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Les femmes, pendant le tems des regles ou des
vuidanges, ne doivent point tremper les piés ou les
mains dans l'eau froide, ni s'exposer d'aucune autre
façon au contact immédiat de l'eau froide. On a vû
souvent ces évacuations s'arrêter par cette cause,
avec tous les accidens dont ne sont que trop souvent
suivies ces suppressions. Voyez
Tout le monde sait que les personnes qui sont exposées
par état à souffrir la pluie, à garder long - tems
des habits mouillés sur le corps, à dormir sur la terre
humide, quelquefois dans une vraie boue, ou même
dans l'eau, &c. tels que les soldats, les pêcheurs de
profession, les chasseurs passionnés, ceux qui travaillent
sur les rivieres, &c. que ces personnes, dis - je,
sont très - sujettes aux douleurs rhùmatismales, &
même à certaines paralysies. Voyez
Les ouvriers & les manoeuvres, qui ont continuellement
les jambes dans l'eau, sont particulierement
sujets à une espece d'ulceres malins qui attaquent
cette partie, & qui sont connus sous le nom
de loups. Voyez
Eau commune (Page 5:195)
C'est contre cette crainte systématique, qui avoit apparemment séduit quelques esprits au commencement de ce siecle, que Hecquet s'éleva avec tant de zele & de bonne - foi. Personne n'ignore l'excès jusqu'auquel il poussa ses prétentions, plus systématiques encore, en faveur de la boisson de l'eau: la mémoire toute récente de sa méthode, & plus encore le portrait le plus ressemblant que nous a tracé l'ingénieux auteur de Gilblas, sous le nom du docteur Sangrado, rendent présente cette singuliere époque
En reduisant tous ces témoignages, & les observations connues à leur juste valeur, nous ne craindrons pas d'établir.
1°. Que la méthode de traiter les maladies aiguës
par le secours de la boisson abondante des remedes
aqueux, des délayans dont l'eau fait le seul principe
utile (V.
2°. Que la nécessité, & même l'utilité de la boisson dans le traitement des maladies aiguës, à titre de secours secondaire, disposant les organes & les humeurs à se préter plus aisément aux mouvemens de la nature, ou à l'action des remedes curatifs; que l'utilité de la boisson, dis - je, à ce titre n'est rien moins que démontrée; qu'aucune observation claire & précise ne reclame en sa faveur; & qu'on trouveroit peut - être plus aisément des faits, qui prouveroient qu'elle est nuisible dans quelques cas.
3°. Que certaines méthodes particulieres, nées hors du sein de l'art, & qui ont eu une vogue passagere dans quelques pays, telles que celle d'un ecclésiastique anglois nommé M. Hancock, & celle du P. Bernardo - Maria de Castrogianne capucin sicilien; que ces méthodes, dis - je, ne sauroient être tentées qu'avec beaucoup de circonspection, & même de méfiance, par les Medecins légitimes. Le premier des deux guérisseurs que nous venons de nommer, donnoit l'eau froide comme souverain fébrifuge; & il prétend avoir excité, dans tous les cas où il a éprouvé ce remede, des sueurs abondantes qui prévenoient les fievres qui auroient été les plus longues & les plus dangereuses, telles que la fievre maligne, &c. si on donnoit le remede à tems, c'est - à - dire dès le premier ou le second jour de la maladie, & qu'il l'enlevoit même quelquefois lorsqu'elle étoit bien établie, c'est - à - dire si elle étoit déjà à son quatrieme ou à son cinquieme jour. Le capucin a guéri toutes les maladies aiguës & chroniques, en faisant boire de l'eau à la glace, & observer une diete plus ou moins severe. M. Hancock guérissoit par les sueurs; le capucin avoit grand soin de les éviter, il ne vouloit que des évacuations par les selles. On trouvera ces deux méthodes exposées dans le recueil intitulé vertus de l'eau commune; la premiere dans une dissertation fort sage & fort ornée d'érudition médicinale; & la seconde avec tout l'appareil de témoignages qui annoncent le charlatanisme le plus décidé. Le remede anglois contre la toux, savoir quelques verres d'eau froide prise en se mettant au lit, qui est un rejetton du système du chapelain Hancock, dont quelques personnes font usage parmi nous, ne sauroit passer pour un remede éprouvé.
4°. Les vertus réelles & évidentes de l'eau se ré<pb-> [p. 196]
Nous n'avons parlé jusqu'à présent que des effets
de l'eau prise intérieurement; ses usages extérieurs
ne sont pas moins étendus, peut - être sont - ils plus
réels, au moins plus efficaces. L'eau s'applique extérieurement
sous la forme de bain (voyez
L'eau froide jettée avec force sur le visage, arrête
les évanoüissemens (voyez
Eaux distillées (Page 5:196)
La base de ces liqueurs est de l'eau; & même la partie qui n'est pas eau, dans celles qui sont le plus chargées de divers principes, est si peu considérable, qu'elle ne sauroit être déterminée par le poids ni par la mesure.
Les différens principes qui peuvent entrer dans la composition des eaux distillées, sont 1°. la partie aromatique des plantes & des animaux: 2°. une certaine substance qui ne peut pas être proprement appellée odeur ou parfum, puisqu'elle s'éleve des substances même que nous appellons communément inodo<-> res, mais qui se rend pourtant assez sensible à l'odorat, pour fournir des caracteres plus ou moins particuliers de la substance à laquelle elle a appartenu; cette partie aromatique & cette substance beaucoup moins sensible, sont connues parmi les Chimistes sous le nom commun d'esprit recteur, que Boerhaave a remis en usage: 3°. les alkalis volatils spontanés des végétaux: 4°. la partie vive de plusieurs plantes, qui a imposé à Boerhaave & à ses copistes pour de l'alkali volatil, telle que celle de l'ail, de l'oignon, de la capucine, de l'estragon, &c. 5°. l'acide volatil spontané que j'ai découvert dans le marum,
C'est pour l'usage médicinal que l'on prépare communément les eaux distillées, & l'on expose au feu les matieres desquelles on les retire, dans un appareil tel qu'il est impossible de pousser la distillation au - delà de la production de ces eaux, qui sont l'unique objet de cette opération. L'artiste retire de cette méthode beaucoup de commodité, puisqu'il est toûjours sûr de son opération, sans qu'il soit obligé à gouverner son feu avec une attention pénible, & qui pourroit souvent être insuffisante.
Les produits qu'un plus haut degré de feu détacheroit des sujets de l'opération dont il s'agit, mêlés, quoiqu'en petite quantité, à une eau distillée, la coloreroient, lui donneroient une odeur d'empyreume, altéreroient ses vertus médicinales, & la disposeroient à une altération plus prompte: voilà précisément les inconvéniens qu'on évite dans le procédé que nous avons annoncé & que nous allons exposer.
On exécute cette opération dans deux appareils
différens; la maniere de procéder par le premier appareil
consiste à placer les matieres à distiller dans
une cucurbite de cuivre étamé, ou d'étain pour le
mieux, à adapter cette cucurbite dans un bain - marie, à la recouvrir d'un chapiteau armé d'un réfrigérant,
& à distiller par le moyen du feu appliqué au
bain, jusqu'à ce que la liqueur qui passe soit trop peu
chargée d'odeur ou trop peu sapide. V. les
On peut exécuter aussi cette opération par l'application
du feu nud, au moyen d'un ancien alembic
appellé chapelle ou rosaire, voyez
Dans le second appareil on met les matieres à dissiller
dans une cucurbite de cuivre étamé; on verse
sur ces matieres une certaine quantité d'eau; on recouvre
la cucurbite d'un chapiteau armé de son réfrigerant,
& on retire par le moyen du feu appliqué
immédiatement à la cucurbite, une certaine quantité
de liqueur déterminée par une observation transmise
d'artiste à artiste, & conservée dans les pharmacopées.
Voyez les
On traite ordinairement par le premier procedé les fleurs odorantes, telles que les roses, les oeillets, la fleur d'orange, celle de muguet, de tilleul, &c. On distille toûjours, selon le même procedé, le petit nombre de substances animales dont les eaux distil<-> lées sont en usage en Medecine; savoir, le miel, le lait, la bouse de vache, le frai de grenouilles, l'arriere - faix, le jeune bois de cerf, les limaçons, &c.
Les eaux distillées de cette premiere maniere, sont connues dans quelques livres sous le nom d'eaux es<-> sentielles.
On distille aussi au bain - marie, & sans addition, les plantes cruciferes, telles que le cochlearia & le cresson, pour faire ce qu'on appelle les esprits volatils de ces plantes. On distille ces mêmes plantes par le même procédé, mais en ajoûtant de l'esprit - de - vin pour faire leurs esprits volatils. On a coûtume d'ajoûter aussi un peu d'eau dans la distillation des fleurs d'orange au bain - marie.
On traite de la seconde maniere toutes les autres substances végétales, dont on s'est avisé de retirer des eaux distillées, plantes fraîches & seches, fleurs, calices, semences, écorces, bois, racines, &c. & même la plûpart de celles que nous venons de donner pour les sujets ordinaires de la distillation au bain - marie.
Les produits de cette derniere opération s'appellent
proprement eaux distillées.
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