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On peut distinguer trois sortes d'eaux: eau de pluie,
qui forme les mares, les citernes, & plusieurs lacs:
eau de source, qui forme les fontaines, les puits, les
rivieres, &c. eau de mer, qui est bitumineuse, amere,
salée, & impotable. De cette division, il s'ensuit
que l'eau n'est jamais absolument pure. L'eau de pluie
même, en traversant l'air, & l'eau de source en traversant
les terres, se chargent nécessairement d'une
infinité de parties hétérogenes. Voyez
Si on met de l'eau pure dans des boules de métal que l'on soude ensuite, & qu'on veuille comprimer ces boules avec une presse, ou les applatir à coups de marteau, on trouvera que l'eau ne peut être condensée, mais qu'elle suinte en forme de rosée par les pores du métal: c'est - là le phénomene si connu qui prouve l'incompressibilité de l'eau. On peut conclure de - là, selon M. Musschenbrock, que les particules de l'eau sont fort dures: ce que le même physicien prouve encore par la douleur qu'on sent en frappant vivement la surface de l'eau avec la main, & par l'applatissement des balles de fusil tirees dans l'eau.
Les parties de l'eau ont entr'elles beaucoup d'adhérence;
voyez
La pesanteur spécifique de l'eau est à celle de l'or,
comme 1000 est à 19640, ou environ comme un à
19 [omission: formula; to see, consult fac-similé version]. Mais l'eau est un peu plus pesante d'environ [omission: formula; to see, consult fac-similé version]
en hyver, qu'en été; parce qu'en général la chaleur
raréfie les corps. Voyez
Les particules de l'eau, quoique très - fines, puisqu'elles pénetrent les métaux, ne peuvent presque pénétrer le verre. A l'égard du degré de finesse de ces parties & de leur figure, c'est ce que les Philosophes ne peuvent, & peut - être ne pourront jamais déterminer. L'eau échauffée se raréfie de la vingt - sixieme partie de son volume, à compter du point d'où
Lorsqu'on a pompé l'air de l'eau, si on y remet
une bulle d'air, l'eau l'absorbe bien vîte; elle absorbera
de même une seconde bulle, & ainsi de suite,
jusqu'à ce qu'elle soit tout - à - fait imprégnée d'air=
mais cet air ne se change jamais en eau, puisqu'on
peut toûjours l'en retirer: comme aussi l'eau ne donne
jamais d'autre air que celui qui s'y trouvoit, ou
qu'on y a mis. Il se trouve dans notre atmosphere
divers fluides élastiques, qui s'insinuent aussi dans
l'eau. L'eau pleine d'air ou sans air, est à peu - près
de la même pesanteur spécifique; mais l'eau pleine
d'air est seulement un peu plus raréfiée: d'où M.
Musschenbroeck conclut que l'air enfermé dans l'eau,
est à peu - près aussi dense que l'eau. Sur les phénomenes
chimiques de l'eau, voyez la suite de cet ar<->
ticle; voyez aussi
L'eau éteint le feu, selon M. Musschenbroeck, parce que les corps ne brûlent qu'au moyen de l'huile qu'ils renferment, que l'huile brûlante a une chaleur de plus de 600 degrés, & que l'eau ne pouvant avoir une chaleur de plus de 212 degrés, n'en peut communiquer à l'huile. Il en rapporte encore d'autres raisons, qu'on peut voir dans son ouvrage, & que nous ne prétendons point garantir; d'autant plus que l'eau jettée en petite quantité sur un grand feu, l'augmente au lieu de l'éteindre; & qu'il y a des corps en feu, comme la poix, l'huile, &c. qu'on ne peut refroidir par le moyen de l'eau.
Sur les phénomenes de l'eau glacée, voyez
M. Mariotte prétend que l'état naturel de l'eau est d'être glacée, parce que la fluidité de l'eau vient du mouvement d'une matiere étrangere qui agite les parties de l'eau, & que le repos de cette matiere produit la glace. Il faudroit pour que cette raison fût bonne, 1°. que l'on connût bien certainement la cause de la congelation, 2° que le repos fût un état plus naturel aux corps que le mouvement. Voy. l'essai de physique de M. Musschenbroeck, d'où nous avons extrait la plus grande partie de cet article. (O)
Eau (Page 5:187)
Les eaux viennent ordinairement de sources naturelles, de ruisseaux, ou de machines qui les élevent des rivieres, des puits, & des citernes.
Les eaux naturelles sont celles qui sortant d'elles - mêmes de la terre, se rendent dans un réservoir
& font joüer les fontaines continuellement.
Les artificielles ou machinales sont élevées dans
un réservoir par le moyen des machines hydrauliques.
On appelle eaux jaillissantes, celles qui s'élevent
en l'air au milieu des bassins, & y forment des jets,
des gerbes, & des bouillons d'eau.
Les eaux plates sont plus tranquilles; elles fournissent
des canaux, des viviers, des étangs, des
miroirs, & des pieces d'eau sans aucun jet.
Les eaux courantes, produites par une petite riviere
ou ruisseau, forment des pieces d'eau & des
canaux très - vivans.
Les eaux vives & roulantes sont celles qui coulent
rapidement d'une source abondante, & que
leur extrème fraîcheur rend peu propres à la boisson.
Celles qui fournissent aux jets d'eau sont appellées
forcées; elles se confondent avec les jaillissantes.
Les eaux dormantes, par leur peu de mouvement
sujettes pendant l'été à exhaler de mauvaises
odeurs, sont peu estimées.
On appelle eaux folles, des pleurs de terre qui
produisent peu d'eau, & sont regardées comme de
fausses sources qui tarissent dans les moindres chaleurs.
Les eaux de pluie ou de ravine sont les plus legeres
de toutes; elles ne sont pas les plus claires,
mais elles se clarifient & s'épurent dans les citernes
& les étangs qu'elles fournissent ».
Eau (Page 5:188)
Elle doit être transparente, legere, insipide: on l'éprouve avec la noix de galle; & on observera qu'elle mousse avec le savon, & ne laisse aucune tache sur une assiette bien nette.
Par rapport au Jardinage, il faut expérimenter si les légumes y cuisent facilement; il y a de certaines qualités d'eau, où ils durcissent plûtôt que de cuire.
On doit encore en consulter le goût, eu égard aux fruits, étant certain qu'ils conservent, ainsi que les légumes, celui que l'eau y a communiqué, en se filtrant à - travers les terres.
Dans le cas où les sources & l'eau de riviere manquent, on a recours aux eaux de pluie ramassées dans des citernes: elle est la plus legere, & imprégnée du nitre de l'air: elle est plus féconde & plus pure.
Si on est réduit à l'eau de puits, il faut absolument pour en corriger la crudité, la laisser dégourdir ou attiédir aux rayons du soleil dans un bassin, dans des cuvettes, ou dans des tonneaux défoncés & enfoüis dans la terre: on pourroit même y jetter un peu de colombine ou de crotin de mouton pour l'échauffer, avant que d'en arroser les plantes. (K)
Eau (Page 5:188)
Premierement, comme principe constituant des corps naturels & des composés & mixtes artificiels,
L'eau considérée sous cet aspect est un élément ou premier principe, un corps particulier, simple, pur, indivisible, inproductible, & incommutable, que je prens ici dans son être solitaire & distinct, en un mot le corpuscule primitif de cet aggregé que tout le monde connoît sous le nom d'eau, & dont les propriétés physiques ont été exposées dans l'article précédent.
J'observe 1°. à propos de la doctrine des élémens
ou premiers principes, adoptée ici formellement, que
cette doctrine est directement opposée à l'opinion
regnante, qui admet une matiere premiere, homogene,
commune, universelle; mais qu'une pareille
matiere me paroît un être purement abstrait, & dont
on doit nier l'existence dans la Nature. Voyez le mot
J'observe 2°. à propos des qualités d'improductible
& d'incommutable accordées à l'eau, que le dogme
qui fait de cette substance le principe universel
de tous les corps, & qui suppose par conséquent sa
commutabilité, n'est qu'une opinion fondée sur des
spéculations & des expériences illusoires; que l'histoire
si connue du saule de Vanhelmont, qui paroît
avoir dû son accroissement & sa formation à l'eau
seule; celle de la citrouille élevée de la même maniere
par Boyle; le fait beaucoup plus décisif du
chêne élevé dans l'eau par notre célebre académicien
M. Duhamel; les distillations répetées de l'eau,
qui présentent toûjours un petit résidu terreux: que
tout cela, dis - je, ne prouve pas que l'eau puisse être
changée en terre, fournir seule des sels & des huiles,
&c. car il n'est pas difficile de déterminer l'origine
de la terre qui a formé les squelettes de ces végetaux,
& qui a concouru à la production de leurs
sels & de leurs huiles (V.
Personne ne pense plus aujourd'hui que l'air puissé
devenir de l'eau en se condensant; que les gouttes
d'eau qui paroissent sur les vîtres d'un appartement
dans certaines circonstances, soient de l'air
condensé; que les fontaines soient dûes à l'air condensé
dans des concavités soûterraines, &c. (voyez
Je ferai encore une observation particuliere sur
les qualités de corps pur, simple, & existant solitairement,
que j'attribue à l'eau principe: il faut remarquer
que ce ne sont pas ici des considérations abstraites,
mais que l'eau existe physiquement dans cet
état de pureté & de division actuelle, absolue, &
qu'on pourroit appeller radicale, & que toute combinaison
réelle de ce corps suppose cette division &
cette pureté. Voyez
L'idée que la saine Chimie nous donne de l'eau
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