'épaisseur. L'é<-> caillage se fait communément en trois quarts - d'heure de tems; mais on n'y employe pas moins de trente ouvriers, qui frappent tous à la fois en divers endroits à grands coups de massue de fer; cependant il y a des écailles si opiniatres, qu'il faut les enlever au ciseau.

ECAILLE (Page 5:218)

ECAILLE, sub. f. (Ichthiologie.) c'est en général cette substance toûjours résistante & quelquefois fort dure, qui couvre un grand nombre de poissons, & qui peut s'en détacher par piece. On donne le même nom d'écaille, à cette substance dans la carpe ou le brochet, dans l'huître, & dans la tortue, quoiqu'elle soit fort différente pour la forme, la consistance, & les autres qualités, dans ces trois especes d'animaux. On a appellé dans plusieurs occasions écaille, tout ce qui se détachoit des corps en petites parties minces & legeres, par une métaphore empruntée de l'écaille des poissons.

Ecaille, grande Écaille (Page 5:218)

Ecaille, grande Écaille, (Hist. nat. Ichthio<-> logie.) poisson commun en Amérique; on le prend dans les culs - de - sacs, au fond des ports, & dans les étangs qui communiquent avec la mer. Il s'en trouve quelquefois de 3 à 4 piés de longueur; ses écailles sont argentées, & ont donné au poisson le nom qu'il porte; elles sont beaucoup plus larges qu'un écu de 3 livres; c'est un des meilleurs poissons qu'on puisse manger à toutes fausses; sa chair est blanche, grasse, délicate, & d'un très - bon goût. Cet article est de M. le Romain .

Ecailles d'huître (Page 5:218)

Ecailles d'huître, (Pharmacie, Matiere méd.) Voyez Huître.

Ecailles (Page 5:218)

Ecailles, en Architecture, petits ornemens qui se taillent sur les mouiures rondes en maniere d'écailles de poisson, coulées les unes sur les autres. On fait aussi des couvertures d'ardoise en écaille, comme au dôme de la Sorbonne; ou de pierre avec des écailles taillées dessus, comme à un des clochers de Nôtre - Dame de Chartres; en latin squamanoe. (P)

Ecailles (Page 5:218)

Ecailles, (Stucateur.) éclats ou recoupes du marbre, dont on fait de la poudre de stuc; en latin coementa marmorea. (P)

Ecaille d'huître (Page 5:218)

Ecaille d'huître, (Manége & Maréchallerie.) Nous n'employons cette expression que pour mieux peindre la difformité de l'ongle des piés combles; elle peut être comparée avec raison à celle de ces écailles. Voyez Pié. (e)

Ecaille, Ecaillé (Page 5:218)

Ecaille, Ecaillé, (Peinture.) On dit qu'un tableau s'écailles, lorsqu'il s'en détache de petites parcelles qu'on appelle écailles. Les peintures à fresque sont sujettes à s'écailler. Le stuc s'écaille aisément. On dit, le tableau s'écaille, est tout écaillé. (R)

Ecaille (Page 5:218)

* Ecaille, (Art méchaniq.) il est commun à presque tous les ouvriers qui travaillent les métaux à la forge & au marteau; ce sont les pieces minces qui s'en séparent & qui se répandent autour de l'enclume.

Ecaille (Page 5:218)

* Ecaille, (Tapisserie.) espece de bergame, ainsi nommée de sa façon, où l'on a imité l'écaille de poisson.

ECAILLÉ (Page 5:218)

ECAILLÉ, en termes de Blason, se dit des poissons.

ECAILLER (Page 5:218)

* ECAILLER, s. m. (Commerce.) gens qui vont prendre les huîtres à la barque, & qui les vendent en détail dans les rues.

Ecailler, v (Page 5:218)

Ecailler, v. act. (Saline.) Voyez l'art. Ecaillage.

ECAILLEUX (Page 5:218)

* ECAILLEUX, adj. (Anatomie.) qui a du rapport à l'écaille. Il y a la suture écailleuse. Voyez les articles Articulation & Suture.

ECAILLONS (Page 5:218)

ECAILLONS, s. m. pl. (Manége & Maréchall.) expression ancienne, inusitée aujourd'hui, & à laquelle nous avons substitué les termes de crocs ou de crochets. C'est ainsi que nous nommons à présent les quatre dents canines du cheval, que nos peres appelloient écaillons. Ces quatre dents canines sont celles dont les jumens sont dépourvûes, à l'exception de celles auxquelles nous donnons le nom de brehai<-> gne. Voyez Faux marqué. (e)

ECALE (Page 5:218)

ECALE, terme de Blondier, c'est la cinquieme partie d'un tiers; voyez Tiers. Toutes les écales sont séparées les unes des autres, & contiennent chacune plusieurs centaines, dans lesquelles on les découpe encore. Ces centaines ne se voyent point; au contraire elles sont appliquées les unes aux autres, de distance en distance, par de legeres couches d'une gomme aussi blanche que la matiere; par - là on empêche la soie de s'écarter & de se mêler.

Ecale (Page 5:218)

Ecale, s. f. (à la Monnoie.) au pié du balancier il y a une profondeur d'environ 3 piés, où le monnoyeur se place pour être à portée de mettre commodément les flancs sur les quarrés. Les ouvriers appellent cette profondeur écale ou fosse. Voyez Balancier.

ECALLER (Page 5:218)

ECALLER, v. act. (Jardinage.) se dit des châtaignes, des noix, & autres fruits quand on les sort de leurs écailles. (K)

ECANG (Page 5:218)

ECANG, s. m. (OEcon. rustiq.) morceau de bois dont on se sert quand on écangue le lin. Voy. Ecanguer.

ECANGUER (Page 5:218)

* ECANGUER, v. act. (OEconomie rustique.) manoeuvre qui se pratique sur le lin & autres plantes de la même espece, & dont l'écorce s'employe au même usage. Ecanguer, c'est faire tomber toute la paille par le moyen d'une planche échancrée d'un côté à la hauteur de ceinture d'homme, & tenue droite sur une base. On fait passer la moitié de la longueur du lin dans l'échancrure; on empoigne l'autre, & l'on fait tomber toute la paille en frappant avec un morceau de bois, jusqu'à ce qu'il ne reste que la soie.

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