ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"199"> car il est très - peu d'eaux communes qui ne précipitent cette dissolution.

Eau - mere (Page 5:199)

Eau - mere: on appelle ainsi, en Chimie, une liqueur saline inconcrescible, qui se trouve mêlée aux dissolutions de certains sels, & qui est le résidu de ces dissolutions épuisées du sel principal par des évaporations & des crystallisations répetées. Les eaux<-> meres les plus connues sont celle du nitre, celle du sel marin, celle du vitriol, & celle du sel de seignette. Voyez Nitre, Sel marin, Vitriol, Sel de Seignette .

Eau de Mille - fleurs (Page 5:199)

Eau de Mille - fleurs, (Pharmac.) on appelle ainsi l'urine de vache, aussi - bien que l'eau que l'on retire par la distillation de la bouse de cet animal. Voyez Vache.

Eau phagedenique (Page 5:199)

Eau phagedenique: prenez une livre d'eau premiere de chaux récente, trente grains de mercure sublimé corrosif, mêlés & agités dans un mortier de marbre: c'est ici un sel mercuriel précipité. Voyez Mercure.

Eau de Rabel (Page 5:199)

Eau de Rabel, ainsi nommée du nom de son inventeur, qui la publia vers la fin du dernier siecle.

Prenez quatre onces d'huile de vitriol, & douze onces d'esprit de vin rectifié; versez peu - à - peu dans un matras l'acide sur l'esprit - de - vin, en agitant votre vaisseau, & gardez votre mélange dans un vaisseau fermé, dans lequel vous pouvez le faire digérer à un feu doux.

L'eau de Rabel est l'acide vitriolique dulcifié. Voyez Acide vitriolique, au mot Vitriol.

Eau régale (Page 5:199)

Eau régale: le mélange de l'acide du nitre & de celui du sel marin, est connu dans l'art sous le nom d'eau régale. Voyez Régale (Eau.)

Eau saphirine, Eau bleue (Page 5:199)

Eau saphirine, Eau bleue, ou Collyre bleu, (Pharm. & mat. med. externe.) Collyre, c'est - à - dire remede externe ou topique, destiné à certaines maladies des yeux. Voyez Collyre, Topique, Maladie des yeux , sous le mot OEil.

En voici la préparation, d'après la pharmacopée universelle de Lemery.

Prenez de l'eau de chaux vive filtrée, une chopine; de sel ammoniac bien pulverisé, une dragme: l'une & l'autre mêlés ensemble, seront jettés dans un vaisseau de cuivre, dans lequel on les laissera pendant la nuit; après quoi on filtrera la liqueur, qui sera gardée pour l'usage.

L'eau saphirine n'est autre chose qu'une eau chargée d'une petite quantité d'huile de chaux, & d'un peu d'alkali volatil, coloré par le cuivre qu'il a dessous. Voyez Sel ammoniac & Cuivre.

Cette eau est un collyre irritant, tonique & dessiccatif. Voyez les cas particuliers dans lesquels il convient, à l'article Maladie des yeux, sous le mot OEil.

Eau verte (Page 5:199)

Eau verte ou Eau seconde: les ouvriers qui s'occupent du départ des matieres d'or & d'argent, appellent ainsi l'eau - forte chargée du cuivre qu'on a employé à en précipiter l'argent. Voyez Départ.

Eau - de - vie (Page 5:199)

Eau - de - vie, produit immédiat de la distillation ordinaire du vin. Voyez Vin.

Eau vulnéraire (Page 5:199)

Eau vulnéraire, V. Vulnéraire, (Eau). (b)

Eau - de - vie (Page 5:199)

Eau - de - vie, (Art méchan.) fabrication d'eau - de<-> vie. La chaudiere dont on se sert pour cette distillation, est un vaisseau de cuivre en rond, de la hauteur de deux piés & demi, & de deux piés de diametre ou environ, dont le haut se replie sur le dedans en talus montant, comme si elle devoit être entierement fermée, & où pourtant il y a une ouverture de neuf à dix pouces de diametre, avec un rebord de deux pouces ou à - peu - près: on appelle l'endroit où la chaudiere se replie avec son rebord, le collet. Cette chaudiere contient ordinairement quarante veltes, à huit pintes de Paris la velte. Cette mesure est différente en bien des endroits où l'on fa<cb-> brique de l'eau - de - vie. Il y a des chaudieres plus grandes & plus petites.

Cette chaudiere est placée contre un mur, à un pié d'élévation du sol de la terre, dans une maçonnerie de brique jointe avec du mortier de chaux & de sable, ou de ciment, qui la joint & la couvre toute entiere jusqu'au bord du tranchant du collet, sauf le fond qui est découvert. Cette chaudiere est soûtenue dans cette maçonnerie par deux ou trois ances de cuivre, longues chacune de cinq pouces, & d'un pouce d'épaisseur, qui sont adhérantes à la chaudiere. Cette maçonnerie prend depuis le sol de la terre; & le vuide qui reste depuis le sol de la terre jusqu'à la chaudiere, s'appelle le fourneau. Ce fourneau a deux ouvertures, l'une dans le devant, & l'autre au fond: celle du devant est de la hauteur du fourneau, & d'environ dix à onze pouces de large: c'est par - là qu'on fait entrer le bois sous la chaudiere. L'ouverture du fond est large d'environ quatre pouces en quarré; elle s'éleve dans une cheminée faite exprès, par où s'échappe la fumée. Il y a à chacune de ces ouvertures, une plaque de fer que l'on ôte & que l'on replace au besoin, pour modérer l'action du feu: on en parlera ci - après.

C'est cette chaudiere qui contient le vin, où il boût par l'action du feu que l'on entretient dessous. On ne remplit pas en entier la chaudiere de vin, parce qu'il faut laisser un espace à l'élévation du vin, quand il boût, afin qu'il ne surmonte pas au - dessus de la chaudiere. L'ouvrier (que l'on nomme un brû<-> leur, ce sont ordinairement des tonneliers) qui travaille à la conversion du vin en eau - de - vie, sait l'espace qu'il doit laisser vuide pour l'élévation du vin bouillant. La plûpart de ces brûleurs, pour connoître ce vuide, appliquent leurs bras au pli du poignet sur le tranchant du bord de la chaudiere, & laissent pendre leur main ouverte & les doigts étendus dans la chaudiere; & lorsqu'ils touchent du bout du doigt le vin qui est dans la chaudiere, il y a assez de vin, & il n'y en a pas trop.

Ce vuide est toûjours ménagé, quoiqu'on mette autre chose que du vin dans la chaudiere; car il faut savoir qu'après la bonne eau - de - vie tirée, il reste une quantité d'autre eau - de - vie (qu'on appelle seconde), qui n'a presque pas plus de force ni de goût que si on mêloit dans de bonne eau - de - vie [omission: formula; to see, consult fac-similé version] d'eau commune; dans laquelle seconde pourtant il y a encore une partie de bonne eau - de - vie que l'on ne veut pas perdre, & que l'on retire en la faisant bouillir une seconde fois avec de nouveau vin dans la chaudiere: on appelle cette seconde fois, une seconde chauffe ou une double chauffe, parce qu'ordinairement on remet dans la chaudiere tout ce qui est venu de la premiere chauffe, soit bonne eau - de - vie ou seconde; ainsi il faut moins de vin à cette double chauffe qu'à la premiere. Il y a des gens qui à toutes les chauffes mettent à part la bonne eau - de - vie qui en vient: on appelle cela lever à toutes les chauffes. Pour la seconde chauffe ils ne mettent que la seconde qui est venue de la premiere chauffe: il y a quelquefois jusqu'à 60 ou 70 pintes de seconde, plus ou moins, suivant la qualité du vin. On dira ci - après comment on connoît qu'il n'y a plus d'esprit dans ce qui vient de la chaudiere, & que ce qui y reste n'est bon qu'à être jetté dehors.

Lorsque la chaudiere est remplie jusqu'où elle doit l'être, on met du feu sous le fourneau; on se sert d'abord de bois fort combustible, comme du sarment de vigne, du bouleau ou autre menu bois, qui donnant plus de flamme que le gros bois, a une chaleur plus vive: on en met sous le fourneau, & on l'y entretient toûjours vif, autant qu'il en faut pour faire bouillir cette chaudiere; on appelle cela, en termes de l'art, mettre en train. Quand la chaudiere [p. 200] commence à bouillir, c'est - à - dire quand elle est assez chaude pour ne pouvoir plus, souffrir la main, on la couvre d'un autre vaisseau que l'on appelle un cha<-> peau. Ce chapeau est un vaisseau de cuivre fait en cone applati, dont la partie étroite entre dans le bord du collet de la chaudiere, & s'y joint le plus juste qu'il est possible. Ce cone applati & renversé, peut avoir douze à treize pouces. Le diametre de la partie étroite est celui du collet de la chaudiere, sauf la liberté d'entrer dans ce collet; & le diametre du haut peut avoir sept à huit pouces de plus. Il y a à ce chapeau une ouverture ronde, de quatre pouces de diametre, à laquelle est joint & bien soudé un tuyau de cuivre qu'on appelle la queue du chapeau, d'environ deux piés de long, qui va toûjours en diminuant jusqu'à la réduction d'un pouce de diametre au bout.

On couvre cette chaudiere avec le chapeau: on appelle cela coiffer la chaudiere, pour empêcher l'exhalaison de la fumée du vin, parce que c'est dans cette fumée que se trouve l'esprit du vin qui fait l'eau - de - vie. On fait ensorte qu'il ne reste entre le chapeau & le collet de la chaudiere aucune ouverture par où la fumée puisse s'échapper; & pour y réussir, après que le chapeau est entré & bien enfoncé dans le collet de la chaudiere, on met de la cendre seche autour du collet, pour la fermer presque hermétiquement.

Ce tuyau ou cette queue de chapeau va se joindre dans un autre vaisseau de cuivre ou d'étain, que l'on appelle serpentine, parce qu'elle est faite en serpent replié. C'est un ustensile fait de différens tuyaux adaptés & soudés les uns aux autres en rond & en spirale, qui n'en font qu'un. Ce tuyau peut avoir un pouce & demi de diametre à son embouchure, & est réduit à un pouce à son extrémité; il est composé de six à sept tournans en spirale, élevés les uns sur les autres d'environ six à sept pouces; ensorte que la serpentine, dans toute sa hauteur appuyée sur ses tournans, peut avoir trois piés & demi ou environ. Ces tuyaux tournans sont assujettis par trois bandes de cuivre, ou du même métal dont est la serpentine, qui y sont jointes du haut en - bas pour en empêcher l'abaissement.

On unit la queue du chapeau à la serpentine, en faisant entrer le petit bout de la queue du chapeau dans l'ouverture du haut de la serpentine, où cette queue entre d'un pouce & demi ou environ: on lutte bien l'un & l'autre avec du linge & de la terre grasse bien unie, afin qu'il ne sorte point de fumée qui vienne de la chaudiere.

Cette serpentine est, comme l'on doit le comprendre, éloignée du corps de la chaudiere & de la maçonnerie qui l'environne, de l'espace de dix pouces ou environ: elle est placée dans un tonneau ou autre vaisseau de bois fait en forme de tonneau, que l'on appelle pipe en bien des endroits. Cette serpentine y est posée debout & à - plomb, penchant néanmoins tant - soit - peu sur le devant, pour faciliter l'écoulement de la liqueur qui y passe: elle y est assujettie ou par des pattes de fer, des crampons & des pieces de bois qui, sans l'endommager, peuvent la rendre immobile & la tenir dans un état stable. Il y a à cette pipe trois trous ou ouvertures, l'un au haut, du côté de la chaudiere, par lequel sort de la longueur d'un pouce le bout d'en - haut de la serpentine; l'autre trou au bas, dans le devant de la pipe, par où sort de la longueur de trois pouces ou environ, le petit bout de la serpentine; & un autre trou dans le derriere de la pipe, où l'on a ajusté une fontaine ou gros robinet. Lorsque la serpentine est bien posée dans la pipe, & que la pipe elle - même est bien assujettie en équilibre, on bouche bien les trois trous de la pipe: on calfeutre les deux premiers avec de l'étoupe ou de vieilles cordes effilées ou épluchées, autour du tuyau sortant de la serpentine; & le troisieme, qui est celui de derriere, doit être bien fermé par la fontaine que l'on y a fait entrer.

Pour savoir si la serpentine est bien posée & a assez de pente, on prend une balle de fusil qui ne soit pas d'un trop gros calibre, & on la laisse couler dans la grande ouverture de la serpentine; elle doit rouler aisément, faire tous les tours de la serpentine, & sortir par le petit bout: alors elle est bien posée. Si la balle s'arrête dans la serpentine, ce qui peut quelquefois être causé par un grain de soudure des tuyaux, que le poëlier aura laissé échapper dans le dedans des tuyaux, en la soudant, ou parce que la serpentine n'est pas bien soudée: il faut faire sortir cette balle; & pour y réussir, il faut mettre dans le trou de la serpentine la queue du chapeau renversé, c'est - à - dire son vuide en - dehors, & jetter dans ce chapeau environ un seau d'eau, laquelle s'écoulant à force dans cette serpentine, entraînera avec elle la balle qui y est restée; & si la pipe n'est pas droite ou posée comme il faut, il faut la rétablir, & remettre cette balle jusqu'à ce qu'elle passe.

Pour savoir s'il n'y a point de petits trous à la chaudiere, au chapeau ou à la serpentine, il faut, pour la serpentine, la remplir d'eau avant de la mettre dans la pipe, boucher bien le trou d'en - bas avec un bouchon de liége qui ferme bien juste, & souffler par le gros bout avec un soufflet qui prenne bien juste: s'il y a quelque sinus, l'eau sortira par - là, attendu que le vent du soufflet la presse vivement: alors il faut faire souder cet endroit avant de la mettre dans la pipe; s'il n'y a point de trou, on sentira que l'eau fait résistance au vent du soufflet: on le retire, parce que la serpentine est bien jointe & bien soudée. Pour le chapeau, il faut le mettre entre ses yeux & le jour, le vuide du côté des yeux; s'il y a des sinus, on les verra; s'il n'y en a point, le chapeau est en bon état. Pour la chaudiere on s'apperçoit qu'il y a un ou des trous, quand on voit dégoutter du vin dans le feu, ou quelqu'endroit de la maconnerie mouillé: il faut alors demaçonner la chaudiere, pour réparer le mal.

Quand tous les ustensiles sont en ordre, on remplit la pipe d'eau froide, n'importe de quel fond elle vienne, soit de riviere, de puits, de pluie, ou de mer: celle de mer est la moins bonne, parce qu'elle est plûtôt chaude. Il faut que l'eau surmonte la serpentine d'environ un pié. Cette eau sert à rafraîchir l'eau - de - vie qui sort bouillante de la chaudiere, en s'élevant en vapeur vers les parois du chapeau, s'écoule par l'ouverture du chapeau, passe dans la queue de ce chapeau, & de - là dans les tours de la serpentine, & en sort par le petit bout, où elle est reçûe dans un bassiot couvert, qui est dans un trou en terre au bas de la pipe, & où elle entre au moyen d'un petit vase de cuivre ou d'autre métal, qui est fait en forme d'un petit entonnoir plat, que l'on place sur le petit bout de la serpentine: cet entonnoir est percé à l'autre bout d'un trou, sous lequel il y a une petite queue ou douille, qui entre dans un trou fait exprès au bassiot, par où se vuide l'eau - de - vie qui vient de la chaudiere. On appelle le trou en terre où l'on place le bassiot, faux bassiot. On donne à ces ustensiles les noms qui sont en usage dans la province où l'on s'en sert.

On a dit que cette eau dans la pipe sert à rafraîchir l'eau - de - vie avant qu'elle entre dans le bassiot; car quand elle y entre chaude, elle est ordinairement âcre, ce qui lui vient des parties du feu dont elle est remplie en sortant de la chaudiere; & plûtôt elle se décharge de ces parties ignées, & plus l'eau - de - vie est douce & agréable à boire, sans rien perdre de sa force: ainsi il est à - propos de rafraîchir cette eau de

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