ENCYCLOPÉDIE OU DICTIONNAIRE RAISONNÉ
DES SCIENCES, DES ARTS ET DES MÉTIERS

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"167"> garde le poëte; ce qui regarde le musicien, c'est de trouver un chant convenable au sujet, & distribué de telle sorte, que chacun des interlocuteurs parlant alternativement, toute la suite du dialogue ne forme qu'une mélodie, qui sans changer de sujet, ou du moins sans altérer le mouvement, passe dans son progrès d'une partie à l'autre, sans cesser d'être une & sans enjamber. Quand on joint ensemble les deux parties, ce qui doit se faire rarement & durer peu, il faut trouver un chant susceptible d'une marche par tierces ou par sixtes, dans lequel la seconde partie fasse son effet sans distraire l'oreille de la premiere. Il faut garder la dureté des dissonnances, les sons perçans & renforcés, le fortissimo de l'orchestre pour des instans de desordre & de transport, où les acteurs semblant s'oublier eux - mêmes, portent leur égarement dans l'ame de tout spectateur sensible, & lui font éprouver le pouvoir de l'harmonie sobrement ménagée. Mais ces instans doivent être rares & amenés avec art. Il faut par une musique douce & affectueuse avoir déjà disposé l'oreille & le coeur à l'émotion, pour que l'un & l'autre se prêtent à ces ébranlemens violens, & il faut qu'ils passent avec la rapidité qui convient à notre foiblesse; car quand l'agitation est trop forte, elle ne sauroit durer; & tout ce qui est au - delà de la nature ne touche plus.

En disant ce que les duo doivent être, j'ai dit précisément ce qu'ils sont dans les opéra italiens.

Mais sans insister sur les duo tragiques, genre de Musique dont on n'a pas même l'idée à Paris, je puis citer un duo comique qui y est connu de tout le monde, & je le citerai hardiment comme un modele de chant, d'unité de mélodie, de dialogue & de goût, auquel, selon moi, rien ne manquera, quand il sera bien exécuté, s'il a des auditeurs qui sachent l'entendre: c'est celui du premier acte de la Serva Padrona, Lo conosco a quegl'occhietti, &c. Lettre sur la Musique Françoise. (S)

DUODENAL (Page 5:167)

DUODENAL, adj. en Anat épithete de quelques parties relatives au duodenum. Voyez Duodenum.

L'artere & la veine duodénale. L'une est la branche d'une artere que le duodenum reçoit de la céliaque, à laquelle répond une veine du même no n, qui renvoie le sang à la veine - porte. Voyez Veine & Artere. (L)

DUODENUM (Page 5:167)

DUODENUM, s. m. terme d'Anatomie; c'est le premier des intestins greles ou petits boyaux, celui qui reçoit de l'estomac les alimens dont la chylification est à moitié faite. Voyez l'article Intestins.

On l'appelle duodenum, à cause qu'il est long de douze doigts; c'est pourquoi quelques - uns le nomment dodecadactilum.

Le duodenum vient du pylore ou de l'orifice droit de l'estomac; de - là descendant vers l'épine de droit à gauche, il se termine où commencent les circonvolutions du reste.

Ses tuniques sont plus épaisses, & sa cavité ou canal moindre que ceux des autres intestins: à son extrémité la plus basse sont deux canaux qui s'ouvrent dans sa cavité; l'un qui vient du foie & de la vésicule du fiel, appellé le canal commun cholidoque; & l'autre qui vient du pancréas, appellé pancréati<-> que. Voyez Cholidoque & Pancreatique.

Le duodenum est parfaitement droit; mais l'intestin jejunum fait différens tours & inflexions. La raison en est que la bile & le suc pancréatique se mêlant au commencement de ces intestins ou à l'extrémité du duodenum, précipiteroient trop rapidement sans ces circonvolutions non - seulement les parties grossieres des excrémens, mais encore le chyle lui - même. Voyez Bile, Excrément, &c. Chambers. (L)

Maladies du duodenum. Cette premiere portion du canal intestinal est regardée par quelques auteurs, & particulierement par Frédéric Hoffman, comme un estomac succenturial, c'est - à - dire un substitut de ce viscere, en tant qu'il semble que l'ouvrage de la digestion qui a été bien avancé dans le ventricule se perfectionne principalement dans le duodenum.

Ce sentiment est fondé sur les considérations suivantes: cet intestin a de plus fortes tuniques; & il est plus large que les autres intestins grêles, selon l'observation de plusieurs grands anatomistes, tels que Vesale, Weslingius, Diemerbroeck. Il a une courbure en forme de cul - de - sac propre à retarder le cours des matieres qui y sont contenues, telle qu'il ne s'en trouve point de semblable dans toute la suite des petits boyaux: il est garni d'un plus grand nombre deglandes qui fournissent une grande quantité de suc digestif salivaire, semblable au suc gastrique, plus fluide que la lymphe qui se sépare dans les autres glandes intestinales; il n'a point de veines lactées; il n'est point flotant dans la duplicature du mesentere, comme tous les autres boyaux.

Par tous ces caracteres le duodenum a beaucoup de rapport avec l'estomac: il a de plus que ce viscere trois différens menstrues qui s'y répandent abondamment: savoir la bile hépatique, la cystique, & le suc pancréatique, qui en se mêlant avec la pâte alimentaire fournie par l'estomac, dissolvent les matieres grasses, résineuses, qui ont éludé l'action des sucs digestifs de l'estomac, qui n'ont pas les qualités propres pour les pénétrer. Les matieres salines, gommeuses, sont aussi ultérieurement dissoutes par la lymphe des glandes de Brunner & du pancréas; ensorte que le chyme, après avoir éprouvé aussi l'action des parois musculeux de cet intestin qui exerce une sorte de trituration, qui tend à broyer & à mêler plus intimement les matieres inquilines avec les étrangeres, sort du duodenum en état de commencer à fournir à la secrétion du chyle, dans les premieres veines lactées qui se trouvent dans le jejunum; & la matiere alimentaire paroît avoir été plus changée, plus élaborée depuis qu'elle est sortie de l'estomac, qu'elle ne l'avoit été par toutes les puissances dont elle avoit précédemment éprouvé l'action combinée.

Ainsi autant que la fonction de cet intestin est importante dans l'oeconomie animale saine, autant ses lésions peuvent - elles influer pour la troubler. C'est sur ce fondement que Vanhelmont & Sylvius Deleboë ont voulu en tirer la cause de presque toutes les maladies, & qu'ils ont tenté d'en rendre raison d'après leur système: ils raisonnoient sur de faux principes, en supposant l'effervescence de la bile avec le suc pancréatique; mais les conséquences qu'ils en inféroient étoient conformes à l'expérience de tous les tems, qui a fait regarder le duodenum comme le foyer, le siége d'un grand nombre de causes morbifiques, par la disposition qui s'y trouve à ce que les matieres qui y sont contenues, y soient retenues, y croupissent, y contractent de mauvaises qualités, s'y pourrissent; l'air dont elles sont imprégnées, s'en dégage, se gonfle, & y cause des flatuosités si ordinaires aux mélancholiques, aux hypocondriaques, aux hystériques: ce qui arrive sur - tout par la stagnation de la bile, ensuite du relâchement, ou même du resserrement spasmodique de ce boyau. D'où résultent quelquefois des douleurs très - vives qui répondent aux lombes, & que l'on prend souvent pour l'effet d'une colique néphrétique, des constipations opiniâtres, des suppressions de bile qui donnent lieu à la jaunisse; des vertiges, des mouvemens convulsifs, des attaques d'épilepsie, des fievres intermittentes, &c. La matiere de la transpiration diminuée ou supprimée, celle de la goutte rentrée dans la masse des humeurs, se portent aussi souvent par les pores biliaires ou pancréatiques dans la cavité du duode<-> num, dont elles irritent les tuniques par leur acri<pb-> [p. 168] monie, & établissent la cause de la diarrhée, du tenesme, de la dyssenterie. La colere qui agite fortement les humeurs, & fait couler la bile en abondance dans le duodenum, est par cette raison la cause de bien des maux qui en résultent.

Ce sont toutes ces considérations qui ont donné lieu à la regle de pratique, qui consiste à faire toûjours beaucoup d'attention à l'état des premieres voies, & particulierement à celui de l'estomac & du duodenum; d'où on tire très - souvent l'indication de les vuider des matieres corrompues qui s'y sont fixées: ce que l'on fait principalement par le moyen des vomitifs employés avec prudence, qui sont dans plusieurs cas l'unique remede auquel on puisse avoir recours avec succès, & avec lequel on emporte souvent la cause de grandes maladies, s'ils sont placés au commencement. Il est plus court d'évacuer l'humeur morbifique par la voie du vomissement que de lui faire parcourir toute la longueur des boyaux; d'ailleurs elle élude souvent l'action des simples purgatifs.

Après l'usage des évacuans, on doit s'appliquer à corriger le vice dominant dans le duodenum; s'il pêche par un resserrement spasmodique, par trop de tension, par une disposition inflammatoire, par une irritation causée par l'acrimonie de la bile, il faut employer les délayans anodins, émolliens, adoucissans, nitreux, acidiuscules, qui doivent même être placés avant tout autre remede, si les évacuans vomitifs ou purgatifs sont contr'indiqués par l'ardeur & le sentiment douloureux, ou par la trop grande tension des tuniques intestinales, sur - tout dans la région épigastrique. Si c'est par le relâchement de ce boyau que les humeurs s'y ramassent & y dégénerent, il faut s'appliquer à rétablir le ressort de ses tuniques par tout ce qui est propre à les fortifier, à ranimer le mouvement pérystaltique: ce que l'on pourra faire par le moyen des remedes amers, tels que la rhubarbe, l'aloès, avec les martiaux; on pourra y joindre les absorbans, s'il y a de l'acidité prédominante, comme aussi des correctifs appropriés, tels que les précipitans alkalins: on employe les carminatifs, s'il y a beaucoup de ventosités, &c. Voyez la dissertation d'Hoffman de duodeno multorum malorum causâ, d'où cet article est extrair. Voyez aussi Bile, Pancréas. (d)

DUPLICATA (Page 5:168)

DUPLICATA, s. m. (Jurisprud.) est un terme de la basse latinité qui signifie un double d'un acte. Gette façon de parler est venue du tems que l'on rédigeoit les actes en latin, ce qui s'est pratiqué jusqu'au tems de François I. Ducange dit que duplicata est synonyme de duploma ou diploma, qui vient du grec DIPLO/W, duplico; & en effet le duplome ou diplome a été ainsi appellé de ce que le parchemin sur lequel l'acte est écrit, est ordinairement redoublé & forme un repli; dans notre usage on expédie par duplicata certains actes dont on a besoin d'avoir un double, oe qu'on appelle en Bretagne un autant. On se sert principalement de ce terme pour les secondes expéditions que les secrétaires d'état font des brevets, dépêches du roi, & autres actes semblables; on met aussi pro duplicata sur les secondes expéditions des lettres de chancellerie. On donne de même des quittances de capitation, & autres par duplicata, lorsque les premieres sont perdues, ou que l'on a besoin d'en avoir des doubles.

On fait dans l'usage une différence entre duplicata & copie collationnée. Duplicata est une double expédition tirée sur la minute, au lieu que la copie collationnée n'est ordinairement tirée que sur l'expédition. Cette différence se trouve confirmée dans l'arrêt du parlement de Paris du 2 Septembre 1715, concernant la régence du royaume; la cour ordonne que des duplicata de cet arrêt seront envoyés aux autres parlemens du royaume, & des copies collationnées aux bailliages & sénéchaussées du ressort, pour y être lûes, publiées & registrées, &c. Le parlement de Paris, en envoyant ainsi aux autres parlemens des duplicata, leur communique ses arrêts pour les faire registrer; au lieu qu'en envoyant aux bailliages du ressort de simples copies collationnées, il ne fait que suivre sa pratique ordinaire, qui est de leur faire exécuter tous les arrêts qu'il donne.

On entend encore quelquefois par duplicata le repli du parchemin qui est rendoublé en certaines lettres de chancellerie, & sur lequel on écrit les sentences & arrêts d'enregistrement & vérification, les prestations de serment, & autres mentions semblables. (A)

DUPLICATION (Page 5:168)

DUPLICATION, s. f. terme d'Arithmétique & de Géométrie; c'est l'action de doubler une quantité, c'est - à - dire la multiplication de cette quantité par le nombre 2. Voyez Multiplication.

La duplication du cube consiste à trouver le côté d'un cube, qui soit double en solidité d'un cube donné: c'est un problème fameux que les Géometres connoissent depuis deux mille ans. Voyez Cube.

On prétend qu'il fut d'abord proposé par l'oracle d'Apollon à Delphes, lequel étant consulté sur le moyen de faire cesser la peste qui desoloit Athenes, répondit qu'il falloit doubler l'autel d'Apollon qui étoit cubique. C'est pourquoi, dit - on, on l'appella dans la suite le problème déliaque. Nous ne prétendons point garantir cette histoire.

Eratosthenes donne à ce problème une origine plus simple. Un poëte tragique, dit - il, avoit introduit sur la scene Minos élevant un monument à Glaucus; les entrepreneurs donnoient à ce monument cent palmes en tout sens; le prince ne trouva pas le monument assez digne de sa magnificence, & ordonna qu'on le fît double. Cette question fut proposée aux Géometres, qu'elle embarrassa beaucoup jusqu'au tems d'Hippocrate de Chio, le célebre quadrateur des lunules (voyez Lunule); il leur apprit que la question se reduisoit à trouver deux moyennes proportionnelles, comme on le verra dans un moment.

Dans la suite l'oracle de Delphes demanda qu'on doublât l'autel d'Apollon; les entrepreneurs, pour exécuter l'ordre du dieu, consulterent l'école platonicienne, qui, comme l'on sait, faisoit une étude & une profession particuliere de la Géométrie. Il n'est pas vrai, comme Valere Maxime le raconte, que Platon ait eu recours à Euclide pour résoudre la question: ce ne pouvoit être à Euclide le géometre qui a vêcu cinquante ans après lui; ce ne peut être à Euclide de Megare, qui n'étoit occupé que de chimeres & de subtilités dialectiques. Voyez Dialectique. Ce pouvoit être à Eudoxe de Cnide, qui étoit contemporain de Platon; mais outre que l'histoire n'en parle pas, on sait que Platon donna une solution très - simple du problème; elle ne suppose que la géométrie élémentaire; & Platon étoit assez instruit & assez grand génie, pour trouver tout seul cette solution sans le secours de personne.

Ce problème ne peut être résolu qu'en trouvant deux moyennes proportionnelles entre le côté du cube & le double de ce côté: la premiere de ces moyennes proportionnelles seroit le côté du cube double. En effet si on cherche deux moyennes proportionnelles x, z, entre a & 2a, a étant le côté du cube, on aura a:x::x:z ou [omission: formula; to see, consult fac-similé version], & [omission: formula; to see, consult fac-similé version]; d'où l'on tire x3=2a3, c'est - à - dire que le cube dont le côté est x, sera double du cube dont le côté est a, Voyez Moyenne Proportionnelle.

Les Géometres, tant anciens que modernes, ont

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