ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

RECHERCHE Accueil Mises en garde Documentation ATILF ARTFL Courriel

Previous page

"185"> épistre comme registre, & que c'est par cette raison que Marot a fait rimer registre avec épistre: tant il est vrai que c'est de la prononciation que l'on doit tirer les regles de l'ortographe. Mais revenons à nos e.

L'é fermé est celui que l'on prononce en ouvrant moins la bouche qu'on ne l'ouyre lorsqu'on prononce un è ouvert commun; tel est l'e de la derniere syllabe de fermeté, bonté, &c.

Cet e est aussi appellé masculin, parce que lorsqu'il se trouve à la fin d'un adjectif ou d'un participe, il indique le masculin, aifé, habillé, aimé, &c.

L'e des infinitifs est fermé, tant que l'r ne se prononce point; mais si l'on vient à prononcer l'r, ce qui arrive toutes les fois que le mot qui suit commence par une voyelle; alors l'e fermé devient ouvert commun; ce qui donne lieu à deux observations. 1°. L'e fermé ne rime point avec l'e ouvert: aimer, abîmer, ne riment point avec la mer, mare; ainsi madame des Houlieres n'a pas été exacte lorsque dans l'idylle du ruisseau elle a dit:

Dans votre sein il cherche à s'abîmer; Vous & lui jusques à la mer Vous n'êtes qu'une même chose. 2°. Mais comme l'e de l'infinitif devient ouvert commun, lorsque l'r qui le suit est lié avec la voyelle qui commence le mot suivant, on peut rappeller la rime, en disant:

Dans votre sein il cherche à s'abîmer, Et vous & lui jusqu'à la mer Vous n'êtes qu'une même chose.

L'e muet est ainsi appellé relativement aux autres e; il n'a pas, comme ceux - ci, un son fort, distinct & marqué: par exemple, dans mener, demander, on fait entendre l'm & le d, comme si l'on écrivoit mner, dmander.

Le son foible qui se fait à peine sentir entre l'm & l'n de mener, & entre le d & l'm de demander, est précisément l'e muet: c'est une suite de l'air sonore qui a été modifié par les organes de la parole, pour faire entendre ces consonnes. Voyez Consonne.

L'e muet des monosyllabes me, te, se, le, de, est un peu plus marqué; mais il ne faut pas en faire un e ouvert, comme font ceux qui disent amène - lè: l'e prend plûtôt alors le son de l'eu foible.

Dans le chant, à la fin des mots, tels que gloire, fidele, triomphe, l'e muet est moins foible que l'e muet commun, & approche davantage de l'eu foible.

L'e muet foible, tel qu'il est dans mener, demander, se trouve dans toutes les langues, toutes les fois qu'une consonne est suivie immédiatement par une autre consonne; alors la premiere de ces consonnes ne sauroit être prononcée sans le secours d'un esprit foible: tel est le son que l'on entend entre le p & l's dans pseudo, psalmus, psittacus; & entre l'm & l'n de mna, une mine, espece de monnoie; Mnemosyne, la mere des Muses, la déesse de la mémoire.

On peut comparer l'e muet au son foible que l'on entend après le son fort que produit un coup de marteau qui frappe un corps solide.

Ainsi il faut toûjours s'arrêter sur la syllabe qui précede un e muet à la fin des mots.

Nous avons déjà observé qu'on ne sauroit prononcer deux e muets de suite à la fin d'un mot, & que c'est la raison pour laquelle l'e muet de mener devient ouvert dans je mène.

2°. Les vers qui finissent par un e muet, ont une syllabe de plus que les autres, par la raison que la derniere syllabe étant muette, on appuie sur la pénultieme: alors, je veux dire à cette pénultieme, l'oreille est satisfaite par rapport au complément du rithme & du nombre des syllabes; & comme la derniere tombe foiblement, & qu'elle n'a pas un son plein, elle n'est point comptée, & la mesure est remplie à la pénultieme.

Jeune & vaillant héros, dont la haute sages - se.

L'oreille est satisfaite à la pénultieme, ges, qui est le point d'appui, après lequel on entend l'e muet de la derniere syllabe se.

L'e muet est appellé féminin, parce qu'il sert à former le féminin des adjectifs; par exemple, saint, sainte; pur, pure; bon, bonne, &c. au lieu que l'e fermé est apellé masculin, parce que lorsqu'il termine un adjectif, il indique le genre masculin, un homme aimé, &c.

L'e qu'on ajoûte après le g, il mangea, &c. n'est que pour empêcher qu'on ne donne au g le son fort ga, qui est le seul qu'il devroit marquer: or cet e fait qu'on lui donne le son foible, il manja: ainsi cet e n'est ni ouvert, ni fermé, ni muet; il marque seulement qu'il faut adoucir le g, & prononcer je, comme dans la derniere syllabe de gage: on trouve en ce mot le son fort & le son foible du g.

L'e muet est la voyelle foible de eu, ce qui paroît dans le chant, lorsqu'un mot finit par un e muet moins foible:

Rien ne peut l'arrêter Quand la gloire l'appelle. Cet eu qui est la forte de l'e muet, est une véritable voyelle: ce n'est qu'un son simple sur lequel on peut faire une tenue. Cette voyelle est marquée dans l'écriture par deux caracteres; mais il ne s'ensuit pas de - là que eu soit une diphtongue à l'oreille, puisqu'on n'entend pas deux sons voyelles. Tout ce que nous pouvons en conclure, c'est que les auteurs de notre alphabet ne lui ont pas donné un caractere propre.

Les lettres écrites qui, par les changemens survenus à la prononciation, ne se prononcent point aujourd'hui, ne doivent que - nous avertir que la prononciation a changé; mais ces lettres multipliées ne changent pas la nature du son simple, qui seul est aujourd'hui en usage, comme dans la derniere syllabe de ils aimoient, amabant.

L'e est muet long dans les dernieres syllabes des troissemes personnes du pluriel des verbes, quoique cet e soit suivi d'nt qu'on prononçoit autrefois, & que les vieillards prononcent encore en certaines provinces: ces deux lettres viennent du latin amant, ils aiment.

Cet e muet est plus long & plus sensible qu'il ne l'est au singulier: il y a peu de personnes qui ne sentent pas la différence qu'il y a dans la prononciation entre il aime & ils aiment. (F)

E (Page 5:185)

E, (Ecriture.) dans l'italienne & la coulée, c'est la sixieme & la septieme partie de l'o, & sa premiere moitié. L'e rond est un demi - cercle, ou la moitié de l'o, auquel il faut ajoûter un quart de cercle qui fasse la seconde partie de cet e. Les deux premiers e se forment d'un mouvement mixte des doigts & du poignet. L'e rond s'exécute en deux tems. Voyez les fig. de ces différens e dans nos Planches, & dans nos exem<-> ples d'Ecriture.

EA

EACÉES (Page 5:185)

* EACÉES, adj. f. pl. pris subst. (Myth.) étoient des fêtes solennelles qu'on célébroit à Egine en l'honneur d'Eaque qui en avoit été roi, & qu'on disoit avoir dans les enfers la fonction de juge, parce qu'il s'étoit distingué sur la terre par sa droiture & son équité. Voyez Fête, &c. Enfer.

EALÉ (Page 5:185)

* EALÉ, s. f. (Hist. nat.) animal à quatre piés dont Pline donne la description suivante, à la suite de celles du lynx, du sphynx, & d'autres animaux d'Ethiopie. « L'éalé, dit - il, est de la grandeur de [p. 186] l'hippopotame (voyez Hippopotame); elle est noire ou rousse; elle a la queue de l'éléphant (voyez Eléphant); la mâchoire de sanglier (voyez Sanglier), & les cornes mobiles & longues d'une coudée & davantage; elle combat tantôt avec l'une, tantôt avec l'autre, & s'en sert comme d'une arme offensive & défensive ». Nous ne connoissons aucun animal qui ait cette mobilité de cornes.

EAQUE (Page 5:186)

* EAQUE, s. m. (Myth.) un des trois juges des enfers. Il étoit fils de Jupiter & d'Europe; d'autres disent d'Egine. Il se montra pendant sa vie si équitable envers les hommes, qu'après sa mort Pluton l'associa à Minos & à Rhadamante, pour les juger aux enfers. Voyez Enfer & Eacées.

EARLDORMAN (Page 5:186)

EARLDORMAN, s. m. (Hist. d'Angl.) le premier degré de noblesse chez les Anglo - Saxons. Comme l'origine de cette dignité, de ses fonctions, & de ses prérogatives, répand un grand jour sur les premiers tems de l'histoire de la Grande - Bretagne, il n'est pas inutile d'en fixer la connoissance, qui ne se trouve dans aucun dictionnaire françois.

Ce mot, qui dans son origine ne signifie qu'un homme âgé ou ancien, vint peu - à - peu à désigner les personnes les plus distinguées, apparemment parce qu'on choisissoit pour exercer les plus grandes charges, ceux qu'une longue expérience en pouvoit rendre plus capables: méthode que nous ne connoissons guere. Ce n'est pas seulement parmi les Saxons que ces deux significations se trouvent confondues; on voit dans l'Ecriture - sainte, que les anciens d'Israel, de Moab, de Madian, étoient pris parmi les principaux de ces nations. Les mots, senator, sen<-> nor, signor, seigneur, en latin, en espagnol, en italien, & en françois, signifient la même chose.

Les ealdormans ou earldormans étoient donc en Angleterre les plus considérables de la noblesse, ceux qui exerçoient les plus grandes charges, & par une suite très - naturelle, qui possédoient le plus de biens. Comme on confioit ordinairement à ceux de cet ordre les gouvernemens des provinces; au lieu de dire le gouverneur, on disoit l'ancien earldorman d'une telle province: c'est de - là que peu - à - peu ce mot vint à désigner un gouverneur de province, ou même d'une seule ville.

Pendant le tems de l'heptarchie, ces charges ne duroient qu'autant de tems qu'il plaisoit au roi, qui dépossédoit les earldormans quand il le jugeoit à - propos, & en mettoit d'autres en leur place. Enfin ces emplois furent donnés à vie, du moins ordinairement: mais cela n'empêcha pas que ceux qui les possédoient, ne pussent être destitués pour diverses causes. Il y en a des exemples sous les regnes de Canut, & d'Edoüard le Confesseur.

Après l'établissement des Danois en Angleterre, le nom d'earldorman se changea peu - à - peu en celui d'earl, mot danois de la même signification; ensuite les Normands voulurent introduire le titre de comte, qui bien que différent dans sa premiere origine, désignoit pourtant la même dignité: mais le terme danois earl s'est conservé jusqu'à ce jour, pour signifier celui qu'en d'autres pays on appelloit comte. Voyez Comte.

Il y avoit plusieurs sortes d'earldormans: les uns n'étoient proprement que des gouverneurs de province; d'autres possédoient leur province en propre, comme un fief dépendant de la couronne, & qu'ils tenoient en foi & hommage; de sorte que cette province étoit toûjours regardée comme membre de l'état. L'histoire d'Alfred le Grand fournit un exemplede cette derniere sorte d'earldormans, qui étoient fort rares en Angleterre. C'est ainsi qu'en France, vers le commencement de la troisieme race de nos rois, les duchés & les comtés qui n'étoient aupara<cb-> vant que de simples gouvernemens, furent donnés en propriété sous la condition de l'hommage.

Les earldormans, ou les comtes de cette espece, étoient honorés des titres de reguli, subreguli, prin<-> cipes; il n'est pas même sans exemple, qu'on leur ait donné le titre de rois: quant aux autres, qui n'étoient que de simples gouverneurs, ils prenoient seulement le titre d'earldormans d'une telle province. Les premiers faisoient rendre la justice en leur propre nom: ils profitoient des confiscations, & s'approprioient les revenus de leur province. Les derniers rendoient eux - mêmes la justice au nom du roi, & ne retiroient que certains émolumens qui leur étoient assignés. Le comte Goodwin, quelque grand seigneur qu'il fût d'ailleurs, n'étoit que de ce second ordre.

A ces deux sortes de grands earldormans, on peut en ajoûter une autre; savoir, de ceux qui sans avoir de gouvernement, portoient ce titre à cause de leur naissance, & parce qu'on tiroit ordinairement les gouverneurs de leur ordre: ainsi le titre d'earldor<-> man ne désignoit quelquefois qu'un homme de qualité.

Il y avoit encore des earldormans inférieurs dans les villes, & même dans les bourgs: mais ce n'étoient que des magistrats subalternes qui rendoient la justice au nom du roi, & qui dépendoient des grands earldormans. Le nom d'alderman, qui subsiste encore, est demeuré à ces officiers inférieurs, pendant que les premiers ont pris le titre de earl ou de comte.

La charge d'earldorman étoit civile, & ne donnoit aucune inspection sur les affaires qui regardoient la guerre. Il y avoit dans chaque province un duc qui commandoit la milice: ce nom de duc, pris du latin dux, est moderne. Les Saxons appelloient cet officier heartogh: celui - ci n'avoit aucun droit de se mêler des affaires civiles. Son emploi étoit entierement différent & indépendant de celui de comte; on trouve néanmoins quelquefois dans l'histoire d'Angleterre, que tantôt le titre de duc, tantôt celui de com<-> te, sont donnés à une même personne: mais c'est qu'alors les deux charges se trouvoient réunies dans un même sujet, comme elles le furent assez communément vers la fin de l'heptarchie. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

EARNE (Page 5:186)

EARNE, (Géog. mod.) lac d'Irlande dans la province d'Ulster, au comté de Fermanagh.

EAST - MEATH (Page 5:186)

EAST - MEATH, (Géog. mod.) contrée d'Irlande dans la province de Leinster; elle a titre de comté: Kelly en est la capitale.

EASTRÉE ou EASTRE (Page 5:186)

* EASTRÉE ou EASTRE, s. f. (Myth.) déesse des anciens Germains, en l'honneur de laquelle ils célébroient une fête au mois d'Avril. Comme ce terme Eastré vient de celui de résurrection, les détracteurs des fêtes de la religion chrétienne ont abusé de ce rapport, pour assûrer que nous tenions la célébration de la pâque des Eastrées gauloises: idée creuse, s'il en fut jamais, dans ce genre de conjectures.

FAU (Page 5:186)

FAU, s. f. (Phys.) est un corps fluide, humide, visible, transparent, pesant, sans goût, sans odeur, qui éteint le feu, lorsqu'on en jette dessus en une certaine quantité, &c. Voyez Fluide, Feu, &c. Nous disons que l'eau est fluide & humide, car ces deux qualités ne sont pas identiques: le mercure, par exemple, est fluide sans être humide, &c. Voyez Humide.

Nous ne parlerons point ici de l'utilité de ce fluide: elle est assez connue. L'eau étoit un des quatre élémens des anciens, voyez Elémens; & Thalès la regardoit comme le principe de toutes choses. Cette opinion de Thalès étoit même plus ancienne que lui; & M. l'abbé de Canaye a prouvé, dans une excellente dissertation, tome X. des mém. de l'académie des Belles - lettres, que le mot grec A)RXH\, dont les parti<pb->

Next page


The Project for American and French Research on the Treasury of the French Language (ARTFL) is a cooperative enterprise of Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française (ATILF) of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), the Division of the Humanities, the Division of the Social Sciences, and Electronic Text Services (ETS) of the University of Chicago.

PhiloLogic Software, Copyright © 2001 The University of Chicago.