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Il faut observer que lorsque ces dernieres eaux
sont bien préparées, & sur - tout lorsqu'elles ont été
très - chargées des principes volatils des plantes par
des cohobations répetées (voyez
Les eaux essentielles, rétirées des substances odorantes,
sont cependant plus aromatiques & plus durables
que celles qui sont rétirées des mêmes substances
par l'addition de l'eau. Cela vient, pour la partie
aromatique, de ce que dans la premiere opération
toute la partie aromatique du sujet traité passe avec
l'eau essentielle; au lieu que dans la seconde, une
partie de ce principe reste unie à une huile essentielle
qui s'éleve avec l'eau dans la distillation du plus
grand - nombre des plantes odorantes (voyez
Voilà donc les principales différences des deux
opérations: l'addition d'une eau étrangere & un feu
plus fort, distinguent la derniere de la premiere. On
verra à l'article
Après avoir donné une idée générale de ces opérations, voici les observations particulieres que nous croyons les plus importantes.
Premierement, il importe très - fort pour l'exactitude
absolue de la préparation, & plus encore pour
son usage médicinal, que les vaisseaux qu'on employe
à la distillation des eaux dont il s'agit, ne puissent
leur communiquer rien d'étranger, & sur - tout
de nuisible. C'est pour se conformer à cette regle
(qui n'est qu'une application d'une loi générale du
manuel chimique), que nous avons recommandé
de se servir de cucurbites d'étain autant qu'il étoit
possible: il est plus essentiel encore que les chapiteaux
soient faits de ce métal, que les principes les
plus actifs élevés dans la distillation dont nous parlons
n'attaquent point, du moins sensiblement, au
lieu que le cuivre est manifestement entamé par plusieurs
de ces principes. Voyez
La pauvreté chimique ne permet pas de penser aux chapiteaux d'argent ou d'or, qui seroient sans contredit les meilleurs. Les alembics de verre, recommandés dans la pharmacopée de Paris pour la distillation des plantes alkalines, ne peuvent servir que pour un essai, ou dans le laboratoire d'un amateur, mais jamais dans celui d'un artiste qui exécute ces distillations en grand: car la fracture à laquelle ces vaisseaux sont sujets, la prodigieuse lenteur de la distillation dans des alembics dont on ne peut presque pas rafraîchir les chapiteaux, l'impossibilité d'en avoir d'une certaine capacité; tout cela, dis - je, rend cette opération à - peu - près impraticable. On a eu raison cependant de préferer les vaisseaux de verre aux vaisseaux de cuivre, malgré tous les inconvéniens de l'emploi des premiers; mais l'étain, com<cb->
2°. Si le réfrigérant adapté au chapiteau d'étain,
ne condense pas assez au gré de l'artiste certains principes
très - volatils, il a la ressource du serpentin ajoûté
au bec du chapiteau. Voyez
3°. Si les substances à distiller sont dans un état sec ou solide, il est bon de les faire macérer à froid ou à chaud, pendant un tems proportionné à l'état de chaque matiere. Les bois & les racines seches doivent être rapés, les racines fraîches pilées ou coupées par rouelles; les écorces seches, comme celles de canelle, concassées, &c. N. B. Que les bois, les racines, & les écorces se traitent par le second procédé.
4°. L'on doit avoir soin dans la distillation avec addition d'eau, de ne remplir la cucurbite que d'une certaine quantité de matiere, telle que le plus grand volume qu'elle acquerra dans l'opération, n'excede pas la capacité de la cucurbite; car si ces matieres en se gonflant passoient dans le chapiteau, non - seulement l'opération seroit manquée, mais même si le bee du chapiteau venoit à se boucher, ce qui arrive souvent, dans ce cas le chapiteau pourroit être enlevé avec effort, & l'artiste être blessé ou brûlé. Les plantes qu'on appelle grasses, & sur - tout celles qui sont mucilagineuses, font sur - tout risquer cet accident.
5°. Aucun artiste n'observe les doses d'eau prescrites dans la plûpart des pharmacopées, & il est en effet très - inutile d'en prescrire: la regle générale qu'ils se concentent d'observer, est d'employer une quantité d'eau suffisante, pour qu'il y ait au fond du vaisseau; sous la plante, le bois ou l'écorce traitée, toutes matieres qui surnagent pour la plûpart; qu'il y ait, dis - je, au fond de la cucurbite trois ou quatre pouces d'eau, plus ou moins, selon la capacité du vaisseau, ou un ou deux pouces au - dessus des bois plus pesans que l'eau, comme gayac, &c.
6°. On ne voit point assez à quoi peut être bonne l'eau demandée dans la pharmacopée de Paris, dans les distillations exécutées par notre premier procédé: il semble qu'il vaudroit mieux la supprimer.
Les eaux distillées sont ou simples ou composées. Les eaux simples sont celles qu'on retire d'une seule substance distillée avec l'eau: les eaux composées sont le produit de plusieurs substances distillées ensemble avec l'eau.
Nous n'avons parlé jusqu'à présent que des eaux distillées proprement dites, c'est - à - dire de celles qui ne sont mêlées à aucun principe étranger, ou tout au plus à une petite quantité d'eau commune, qui est une substance absolument identique avec celle qui constitue leur base.
Il est outre cela dans l'art plusieurs préparations,
soit simples soit composées, qui portent le nom d'eau
spiritueuse, ou même d'eau simplement, & qui sont
des produits de la distillation de diverses substances
aromatiques avec les esprits ardens ou avec le vin;
telles sont l'eau de cannelle spiritueuse, l'eau de mélisse
ou eau des carmes, l'eau de la reine d'Hongrie,
&c. On prépare ces eaux comme les eaux distillées
proprement dites: les regles de manuel sont les mêmes
pour les deux opérations; il faut seulement ne
pas négliger dans la distillation des eaux spiritueuses,
les précautions qu'exige la distillation des esprits ardens.
Voyez
Au reste, toutes les préparations de cette espece
ne sont pas connues dans l'art sous le nom d'eau;
cette dénomination est bornée par l'usage à un certain
nombre: plusieurs autres exactement analogues
à celles - ci portent le nom d'esprit (voyez
On trouvera un exemple de distillation d'une eau
essentielle à l'article
De tous les remedes inutiles dont l'ignorance & la charlatanerie remplirent les boutiques des apothicaires, lors de la conquête que fit la Chimie, de la Medecine & de la Pharmacie, nul ne s'est multiplié avec tant d'excès que les eaux distillées. Les vûes chimériques de séparer le pur d'avec l'impur, de concentrer les principes des mixtes, d'exalter leurs vertus médicinales qu'on crut principalement remplir par la distillation; ces vûes chimériques, dis - je, nous ont fourni plus d'eaux distillées parfaitement inutiles, que les connoissances réelles des propriétés de diverses plantes ne nous en ont procuré dont on ne sauroit trop célebrer les vertus.
Les eaux distillées des plantes parfaitement inodores,
sont privées absolument de toute vertu medicinale,
aussi - bien que les eaux distillées des viandes,
du lait, & des autres substances animales dont nous
avons fait mention au commencement de cet article.
Elles ne different de l'eau pure que par une saveur
& une odeur herbacée, laiteuse, &c. & par la
propriété de graissèr, dont nous avons déjà parlé.
Zwelfer a le premier combattu la ridicule confiance
qu'on eut pour ces préparations, & sur - tout le projet
de nourrir un malade avec de l'eau distillée de
chapon (Voyez
Les eaux distillées aromatiques sont cordiales, toniques,
antispasmodiques, stomachiques, sudorifiques,
emmenagogues, alexiteres, & quelquefois
purgatives, comme l'eau - rose (voyez
Les eaux distillées des plantes alkalines ou cruci<cb->
Les eaux distillées spiritueuses possedent toutes les vertus des précédentes, & même à un degré supérieur; & de plus elles sont employées dans l'usage extérieur, comme discussives, repercussives, vulnéraires, dissipant les douleurs: on les respire aussi avec succès dans les évanoüissemens legers, les naufées, &c.
Outre toutes ces acceptions plus ou moins propres du mot eau, on l'employe encore dans un sens bien moins exact pour défigner plusieurs substances chimiques & pharmaceutiques: on connoît sous ce nom des infusions, des décoctions, des dissolutions, des ratafiats, des préparations même dont l'eau n'est pas un ingrédient, telles que l'eau de Rabel, l'eau de lavande, &c. Les principales eaux chimiques ou pharmaceutiques très - improprement dites, sont les suivantes:
Eau alumineuse (Page 5:198)
Prenez des eaux distillées de roses, de plantain & de renoüée, de chacune une livre; d'alun purifié trois gros: faites dissoudre votre sel, & filtrez: gardez pour l'usage.
Eaux Antipleuretiques (Page 5:198)
On peut avancer hardiment que de ces quatre
eaux, trois sont absolument incapables de remplir
l'indication que les anciens medecins se proposoient
en les prescrivant; savoir d'exciter la sueur. Ces
trois eaux sont celles de scabieuse, de pissenlit, &
de coquelicot. Ces eaux ne sont chargées d'aucune
partie médicamenteuse des plantes dont elles sont tirées
(voyez
Que peut - on espérer en général des premieres &
de la derniere dans le traitement de la pleurésie? Ceci
sera examiné à l'article Pleurésie. Voy.
Eau de cailloux (Page 5:198)
Eau de Chaux (Page 5:198)
Eau des Carmes (Page 5:198)
Eau de casse - lunette (Page 5:198)
Eaux cordiales (Page 5:198)
Eau - forte (Page 5:198)
Eau de Goudron (Page 5:198)
Eau mercurielle (Page 5:198)
Il est essentiel d'employer l'eau distillée, pour
étendre la dissolution du mercure dont il s'agit ici;
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