ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"175"> me, à quelque endroit de la verge qu'il fût attaché; car la verge étant tirée de la situation verticale, en quelqu'endroit de la verge que le poids soit placé, l'action de la pesanteur sur lui est la même & doit produire le même effet au premier instant. C'est pourquoi chacun des poids qui sont attachés à la verge, tend à décrire une petite ligne qui est égale pour tous ces poids. Or la verge étant supposee inflexible, il est impossible que ces poids parcourent tous des lignes égales au premier instant; mais ceux qui sont plus près du centre de suspension, doivent évidemment parcourir un plus petit espace, & ceux qui en sont plus éloignés doivent parcourir de plus grandes lignes. Il faut donc nécessairement que par l'inflexibilité de la verge, la vîtesse avec laquelle chaque poids tendoit à se mouvoir, soit altérée, & qu'au lieu d'être la même dans tous, elle augmente dans les poids inférieurs, & diminue dans les supérieurs. Mais suivant quelle loi doit - elle augmenter & diminuer? voilà en quoi le problème consiste: on en verra la solution à l'article Oscillation.

M. Huyghens & plusieurs autres après lui, ont résolu ce problème par différentes méthodes. Depuis ce tems, & sur - tout depuis environ vingt ans, les Géometres se sont appliqués à diverses questions de cette espece. Les mémoires de l'académie de Petersbourg nous offrent plusieurs de ces questions, résolues par MM. Jean & Daniel Bernoully pere & fils, & par M. Euler, dont les noms sont aujourd'hui si célebres. MM. Clairaut, de Montigny, & d'Arcy, ont aussi imprimé dans les mémoires de l'académie des Sciences, des solutions de problemes de Dynami<-> que; & le premier de ces trois géometres a donné dans les mém. acad. 1742, des méthodes qui facilitent la solution d'un grand nombre de questions qui ont rapport à cette science. J'ai fait imprimer en 1743 un traité de Dynamique, où je donne un principe général pour résoudre tous les problèmes de ce genre. Voici ce qu'on lit à ce sujet dans la préface: « Comme cette partie de la méchanique n'est pas moins curieuse que difficile, & que les problèmes qui s'y rapportent composent une classe rès - étendue, les plus grands géometres s'y sont appliqués particulierement depuis quelques années: mais ils n'ont résolu jusqu'à présent qu'un très - petit nombre de problèmes de ce genre, & seulement dans des cas particuliers. La plupart des solutions qu'ils nous ont données, sont appuyées outre cela sur des principes que personne n'a encore démontrés d'une maniere générale; tels, par exemple, que celui de la conservation des forces vives (voyez conservation des forces vives au mot Force). J'ai donc crû devoir m'étendre principalement sur ce sujet, & faire voir comment on peut résoudre toutes les questions de Dynamique par une même méthode fort simple & fort directe, & qui ne consiste que dans la combinaison des principes de l'équilibre & du mouvement composé; j'en montre l'usage dans un petit nombre de problèmes choisis, dont quelques - uns sont déjà connus, d'autres sont entierement nouveaux, d'autres enfin ont été mal résolus, même par de très - grands géometres ».

Voici en peu de mots en quoi consiste mon principe pour résoudre ces sortes de problèmes. Imaginons qu'on imprime à plusieurs corps, des mouvemens qu'ils ne puissent conserver à cause de leur action mutuelle, & qu'ils soient forcés d'altérer & de changer en d'autres. Il est certain que le mouvement que chaque corps avoit d'abord, peut être regardé comme composé de deux autres mouvemens à volonté (voyez Décomposition & Composition du mouvement), & qu'on peut prendre pour l'un des mouvemens composans celui que chaque corps doit prendre en vertu de l'action des autres corps. Or si chaque corps, au lieu du mouvement primitif qui lui a été imprimé, avoit reçu ce premier mouvement composant, il est certain que chacun de ces corps auroit conservé ce mouvement sans y rien changer, puisque par la supposition c'est le mouvement que chacun des corps prend de lui - même. Donc l'autre mouvement composant doit être tel qu'il ne dérange rien dans le premier mouvement composant, c'est - à - dire que ce second mouvement doit être tel pour chaque corps, que s'il eût été imprimé seul & sans aucun autre, le système fût demeuré en repos.

De - là il s'ensuit que pour trouver le mouvement de plusieurs corps qui agissent les uns sur les autres, il faut décomposer le mouvement que chaque corps a reçu, & avec lequel il tend à se mouvoir, en deux autres mouvemens, dont l'un soit détruit, & dont l'autre soit tel & tellement dirigé, que l'action des corps environnans ne puisse l'altérer ni le changer. On trouvera aux articles Oscillation, Percussion, & ailleurs, des applications de ce principe qui en font voir l'usage & la facilité.

Par - là il est aisé de voir que toutes les lois du mouvement des corps se réduisent aux lois de l'équilibre; car pour résoudre un problème quelconque de Dy<-> namique, il n'y a qu'à d'abord décomposer le mouvement de chaque corps en deux, dont l'un étant supposé connu, l'autre le sera aussi nécessairement. Or l'un de ces mouvemens doit être tel, que les corps en le suivant ne se nuisent point, c'est - à - dire que s'ils sont, par exemple, attachés à une verge inflexible, cette verge ne souffre ni fracture ni extension, & que les corps demeurent toûjours à la même distance l'un de l'autre; & le second mouvement doit être tel que s'il étoit imprimé seul, la verge, ou en général le système, demeurât en équilibre. Cette condition de l'inflexibilité de la verge, & la condition de l'équilibre, donnera toûjours toutes les équations nécessaires pour trouver dans chaque corps la direction & la valeur d'un des mouvemens composans, & par conséquent la direction & la valeur de l'autre.

Je crois pouvoir assûrer qu'il n'y a aucun problème dynamique, qu'on ne résolve facilement & presque en se joüant, au moyen de ce principe, ou du moins qu'on ne réduise facilement en équation; car c'est là tout ce qu'on peut exiger de la Dynamique, & la résolution ou l'intégration de l'équation est ensuite une affaire de pure analyse. On se convaincra de ce que j'avance ici, en lisant les différens problèmes de mon traité de Dynamique; j'ai choisi les plus difficiles que j'ai pû, & je crois les avoir résolus d'une maniere aussi simple & aussi directe que les questions l'ont permis. Depuis la publication de mon traité de Dynamique, en 1743, j'ai eu fréquemment occasion d'en appliquer le principe, soit à la recherche du mouvement des fluides dans des vases de figure quelconque (voyez mon traité de l'équilibre & du mou<-> vement des fluides, 1744), soit aux oscillations d'un fluide qui couvre une surface sphérique (voyez mes re<-> cherches sur les vents, 1746), soit à la théorie de la précession des équinoxes & de la mutation de l'axe de la Terre en 1749, soit à la résistance des fluides en 1752, soit enfin à d'autres problèmes de cette espece. J'ài toûjours trouvé ce principe d'une facilité & d'une fécondité extrèmes; j'ose dire que j'en parle sans prévention, comme je ferois de la découverte d'un autre, & je pourrois produire sur ce sujet des témoignages très - authentiques & très - graves. Il me semble que ce principe réduit en effet tous les problèmes du mouvement des corps à la considération la plus simple, à celle de l'équilibre. Voyez Equilibre. Il n'est appuyé sur aucune métaphysique mauvaise ou obscure; il ne considere dans le mouvement [p. 176] que ce qui y est réellement, c'est - à - dire l'espace parcouru, & le tems employé à le parcourir; il ne fait usage ni des actions ni des forces, ni en un mot d'aucun de ces principes secondaires, qui peuvent être bons en eux - mêmes, & quelquefois utiles, pour abréger ou faciliter les solutions, mais qui ne seront jamais des principes primitifs, parce que la métaphysique n'en sera jamais claire. (O)

DYNASTIE (Page 5:176)

DYNASTIE, s. f. (Hist. anc.) signifie une suite des princes d'une même race qui ont regné sur un pays. Les dynasties d'Egypte sont fameuses dans l'histoire ancienne, & ont fort exercé les savans. Pour en avoir une notion suffisante, il faut savoir qu'une ancienne chronique d'Egypte, dont parle George Syncelle, fait mention de trois grandes dynasties différentes. Celle des dieux, celle des demi - dieux ou héros, & celle des hommes ou rois. La premiere & la seconde ont duré, selon cette chronique, trente quatre mille deux cents trente & un an. On sent à la seule inspection de cette chronologie, qu'elle doit son origine à l'entêtement qu'avoient les Egyptiens de passer pour les plus anciens peuples de la terre. Quant à celle des rois, on ne la fait que de deux mille trois cents vingt - quatre ans depuis le regne de Menès premier roi d'Egypte, jusqu'à celui de Nectanebe II. sous lequel ce royaume fut conquis par Artaxerxès Ochus. Manethon prêtre égyptien, & qui a écrit l'histoire de sa patrie, compte 30 de ces dynasties de rois, & leur donne la durée de plus de cinq mille trois cents ans jusqu'au regne d'Alexandre. Il est pourtant facile de concilier son calcul avec le premier, en supposant qu'il a compté comme successives des dynasties qui concouroient ensemble, parce que plusieurs princes dont il fait mention ont regné dans le même tems sur diverses parties de l'Egypte; ainsi il faut les regarder comme contemporaines & collatérales. Les dy<-> nasties de Manethon se divisent en deux parties principales. La premiere, qui contient dix - sept dynasties depuis Menès jusqu'au tems de Moyse, & dans ces dix - sept dynasties sept noms différens des familles de princes qui occuperent l'empire, & qui sont les Thinites, les Memphites, les Diospolites, les Héracléopolites, les Thanites, les Elephantins, & les Saïtes, ainsi nommés des villes de This, de Memphis, de Diopolis, d'Héracléopolis, de Thanis, d'Elephantide, & de Saïs, d'où sortoient ces princes, & où ils établirent le siége de leur domination. On compte deux dynasties, c'est - à - dire deux familles de Thinites, cinq de Memphites, quatre de Diospolites, deux d'Héracléopolites, deux de Tanites ou pasteurs, une d'Elephantins, & une de Saïtes. L'ordre, la durée du regne, & la succession de ces princes, est fort incertaine; & il n'y a pas moins d'obscurité sur les 13 dernieres dynasties, qui sont celles des Diospolites, des Tanites, des Bubartites, des Saïtes, des Ethiopiens, des Perses, des Menderiens, & des Sebennites. Ces princes, dont le premier fut Amosis, posséderent toute la basse Egypte avec l'état de Memphis, qui avoit eu fort long - tems ses souverains particuliers. Il n'y eut que la haute Egypte ou la Thébaïde qui ne reconnut point leur puissance, parce qu'elle avoit ses rois séparés. Les différentes branches de ces princes ou se succédoient par mort, ou se déthronoient les unes les autres, ou étoient dépossédées par des étrangers, comme il arriva à la deuxieme dynastie des Saïtes, de l'être par Cambyse roi des Perses, & à celle des Sebennites de l'être par Artaxerxès Ochus. On conçoit aisément que dans un état sujet à d'aussi fréquentes révolutions, & où les princes de différentes dynasties ont souvent porté le même nom, il n'est guere possible, sans une extrème attention, de ne pas confondre & les regnes & les personnages. Sur l'époque du regne de Menès & la durée des dy<-> nasties d'Egypte, on peut s'en tenir à ce qu'en a écrit le P. Pezron dans son livre de l'antiquité des tems; mais comme cet habile écrivain a varié, & a pris un fystème plus étendu dans sa défense de l'antiquité des tems, on peut aussi le corriger & le rectifier. Le chevalier Marsham dans son canon chronicus, a lui - même abrégé le tems de leur durée, & les fait commencer trop près du déluge. Ainsi cette question ne sera de long tems bien éclaircie. Chambers. (G)

DIONYSIAS (Page 5:176)

DIONYSIAS, (Hist. nat.) pierre dont parle Pline. Il dit qu'elle est noire, remplie de taches rouges; il prétend que triturée avec de l'eau, elle lui donne le goût du vin; il lui attribue la vertu d'empêcher de s'enivrer. Ludovico Dolce prétend qu'elle se trouve en Orient, & qu'elle est de la couleur du fer, avec des taches blanches. Voyez Pline, libro XXXVII. cap. x. & Boece de Boot, pag. 556.

DYSARES (Page 5:176)

DYSARES, s. m. (Hist. anc.) dieu qui étoit adoré des anciens Arabes, & qu'on croit avoir été le même que Bacchus, ou le Soleil. On lit Disarès dans Tertullien, apologet. c. xxjv, où il dit que chaque pays avoit son dieu particulier; que les Syriens adoroient Astarte, & les Arabes Dysarès. On trouve Dusarès dans Etienne; & Vossius prétend que ce nom vient du syriaque duts & arets, dont le premier signifie joie, & l'autre terre: comme si les Arabes eussent voulu dire que leur dieu les réjoüissoit en rendant la terre féconde. (G)

DYSCOLE (Page 5:176)

* DYSCOLE, adj. (Théolog.) il est tiré du grec dyscolos, dur & fâcheux. Il n'est guere d'usage qu'en controverse. S. Pierre veut que les serviteurs chrétiens soient soûmis à leurs maîtres, non - seulement lorsqu'ils ont le bonheur d'en avoir de doux & d'équitables, mais encore lorsque la providence leur en a donné de fâcheux & d'injustes ou dyscoles.

DYSPEPSIE (Page 5:176)

DYSPEPSIE, s. f. (Med.) digestion lente, foible dépravée, causée d'ordinaire par le vice des humeurs, ou par le manque de force dans les organes qui servent à la concoction des alimens.

Quand l'estomac est accablé d'une pituite grossiere & visqueuse, de matieres crues, nidoreuses, acides, salines, alkalines, bilieuses, putrides, tenaces, il ne peut former, de l'affluence de pareils alimens, un chyle bien conditionné: la dépravation de la salive, de la bile, de la liqueur gastrique, du suc pancréatique, de la lymphe intestinale; le défaut de ces mêmes sucs, leur trop grande évacuation par la bouche ou par les selles, retardent, empêchent, ou dépravent la digestion. L'on corrigera la nature des humeurs vitiées, & l'on rétablira celles qui manquent, par des sucs analogues. S'il y a des vers dans les premieres voies, l'on les détruira par le diagrede & le mercure.

L'affoiblissement particulier de l'estomac, ou le relâchement de ses fibres, procédant de la gloutonerie, de la voracité dans la manducation, de l'abus des liqueurs spiritueuses, cause nécessairement une mauvaise chylification, qui demande pour remede le régime suivi des stomachiques. La trop grande abstinence produit le même effet sur l'estomac que la trop grande replétion, & occasionne même un état plus fâcheux, en diminuant par l'inaction la force & le jeu de cet organe.

La dyspepsie qui provient de fautes commises dans les choses non - naturelles, comme dans le manque d'exercice, l'excès du sommeil & des veilles, &c. se rétablit par une conduite contraire. Mais si quelque matiere morbifique, en se jettant dans l'estomac & dans les intestins, altere leurs fonctions, on n'y peut obvier qu'en guérissant la maladie dont la mauvaise digestion est l'effet, en évacuant l'humeur morbifique, en la corrigeant, ou en l'attirant sur une autre partie. Nous ne connoissons point de méthode curative générale, elle doit varier dans son application conformément aux diverses causes; & c'est cette

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